Ancien gardien de l'équipe réserve de l'ASSE et actuel responsable commercial du DFCO, Florent Perraud s'est confié à Poteaux Carrés avant le match qui opposera les deux clubs ce dimanche après-midi au stade Gaston-Gérard.


Quel est l’impact de la crise sanitaire sur le service commercial du DFCO dont tu as la charge ?

L’impact est malheureusement très, très important. Le service commercial, au sein du club, c’est le deuxième revenu derrière les droits télé. C’est une part très importante. On subit tous le Covid mais on essaye de trouver des solutions pour accompagner nos partenaires. On est avec eux dans les moments difficiles qu’ils traversent aussi. Beaucoup d’entreprises vivent des moments très compliqués.

J’ai heureusement la chance d’avoir un président [Olivier Delcourt, ndp2] qui est un très bon gestionnaire. Il nous permet d’accompagner nos partenaires. Avec cette vision et cette bonne gestion, ça nous permet d’aider nos partenaires à passer cette crise-là. On est vraiment dans cette démarche d’accompagnement. Ce n’est pas juste « un contrat a été signé, il doit être honoré et basta ! » Ce n’est pas du tout notre position.

Du coup vous faites des gestes commerciaux, vous prenez concrètement en compte les problèmes de trésorerie de vos interlocuteurs ?

Exactement. Que ce soit les abonnés ou les partenaires, on a décidé de rembourser tout le monde la saison dernière. On a proposé trois choix : le remboursement, l’avoir, le soutien au club. Notre démarche a été accueillie très favorable. Au final, on a eu un énorme taux de soutien au club.

Vu le contexte, certaines entreprises se sont-elles désengagées ?

On a eu une perte de chiffre d’affaires mais à ce jour elle est vraiment modérée. On est très content de côté-là, les partenaires ont continué à nous suivre malgré la crise. Le chiffre d’affaires a un peu baissé, c’est indéniable, mais pas dans des proportions inquiétantes ou dramatiques. On est vraiment content de la continuité des partenaires au sein du club.

On a également de nouveaux partenaires qui nous ont rejoints. Malgré le Covid, ils ont voulu faire partie de l’aventure, c’est à souligner ! C’est compliqué car depuis un long moment on ne peut plus accueillir personne au stade. Mais on espère bien que demain ou après-demain on puisse de nouveau le faire de façon intelligente, de manière raisonnable et raisonnée.

Le DFCO a-t-il dû recourir au chômage partiel ?

Oui, une partie des équipes est en chômage partiel. Ça dépend des missions de chaque salarié du club, chaque secteur est spécifique. Certains sont moins touchés, d’autre un peu plus du fait qu’il n’y ait personne au stade. Cela se fait ne bonne intelligence, on arrive à trouver des solutions.

Tu fais du télétravail ou tu te déplaces pour rencontrer des prospects ou des clients ?

Des prospects, non, mais on continue de garder un lien avec nos partenaires, c’est important. Ça passe par des échanges soit téléphoniques, soit physiques. Certains préfèrent en effet qu’on se déplace en entreprise. Bien évidemment, on faire alors très attention aux gestes barrières. Préserver et entretenir les liens, c’est très important à nos yeux. Au DFCO, on ne parle pas de sponsoring, on parle de partenaires. Un partenaire on s’en occupe quand tout va bien mais aussi quand ça va mal.

En ce moment ça va mal, on n’est pas là pour leur vendre des choses, on est là pour les écouter. On a créé des liens avec eux, on est malheureux de les voir en difficulté dans leurs entreprises respectives, que ce soit au niveau du business qu’au niveau humain. On espère que personne n’est touché car beaucoup ce sont devenus des copains, certains sont même des amis. On a gardé ce côté très familial au club, on en est fier. Le business, c’est le business mais le côté convivial et familial est prépondérant pour nous.

Une descente du DFCO en L2 aurait-elle une forte répercussion sur ton service commercial ?

Oui, ça aurait forcément de grosses répercussions. Aujourd’hui, vendre un spectacle de Ligue 1 avec une visibilité de Ligue 1, ça un impact beaucoup plus important que de vendre un spectacle de Ligue 2 avec une visibilité de Ligue 2. Si demain le club descend, on aura un noyau dur qui restera mais on en perdra une petite partie qui est aussi-là pour le spectacle que représente l’élite avec tout ce que ça représente. Après, c’est à nous justement de créer un lien, de faire adhérer les entreprises au club, de les faire aimer le club afin qu’elles restent avec nous en cas de coup dur.

Le scénario d’une descente est pris en compte économiquement par le club ?

Ce scénario est prêt. On est un club qui est jeune, on a 22 ans. On a une chance d’être en Ligue 1, on l’a méritée. On y est depuis cinq ans. Mais en début d’année on travaille toujours en ayant en tête qu’on peut descendre. Ce n’est pas un manque d’ambition, c’est de la prudence, du réalisme. On se doit de préparer tous les scénarios possibles pour être prêt en cas de descente. Mon président veut que l’on fonctionne comme ça. Il faut toujours avoir dans un coin de notre tête le fait qu’à la fin de la saison on peut descendre. C’est normal, la Ligue 1 est dure, compliquée. Nous sommes ambitieux mais nous sommes aussi des gestionnaires, on doit se préparer à tout.

Tout le staff de l’équipe première du DFCO va se battre pour maintenir ton club dans l’élite. Grégory Coupet en fait partie en tant qu’entraîneur des gardiens. Tu as dû être content de le retrouver !

Ah oui ! Comme tu le sais, Greg est un pote depuis très longtemps. Je suis heureux de l’accueillir, chanceux aussi ! Pour un club comme Dijon, voir arriver Grégory Coupet, c’est une chance dont on a vraiment conscience. Quand un monument des gardiens de but français débarque chez toi, tu ne peux que t’en réjouir ! Greg, je le connais depuis mes années au centre de formation de l’ASSE. C’est quelqu’un que j’ai toujours regardé avec les yeux grand ouverts. Ce gardien, c’est un modèle, sportivement bien sûr mais aussi en dehors du terrain.

Avec Greg, on a des valeurs communes, des formateurs en commun. Je pense bien sûr à Jeannot Déès, mais également à Georges Aubert, qui était le directeur du centre. Toute ma formation, j’entendais parler de Greg en des termes qui me faisaient dire : « Putain, ce mec-là est génial ! » Ce sont eux qui me l’ont vite fait rencontrer quand j’avais 15 ans, je crois que c’est l’année où il a quitté Sainté pour Lyon. Il était passé pour saluer ses formateurs. Ils m’ont dit « viens-là, il faut qu’on te le présente. » Ça a commencé comme ça avec Greg. Pour moi il fait partie du top 5 français de l’histoire des gardiens de but et en plus c’est un mec en or !

À l’ASSE, tu as côtoyé également l’actuel gardien numéro un des Verts !

Ah, Jessy ! Pareil, c’est mon pote. Je l’ai régulièrement au téléphone. On était au centre ensemble. Je suis un peu plus vieux que lui - on a trois ans et demi d’écart – mais on a transpiré ensemble des heures à l’entraînement en faisant des spécifiques en commun. On a vécu des histoires ensemble au centre. Il faisait partie de mes « petits » à l’époque. Je garde l’image d’un garçon entier, bien élevé, poli, bosseur, un peu fou mais avec de bonnes manières.

Je suis heureux de le voir garder les cages de l’ASSE en Ligue 1 car c’est un travailleur de l’ombre, un mec génial. Jessy, c’est un mec qui est rare dans le monde pro, un peu comme Loïc. Quand un mec comme ça, gardien de but, qui a la casquette de numéro deux, qui bosse en ayant qu’une chose en tête, à savoir que le collectif passe avant lui, se retrouve titulaire, franchement, je trouve ça amplement mérité.

Dans la lignée de son excellente prestation en finale de Coupe de France, Jessy avait été très convaincant les tout premiers matches de championnat. Depuis il semble moins à son aise. Quel regarde portes-tu sur sa situation actuelle à l’ASSE ?

Moi je lui tire mon chapeau parce qu’il assume son rôle d’ancien dans le vestiaire, de leader sur le terrain comme en dehors. Je ne suis pas particulièrement inquiet pour Jessy. Vraiment pas. Aujourd’hui l’équipe tourne moins bien, on peut pas demander au gardien de tout solutionner, ce n’est pas possible ! C’est juste un maillon de la chaîne. Les Verts ont concédé pas mal de défaites d’affilée, c’est vrai. Cela fait longtemps qu’ils n’ont plus gagné, OK, mais ce n’est pas Jessy Moulin qui doit jouer le rôle de sauveur.

C’est Stéphane Ruffier selon certains supporters. L’ombre de ce dernier n’est-elle pas pesante pour Jessy Moulin ?

Ruffier ou pas, dans tout club, quand tu te retrouves gardien numéro un, que tu as gagné à la sueur de ton front ce statut-là, dès qu’il y a des mauvais résultats, on entend toujours « ah, il faudrait peut-être mettre l’autre ». C’est le rôle ingrat du gardien de but. Je sais que Jessy a les épaules et assume sans problème. C’est vrai qu’à Sainté l’ombre de Stéphane Ruffier est encore plus importante mais je sais que Jessy est à même de gérer ça.

Stéphane Ruffier a été mis à l’écart, c’est comme ça. Que dire là-dessus ? Il y a deux personnes à fort caractère. Entre le coach Puel et Ruffier, il s’est sûrement passé certaines choses. Une décision a été prise. Jessy en a bénéficié dans un premier temps mais dans un second temps, il a mérité sa place de numéro un à l’intersaison. C’est ça qu’il faut retenir ! Il a été confirmé à ce poste de numéro un car il a prouvé sur le terrain qu’on pouvait lui faire confiance.

Le club traverse une mauvaise passe depuis quelques temps en termes de résultats mais je pense que Jessy est toujours l’homme de la situation. Il aime le club, c’est un travailleur. Les ondes positives vont revenir et il n’est pas du genre à lâcher. Il attend ce moment-là depuis longtemps, en ayant toujours fait passer le collectif avant. Il a montré de très bonnes choses sur un nombre de matches assez conséquents, que ce soit lors de la saison 2019-2020 qu’en début de saison.

Parce que l‘équipe est moins bien depuis quelques semaines, il faudrait tout révolutionner et le mettre en cause ? Non, pour moi ce n’est pas à lui de tout solutionner, c’est à toute l’équipe de repartir sur une dynamique positive. C’est tellement facile de se focaliser sur le gardien quand une équipe est en panne de résultats ! Le problème n’est pas là, tu ne peux pas mettre tout sur le dos du dernier rempart quand tu perds des matches.

C’est un gardien beaucoup plus jeune qui gardera les buts dijonnais ce dimanche face aux Verts. Que peux-tu nous dire sur Anthony Racioppi ?

C’est un jeune gardien de 21 ans que Greg connaît bien car il nous a rejoint au début de l’automne en provenance de Lyon. Il était numéro trois à l’OL et avait fait quelques bancs là-bas en équipe première, que ce soit en L1 ou en Coupe. C’est le gardien titulaire de l’équipe de Suisse Espoirs, une bonne sélection qui a fini à égalité de points avec les Bleuets lors des éliminatoires de l’Euro 2021. Anthony est un mec très propre, parce qu’issu de la formation lyonnaise.

Je croyais que les vilains étaient sales !

En tout cas Anthony est propre ! (rires) Il a aussi un gros mental. On l’a vu après le but qu’il a pris contre Lens, son crochet sur l’attaquant n’a pas marché. Après ça, d’autres gardiens auraient sombré mais lui a su passer à autre chose. Il a été très bon contre Lens après son erreur, il a maintenu l’équipe dans le match en réalisant deux ou trois arrêts. Comme dirait Jérémie Janot, il n’y a pas de vaccin contre la boulette. Ça arrive à tout le monde. On te juge sur ta réaction après l’erreur.



À Nice, le week-end dernier, il a été titularisé pour la 3e fois consécutive et je l’ai trouvé très bon, très propre. Anthony a un côté un peu poète qui lui fait faire des choses très surprenantes. Il a fait un arrêt exceptionnel récemment en sélection qui a été pas mal repris sur le net. C’est un arrêt pas banal, on ne comprend pas vraiment ce qu’il fait mais ça marche ! C’est un mec rayonnant, souriant, agréable. Par rapport aux nouvelles générations, ça fait plaisir de voir un mec comme ça.


Il évolue sous les ordres d’un autre ancien banlieusard qui lui fait partie de la maison dijonnaise depuis très longtemps : David Linarès.

Effectivement, ça fait 15 ans maintenant que David est au club. J’ai joué 5 ans avec lui ici et je me suis régalé à ses côtés. On a bataillé ensemble en Ligue 2. Il avait un beau CV quand il est arrivé à Dijon. Il a aidé le club à grandir. David, c’est un mec qui a fait l’unanimité partout où il est passé. On aime à dire que c’est un Jurassien, avec tout ce que ça représente. C’est un mec entier, famille. Ce n’est pas anodin si ça fait si longtemps qu’il est au club. Après le statut de joueur professionnel, il a fait toutes les strates chez nous. Il a pris les filles, il fait la formation, il est monté tranquillement, intelligemment pour se construire un rôle et une stature d’entraîneur.

Je pense que David est très bien là où il est, c’est un très bon choix de mon président de l’avoir mis. En interne on était tous pour. On était tous tristes pour Stéphane Jobard qui était aussi un bon soldat du club, quelqu’un du cru qui était très apprécié au DFCO. Une fois que la séparation a été actée et qu’on a appris la nomination de David Linarès, tout le monde est à fond derrière lui. Il fait l’unanimité sur ses valeurs humaines et sportives.

Quel est son style d’entraîneur ?

C’est quelqu’un qui veut vraiment jouer. Il a la conviction que le maintien passera par le jeu. Il considère que la lutte par le maintien passe par le fait que son équipe joue crânement sa chance et en jouant avec ses armes. Il ne va pas se réinventer, il sait s’adapter. Il a des convictions fortes axées sur la volonté de produire du jeu. Sa deuxième grosse force, c’est que c’est quelqu’un de très humain. Il a un cœur en or, ne triche pas, que ce soit avec son staff ou avec les joueurs.

Un ancien entraîneur adjoint promu ensuite numéro au DFCO a également cette étiquette d’entraîneur prônant du jeu et a actuellement le vent en poupe avec Brest, Sainté en a hélas fait les frais récemment. Y a-t-il du Dall’Oglio en Linarès ? Tu le vois comme lui s’imposer en Ligue 1 ?

David fera du David et pas du Olivier Dall’Oglio. David est quelqu’un qui s’est construit avec toutes les expériences qu’il a eues auprès de tout le monde au DFCO et avec les différents entraîneurs qu’il a eus dans sa carrière. David est un mec qui a tout pour réussir et on est heureux qu’il arrive là où il mérite d’être. C’est compliqué, on le sait. Il y a un club entier qui est avec lui, il peut compter sur nous, sur moi. C’est quelqu’un qui est jeune en tant qu’entraîneur professionnel, il est récent dans le milieu mais il est épaulé par un bon staff dont Jérôme Monier, qui vient d’arriver et qui a déjà occupé ces fonctions d’adjoint chez nous aux côtés de Serge Romano, Faruk Hadzibegic et Patrice Carteron.

Le DFCO aura attendu la 12e journée pour gagner un match. Soulagé, Flo ?

Bien sûr que c’est un soulagement ! J’étais à l’Allianz Riviera le week-end dernier, ça a fait un bien fou de repartir avec les trois points. Après, il ne faut pas que ce soit juste un épiphénomène. Cette belle victoire à Nice, il va falloir la confirmer et la bonifier. En tout cas, ça montre que si notre équipe a douté ces derniers temps, elle a des qualités et doit en avoir conscience pour gagner en confiance. Même si on a une équipe jeune qui a beaucoup été remaniée à l’intersaison, on a une équipe qui potentiellement doit être armée pour se maintenir. À nous de tout mettre en place et de confirmer cette première victoire. Je vais reprendre la phrase que David Linarès a prononcée après le match à Nice : « Certains nous croyaient morts, on savait qu’on était malade mais on a retrouvé un souffle de vie ! »

Le DFCO est toujours dernier mais loin d’être condamné ! 7 points pris après 12 journées, c’est pas bézef mais Dijon n’a qu’une longueur de retard sur le barragistes et seulement deux sur le 17e Reims.

Exactement. Par contre on ne se voile pas la face, on sait qu’on a complètement raté notre début de saison. Mais on a une chance énorme, c’est qu’on est loin d’être largué par rapport à nos concurrents pour le maintien. Il faut prendre conscience de cette chance là et la retourner en force positive pour qu’on puisse être à la lutte pour se maintenir tout au long de la saison.

Comment expliques-tu ce très mauvais début de saison du DFCO ?

Ce mercato qui se termine début octobre, c’est compliqué pour un club comme Dijon. C’est très long, trop long pour un club tel que le DFCO. Aujourd’hui, les équipes viennent piocher les joueurs chez nous parce qu’on est considéré comme un club tremplin en Ligue 1. Quand tu te fais prendre des joueurs cadres qui font partie de ton épine dorsale, que tu comptes sur eux mais que fin septembre début octobre ils te disent qu’ils ont reçu une proposition qu’ils ne peuvent pas refuser sportivement et financièrement…

On peut prendre l’exemple d’Alfred Gomis. C’est quelqu’un qu’on avait prolongé, qui était très bien au club, très heureux chez nous. Mais quand le Stade Rennais est arrivé, c’était compliqué pour lui de refuser. C’est un exemple parmi d’autres. On a vécu un mercato compliqué, c’est sans doute une des raisons de notre début de saison très poussif. De mémoire, lors de notre premier match de championnat, sur la feuille de match, il y avait cinq ou six joueurs qui découvraient la Ligue 1 dont trois titulaires. On est en Ligue 1, on fait tout pour y exister, mais quand t’as des mercatos perturbants comme ceux-là, ça te chamboule ton équipe et sportivement c’est compliqué d’être performant de suite.

Pour avoir été formé à Sainté, restes-tu un peu supporter des Verts ? Quel regard portes-tu sur le début de saison de l’ASSE ?

Bien sûr que je suis supporter encore de l’ASSE ! Quand t’as joué chez les Verts, tu ne peux pas tourner la page de Saint-Étienne, c’est impossible ! Je continue de regarder attentivement le parcours des Verts. Lors de la finale de la Coupe de France, j’étais debout sur mon canapé pour supporter Jessy, Loïc et leurs coéquipiers, comme tout le peuple vert, ça c’est une évidence ! J’ai vu les premiers matches de Sainté en championnat, quand les Verts cartonnaient bien. C’était super intéressant et plaisant à regarder. Après il arrive qu’on joue en même temps que Sainté et je ne suis pas toujours dispo quand ce n’est pas le cas pour voir les matches donc j’ai moins vu jouer les Verts dernièrement.

Comment expliques-tu qu’après un départ canon ponctué par trois victoires les Verts sont depuis incapables de gagner le moindre match et viennent tout juste de mettre un terme à une terrible série de sept défaites consécutives ?

Écoute, c’est une très bonne question ! Force est de reconnaître que le Covid joue un rôle prépondérant. À mon avis, une des explications tient au fait que Sainté s’était préparé pour la finale de Coupe de France, du coup je pense que les Verts étaient plus prêts que les autres équipes au début du championnat. J’ai eu l’impression que l’ASSE était notamment en avance physiquement et a capitalisé là-dessus pour empocher le plus de points possible en début de saison. Peut-être que les Verts ont eu ensuite un creux physique alors que les autres équipes commençaient à avoir de la maturité physique.

Ensuite, il ne faut pas oublier que Saint-Étienne a perdu Wesley Fofana et Yvann Maçon, les deux défenseurs les plus performants de ce tout début de saison réussi. Le départ de Wesley Fofana a fait mal sportivement, c’est une évidence. Je l’avais trouvé impressionnant en finale de Coupe de France et il avait réattaqué derrière en championnat sur les mêmes bases. Tu perds un gamin certes mais tu perds un énorme joueur déjà. Le gamin qui se pète gravement en équipe de France Espoirs alors que c’était la révélation du début de saison et qu’il était en pleine bourre, c’est un autre coup dur.

Comme par ailleurs t’as eu d’autres joueurs en méforme, parfois des suspendus, Sainté s’est retrouvé amoindri sur pas mal de matches. Mais je ne m’inquiète pas trop pour l’ASSE, l’infirmerie se vide et je pense que cette équipe va remonter. Je ne pense pas que les Verts soient tout de suite armés pour aller chercher l’Europe ou faire de très gros coups mais Sainté va s’extirper de la situation un peu délicate qu’elle connaît en ce moment.

Dès ce week-end en gagnant à Dijon ?

Ah non, pas dès ce week-end ! À partir du match d’après bien sûr ! (rires)

Dès ce dimanche ça devrait le faire pour les Verts, non ? L’ASSE a gagné tous ses matches de championnat joués à Gaston-Gérard.

Putain, c’est vrai, t’as raison, jusqu’ici les Verts ont gagné, à chaque fois avec un petit but d’écart. C’est incroyable. Mais toutes les séries finissent par s’arrêter un jour, non ?

Oui tu as raison, il faut que les Verts s’imposent plus largement qu’auparavant à Dijon. Y’en a marre des victoires étriquées en Côte d’Or ! Nous aussi on aimerait gagner 6-3 à l’extérieur !

C’est vrai que ce match de Coupe à Geoffroy-Guichard nous avait réussi et avait été particulièrement prolifique ! (rires) Pour revenir au match qui arrive ce dimanche, il est super important pour nous. Il faut confirmer notre victoire à Nice. Maintenant, j’ai conscience que Sainté doit aborder ce match également avec la volonté de confirmer son nul contre Lille. C’est dommage qu’il n’y ait pas de public, que ce soit à huis clos mais je pense que ça va être un match très sympa.

Nous, il faut qu’on lâche les chevaux. Il faut être capable de reproduire ce que demande le coach d’une semaine à l’autre, d’une mi-temps à l’autre, d’un secteur de jeu à un autre. Aujourd’hui, cette régularité-là nous manque un petit peu. Il nous est arrivé de passer à côté pendant un quart d’heure, une mi-temps voire tout un match. Il faut qu’on arrive à jouer en étant libéré, sans mettre le frein à main. La peur d’être dernier te bloque encore plus. C’est sur cet aspect mental qu’il faut travailler, c’est primordial dans cette guerre pour le maintien.

Mama Baldé a marqué la moitié des buts du DFCO cette saison (4 sur 8). Si votre attaque est la dernière de L1, il a claqué plus de pions que notre meilleur buteur, Romain Hamouma (3 réalisations) !

Mama a raté les rois ou quatre premières journées de championnat à cause d’une blessure mais son retour à fait beaucoup de bien. Avant son doublé victorieux du week-end dernier à Nice, il avait déjà scoré lors de nos matches nuls contre Rennes et Metz. C’est un joueur véloce, qui aime prendre la profondeur et ne rechigne pas au duel. Il est très bon sur la profondeur et fait partie de nos atouts mais on en a d’autres dans notre effectif. On compte sur tout le monde pour embêter les Stéphanois.

Envisages-tu de jouer ce match ? As-tu demandé à Grégory Coupet de faire des spécifiques avec lui pour postuler à une place dans le groupe qui accueillera Sainté ce dimanche ?

Y’a du boulot ! (Rires) Mais tu sais, je continue de jouer dans un club de National 3 juste à côté de Dijon, à Saint-Apollinaire. Je n’ai pas complètement raccroché les crampons mais je n’ambitionne pas de rejouer en pro. Maintenant, peut-être qu’un de ces quatre on fera un spécifique avec Greg. On fera monter Jeannot Déès, ce serait sympa d’organiser ça. Ça pourrait être l’occasion de se retrouver d’abord sur les terrains pour exercer notre passion à tous les trois et après autour d’une bonne assiette et d’un bon verre de Bourgogne ! On saura accueillir Jeannot avec Greg comme il le mérite, avec grand plaisir !

 

Merci à Florent pour sa disponibilité