Dans ma jeunesse, les maillots étaient invariablement verts avec un rond rouge à domicile comme Alex térieur,

Dans ma jeunesse, le Drogba de l’époque jouait à l’ASSE, en D2, et il s’appelait Roger Milla.

Dans ma jeunesse on ne gagnait déjà plus.

Dans ma jeunesse on avait à Sainté le choix entre deux canards : Loire Matin et La Tribune - Le Progrès.


Pas question de gloser sur le thème du pluralisme journalistique et de ses bienfaits, il y a trop de portes ouvertes à enfoncer en la matière.

 

Seulement aujourd’hui, Le Progrès est seul en scène, et il semble pertinent, voire vertueux (osons les qualificatifs pompeux à la mode) de s’interroger sur ce qui ressemble furieusement à une entreprise de démolition systématique fourbe (fourbe car elle ne dit pas son nom) menée par ce quotidien contre l’ASSE et ses dirigeants.

Certes loin de moi l’idée de penser qu’Heckle et Jeckle ne prêtent pas le flan alsa à la critique. Des boulettes ils en ont commis au point que les recenser prendrait autant de temps que de recruter un remplaçant à Bafé Gomis, c’est dire.

N’empêche que penser d’un quotidien régional qui (par son ancienneté, son ancrage et l’étendue de sa couverture géographique de la région,  mais aussi son monopole) fait référence, et s’évertue chaque semaine à jeter de l’huile sur le feu ?

L’influence du Progrès sur l’opinion des supporters est majeure. Il a, pour les générations ayant commencé à lire avant internet et avant l’apparition des journaux spécialisés (But Saint-Etienne, Le Foot Saint-Etienne…) longtemps été considéré comme le plus proche, le plus complet et le mieux informé des médias concernant la chose verte.  Et ses paroles ont longtemps semblé d’évangile pour le quidam stéphanois suivant son club.

Or, au fil du temps cette réputation paraît de plus en plus usurpée.

Le feuilleton des repreneurs de l’ASSE dure depuis de nombreuses semaines et à bien y réfléchir, quel élément tangible a été porté à notre connaissance par Bigard and co ?

Quel projet sérieux nous a été présenté ? Comment ne pas penser que Le Progrès ne fait que relayer et amplifier une rumeur dont il est lui-même à l’origine ?

Et pendant que ses journalistes pissaient de la ligne sur ces pseudos projets de reprise comment ont-ils pu oublier d’évoquer en juillet dernier les contacts de Gomis avec Lyon, laissant le soin à la Pravda d’en parler pendant trois jours et à P² de confirmer les contacts avancés ? Le Progrès n’a donné l’info qu’une fois l’accord officiel. N’a-t-il pas manqué là à son simple devoir d’information ?

Et ne manque-t-il pas à son devoir d’investigation en étant incapable de nous expliquer comment et sur quelle base financière Machado est parti ?

Ne manque-t-il pas également à son devoir d’information quand il est incapable lors de l’interview récente de Dabo (après Rennes-ASSE) de poser la moindre question au joueur sur son avenir et les raisons de sa non-prolongation de contrat ?

Quelle fut, en ce début de semaine, la valeur des témoignages à charge de trois anciens Verts qui ont certes brillé avec le maillot sur le dos mais si peu en coulisses (rappelons que Larqué, en tant que Directeur Sportif, Bathenay, en tant qu’entraineur et Piazza en tant que personne-n’a-encore-compris-quoi ont chacun à leur tour particpé aux peu glorieuses heures contemporaines de l’ASSE) ? Pourquoi le journaliste, qui recueille leur témoignage omet de leur demander ce qu’ils feraient, eux à la place des dirigeants actuels sachant qu’ils n’ont pas en leur temps su appliquer de plus efficaces recettes ?

La critique est aisée mais l’art est difficle…

L’art est donc difficile : il ne s’agit pas de nier que le positionnement d’un canard local vis-à-vis du club emblématique d’une région est par nature délicate. Il est juge et parti. Il doit soutenir le club, avoir un regard de supporter, c’est évident. Mais son soutien ne saurait être aveugle, il faut laisser cela à www.asse.fr. Au moins Le Progrès ne tombe-t-il pas dans cet excès et on ne peut donc pas lui faire le reproche d’émettre une opinion, de prendre position.

En revanche on peut lui reprocher d’avancer masqué, et sans être regardant sur les méthodes. Quitte à remettre en cause la gestion d’Heckle et Jeckle, pourquoi ne pas le dire franchement ? Quitte à être contre les dirigeants actuels, pourquoi ne pas organiser un débat, une interview avec les principaux intéressés en n’oubliant aucun sujet qui fâche (le départ et le retour de Comolli avec chèque à la clé, les entraineurs de renom –Anto, Baup, Perrin- utilisés sans réelle progression sportive, le départ de Feindouno, celui de Gomis à l’ennemi…) ? Ne serait-ce pas plus élégant et franc que ces rumeurs et allusions pénibles car récurrentes et sans élément tangible ?

Et pendant ce temps, l’énergie dépensée à fomenter et régler ses comptes (ahhh le coup des places de match que le club ne distribue plus généreusement au journal, quel sacrilège !) fait défaut quand il s’agit d’infiltrer le club, d’enquêter sur son fonctionnement, d’interroger intelligemment ses protagonistes sur le terrain et en coulisse.

Le Progrès souligne souvent à quel point l’environnement stéphanois, ses luttes d’influences, nuisent depuis tant d’années au bon fonctionnement du club.

Il a raison, mais il oublie qu’il ne donne pas sa part au chien dans ces tristes manœuvres.