Les Verts ont mis fin à leur série d'invincibilité en s'inclinant à Reims après un scénario de match qui ressemble à ceux de la difficile période à l'automne.


Un but encaissé très vite, suivi d'une domination stérile et d'autres buts encaissés sur chaque tir cadré adverse, des faits de jeu contraires, des blessures en défense... on en a déjà vu ce genre de match pendant la série noire de sept défaites consécutives en octobre et novembre.
 
On peut pointer du doigt les décisions arbitrales, comme le font le capitaine et le coach stéphanois "Je suis en colère par rapport à un enchaînement de faits de jeu qui nous a été préjudiciable. Je ne m'y retrouve pas du tout. Je n'ai pas l'habitude de parler de faits de jeu et d'arbitrage mais là, je ne comprends pas". 
 
Ou on peut positiver en remarquant le jeu produit, fluide et avec beaucoup de verticalité en 1MT, avec des belles situations créées, même contre un bloc bas et regroupé en 2MT. Avec une volonté constante de presser l'adversaire et surtout de rester haut dès la perte de balle - le fameux contre-pressing.  Bref, une fois de plus, les Verts ont été intéressants dans leurs intentions, qu'ils n'ont pas su concrétiser.
 
Mais on peut aussi remettre les pieds par terre en regardant de plus près les actions qui ont amené les trois buts encaissés, qui n'ont pas été la conséquence des contres rémois, comme l'anticipait le coach adverse avant le match ("on devrait avoir une rencontre avec davantage d’espaces, à nous d’en profiter") ou comme le remarque son homologue stéphanois ("on savait que Reims excellait en contre, il a fallu s'employer pour éviter certains contres qu'ils ont lancés"). Non, les trois buts encaissés ont été la conséquence d'un manque de rigueur au milieu du terrain... Voici les détails.
 

Des milieux qui ne suivent pas

 
A la 10e minute Trauco joue une touche avec Bouanga dans leur propre moitié. Le contrôle est manqué et les Rémois récupèrent le ballon :
 
 
Une récupération haute pour Reims, mais pas un contre, ni un déséquilibre : tous les Stéphanois sont entre le ballon et leur propre but, on peut même apercevoir une espèce de 4-2-3-1 en place. Mais tout change en l'espace de quelques secondes :
 
 
Le défenseur central élimine Aouchiche (!) et trouve un milieu entre la paire Youssouf - Camara. Le premier essaye de récupérer et le ballon rebondit jusqu'à l'ailier droit, surveillé de près par Trauco. Le latéral gauche stéphanois est en sous-nombre, il y a un deuxième joueur adverse dans sa zone :
 
 
Le latéral droit rémois est donc lancé dans le couloir, d'où il se prépare à centrer. Un décalage a été créé, mais ce n'est pas si grave, il reste trois défenseurs dans l'axe pour seulement deux adversaires, l'avant-centre et l'ailier opposé. Sauf que... deux autres Rémois se projettent aussi, un milieu et le défenseur central. La paire des milieux stéphanois, Youssouf et Camara, est à la même hauteur qu'eux...
 
 
... mais un seul d'entre eux fait l'effort pour suivre. Youssouf part de trop loin pour couper le centre en retrait, c'est Debuchy qui sort bloqué le tir. Qui lui arrive sur le bras et les arbitres terrain et vidéo considèrent qu'il n'avait qu'à être manchot. Quant à Camara, il n'est même pas sur l'image - dans un ralenti on voit comment il trottine tranquillement, regardant l'arbitre assistant au cas où il y avait un hors jeu signalé.
 
 
A la 37e minute c'est Reims qui bénéficie d'une touche à peu près dans la même zone que l'exemple précédent :
 
 
L'ailier droit est trouvé et il recule avec le ballon, avant d'écarter vers le côté opposé. Bien sûr, les Verts sont en place, ce n'est pas un contre ou une phase de transition :
 
 
Le latéral gauche passe le ballon plus haut à son ailier dans le couloir - il n'y a pas de décalage créé, Boudebouz (en milieu excentré sur cet exemple) et Debuchy s'y trouvent. Moukoudi et Retsos ont l'avant-centre adverse entre eux, Trauco a suivi l'ailier et Camara se trouve à côté du seul autre Rémois dans les 30 mètres stéphanois, un milieu. Enfin, jusqu'au moment où il décide d'aller ailleurs :
 
 
Debuchy sort sur son adversaire direct, l'ailier et le milieu rémois fait un appel dans son dos. Non suivi par Camara, qui était parti dans une toute autre direction. Moukoudi doit sortir pour couvrir, l'avant-centre fait l'appel parfait dans le dos de Retsos et Moulin ne peut rien faire, 2-0. La photo de couverture de cette analyse montre la réaction de Camara au moment du but...
 
 
 
C'est Youssouf, pas Camara, qui a été remplacé à la pause par Gourna-Douath. Ainsi qu'Aouchiche par Hamouma et Retsos (blessé) par Sow :
 
 
A la 57e minute le gardien rémois dégage loin et Trauco s'impose dans les airs. Le ballon arrive à Gourna-Douath qui est de suite pressé par deux milieux adverses. Il résiste à la charge du premier, mais perd le ballon contre le deuxième. Récupération haute - mais toujours pas de contre - et déséquilibre créé :
 
 
Si Camara se trouvait plus bas que deux milieux adverses, il est derrière eux maintenant et Gourna est par terre. Les 4 défenseurs voient donc arriver une vague adverse, 5 Rémois se projettent en plus de l'avant-centre. Sow sort sur un des milieux...
 
 
... et Debuchy coupe la course d'un autre. Il se prend un coup de coude dans la bouche, donc faute en faveur de Reims, logiquement. Et le coup de pied arrêté est dévié par Camara (décidément...) dans le but.
 
 
Trois attaques et à chaque fois une projection de la zone des milieux rémois n'a pas été suivie par les milieux stéphanois. Les défenseurs ont du se débrouiller pour couvrir et ont été punis, soit par l'arbitre, soit par l'efficacité adverse.
 
 

Conclusions

 
Les Verts restent toujours inefficaces, offensivement et défensivement. Ils sont capables de proposer de très belles séquences de jeu et aiment amener le danger chez l'adversaire, avec leur pressing haut et le contre-pressing. Même si pas dans le scope de cette analyse, ces éléments positifs sont rassurants pour la suite - les Stéphanois commencent à avoir un vrai fond de jeu, ce qui leur permettra d'avoir des résultats dans le futur. Mais les résultats immédiats sont importants aussi, et tant que ce manque d'investissement défensif illustré ici sera présent, les protégés de Claude Puel ne s'éloigneront guère de la zone rouge. Peut-être que le manager stéphanois a raison, que "c'était un match particulier, à nous d'en faire un accident" et que ça ne représente pas le début d'une série comme il y a quelques mois. La réponse dans une semaine, à Strasbourg...