Episode 6 : 8 juin 1974, nous revoilà !


On reprendrait bien une coupe (Episode 6) !
En Coupe de France, comme en championnat, elle est riche notre histoire. Elle est belle, elle est grande, elle est mouvementée. Pour meubler la longue et incertaine attente qui nous sépare de notre 11ème finale de Coupe de France, P² vous propose de revenir sur les 10 qui l’ont précédée :
1941, 1960, 1962, 1968, 1970, 1974, 1975, 1977, 1981, 1982.
Dix finales dont les dates, si on y regarde de près, disent tout de notre domination sur le football français pendant deux décennies.
En 23 éditions, entre 1960 et 1982, les Verts sont en effet montés 9 fois à Paris. Sur cette même période ils devancent … les Vilains (6 finales), et Monaco et Nantes (4 finales chacun).

8 juin 1974 : ASSE 2-1 Monaco

 

Cette sixième finale est une borne.
La borne qui marque nettement l’entrée dans la deuxième phase de l’hégémonie verte. Il y a eu la fin des années 60, les 4 titres consécutifs entre 67 et 70 agrémentés de 2 coupes, il y a le milieu des années 70, les 3 titres et 3 coupes entre 74 et 77.
Au-delà de la Coupe d’Europe, la domination verte sur le football français s’articule clairement autour de ces deux périodes de 4 ans qui ont vu l’ASSE empocher 7 titres de champion de France et 5 coupes de France, soit 75% de notre palmarès, 75% du plus beau palmarès du football français.
Ces repères que les moins de quarante balais ne nous reprocheront pas d’avoir posé laissent apparaître en creux, comme un intermède. Pendant trois saisons, une éternité au regard des standards verts, Sainté ne gagne rien. Nous sommes en juin 1974 et quatre années ont passé depuis la démonstration face aux Canaris de mai 1970. Les Verts de ce milieu des années 70 reprennent enfin leurs bonnes habitudes après l’intermède marseillo-nantais : après le 6ème titre décroché en 1970, les Verts en championnat ont (très) connement abandonné le titre à Marseille en 1971 (l’affaire Carnus, Bosquier…), puis ont fini à une anonyme 6ème place l’année suivante, et enfin à la 4ème place en 1973, année du sacre de Nantes.
En coupe, ces trois saisons marquent également un recul des Verts avec respectivement un 8ème un 16ème et un quart en 1971, 1972 et 1973, et trois cuisantes éliminations contre les Vilains (0-3 au retour après une victoire 2-0 à GG), Avignon, et Nantes (1-5 au retour après une victoire là aussi 2-0 à GG).
Du creux de la vague a quand même émergé un tsunami à l’échelle du foot français : le Sphinx intronisé coach des Verts à 33 ans à la fin de la saison 1972. Il lui faudra une première saison pour prendre ses marques, et la seconde pour s’offrir une double consécration.
Cette finale de Coupe en 1974 est la première pour Sainté jouée un samedi soir, et au Parc des Princes.
Ce samedi 8 juin, les Verts tout juste auréolés de leur 7ème titre de champion affrontent un véritable miraculé : 16ème du championnat avec le même nombre de points que le 18ème et premier relégué, Nancy, Monaco (le Monaco de Delio Onnis, Jean Petit, Christian Dalger et Pierre Mosca) s’est sauvé à la dernière journée grâce au point de bonus controversé décroché lors de la 38ème journée qui les a vu marquer plus de 3 buts à l’occasion de leur ultime défaite (4-8) à Reims.
En face, si les Verts ont retrouvé le chemin qui mène au titre, c’est avec un équipage transformé : par rapport à l’équipe ayant cui-cuit les Canaris quatre ans plus tôt, seuls Larqué et Bereta sont dans le 11 au coup d’envoi contre Monaco. Hervé Revelli est encore au club bien sûr, mais il est indisponible pour cette finale et il tente, dix-neuf ans avant France-Bulgarie de faire une Ginola : "Les déclarations de Roby à la radio ne me conviennent pas du tout. Il aurait pu dire que mon absence a été décidée d’un commun accord. Au lieu de quoi, on a l’impression que je suis carrément écarté de l’équipe et non sérieusement blessé."

Il a déjà des effluves de Glasgow ce 11 : Curkovic – Farison, Lopez, Piazza, Repellini – Bathenay, Larqué, Janvion – Synaeghel, P.Revelli, Bereta
Loin du sommet de jeu, loin de l’écrasante domination de la finale de 1970, ces jeunes verts gagnent laborieusement malgré les deux buts d’avance marqués par deux joueurs qui n’auraient pas dû jouer. Synaeghel était titulaire à la place de Revelli, et Merchadier avait remplacé Bathenay sorti blessé à la mi-temps. Le but d’Onnis à la 65ème a relancé les Monégasques qui menacèrent le troisième doublé coupe-championnat des Verts jusqu’au bout. A l'issue de la partie, lucide, Larqué explique :  "notre victoire a été longue à se dessiner car notre sprint final en championnat nous a quelque peu émoussés."
Qu’importe, les Verts remportent leur 4ème finale consécutive après 1962, 1968 et 1970 affirmant toujours plus leur statut d’équipe intraitable lors des grands rendez-vous.


Auparavant …


Auparavant, le parcours des Verts a été marqué par une revanche, une belle plutôt. Si, après la magnifique manita de 1970, le quart de finale face aux Nantais avait été douloureux en 1973, il sera victorieux en 1974 : la victoire arrachée 2-1 dans le Chaudron suffira au bonheur des hommes du Sphinx qui tiennent bon 1-1 à Marcel Saupin au retour.
Cette qualif faisait suite à deux matchs sans trembler contre deux pensionnaires de D2 aux deux premiers tours (Gueugnon, 3-1 et Boulogne 2-0 à l’aller comme au retour). Le huitième avait été plus corsé, les Verts goûtant peu la douceur angevine à l’aller (défaite 0-2), avant de tout exploser à GG (4-0 au retour).
Enfin, après la revanche face aux Canaris, ils disposaient en ½ finale au Parc de Reims, 1-0.
Avec 5 pions, dont deux très précieux contre Nantes, c’est Jean-Michel Larqué qui a été le plus efficace durant cette campagne victorieuse.