Bien sûr il aurait fallu ne pas s’enflammer à l’annonce de la prolongation de contrat de Féfé. Bien sûr on aurait dû éviter de voir du Tigana dans Matuidi, du Vieira dans Sall, et du Drogba dans Bafé.

Bien sûr, on aurait pu éviter de lire les commentaires laudateurs des autres entraineurs sur notre effectif.
Bien sûr on devrait se souvenir que la L2 regorge d’équipes convaincues que le maintien passe par un jeu ambitieux.
Mais non, un supporter c’est fait pour s’emballer, a fortiori quand doigts et orteils sont insuffisants pour compter les années qui le séparent du dernier titre, a fortiori quand son équipe porte un maillot étoilé.
L’emballement précoce est la marque de fabrique du supporter stéphanois. On le sait, et d’aussi haut que l’on tombe, à chaque fois on se relève et aussitôt on re-grimpe aux rideaux.

Patience et Passion sont-ils compatibles à Sainté ? Non pas plus que Ferveur et Victoire chez nos voisins Lyonnais. C’est comme ça, ce club qu’on a dans la peau propulse notre moral sur d’éternelles montagnes russes. Excitation, colère, peur et délire jalonnent chacune de nos saisons.

Avant de recevoir Marseille, on devrait être dans l’excitation d’un traditionnel rendez-vous contre un ennemi intime qui a eu le bon gôut de venir prendre quelques fessées à GG ces dernières années. Mais c’est la colère qui gronde et enfle au gré de prestations aux allures de démissions collectives (Nancy, Nice) et de choix d’entraineur qu’on qualifiera pudiquement de spectaculaires. Chacun y va de son grief parce qu’un sup normalement constitué ne sait pas encaisser une défaite sans trouver un coupable. Petite énumération à l’usage des amnésiques : Le coaching de Roussey, les percées inutiles d’Ilan, les contrôles approximatifs de Gomis, les critiques d’Herbin, les maladresses de Romeyer, la fuite des cadres, les couacs du recrutement, les arbitres, le manque de caractère, j’en passe et des plus loufoques…

Et si on remontait sur notre nuage, là, cinq minutes, non pas pour rêver à l’emballement qui suivrait une victoire sur Marseille, non. Juste pour prendre de la hauteur, et essayer de se projeter au-delà de nos frustrations du moment. Oublions les 20 millions d’achat et acceptons l’idée d’un projet sur le long terme. Acceptons l’idée qu’une équipe chamboulée, aussi talentueuse soit-elle, a besoin de temps pour conjuguer solidité défensive et fulgurances offensives. Admettons que l’équipe ne brigue pas l’Europe cette saison, en souhaitant simplement qu’elle nous offre des petits bonheurs (du spectacle à GG et des victoires contre nos ennemis au hasard…) de ci de là. Apprenons la patience, donnons à Roussey l’opportunité d’aller au bout de son projet. C’est à ce prix que le succès viendra.

Un doute, un agacement, une exigence de résultat immédiat qui, comme une tâche sur le linge non passé au nouvel Omo ne part pas ?? Ne faites pas de nœuds à votre passion, jetez juste un œil dans le rétro : les années Anto, dernière période où nos dirigeants ont laissé le temps à un coach d’installer un projet de jeu et une équipe type. Si on considère que la première saison de Baup en était la prolongation, en deux saisons, on aura cumulé une montée, une 6e place en L1 et deux demi-finales de Coupe de la ligue…Alors, convaincu ?
Non ? Vous n’êtes pas un antophile déclaré ? Préférez alors le parallèle lillois : de nombreux départs, une équipe en reconstruction, des promesses dans le jeu mais seulement 10 points au compteur et une élimination prématurée en Coupe de la Ligue.

Et puis quand on a attendu déjà 26 ans c’est quoi une année de plus ?