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Portrait de l'un de nos grands défenseurs centraux des années 90, comme beaucoup rattrapé en pleine ascension par une grave blessure...


Si quelques mois plus tard, Neil Armstrong posera le pied sur la haute Lune, c'est à Basse-Terre que Jean-Pierre Cyprien voit le jour en 1969.


La carrière de Cyprien en un clin d'oeil

Quittant les accueillants rivages de sa Guadeloupe natale pour les moins accueillants quais du Havre, c'est dans la cité normande que Cyprien fait ses premiers pas de footballeur. Au centre de formation du doyen des clubs français, il devient stoppeur. Il n'est pas encore vraiment redouté lors de son premier match professionnel en 1987, puisque la défense qu'il dirige ce soir-là prend l'eau contre Auxerre (1-4). Mais Cyprien signe quand même un long bail dans la défense havraise, dont il sera une pièce maîtresse jusqu'en 1990.


Jean-Pierre Cyprien sous le maillot du Havre,
à la lutte avec Roger Milla

A l'été 90, Cyprien veut progresser et souhaite quitter le HAC pour rallier un club ambitieux. C'est à Saint-Étienne qu'il pose ses valises, près de celles d'un certain Lubomir Moravcik qui enfile le maillot vert au même moment. Jean-Pierre Cyprien va accompagner la progression de l'ASSE, qui se structure, gagne en régularité, et décroche une belle 6e place en 1993, agrémentée d'une demi-finale de Coupe de France. Associé à Sylvain Kastendeuch en défense centrale, Cyprien devient l'un des meilleurs stoppeurs du championnat et les Verts terminent la saison avec la 2e meilleure défense.


Cyprien (à droite) lors d'un match face à l'OM en 1993-94 (photo le Progrès)

Mais à l'été 1993, la sinistre doublette Guichard-Larqué prend les commandes du club et les Verts ne vont pas tarder à le payer cher. Le duo Kastendeuch-Cyprien, qui venait pourtant de donner entière satisfaction, est brisé. Jean-Pierre fera désormais équipe avec Laurent Blanc en défense centrale. Cela n'empêche pas le Guadeloupéen de poursuivre sur sa lancée et de décrocher en janvier 1994 sa première sélection en équipe de France. En Italie, sur les terres de la Squadra Azzura et sous la direction du tout nouveau séléctionneur Aimé Jacquet, Cyprien dispute le dernier quart d'heure d'une rencontre remportée par les Bleus 1-0 (but de Djorkaeff). Ce sera hélas sa seule et unique sélection puisque quelques semaines plus tard, il se blesse très grièvement au tendon d'Achille lors d'une rencontre de championnat face à Caen.

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Jean-Pierre Cyprien face à l'Italie en février 1994

Il ne se remettra jamais vraiment de cette blessure: "Aimé Jacquet m’a rappelé après ma blessure, pour me dire: "Je compte sur toi, tu ne seras pas là contre le Chili, mais rétablis-toi vite". J’étais content sur le coup parce qu’il m’a fait comprendre qu’il comptait sur moi pour la suite mais après, quand j’ai dû me refaire opérer, ce fut dur, très dur. Le plus important, c’est que j’ai pu rejouer au football, finalement."

En fin de saison, avec 140 matchs et 2 buts au compteur sous le maillot vert, Cyprien qui revient tout juste sur les terrains signe au Torino à l'été 1994. Il rechute plusieurs fois et ne joue que deux matchs sous le maillot turinois ! Il déclarera plus tard à So Foot: "J’étais en fin de contrat avec Saint-Étienne, et à ce moment-là, juste avant ma blessure, j’avais l’embarras du choix pour la suite de ma carrière. Mais la blessure a fait que les prétendants se sont écartés, d'autant que je revenais difficilement, et seul le président du Torino (Gianmarco Calleri, ndpc) a voulu miser sur moi. À mon arrivée, ils ont fait des radios et se sont rendus compte que le tendon était cassé. En fait, mon opération à Saint-Étienne avait été mal faite, et je devais repasser sur le billard".
L'année suivante, Cyprien franchit à nouveau les Alpes et met le cap sur Rennes, où il réalise une saison correcte. Mais l'instabilité de sa carrière ne s'arrête pas en Bretagne, car Cyprien reprend la route et signe en Suisse, au Neuchâtel Xamax.


Le néo-marseillais Cyprien face à Patrice Loko au printemps 2000

La suite de sa carrière n'est qu'une longue descente aux enfers, ponctuée de saisons pratiquement blanches, pendant lesquelles Cyprien erre du côté de Lecce pendant deux ans puis signe à Marseille durant le mercato d'hiver 1999-00. Suite à la saison catastrophique des Phocéens, il tente un retour (raté) à Salerne en 2000, où il ne dispute pas un seul match et où il est même rattrapé par une affaire de dopage. Après une dernière saison à Crotone, en Série B, il met un terme à sa carrière de joueur professionnel.

On retrouve ensuite sa trace à Fréjus, dans les divisions inférieures du championnat de France, où il se signale surtout en participant à une bagarre générale, puis à Pau et finalement à l'US Cagnes (06) où il raccroche définitivement les crampons en 2008.

Ironie de l'histoire, lui dont la carrière connut son apogée à Saint-Étienne, a l'occasion d'affronter la réserve de l'ASSE durant ses derniers mois en tant que footballeur. Il déclare à cette occasion: "Sainté, ça reste la meilleure période de ma carrière. Là-bas, j’ai été élu meilleur joueur français aux Étoiles France Football, j’ai connu ma première sélection avec les A. C’est avec les Verts que j’ai explosé et pris une autre dimension. Ça reste mon club de coeur en France. Un très grand souvenir. Et puis, les matchs à Geoffroy-Guichard… Il faut les vivre pour comprendre ! Le Chaudron mérite bien son surnom !"


Jean-Pierre Cyprien lors d'un tournoi de beach-soccer en 2009

Laissant le monde du football derrière lui sans garder aucun contact, Jean-Pierre Cyprien se reconvertit coach sportif à Villeneuve-Loubet (06) avant de refaire parler de lui en 2018 lorsqu'il est condamné à 4 mois de prison ferme pour menaces de mort, violences sur conjoint et port d'arme blanche par le tribunal de Nice.
Pas la meilleure façon de mettre à profit son expérience de rude défenseur des années 90...

Source: OldSchoolPanini