Ancien milieu de terrain de l'ASSE (de 2013 à 2017) et du Racing Club de Strasbourg (de 2017 à 2020), Benjamin Corgnet s'est confié à Poteaux Carrés avant le match qui opposera les deux clubs ce samedi soir à Geoffroy-Guichard.


Que deviens-tu Benjamin ?

Je suis arrivé en fin de contrat à Strasbourg en juin et le Racing ne m’a pas prolongé. Dans un premier temps, je suis retourné en famille près de Lyon et je me suis préparé physiquement.

Au FC Bourgoin Jallieu, comme on l’a relayé dans les potins ?

Exactement. Depuis ma période stéphanoise, je suis resté très proche de Jérémy Clément, qui entraîne désormais ce club de National 3 dans la même poule que l’équipe réserve de Sainté. Jé m’a dit que ça ne posait aucun souci que je fasse une partie de la prépa avec eux. Je l’en remercie car c’est toujours mieux de faire des entraînements collectifs que de s’entraîner tout seul dans son coin. Je suis ensuite retourné à Strasbourg, avec ma femme on a fait la rentrée scolaire de nos enfants. Nous sommes donc actuellement à Strasbourg. Je me maintiens en forme. J’ai fait appel à un préparateur physique et je m’entraîne aussi tout seul en allant à une salle de sport. Je continue de m’entretenir en attendant un challenge.

As-tu des pistes, des sollicitations ? Quel projet recherches-tu ?

Honnêtement, j’ai quelques pistes, mais rien de concret pour l’instant. On vit une période compliquée, le contexte sanitaire n’aide pas. J’espère juste retrouver un club pour m’éclater. Je me sens bien physiquement, Je suis ouvert à tout : Ligue 1, Ligue 2, étranger… Je laisse la porte ouverte à beaucoup de choses. J’attends un projet qui me permettra de m’épanouir.

Eric Bauthéac a-t-il essayé de te convaincre de le rejoindre à Nicosie ?

Oui, j’ai eu Eric pas mal de fois cet été. Il a parlé de moi, on a eu quelques contacts à Chypre. On m’a sondé un peu, on attend de voir. Il y a eu des approches mais pour l’instant pas de retours vraiment concrets. En tout cas je ne suis pas opposé à un départ à l’étranger. Quand j’étais à Sainté, je ne voulais pas partir très loin mais c’est désormais une possibilité.

A l’époque où tu étais à l’ASSE, tu avais décliné une proposition de Kansas City.

Oui, j’avais décliné notamment pour des raisons familiales. Il me restait un an ou deux de contrat à l’ASSE, ça commençait à être la période où Christophe Galtier m’écartait. Ça les aurait arrangés que je parte mais on m’a prévenu en plein mois de juillet, je devais donner une réponse immédiate, je venais d’avoir mon deuxième enfant. A l’époque ça ne me disait rien de bouger, surtout pour Kansas City qui est une ville quand même assez isolée. Pour ma famille, ce n’était pas le bon moment de partir. Et j’avais l’ambition de regagner ma place à Sainté, je ne me voyais pas quitter les Verts à ce moment-là.

Si aujourd’hui un club de MLS te sollicitait, tu ne dirais pas non ? Retrouver Robert Beric à Chicago ou jouer avec Blaise Matuidi à Miami, ça te botterait ?

C’est sûr qu’aujourd’hui ça m’intéresserait ! Maintenant, c’est vrai qu’avec ce fichu Covid c’est compliqué. Mais la MLS serait un beau challenge, c’est un championnat de plus en plus médiatisé, il y a de plus en plus de bons joueurs qui évoluent là-bas. Sportivement ça peut être intéressant, culturellement aussi, ça permet de découvrir autre chose que la France. Après, l’aspect familial rentrera en ligne de compte. Une aventure à l’étranger ça peut être sympa, mais si j’arrive à trouver un dernier challenge en Ligue 1 ou dans un club ambitieux de Ligue 2, ça me dirait bien aussi. Je ne veux pas à tout prix partir de l’Hexagone. Je ratisse un peu plus large car c’est plus compliqué cette année.

Si demain Cartoche te sollicite pour venir jouer sous ses ordres à Zamalek en Egypte, tu le rejoindras ?

Ça fait quelques années que je n'ai plus trop de nouvelles de Patrice Carteron mais on est resté en contact pendant longtemps. C'est l'entraîneur qui m’a lancé dans le monde pro et qui m’a permis d’exploser. Les années que j'ai passé à Dijon ont été top. Quand on joue, quand tout se passe bien... C'est vraiment un entraîneur que j'ai adoré. J’aurais bien aimé qu'il reste un peu plus longtemps en L1 ou en L2 parce que ça m'aurait bien botté de retravailler avec lui. Oui, ça m'aurait bien dit et ça me dirait bien de retravailler avec lui. Après, c'est sûr que l'Egypte, c'est un peu moins où j'aimerais aller mais c'est sûr que j'attendais depuis quelques temps qu'il revienne en Europe. Et je pense surtout qu'il a fait une bonne carrière à l'étranger mais en France, il n'a pas été assez reconnu. Il aurait mérité de rester longtemps dans le championnat français.

Réfléchis-tu déjà à ta reconversion ? Que comptes-tu faire une fois que tu auras raccroché les crampons ?

Je ne réfléchis pas forcément à ce que je pourrai faire après. J’ai commencé assez tard ma carrière pro, j’avais déjà 23 ans. J'ai désormais 33 ans et je ne me sens pas trop usé. J’ai quelques idées pour mon après-carrière de joueur. Rester dans le monde du foot en tant que consultant, depuis des années, je me dis que c’est quelque chose qui me botterait. C’est ce que j’aimerais faire, un peu à l’image de ce que Loïc peut faire actuellement.

Tu as passé quatre ans à Sainté puis trois ans à Strasbourg. Samedi soir, ton cœur sera vert ou bleu ?

C’est difficile de répondre à cette question car ce sont deux clubs qui m’ont marqué. J’en garde de très bons souvenirs même si tout n’a pas été rose pour moi à Sainté comme à Strasbourg. J’ai encore des copains dans les deux clubs, de moins en moins à Sainté car certains sont partis depuis. J’ai aussi des copains à Strasbourg. Du coup pour samedi je n’ai pas de préférence, je préfère botter en touche. Je serai partagé. J’espère juste que ce sera un beau match !

Toi qui as évolué dans les deux clubs, vois-tu des points communs entre l’ASSE et le Racing ?

Oui, surtout au niveau de la ferveur, au niveau des supporters. Je trouve qu’il y a beaucoup de ressemblances. Quand je suis parti de Saint-Etienne, j’avais l’idée de rejoindre Strasbourg avec ses supporters. Ça m’a parlé tout de suite car j’étais sûr de retrouver un peu en Alsace ce que j’avais connu dans le Forez. Cette ferveur est peut-être encore un peu plus forte à Saint-Etienne parce qu’il y a plus de monde en France qui supporte les Verts. Mais ces ambiances dans les deux stades, c’est quelque chose de top. Que ce soit Geoffroy ou la Meinau, ça fait partie des trois meilleures ambiances de France. Le Chaudron, y’a peut-être un tout petit truc en plus car je l’ai connu avec la Coupe d’Europe, avec les derbys. Comme le stade est en plus un peu plus grand qu’à Strasbourg, c’était encore plus fort en émotions. Mais j’ai aussi vécu à la Meinau des matches où les supporters mettent une ambiance de feu !

Quels souvenirs gardes-tu de tes derbys sous le maillot vert ?

J’en ai joué trois. Le premier, on l’a perdu à la maison, Jimmy Briand a marqué de la tête dans le temps additionnel. Le deuxième, on avait fait 2-2 à Gerland, j’avais fait une passe dé à Romain.

Le troisième, on a gagné à Geoffroy, c’est Alexander Söderlund qui avait marqué l’unique but de la rencontre. J’ai vécu d’autres derbys sur le banc, notamment celui où on a gagné 3-0 dans le Chaudron et celui qu’on a perdu sur le même score chez eux. Les derbys, ce sont vraiment des matches à part, il y a une atmosphère particulière. On en parle des semaines avant, dès qu’on nous voit dans la rue on ne parle que de ça. C’est quelque chose qui donne envie et qui fait que ce match sort de l’ordinaire. Que ce soit des bons ou des mauvais résultats, c’était à chaque fois des émotions et des matches particuliers. Je suis très fier d’avoir joué des derbys et je garde bien sûr de supers souvenirs de ceux que l’on a remportés. Ça restera gravé en moi !

Ce derby était d’autant plus particulier que tu as vécu dans la région lyonnaise. Tu as joué à l’US Millery Vourles. Et c’est à Chasselay, dans la banlieue de la banlieue, que tu t’es révélé dans le foot amateur et que tu as été repéré. Tu supportais les vilains quand t’étais plus jeune ?

Non ! (Rires) Je suis né à Metz et je suis venu très vite dans la région lyonnaise. J’étais pour Metz et pour Nantes aussi car j’ai des attaches aussi là-bas du côté paternel. Je n’ai jamais été pour Lyon et je me faisais pas mal chambrer car j’étais pour les Grenats et les Canaris. Je n’irai pas jusqu’à dire que j’étais anti-Lyon mais je n’ai jamais eu de sympathie pour l’OL, je n’ai jamais encouragé les Lyonnais. Ça a fait mal au cœur à mes potes pro-lyonnais que je signe à l’ASSE. Mais beaucoup m’ont suivi, sont venus à Geoffroy-Guichard et ils ont bien aimé l’ambiance du Chaudron.

Hormis les derbys, quels grands moments gardes-tu de ta période stéphanoise ?

Les matches de Coupe d’Europe m’ont marqué. J’ai joué une douzaine de matches en Europa League. On a joué dans des grands stades, on a voyagé. On a fait de belles épopées. C’est une fierté de jouer des matches de Coupe d’Europe avec le maillot vert. Le Chaudron était en ébullition lors de ces matches, c’était top. Cette compétition m’a permis de vivre de supers soirées. Je me souviens d’un match perdu 3-2 au Stade Olympique de Rome. Robert s’était fait expulser en première mi-temps, Mouss en seconde période mais on n’avait pas démérité. À 9 contre 11 on avait même réussi à marquer grâce à Kévin.

Ce soir-là on n’a pas gagné grâce à Monnet-Paquet mais on a perdu avec les honneurs, effectivement.

Carrément ! J’étais également titulaire au match retour, on a fait match nul 1-1 à Geoffroy, c’est Valentin qui a égalisé. Je n’ai pas joué contre l’Inter mais on fait de bons matches, on les a tenus en échec à Milan comme à Geoffroy, y’avait beaucoup d’ambiance. Mon gros regret, c’est de ne pas avoir joué à Old Trafford. C’était la dernière année où j’ai été mis à l’écart, je suis revenu juste après dans le groupe. J’ai toujours été fan avec mon grand frère de Manchester United. J’aurais adoré jouer contre les Red Devils. C’est un club que j’ai toujours suivi, qui m’a fait vibrer notamment avec Eric Cantona et David Beckham.

Quel bilan fais-tu de tes quatre saisons en vert ? La première était plutôt concluante mais ça s’est gâté par la suite…

Oui, le bilan que je fais est mitigé. J’aurais aimé apporter plus et jouer davantage. Je considère que ma première saison a été bonne. J’ai eu du temps de jeu, j’ai marqué sept buts. Quand je suis arrivé à Sainté, on avait un peu changé de système de jeu pour me mettre en dix. Dès que c’était un peu compliqué pour moi, on passait tout de suite dans le système de jeu antérieur. Mais je m’en suis plutôt bien sorti cette première saison en vert.

Ma deuxième année a été plus compliquée. J’ai un peu moins joué, j’ai eu quelques petits pépins. Quand tu n’es pas titulaire indiscutable et que t’as des petits soucis physiques, c’est difficile de s’imposer. Je n’ai jamais eu de grosse blessure, à chaque fois c’étaient des petites conneries d’une ou deux semaines. Mais quand tu n’es pas titu tu mets trois semaines à revenir, tu galères un peu.

La troisième année c’était pareil, et à la fin de cette troisième saison j’ai commencé à être écarté. Je savais que ma dernière saison allait être difficile mais j’avais à cœur de ne pas finir sur ça, j’ai réussi à réapparaître sur la fin de saison. J’avais à l’époque rien qui ne me disait non plus…

Penses-tu être en partie responsable de ce bilan très mitigé ? Regrettes-tu de ne pas avoir eu davantage ta chance lors de tes deux dernières saisons ?

Honnêtement, je pense que je suis pour partie responsable. Les petits pépins que j’ai eus n’ont rien arrangé mais peut-être qu’à un moment donné je n’ai pas été assez performant. Dans un club comme l’ASSE, il y a de la concurrence et quand tes performances ne sont pas à la hauteur des attentes, c’est difficile de refaire surface. La dernière saison, j’ai eu plus ou moins écho que ce n’est pas que l’aspect sportif qui est entré en ligne de compte. C’est ça qui m’a un peu déçu. J’avais l’impression que quoi que je fasse, je n’étais pas dans le groupe car le coach l’avait décidé.

Sur la fin de la troisième année et lors de la quatrième année, beaucoup de jeunes sont arrivés. Autant actuellement je trouve qu’il y a une génération où il y a des jeunes qui sont sortis qui sont très bons, autant le dernier tiers de ma période stéphanoise j’avais l’impression qu’il essayait de faire sortir un peut tout le monde. Moi j’étais là, je ne lâchais rien à l’entraînement mais je savais très bien qu’il ne me mettrait pas. Franchement, c’était dur car je faisais tout ce que je pouvais.

Je suis allé jouer avec la réserve, j’ai marqué cinq buts en une dizaine de matches de National 3. Je me donnais à fond avec la réserve, je n’ai jamais triché et j’en suis fier. Je ne voulais pas laisser l’image d’un gars qui se plaignait et qui ne se donnait pas. Même si ce n’était pas plaisant d’être relégué en réserve, je me devais de respecter ce maillot. Je n’ai même pas cherché à savoir pourquoi j’avais été mis à l’écart, je me suis donné. Sur la fin, j’ai été très tardivement récompensé. Je suis revenu un peu dans le groupe. J’ai marqué ce but égalisateur contre Nantes dans le Chaudron.



En équipe première, tu as mis 12 buts en 101 matches dont 56 titularisations. Lequel te tient plus particulièrement à cœur.

Je me rappelle de chacun de ces buts. Mon doublé à Valenciennes, mes buts contre Nantes, mon but victorieux contre Angers, celui contre Evian sur une passe de Max, celui contre Ajaccio sur un service de Nolan. J’ai aussi marqué de la tête en Coupe de France contre Boulogne et en Coupe d’Europe contre Milsami. Le plus beau but que j’ai mis, c’est peut-être le premier que j’ai inscrit à Geoffroy-Guichard. Sur une longue ouverture de François, j’ai trouvé la lucarne de Fabien Audard.



Toi qui as fait un BTS d’optique, ça a dû te faire plaisir de trouver la lunette !

Celle-là j’étais sûr que t’allais me la faire, je me demandais juste quand ! (rires) Mais je vais te dire un truc : si je ne devais retenir qu’un but, ce serait celui que j’ai mis contre Paris à Geoffroy. J’ai ouvert le score sur une passe de Romain, qui a mis le but du break en début de seconde période. Hélas Papy s’est fait expulser et le PSG a fini par arracher le nul dans les arrêts de jeu, c’est Blaise Matuidi qui avait égalisé.

Mon but contre le PSG a une saveur particulière pour plusieurs raisons : il est joli, c’était contre la grosse équipe de Paris des Ibra, Cavani et compagnie, c’était dans un Chaudron en feu et surtout il y avait toute ma famille dans le stade. C’était ma première année à Sainté, la saison où tout allait bien, où j’enchaînais. Je me rappelle encore qu’on en parle maintenant avec ma femme, elle m’a dit que c’est la plus grosse émotion qu’elle a eue dans un stade.



Avec les Verts, tu as également délivré quelques passes décisives. Pas autant qu’on l’espérait pour ne rien te cacher, mais on s’en souvient ! Tu as évoqué la deuxième, superbe, dont Romain a profité pour marquer chez les vilains. Mais ta première passe dé, c’est ton capitaine qui en a profité contre Bordeaux. Quelle image garderas-tu de Loïc Perrin ?

Je ressens beaucoup de fierté d’avoir évolué aux côtés d’un joueur aussi emblématique que Lolo. C’est resté un très bon copain, on se voit très souvent. Nos femmes sont très bonnes amies, les enfants aussi. Depuis trois ans on se voit chaque été, on passe de bons moments ensemble. Avec Loïc, on a un peu les mêmes valeurs. Tout ce qu’il a fait à Sainté, c’est énorme ! Comme tout supporter de Sainté et tout fan de foot, je suis un peu déçu que sa carrière se soit finie comme ça. Mais Lolo n’a rien à se reprocher, il a vraiment fait une carrière exemplaire. Je lui souhaite que du bonheur dans sa reconversion.



Quels sont les joueurs qui t’ont le plus impressionné à Sainté ?

Ben Lolo, déjà. Je le trouvais très impressionnant. Sa lecture du jeu, son sens de l’anticipation, son intelligence… Comme il avait aussi évolué auparavant au milieu de terrain, il avait aussi cette qualité de passe. Et mine de rien il a mis aussi pas mal de buts sauf peut-être ces deux dernières saisons. Loïc, c’est la classe. Max-Alain Gradel m’a également impressionné. C’est un super attaquant. Lors de ma deuxième saison à Sainté, il a été énorme. Il a claqué 17 pions en championnat cette saison-là, ça m’avait marqué. Je citerai un troisième joueur, qui est toujours au club et qui a commencé très fort cette nouvelle saison de L1 : Romain Hamouma. Romain est un très beau joueur, il est capable à n’importe quel moment d’être décisif, de faire des différences avec sa touche technique. Romain m’impressionne encore car il reste performant.

Hormis Jérémy Clément et Loïc Perrin, avec quels autres anciens coéquipiers stéphanois es-tu resté en contact ?

Parmi les joueurs qui sont encore à Sainté, il y a bien sûr Jessy. On est resté très proche avec Jess. J’ai régulièrement des nouvelles de Romain. J’ai également gardé des liens avec Kev’ Monnet-Paquet. J’échange aussi avec Fabien, je suis ravi qu’il ait retrouvé l’élite avec Lorient, où j’avais joué avant de signer à Sainté. Je l'ai félicité pour la montée. J’ai trouvé que Papy a fait un bon match contre les Verts. Parmi ceux qui ont quitté le club, il y en a plein avec qui je suis resté en contact. Je ne vais pas tous les citer mais il y a par exemple Franck Tabanou et Nolan Roux.

Tu sais, j’ai vécu à Sainté en tant que footballeur mes plus belles années. En tout cas mes plus grosses émotions. À l’époque on avait un groupe de potes en fait, vraiment très important ! On était quasiment dix gars du vestiaire à s’entendre très bien ensemble. Les femmes aussi. Il y a vraiment énormément d’anciens coéquipiers que j’ai encore au téléphone, on a toujours plaisir à se rappeler les bons moments qu’on a vécus ensemble à Sainté. J’ai encore eu récemment JP Mignot, La Brise…

Que t’inspire la promotion de Jessy au poste de gardien numéro un ?

Je suis très heureux pour lui, pas seulement parce que c’est l’un de mes très bons potes. Ce n’est pas que je souhaite du mal à Ruff, pas du tout. J’ai connu les deux, ça s’est bien passé aussi avec Stéphane. Mais en tout cas, Jess n’a jamais lâché, il a toujours été là. Il avait face à lui un gardien qui était au top, qui ne loupait jamais aucun match, qui était très, très bon. Il a fallu qu’il fasse le dos rond et qu’il se donne à chaque entraînement. C’est très important que les gardiens remplaçants aient la bonne mentalité et soient performants à l’entraînement.

Jess s’est toujours donné à fond, il n’a jamais triché même dans les périodes où c’était dur. Je suis ravi pour lui que tout ça lui arrive maintenant. Non seulement c’est un super mec mais en plus il le mérite vraiment. Les quelques fois où il avait remplacé Stéphane, il avait toujours fait de bons matches, il ne s’est jamais troué, il n’est jamais passé à travers. Jess a toujours répondu présent. Bravo à lui !

Tu continues de suivre l’ASSE ? Que t’inspire l’équipe de cette saison ?

Bien sûr que je continue de suivre les Verts ! J’ai encore des potes qui jouent à Sainté et je m’intéresse toujours au parcours de mes anciens clubs. J’ai évidemment regardé la finale de Coupe de France mais aussi une bonne partie du match contre Lorient. La finale s’est déroulée dans un contexte très particulier. Sans porter de jugement, je trouve qu’il y a des joueurs qui sont mis un peu de côté, qui sont mis à l’écart alors qu’ils pourraient je pense apporter plus de sérénité et d’expérience à cette équipe. Je pense notamment à Yann M’Vila ou encore à Wahbi Khazri. Moi je vois ça d’un oeil extérieur, je ne sais pas tout ce qui se passe.

Je suis très content du retour de Kev Monnet-Paquet, lui aussi est quelqu’un qui m’a impressionné, il est toujours performant. Je pense qu’il fera du bien à cette équipe. J’ai noté comme tout le monde que Claude Puel s’appuie sur beaucoup de jeunes. Je pense que c’est bien d’avoir des mecs autour qui ont un peu plus de bouteille. J’ai trouvé les Verts intéressants aussi bien contre Paris que contre Lorient. Lors de ce dernier match, ce sont les éclairs de génie de Romain qui ont fait la différence. Même dans les matches assez fermés, il peut débloquer des situations. De ce que j’ai vu, Sainté a une équipe qui joue bien au ballon, qui est dans l’impact physique avec beaucoup de jeunes.

Tu vois les Verts finir à quelle place cette saison ?

Franchement, c’est très difficile de répondre à cette question. De toute façon, la place de Sainté est dans la partie haute du classement. Mais cette année c’est compliqué de faire des pronostics. J’espère voir Sainté le plus haut possible car depuis mon expérience là-bas je reste un supporter des Verts.

Et pourtant tu seras neutre samedi soir !

Je suis Saint-Etienne comme je suis aussi Dijon, Lorient et Strasbourg. Dans ces clubs, j’ai passé des bons et des moins bons moments mais chacun à sa manière m’a marqué. Je ne suis jamais parti fâché, je n’en ai jamais voulu à quelqu’un. Je sais faire mon autocritique, je sais que tout n’a pas été parfait de mon côté. Je n’ai pas de regret. Je ne peux pas être contre Sainté ou contre Strasbourg. Ce sont des clubs qui m’ont marqué, je leur souhaite d’avoir des bons résultats, d’autant plus à Sainté où j’ai encore pas mal de copains.

À Strasbourg, quels sont les joueurs qui t'ont le plus impressionné et ceux avec lesquels tu es resté en contact ?

Aujourd'hui, je suis encore proche de Ludovic Ajorque, j'ai encore des nouvelles de beaucoup d'autres joueurs avec qui j'ai eu de bonnes affinités. Dans chaque club où j'ai été, je me suis bien entendu avec beaucoup de joueurs, je n'ai jamais eu de souci avec des joueurs. À Strasbourg, on a eu des joueurs qui ont apporté, qui ont été très performants, notamment Martin Terrier quand il est venu en prêt de Lille, qui a rapidement explosé. Il y avait aussi Jonas Martin qui s'était bien relancé après Montpellier et méritait d'aller plus haut. Je suis content pour eux. Et il y a Ludo aussi qui m’impressionne et qui, je pense, peut aller encore plus. Je suis sûr qu'il ira plus haut.

Est-ce que ce n'est pas justement un Ajorque qui manque à l'ASSE en ce moment ? Si tu étais recruteur stéphanois, chercherais-tu à le débaucher ?

Oui, bien sûr, c'est vrai qu'il a un profil atypique parce que c'est un grand attaquant mais dans le même temps, il est technique, il prend la profondeur et c'est un buteur. Donc, oui, il ferait énormément de bien à Saint-Étienne. S'il n'y avait pas eu la crise, si la fin de saison avait été jouée l'an dernier, peut-être qu'il ne serait plus là cet été. Il a fait une grosse saison l'an dernier et il aurait forcément attiré de plus gros clubs, sans dénigrer Strasbourg.

Quel est son profil ? C’est un buteur à l'ancienne ou un attaquant qui participe au jeu ?

J'ai un peu l'impression que j'avais à l'époque où je jouais avec Brandao, sachant que Ludo est capable prendre encore plus la profondeur. Il peut participer au jeu, après, ce n'est pas forcément ce que lui demande le coach à Strasbourg, mais il sait participer au jeu, décrocher. Surtout, quand il y a un attaquant comme ça et que tu es n°10 en-dessous, tu sais qu'il va attirer un ou deux défenseurs et que, toi, tu auras les miettes. Il va se décarcasser pour avoir le ballon et toi, tu n'as qu'à être autour. C'est toujours plaisant d'être avec des attaquants comme ça parce que les défenseurs ne savent pas comment le prendre.

Trouves-tu qu'il a un registre plus étoffé, un truc en plus que Soderlund ou Beric ?

Oui, déjà, il est plus grand et je trouve qu'il a un truc en plus même si Alex et Robert sont de très bons attaquants et ont vécu de belles périodes à Sainté. Mais Ludo a ce côté athlétique en plus où c'est difficile, quand il a le ballon, de lui prendre la balle, de passer autour de lui. C'est pour ça que ça me rappelle un peu Brandao parce qu'à l'époque, notamment la première année où j'ai joué avec lui, c'était ça : les défenseurs avaient vraiment du mal à le prendre et se mettaient toujours à deux sur lui et ça libérait des espaces autour, forcément !

Tu fais bien de rendre hommage à Brandao ! S’il a parfois été moqué pour son côté fruste techniquement, pas toujours très élégant, il a énormément apporté à Sainté...

C'est sûr, il faisait un bien fou à Sainté. Des attaquants comme ça, c’est très précieux dans une équipe. Ludo a cette touche technique en plus mais c'est ce registre-là. Les entraîneurs adorent ce type de joueurs parce qu'ils peuvent faire des différences et qu’ils mettent un gros impact.

Quels autres joueurs strasbourgeois que Ludovic Ajorque verrais-tu à l’ASSE pour progresser dans leur carrière ?

Depuis que j'y suis, Strasbourg a fait jouer beaucoup de jeunes et en a sorti de très bons. Il y a beaucoup de jeunes de qualité dans ce club. Notamment, en défense, Anthony Caci que j'aime beaucoup car il est très performant et très polyvalent. Il joue latéral gauche mais quand je suis arrivé, il jouait milieu, il a joué latéral droit, aussi. Il a une très bonne qualité de centre, c'est un très bon joueur. Après, il y a aussi au milieu de terrain, beaucoup de densité, beaucoup d'impact avec Jean-Ricner Bellegarde. Lui aussi je l’aime beaucoup et je pense qu’il peut encore faire plus, il a de très grosses qualités de percussion. Il tient vraiment bien sur ses jambes, sur ses premiers appuis il va très vite et il est très fort. Il y en a pas mal, Ibou Sissoko, aussi. Il y en a beaucoup, j'ai eu de très bonnes relations avec les jeunes à Strasbourg. Je pense qu'il y a vraiment du potentiel de ce côté-là et que s'il n'y avait pas eu le Covid et l'arrêt du championnat, beaucoup seraient partis dès cet été je pense.

Quel est ton avis sur le début de saison de Strasbourg ? Alors que son effectif n'a pas beaucoup changé à l’intersaison, le Racing a commencé par deux défaites...

La préparation de Strasbourg a été tronquée. A deux semaines de la reprise, ils ont eu neuf cas de Covid, parmi les titulaires, qui auraient sûrement débuté la saison. Ils ont dû être mis deux semaines à l'arrêt, même s'ils se sont entraînés individuellement. Quand déjà on a été arrêtés plus de trois mois, que tu fais une prépa en fonction du début de saison et qu'à deux semaines de la reprise, tu as dix mecs qui arrêtent, tu ne peux pas être performant. Niveau football, niveau plan de jeu, ça reste quasiment les mêmes joueurs, ça n'a pas trop changé, mais c'est niveau physique le souci...

Les matchs qu'ils ont perdus, ils ont fait de bonnes premières mi-temps et c'est en deuxième mi-temps qu'ils se sont effondrés. Pour moi, ce n'est pas un problème mental ou tactique, c'est vraiment plus sur l’aspect physique qu’ils ont du mal. Je pense que la trêve internationale est intervenue au bon moment pour eux. J’ai encore des retours avec les gens que je connais, je sais qu’ils ont pu bien bosser physiquement et revenir tous au même niveau. C’était indispensable car il y avait quelques mecs qui ont fait toute la prépa et qui étaient au-dessus et d'autres qui étaient à la ramasse parce qu'ils ont dû s'arrêter.

Tu as évolué sous les ordres de Christophe Galtier puis de Thierry Laurey. Quels sont leurs point communs et leurs différences ?

Ce sont deux entraîneurs différents mais capables tous les deux de motiver un groupe. Avant un match, quand il faut chauffer l'équipe, motiver les joueurs, niveau caractère, ils arrivent très bien à faire passer le message et à motiver leurs troupes, à faire qu'on veuille se défoncer, se donner pour eux. Ils ont ces qualités-là. Après, ils sont quand même assez différents. Christophe Galtier était plus un communicant, il s’appuyait un peu plus sur des cadres. Thierry Laurey laisse plus le groupe vivre, s'appuie plus sur des jeunes, il est un peu moins communicant. Mais ils ont ces qualités de meneurs d'homme.

Comment vois-tu ce match de samedi ?

Je pense que ça peut être un match ouvert. On l'a montré l'an dernier, Strasbourg est une équipe difficile à jouer avec des individualités et beaucoup d'impact athlétique. Et quand ces mecs-là sont à 100%... C'est ce qui a manqué au début de saison. Cela peut être un bon match, je pense que cela peut être un peu fermé au début et que ça peut se décanter au fur et à mesure du match.

Pour clore cet entretien Benjamin, peux-tu nous donner le score et le nom des buteurs du match qui aura lieu ce samedi soir à Geoffroy-Guichard ?

Je ne sais pas. J'en parlais hier avec Ludo qui était à la maison, je ne sais pas quoi en penser parce que j'aimerais bien qu'il marque ce week-end mais ça voudrait dire qu'il marque à mon pote. Je ne sais pas, honnêtement. Je pense que ça va être un beau match. Je vois bien un match nul. Les buteurs ? Je ne sais pas. Romain et peut-être Ludo. Et Jess qui fait plein d'arrêts aussi comme ça, pas de jaloux ! (rires)

 

Merci à Benjamin pour sa disponibilité et à ForeverGreen pour l'aide à la transcription