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Ancien amateur devenu pro par surprise, Gilles Peycelon est de la trempe des joueurs de foot qualifiés. Souhaitons joyeux anniversaire à une figure désormais reconnue du barreau stéphanois...


Gilles Peycelon voit le jour à Côte Chaude, quartier populaire de Saint-Étienne, le même jour qu'Ivan Lendl. Tombé très tôt dans le Chaudron, le p'tit "Gillou" snobe la p'tite balle jaune pour arborer fièrement le p'tit maillot vert de sa ville natale. A l'âge de 10 ans, il signe sa première licence à l'ASSE: "J’étais fan, évidemment. A chaque match de Coupe d’Europe, j’étais dans les tribunes. La semaine, j’avais la chance d’être entraîné par Dominique Bathenay, mon joueur préféré, qui était gaucher et demi défensif, comme moi. La politique du club voulait que chaque stagiaire pro s’occupe des Pupilles".

Peycelon progresse lentement mais sûrement dans les équipes du centre de formation, avant de faire ses débuts avec l'équipe réserve en D3 contre Rumilly, en avril 1978. Il se lance ensuite dans des études de droit, en continuant d'assouvir sa passion pour le ballon rond. Peycelon joue en semaine dans l’équipe universitaire stéphanoise, et le week-end à l'ASSE: "A 17 ans, j’ai passé mon Bac C (Scientifique). En club, je jouais en promotion de Ligue. J’ai néanmoins disputé quelques matches de Gambardella avec Roussey, Paganelli, Bellus, Zanon… Mais eux étaient déjà sur le point de percer. Moi, je jouais de temps en temps en D3 pour boucher les trous. J’étais l’amateur qui permettait de compléter l’effectif. Jamais je n’ai été considéré comme un futur pro"


Gilles Peycelon saison 1985-86

Repéré par l'université canadienne de Sherbrooke lors d'un... lever de rideau à Geoffroy-Guichard disputé contre des universitaires québécois, le demi-défensif se découvre des qualités insoupçonnées de buteur en claquant 15 pions au pays de Céline Dion. Après avoir réussi sa maîtrise de droit en 1981, Peycelon envisage de passer le concours de l'École Nationale de la Magistrature, et rêve de retrouver sa cabane au Canada, blottie au fond des bois: "A 21 ans, je ne pensais à aucun moment pouvoir faire carrière dans le football"

Mais à son retour en France, Peycelon est sollicité par de nombreux clubs. Rattrapé par le football, il réalise son rêve d'enfant en signant à l'ASSE et remplace Genghini lors de son premier match avec l'équipe fanion, disputé à Monaco en novembre 1982: "Un moment magique puisque c’était à Monaco (le 6 novembre, 2-2), face à Amoros, Ettori ou Bellone, qui avaient disputé la demi-finale de Coupe du monde à Séville contre l’Allemagne quelques mois plus tôt ! J’étais en plein rêve…"
Peycelon jouera 108 matches officiels pendant ses 6 années en Vert. Surmontant l'affaire de la caisse noire, il participe activement aux deux magnifiques saisons de D2 (de 1984 à 1986).


Face au FC Morne-à-l'Eau en Coupe de France 1985 (photo le Progrès)

Peycelon marque le premier de ses 4 buts en janvier 1985 lors d'un mémorable Sainté-Gueugnon en Coupe de France, remporté sur le score sans appel ni cassation de 7 buts à 0 ! Un mois plus tard, il participe au magnifique succès des Verts qui atomisent l'OL de Robert Herbin 5-1 à Gerland. Mais lors de ce derby, "Gillou" se blesse aux ligaments croisés du genou et doit mettre un terme à sa saison. Cela ne l'empêche pas de retrouver l'équipe 1 dès le début de la saison 1985-86, de marquer un doublé face à Montluçon en Coupe de France (pour une victoire 9-1 !) et de connaître les joies de la remontée en D1.

Il retrouve ainsi le Sphinx qui le titularise au milieu de terrain lors de la saison 1986-87. Si la saison suivante est excellente pour le club qui finit à la quatrième place du classement, elle est moins souriante pour Peycelon, qui rétrograde en équipe réserve après la trêve. Dégoûté de devoir jouer avec François alors que Tibeuf et Garande flambent en équipe première, Peycelon quitte Sainté pour rejoindre Niort. Parce que comme il l'avait promis à Jean-Pierre François: "Je te survivrai".


Peycelon gratte un ballon à Laurent Fournier sous les yeux de
Jean-François Daniel lors du derby 1985 à Gerland

Dans la Venise verte, il commence à se lasser du métier et des réactions du milieu du foot : "Un jour, un président de Niort m'a dit: "Peycelon, arrête de lire Le Monde pendant les rassemblements, ça gêne les joueurs et les dirigeants !". Aussi, en 1990, le milieu de terrain décide de renoncer à sa dernière année de contrat et ne tarde pas à se reconvertir: "J’avais Bac+4. Je savais que, quoi qu’il arrive, je ne serais pas à la rue. Le foot, c’était la cerise sur le gâteau".
Engagé par Hervé Revelli dans l’équipe de Saint-Priest (en D3), il suit parallèlement à l'Université de Saint-Étienne un DEA de droit du contentieux en auditeur libre. Peycelon réussit le concours d’entrée du centre de formation professionnelle des avocats en octobre 1991. Quatorze mois plus tard, il prête serment et échange définitivement son maillot contre une robe, après avoir mis un terme à sa carrière de footballeur à Andrézieux-Bouthéon.


Peycelon (accroupi, au centre) découvre le charme de Niort en 1988

Installé à Saint-Étienne, Maître Peycelon a défendu Gérard Soler lors de l'affaire des faux passeports. Il a assisté Hervé Revelli lors de son litige avec la Fédération du Bénin. Il a également défendu, en tant que partie civile, la veuve d'un boulanger tué par une jeune femme en août 2002 à Saint-Just-Saint-Rambert (Loire), un fait divers qui avait fait écho dans la presse nationale.
Selon Gilles Peycelon: "Aller aux assises provoque un stress et une excitation semblable à celle de jouer devant un stade plein. On ressent la pression et l'obligation d'être performant"


Maître Gilles Peycelon en 2008 (photo le Progrès)

Mais Maître Gilles n'a pas totalement perdu le contact avec le milieu du ballon qui ne tourne pas toujours rond. Un temps président de l'équipe des anciens verts, il est désormais vice-président de l'association de l'ASSE: "J’apporte mon aide dans le domaine juridique et administratif. Je ne joue plus depuis une blessure au talon d’Achille qui m’a quasiment empêché d’exercer pendant quatre mois. Entraîner, cela ne m’a jamais attiré. Et puis je suis contre le mélange des genres. Je suis fier de ma carrière de footballeur, mais aujourd’hui je suis heureux d’être à la tête d’un cabinet qui marche bien. Assumer dans le même temps une fonction d’entraîneur, même avec des jeunes, serait périlleux"
Aujourd'hui, Gilles Peycelon continue donc d'assister l'ASSE et d'aller au stade pour supporter le club de son coeur.