AR71 LOSC 1-1 ASSE
Largement dominés, les Verts ne sont pourtant pas passés loin de la victoire surprise.


Ce match nul, inespéré au vu de la physionomie de la rencontre, n’est pas sans rappeler l’horrible copie rendue à Qarabag.

Si l’on résume un peu : malgré une entame volontaire (avec à la 3è minute, une faute assez grossière de Basa sur Perrin sur corner que l’arbitre laisse passer), les Verts boivent le bouillon dans une première mi-temps dont l’analyse peut être recopiée telle quelle ou presque en changeant le nom des joueurs : je vous renvoie aux 5 points du paragraphe « Bouffés sur toute la ligne ». En deuxième mi-temps, tout en restant largement dominés, les Verts retrouvent une réelle cohérence collective qui leur permet au moins de ne pas trop mal défendre. Comme au passage, l’adversaire s’éteint progressivement, la victoire sur le fil devient de plus en plus plausible. Au point de faire d’Enyeama le héros de la fin de match.

Voilà pour les similitudes générales ; passons aux particularités.


Opposition

Premièrement : l’organisation lilloise. Si Qarabag s’était présenté en 4231, Lille nous a rappelé que le 4141 a aussi ses vertus. L’effet stabilisateur de Mavuba permet notamment à Souaré et Corchia de se positionner très haut sur le terrain – et, en miroir, oblige Gradel et Hamouma à jouer trop souvent au niveau de leur ligne de défense. Sous la conduite d’un Gueye excellent, le jeu offensif lillois se caractérise par de nombreux déplacements (Rodelin passant plus de temps dans l’axe que sur son aile gauche), de la vitesse et de la prise de risque individuelle à bon escient. Rony Lopes donne le ton dès la 5’ en éliminant trois stéphanois avant d’écraser sa frappe.

C’est pourtant Origi l’homme-clé, lui qui sera un poison permanent à droite (1MT) comme à gauche (2MT). Le but lillois (16’), s’il est marqué par une réussite maximale et l’attentisme des Stéphanois, est d’abord le fait d’un numéro de l’international belge. L’inoffensivité grandissante des Lillois en seconde période est directement corrélée avec la baisse de sa lucidité au fil des minutes, le pénalty arrêté par Ruffier (70’) en étant le révélateur le plus spectaculaire. Lequel Ruffier, malgré sa sortie ratée sur le but et la faute sur le pénalty, a réalisé quelques parades décisives (9’ devant Gueye après un renvoi catastrophique de Dieu au point de pénalty, face à Kjaer deux fois sur corner à la 40’ et sur coup-franc direct à la 50è…)



Paradoxe

Deuxième point : le tranchant offensif stéphanois. Contre Qarabag, aucune occasion digne de ce nom à se mettre sous la dent. Contre Lille, quand on fait le compte : tête ratée de Tabanou tout seul au point de pénalty sur un centre de Gradel (45’), but magnifique de ce dernier (60'), pénalty arrêté par Enyeama (85’), nouvel arrêt d’Enyeama sur un CFD toujours tiré par Gradel (90+1)... Cela fait 4 occasions très franches. Gradel, impliqué à chaque fois, aurait pu briser la malédiction « pas plus d’un but par match » et mettre tout le monde d’accord. Relativement à la médiocre performance d’ensemble, c’est assez étonnant de relever autant de situations de but.

On notera aussi (et surtout ?) l’entrée d’Allan Saint-Maximin dès la 14’ à la place d’un Corgnet dont on ne sait si la blessure est avérée ou diplomatique. Le jeune espoir stéphanois a longtemps été l’homme le plus actif sur la ligne d’attaque. On n’aura de cesse de répéter l’importance du soutien à l’attaquant de pointe dans notre système : ASM fait preuve d’une activité et d’une progression significative. Le but arrive d’ailleurs à la suite d’un point de fixation créé dans l’axe grâce au double travail d’Hamouma et ASM, ce dernier ayant ensuite la vista pour écarter à merveille sur Tabanou dont le centre pour Gradel est une pure merveille.



Perplexité

Quelle conclusion tirer ? Si l’on envisage le verre comme à moitié plein, on peut s’étonner de cette constante inédite : les Verts finissent toujours mieux que leurs adversaires. Un joueur comme Hamouma, par exemple, très discret pour ne pas dire absent pendant pas loin d’une heure, a fait preuve d’une grosse activité dans la dernière demi-heure – son pénalty est obtenu à la suite de quelques déboulés dans la défense lilloise, et n’est pas qu’un éclair perdu au milieu du néant. C’est aussi la marque d’un gros mental, celui d’un groupe qui (hormis au Parc des Princes…) ne lâche rien alors que ce déplacement aurait pu se terminer en correction. A l’inverse, la difficulté à se mettre en train devient clairement handicapante – sans revenir sur le réalisme déficient.

Cette saison est décidément placée sous le signe du paradoxe.