Après Loris Néry, Kurt Zouma et Faouzi Ghoulam, Idriss Saadi a signé mardi son premier contrat pro avec l'ASSE. Les formateurs qui ont contribué à l'éclosion du jeune avant-centre nous livrent leurs impressions.
Philippe Guillemet, son entraîneur en U15
"Je connais bien Idriss et depuis longtemps. Quand il était à Valence, j'y étais aussi. Il habitait Chabeuil, le village d'où vient également Yoann Andreu. Je l'ai vu jouer petit. Quand le club a déposé le bilan, il a fait encore une année à Valence et ensuite il est venu à Saint-Etienne. René Richard, qui est notre secrétaire administratif au niveau du centre, entraînait les benjamins. Il a entraîné Idriss. Saadi a rejoint l'ASSE en 14 fédéraux, l'équivalent des U15. On est arrivés en même temps à Saint-Etienne, en 2006. Je garde l'image d'un garçon engagé, qui marque beaucoup de buts, avec quelques petites lacunes dans la technique ou dans le jeu dos au but. Mais attention, il a marqué beaucoup de buts ! Il en a mis 22 avec moi et 2 avec David Guion car il a été surclassé en U16. Je connais sa famille, c'est un gamin bien entouré et intéressant. Quand je l'ai eu sous ma direction, il était déjà costaud, formé, il allait vite et se montrait très combatif. Marquer des buts, c'est très dur. Lui en a toujours marqué dans toutes les catégories d'âge. Y compris cette dernière saison en CFA. Idriss a de la personnalité. Je me souviens que lorsqu'il ne faisait pas de bons matches, il faisait son autocritique, on voyait qu'il n'était pas content de lui. Je suis content pour lui qu'il ait signé pro."
Romain Revelli, son entraîneur en U17
"On est tous contents qu'il ait signé pro. Idriss a de nombreuses qualités, déjà au niveau mental. Quand il jouait dans mon équipe, il était déjà très impliqué, très concerné. Il vit le football. C'est un garçon intelligent et travailleur. Il a de l'orgueil, c'est un vrai buteur. Il a eu des périodes un peu difficiles comme d'autres mais il a toujours su transformer cet orgueil en quelque chose de positif. Je l'ai peu entraîné finalement. Je me souviens qu'il n'avait pas pu jouer les trois premiers mois car il s'était fracturé un orteil. La saison d'après, il a souvent été surclassé en U19. Il a quand même fait des matches avec moi. Il a notamment brillé lors du tournoi de Montaigu, qu'on a remporté grâce à ses sept buts. Même s'il n'a joué qu'une partie des deux saisons où je l'ai eu, il a marqué quand même 42 buts. C'est énorme et ça résume tout : c'est vraiment un finisseur. Il a progressé dans la construction du jeu mais il peut encore s'améliorer. Mais il a un gros point fort pour le haut niveau, c'est la finition. Il a toujours marqué au fur et à mesure qu'il a gravi les échelons au sein du club. Alors qu'il n'était encore que U19, il a enquillé pas mal de buts en CFA la saison dernière. Idriss a du talent, il a franchi un nouveau palier en signant pro. Il faut accepter qu'il est encore très jeune. Il y a encore un travail de post-formation. Il faut qu'il poursuive sur sa lancée et qu'il continue à progresser techniquement pour bien s'intégrer dans le football de haut niveau, ça il le sait, sans oublier d'archi-développer ses points forts. Parfois quand on te dit "t'as un petit point faible, il faut le corriger", c'est bien. Mais il faut surtout continuer d'explorer le point fort, le travail devant le but."
Abdel Bouhazama, son entraîneur en U19
"Sa signature est une nouvelle satisfaction pour tous les éducateurs qui travaillent à la formation car ça fait cinq ans qu'Idriss est au club. Ça valide le travail accompli. Je suis content également pour Idriss car c'est un garçon travailleur qui a été le fer de lance de la Gambardella cette année. On avait entendu dire qu'il avait été sollicité par des clubs étrangers, c'est une bonne chose qu'il signe pro dans son club formateur. En tout cas, il montre à tous les jeunes de la formation à Saint-Etienne qu'ils ont leur chance aussi. Les dirigeants l'ont rappelé, que ce soit Roland Romeyer, Jean Candel ou Bernard Caïazzo : à l'ASSE, on fait confiance aux jeunes et on met l'accent sur la formation. Ça va motiver nos garçons. Idriss aime le club, j'espère qu'il va encore franchir quelques paliers. C'est un buteur inné. Un garçon intelligent qui a conscience de devoir encore progresser techniquement. Il peut améliorer sa justesse de passe et son toucher de balle. Idriss est très puissant, il joue beaucoup sur le physique. C'est paradoxal : devant le but, il a cette adresse et cette finesse devant le gardien. Mais dans le jeu collectif, il est perfectible dans les remises, notamment dos au but, dans la participation dans le jeu et dans la construction. C'est un garçon qui aime beaucoup la profondeur, il court toujours dans la verticalité et va droit vers le but. Il faut également qu'il arrive à être un peu plus patient. On avait peur de brûler les étapes avec lui. Il a toujours été surclassé. C'est un garçon qui a gagné en maturité en étant intégré dans le groupe pro cette dernière saison. Idriss a une grosse envie, c'est un leader comme il l'a démontré en Gambardella. C'est pour ça que je lui ait donné le brassard. C'est un leader positif, un combattant. Il se bat de la première à la dernière minute. Pour l'anecdote, je l'ai sorti à douze minutes de la fin contre Marseille en Gambardella, il m'a pratiquement fait la gueule. Il avait déjà marqué trois buts mais il voulait rester sur le terrain."
Jean-Philippe Primard, son entraîneur en CFA
"La signature d'Idriss s'inscrit dans le prolongement de la bonne saison qu'il a réalisée. Il a marqué beaucoup de buts, en CFA comme en Gambardella. Il a fait quelques apparitions avec les pros. Il a bien travaillé, il est récompensé. Il lui restait encore une année de stagiaire mais il a déjà signé pro. Je pense qu'il a montré le potentiel qu'il avait. Il a le potentiel pour être pro chez nous, sachant qu'il n'a que 19 ans. On peut compter sur lui dans l'avenir. Parfois on prend les décisions au cours de la deuxième année de stagiaire. C'est le cas avec Faouzi Ghoulam par exemple. Pour d'autres, le potentiel requis pour jouer avec les pros arrive un peu plus vite. On l'a vu récemment avec Kurt Zouma, on le voit aujourd'hui avec Idriss Saadi. Quand on sent qu'il y a un potentiel, c'est toujours délicat de se retrouver avec un joueur en fin de contrat. Idriss a de nombreux atouts. Il fait de bons appels en profondeur, il se déplace très bien devant. Si on lui met des bons ballons, il fait toujours les appels qu'il faut. Il a de réelles qualités de buteur qu'il a confirmées au fil des ans. Mais même s'il a beaucoup marqué, il doit encore s'améliorer devant le but. Il a marqué des buts assez différents. On sait qu'il aime bien partir de loin, être lancé en profondeur pour arriver devant le gardien et la mettre au fond. Idriss est adroit, il a une bonne frappe. Il lui est arrivé plusieurs fois de marquer sur des tirs de loin. C'est un attaquant assez complet dans son travail devant le but. Même s'il a déjà progressé, il doit encore travailler pour être plus performant dans les petits espaces. Dos au but, il doit s'améliorer techniquement. Après, comme tout attaquant, il faut qu'il soit en confiance. Cette dernière saison il a bien démarré avant de connaître un petit creux pendant deux ou trois mois. En janvier-février, il a bien réattaqué : il a été efficace en Gambardella comme en CFA, il a mis des triplés car il a retrouvé la confiance. C'est primordial pour un attaquant."