Ancien attaquant des Verts, Loïc Chavériat revient pour nous sur son retour gagnant dans le Chaudron.


"Mine de rien ça faisait deux ans que je n’étais pas venu dans le Chaudron, ça me manquait vraiment. Je continue de suivre régulièrement les matches des Verts à la télé mais je n’avais pas pu revenir au stade pour des raisons professionnelles – je travaille dans le vin à Mèze, dans l’Hérault - ou pour des raisons personnelles, mon fils jouant au foot. Il évolue à un bon petit niveau, je suis le petit tous les week-ends. Après avoir évolué quatre ans au Montpellier Hérault, il joue désormais avec les 15 ans de Béziers.

Le match contre Rennes était en milieu de semaine et c’était une demi-finale, c’était l’occasion rêvée de revenir à Geoffroy. J’ai pris des jours de congés pour monter voir l’ASSE, qui reste bien sûr mon club de cœur. Je suis monté avec mon meilleur ami, qui est lui aussi supporter de l’ASSE. On a été accueilli par d’autres amis qui sont sur Sainté. Avant le match on s’est retrouvé au pub le Chaudron Vert. C’était très sympa, j’ai croisé là-bas par hasard des personnes que je n’avais pas vu depuis vingt ans pour certains !

Pour être honnête, avant de rejoindre la tribune, j’avais de l’appréhension vu nos mauvais résultats en championnat. J’appréhendais le jeu, le match, l’enjeu… Mais si on est là dans ces moments-là, c’est qu’on aime les Verts. On aime le club, on est des supporters. J’aime ce club, je suis venu pour encourager les Verts. Ils avaient besoin de ça. On sait que tout est possible dans le foot et que les joueurs ont les moyens de tout faire. Putain, sur le papier, on a une équipe de fous ! Ça fait mal au coeur que cette équipe ne soit que 17e du championnat avant de recevoir Bordeaux.

On a fait un super match. D’entrée, on a mis un pressing énorme, on a eu des occasions. Les Verts ont fait un énorme début de match. On n’a pas été inquiété jusqu’au penalty. Sur cette action il n’y a vraiment pas grand-chose, une toute petite faute. Mais avant ça, Rennes n’était pas dangereux. Même après, ils n’ont pas eu beaucoup d’occases dans ce match, Jessy Moulin n’a pas eu grand-chose à faire finalement.

Ce qui est dommage au niveau de la mentalité, c’est qu’on arrive à sortir un match comme ça en demi-finale de Coupe de France, mais on ne joue pas comme ça en championnat. C’est ça qui est frustrant. On sait très bien que la vie du vestiaire donne de la vie sur le terrain. De l’extérieur, j’ai le sentiment qu’en championnat la vie du vestiaire n’a pas l’air d’être terrible. Mais en Coupe, Claude Puel et ses joueurs se sont dit qu’ils n’avaient rien à perdre contre Rennes à domicile. Vivons un truc magnifique et on verra par la suite.

Les Verts se sont rendu compte que, putain, ils ont des qualités énormes ! Les Verts nous ont montrés qu’ils peuvent jouer et impressionner face à une équipe qui mine de rien n’est pas n’importe qui ! Rennes a gagné la Coupe de France la saison passée contre le PSG, est encore en lice pour se qualifier en Ligue des Champions. On est capable de tout mais je pense qu’il y a une pression en championnat. En Coupe de France on se lâche en se disant qu’on n’a rien à perdre.

C’est con qu’on n'affiche pas le même état d’esprit en championnat. Il n’y a pas à avoir de pression. On a des qualités, on a un public énorme. J’adresse un message aux supporters : vous avez été supers, géniaux, mais aussi respectueux vu ce qu’il se passe en championnat. On vit des moments difficiles en Ligue 1 mais les Verts peuvent compter sur le soutien d’un public qui les encourage du début à la fin. Ça, c’est énorme, on ne voit pas trop ça ailleurs. Les joueurs l’ont ressenti et putain, qu’ils ont été bons, ça fait plaisir !

Comme tout le peuple vert, j’ai chaviré de bonheur sur le but victorieux de Ryad Boudebouz à la 94e minute. Il faut que ce joueur se rende compte qu’il évolue dans un club où il y a de la ferveur. J’aimerais qu’il fasse pareil en championnat, qu’il soit décisif en Ligue 1 en se défonçant et mouillant le maillot. Les joueurs doivent se mettre dans la tête qu’ils doivent aborder pareillement la Coupe et le championnat. J’ai adoré les scènes de liesse à la fin de la rencontre. C’était génial.

Mais j’ai un message à passer aux joueurs : qu’ils jouent toujours pareil ! Putain mais qu’ils se lâchent pareil dès dimanche contre Bordeaux ! Enlevez le frein à main les gars en championnat ! Après la rencontre, Yann M’Vila a déclaré que ce serait bien qu'on se mette sur ce mode en championnat, que ce match de Coupe devait servir de déclic. C’est bien ce qu’il a dit mais c’est un peu tard.

Rennes nous a mis 22 points dans la gueule en 3 mois de Ligue 1, et on se rend compte qu’en demi-finale de Coupe de France comme par hasard tout le monde se lâche. Ça fait chier qu’on soit où on en est aujourd’hui en championnat. Moi je suis inquiet, ce n’est pas parce qu’on s’est qualifié en finale de Coupe de France qu’on est déjà sauvé. J’espère que le match de jeudi a débridé les Verts et qu’on va se maintenir.

J’espère qu’ils ne vont pas se dire qu’ils doivent éviter les blessures en vue du Stade de France. Si on était dans le ventre mou et déjà assuré de se maintenir, on pourrait jouer la Coupe à fond. Mais à l’heure actuelle, ce qui nous fait manger, c’est le championnat. Si on joue en L1 comme on a joué contre Rennes avant-hier, rien ne peut nous arriver ! Rien ! Malgré les blessés, on a une belle équipe. Quand je vois les deux jeunes derrière… William Saliba et Wesley Fofana ont tenu la baraque. On a des jeunes énormes, que les cadres prennent les choses en main sans état d’âme et sans se brouiller avec l’entraîneur.

En tant que supporter, on a tous déjà la finale dans un coin de la tête, on ne va pas se mentir. Mais actuellement il faut l’oublier. La priorité, c’est le championnat. Si avant le 25 avril on descend en Ligue 2, je ne vais pas au Stade de France. Moi je veux qu’on se maintienne, c’est la base ! La Coupe on l’oublie, on n’aura rien à perdre contre Paris. Nîmes a perdu mais à l’heure où on se parle on n’a que deux points d’avance sur le barragiste.

Si on fait une bonne série en championnat, on pourra inquiéter Paris en finale… à condition cette fois de ne pas prendre de carton rouge. A Geoffroy, Aholou s’est fait expulser à la 25e et on en a pris quatre ; au Parc en Coupe de la Ligue Fofana a vu rouge à la demi-heure de jeu et on a en a pris six… Déjà qu’à onze c’est très dur contre Paris, à dix c’est mort. On l’a vu encore lors de l’autre demi-finale de la Coupe de France : Lyon faisait un très bon match à onze mais dès qu’ils se sont retrouvés en infériorité numérique, c’était terminé.

Si on a assuré le maintien avant la finale et qu’on reste à onze contre onze, on peut vraiment inquiéter les Parisiens. Le PSG sera bien sûr favori mais il y aura 40 000 supporters stéphanois, voire plus. Maintenant, la finale est dans un mois et demi, on va disputer six matches de championnat avant le 25 avril. Si on se pointe au Stade de France à la 18e ou à la 19e place, comment on fait ? Si on arrive là-bas sereinement à la 12e place, on n’a rien à perdre en finale, on peut jouer libérés, on peut foncer."