Attristé par la soudaine disparition d'un joueur qu'il avait formé puis lancé en pro, Elie Baup n'oubliera pas Bibiche Aulanier.


Le décès de Dominique Aulanier une très triste nouvelle, il n’y a pas de mots… Mourir si jeune, à 46 ans, c’est incroyable. Je crois qu’il a eu une crise cardiaque. Ce n’est pas possible de partir si tôt, surtout quand on est quelqu’un comme lui. « Bibiche » comme on l’appelait était plein de vie. Moi je l’ai eu au centre car au départ j’étais formateur à l’ASSE, j’étais le directeur du centre et je m’occupais de l’équipe réserve.

Bibiche faisait partie de tous ces jeunes avec Grégory Coupet, Stéphane Santini, Sébastien Perez, Pierre Bastou, etc. J’avais ces jeunes à la formation, après on m’a demandé de monter avec les pros, je les ai amenés. Bibiche avait un cœur énorme et meurt du cœur, c’est terrible. Il respirait la joie de vivre, avait toujours de l’humour, il était toujours joueur. C’était un gars du cru, un local qui avait le plaisir du jeu.

A la base l’objectif de Bibiche n’était pas de devenir professionnel, il jouait au foot pour s’amuser, pour s’éclater. Et on le voyait dans son jeu : il était créatif, il tentait des trucs, il s’amusait sur le terrain et amenait sa joie de vivre. Bibiche était un joueur très généreux, je le faisais jouer milieu offensif derrière les attaquants ou excentré gauche. Il était placé haut sur le terrain pour délivrer les dernières passes, pour dribbler, pour éliminer l’adversaire, pour faire briller les attaquants, pour mettre en valeur ses partenaires.

Bibiche a su se mettre en évidence dans un contexte pas évident. Deux ans avant, il y avait une équipe qui avait été bâtie pour aller très haut avec Roland Wohlfarth, Gérald Passi, Pascal Despeyroux, Piotr Swierczewski… Il a fallu épurer tout ça, c’était terrible au niveau financier. Il n’y avait pas de solution sportive, il a fallu faire jouer des jeunes. Parmi tous ces jeunes, il y en a plein qui n’étaient pas destinés à jouer pro mais la situation nous a poussés à leur donner leur chance.

Certains joueurs comme Bibiche ont eu une carrière grâce à ça. D’autres se sont retrouvés sur le devant de la scène avant de retourner dans l’anonymat. J’ai notamment le souvenir de Fouzi Ziadi, que j’ai fait jouer six ou sept matches de L1 cette saison 1995-1996. Il s’était notamment illustré en marquant le but victorieux contre la grosse équipe de Bordeaux des Liza, Zizou, Duga et compagnie. Deux ans plus tôt, ce gars jouait au foot en salle, il n’avait jamais joué. Il faut reconnaître que certains n’auraient pas pu jouer en L1 sans le contexte très particulier de l’époque mais tant mieux !

Bibiche, lui, a su tirer son épingle du jeu et il a fait une carrière honorable, il a notamment joué près de cinq ans à Nice. Depuis une quinzaine d’années, il vivait dans l’Hérault, près de Béziers. Sa disparition m’attriste. Je me souviens que c’était un très bon joueur de pétanque, il l’avait montré notamment lors des stages de préparation qu’on faisait à l’époque. Je me rappelle également qu’il avait de la famille à la Jasserie, au Bessat. J’allais manger avec lui là-haut. Bibiche était quelqu’un qui était attaché à cette belle région et il avait cette dimension humaine que j’appréciais beaucoup.