Fidèle lecteur de notre forum, le potonaute Tylith nous livre son analyse de la victoire des Verts à Auxerre et revient sur les prestations des joueurs stéphanois.


ASSE qui pleure puis ASSE qui rit, c'est tout de même mieux dans ce sens. Une équipe aux deux visages qui après une première mi-temps morose offre une deuxième période forcément marquante : ça fait huit ans que les Verts n'avaient pas gagné un match de Ligue 1 après avoir été menés au score !

Le match commence par l'habituel round d'observation des deux équipes : attaques timides et gros blocs défensifs qui imposent un pressing agressif (bref du foot français). Pressing agressif mais côté blanc surtout... En première période, là où les Traoré et ses coéquipiers empêchent chaque Vert de se retourner dans le sens du but, les manieurs de ballons auxerrois ont certes quelqu'un devant eux mais beaucoup plus d'espaces pour soigner leurs passes et se retourner.

Malheureusement cette rencontre se décante très vite en faveur de l'AJA : sur le second corner auxerrois, Benalouane s'impose au marquage avant de venir inscrire une tête rageuse dans ses propres buts ! Viviani qui avait anticipé une sortie dans ses six mètres n'aura eu que le temps de revenir sur sa ligne. Le portier stéphanois n' pas pu prévenir Benalouane qu'il pouvait laisser, Traoré ne l'ayant pas suivi.

Une bien mauvaise entame donc qui va être suivi par vingt minutes particulièrement délicates où les mauvaises passes, les imprécisions, le criant manque d'appel de stéphanois qui fuient le cuir et surtout les pertes de balles dangereuses s'accumulent du côté des Verts. Fort heureusement, les hommes de Jean Fernandez semblent ne pas vouloir en profiter outre mesure. Si le pressing imposé continue à faire beaucoup de mal aux Verts, le danger est rarement présent à part sur les errements de notre défense centrale.

Une fois l'orage passé et les esprits légèrement remis de cette entame catastrophique, l'ASSE tente de développer un jeu rapide et varié. Malheureusement, à part pour Dabo et Payet, on sent tout de même une légère résignation chez les Stéphanois. Les imprécisions accumulées aux actions qu'on a l'impression de ne pas jouer à fond empêchent aux Verts d'afficher leur supériorité. En face, Auxerre se contente de défendre sans jamais mettre de panache dans ses situations de contre.

Payet est heureusement là pour apporter un peu de vie à un match qui en manque cruellement : que ce soit côté droit ou côté gauche (où il profitera de la présence offensive de Dabo), il amène une percussion nécessaire avant de se mettre à rechercher plutôt une position de frappe devant le peu d'entrain offensif de ses partenaires. Mais l'action la plus dangereuse de cette première mi-temps arrive sur un des nombreux ballons balancé sur Gomis. Jaurès enlève de la tête un ballon que Grichting allait tranquillement contrôler et l'envoie sur Bafé. Ce dernier profite d'un appel de Landrin pour se débarrasser dun Traoré mal inspiré qui lui ouvre un angle de tir parfait. Un très bon Riou détourne du bout des doigts la frappe de Gomis en corner.

La première période se termine donc avec un avantage qu'on peut dire logique des Auxerrois si on prend en compte le fait que ce sont les Verts qui leur ont offert ce but.

Fort heureusement les Stéphanois montrent un tout autre visage dès leur retour, certainement aidés par une soufflante poussée dans le vestiaire par Roussey. On sent cette fois-ci une véritable envie de revenir et le jeu s'en ressent, les passes sont plus précises, les joueurs beaucoup plus disponibles et le bloc défensif de l'AJA semble enfin mis à mal. La domination stéphanoise n'est cette fois plus discutable et les Verts semblent capables pourquoi pas de revenir voire (ô doux rêve inaccessible) de s'imposer.

L'égalisation vient assez vite et chose incroyable sur un coup de pieds arrêté ! Certes cela fait suite à une énorme confusion dans la surface où Landrin profite de l'opportunité pour marquer. Les Verts égalisent donc et sentent qu'il y'a un coup à faire dans ce match où leurs adversaires semblent vraiment effacés. Le second but arrive logiquement assez vite avec cette fois une véritable action construite où Gomis fait le gros du travail en montrant où il veut qu'on lui mette le ballon à Varrault avant de s'engouffrer dans la surface et de piquer son ballon au dessus du gardien pour l'offrir sur un plateau à Ilan.

Par la suite l'équipe change de tactique avec un 4-3-1-2 qu'on voit rarement, ça permet surtout aux Stéphanois de bien faire tourner le ballon et de déclencher des phases de passes à 10 en tentant quelques incursions efficaces dans le camp adverse. Sur l'une d'elles, Landrin gâche une occasion en ne prenant pas sa chance alors qu'il est seul le but grand ouvert six mètres devant lui. Il manque un peu de clairvoyance en remettant sur Ilan qui lui était marqué. Cette action aurait d'ailleurs pu coûter cher puisque les Blancs se montreront dangereux par deux fois sur des ballons en profondeur dans l'axe mais Viviani sort bien pour mettre son corps en opposition.

Finalement sur une autre des incursions vertes, l'ASSE profite des espaces maintenant laissés par la défense adverse pour se mettre à l'abri, après un tir tendu de Gomis que Riou ne peut que repousser sur Feindouno. Notre artiste avait bien suivi, il n'a plus qu'à pousser dans le but vide.

Forts de cet avantage de deux buts, les hommes de Roussey se contentent de faire tourner le ballon et ne jouent plus leurs quelques occasions de contre. Curieusement, c'est Guarin qui fait du bien en allant chercher des fautes vers le point de corner.

Le match se finit sur une victoire de Saint-Etienne qui ne souffre d'aucune contestation. Si la première mi-temps fut sans saveur, la seconde fut complètement à l'avantage des Verts.

Que retenir finalement de ce match? La série impressionnante qui prend fin avec des Verts qui remontent enfin un score, évidemment, tant elle peut être un déclic dans les têtes et pour le moral des troupes.

Néanmoins il faut faire attention à l'excès de confiance. Si le résultat est bien là, tout n'a pas été parfait : la première mi-temps fut mauvaise et si la seconde fut bonne, ça ne s'est finalement pas joué à grand chose. J'ai rarement vu la défense auxerroise aussi mauvaise que ce soir (c'est un miracle qu'aucun de leur joueur ne prenne un rouge tant ils ont tentés de rattraper leur mauvais placement par des fautes volontaire à la limite du dernier défenseur).

Enfin on ne va pas bouder notre plaisir ce soir et s'il y'a toujours des choses à régler (offensivement et défensivement) cette victoire fait assurément beaucoup de bien !

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La prestation des joueurs

Viviani : une entame délicate avec de mauvais choix sur ses sorties dans les airs (sur un corner, s'il y'a un Auxerrois derrière lui, ça fait 2-0) et un manque de communication flagrant. Une première mi-temps très moyenne donc. Il a par la suite rassuré ses partenaires sur deux face à face gagnés qui empêchent Auxerre de reprendre confiance. Maintenant est-ce suffisant pour prendre la place de Janot ? Je ne le trouve pas plus rassurant que ce soit dans les airs ou dans le jeu au pied.

Dabo : de plus en plus présent offensivement, comme la semaine dernière beaucoup de ballons touchés; ça pêche encore dans la précision du dernier geste mais ça fait longtemps qu'on a pas vu un latéral aussi offensif dans l'effectif stéphanois. Défensivement solide même s'il a eu tendance à laisser un peu trop d'espace à son vis à vis en fin de match et qu'il a perdu un ballon assez dangereux au moment où l'équipe était à la rue. Il faut aussi préciser qu' Auxerre n'a pratiquement jamais attaqué par les côtés.

Benalouane : dur dur ce soir pour Benalouane. Suite au but inscrit contre son camp, il a semblé complètement démobilisé et par la suite il n'a cessé de faire des petites erreurs qui aurait pu être bien plus coûteuses. C'est notamment lui qui juge mal les deux ballons en profondeur qui permettent à Viviani de briller. Malheureusement ses trop rares bonnes interventions ne peuvent sauver son très mauvais match.

Perrin : solide sur l'homme et multipliant les interventions pleine d'à propos, maintenant c'est peut être trop lui demander d'être le gérant d'une défense centrale alors que ce n'est pas son poste d'origine.

Varrault : pas un mauvais retour de Varrault, solide défensivement et a tenté d'apporter offensivement, même s'il a un peu tendance à trop porter son ballon lorsqu'il le fait.

Matuidi : dans la lignée de ses dernières prestations, commence à apporter son soutien offensivement notamment en venant de plus en plus aider le couloir gauche. Comme toute l'équipe, a en première mi-temps manqué de mordant dans son pressing, ce fut heureusement beaucoup mieux en seconde.

Landrin : a toujours du mal dans ses passes longues mais a fait preuve de plus d'application que sur ses derniers matchs. Retrouve une vraie disponibilité, il marque un but plein d'opportunisme suite à une action confuse. Même remarque au niveau de son pressing que Matuidi.

Payet : déjà sorti lors de la bonne période stéphanoise, c'est néanmoins le joueur qui est ressorti d'une première mi-temps faiblarde. Il a en effet apporté le seul grain de folie dans un match qui s'engageait très mal et semblait bien seul à croire à un improbable retour des Verts. Son abnégation va finir par payer.

Dernis : première mi-temps moyenne, comme tout les joueurs offensifs hormis Payet. N'a jamais profité du bon travail de Dabo alors que dès qu'il y'a eu permutation le Réunionnais a bien profité des espaces. Dernis est revenu avec de bien meilleures intentions en seconde période (et a compris qu'il fallait laisser les corners à d'autres) et s'est montré plus tranchant même s'il a toujours du mal à s'engouffrer vraiment sur les côtés de la surface adverse.

Feindouno : en retrait lors de la première période où il ne s'est que trop rarement montré offensivement à part sur des frappes sans danger de 30-35 mètres. Il s'est lui aussi réveillé en seconde période : plus présent, meilleur dans la conservation du ballon, il a été précieux précieux dans le jeu de passes même si les actions de classe et les bons ballons en profondeur ne sont plus là.

Gomis : si vous cherchez un exemple de l'importance de la confiance chez le sportif professionnel, il vous suffit de regarder ce match. Bouffé par ses vis à vis en première mi-temps, il commence à retrouver un peu de son jeu en pivot après la pause. Dès le premier but, il n'a de cesse de faire des misères à la défense auxerroise avant de prendre complètement la mesure de celle-ci en gagnant pratiquement tout ses duels une fois les Verts devant. Impliqué sur deux des trois buts ce soir.

Remplacements :
Payet ----> Ilan : je dois avouer que j'étais assez circonspect sur ce premier changement, tant Payet avait été vivace et semblait être le seul à pouvoir débloquer une situation mal engagée en première période. Mais finalement l'ASSE a peu à peu abandonné le jeu vers les ailes lors de cette seconde mi-temps et dans cette optique là le changement est compréhensible. Ilan m'a fait très vite peur en allant s'empaler bêtement dans la défense centrale adverse sur son premier ballon dans l'espoir d'obtenir une faute. Mais la suite fut bien meilleure, marquée par beaucoup d'appels. Placé derrière, Feindouno l'empêchait de redescendre chercher les ballons. Ilan est donc resté dans son poste d'attaquant, ce qui lui permet de redresser le très bon ballon de Gomis dans le but vide. Il y'a un mois, je ne suis pas sûr qu'il ait été à la conclusion de ce ballon là. Bref c'est le Ilan capable de faire la différence et se contentant de jouer dans son registre qu'on a pu voir ce soir.

Dernis ----> Guarin : le second changement qui finira de montrer qu'effectivement on délaisse les ailes, intervient juste après le second but mais était prévu bien avant. Une rentrée précieuse de Guarin qui a grandement limité son nombre de ballons perdus et fait parler sa fougue et son physique pour récupérer des ballons ou se débarrasser de son défenseur et se mettre dans une bonne situation pour lancer une offensive. A plutôt bien tiré les corners et les coups francs et obtenu de bonne fautes. Bref, une bonne rentrée.

Feindouno ----> Tiéné : j'avoue ne pas avoir très bien compris où Tiéné est parti se positionner pour remplacer un Feindouno qui était placé devant les 3 milieux défensifs. J'ai l'impression qu'on est repassé dans un 4-4-2 classique à son entrée avec Guarin passant côté droit mais je n'en suis pas certain... Evidemment Chico a un profil plus défensif que Feindouno. Peut être que Roussey, voyant que les Auxerrois tentaient beaucoup par leur côté droit en fin de match, a voulu le renforcer un peu. Sakha n'a guère eu le temps de se montrer.

Auteur : Tylith