Episode 1 : 6 avril 1941, Bigot aphone !


En Coupe de France, comme en championnat, elle est riche notre histoire. Elle est belle, elle est grande, elle est mouvementée.

Pour meubler la longue et incertaine attente qui nous sépare de notre 11ème finale de Coupe de France, P² vous propose de revenir sur les 10 qui l’ont précédée :
1941, 1960, 1962, 1968, 1970, 1974, 1975, 1977, 1981, 1982.
Dix finales dont les dates, si on y regarde de près, disent tout de notre domination sur le football français pendant deux décennies.
En 23 éditions, entre 1960 et 1982, les Verts sont en effet montés 9 fois à Paris. Sur cette même période ils devancent … les Vilains (6 finales), et Monaco et Nantes (4 finales chacun).

Episode 1 - 6 avril 1941

En ce jour où l’Allemagne envahit la Yougoslavie et la Grèce, où Pétain fait un discours dénonçant les dissidences, visant entre autres sans le nommer un De Gaulle qui entreprend un tour d’Afrique pour faire vivre une France libre, Les Verts jouent face à Toulouse une drôle de première finale.

Leur première finale de Coupe de France pour leur 8ème participation, eux qui n’ont depuis la saison 1933/34 jamais dépassé les 8èmes de finale.
Enfin, finale de Coupe de France, si on veut. En effet, les joueurs, privés de Jean Snella fait prisonnier un an plus tôt par les Allemands, font le salut aux couleurs du drapeau français et s’apprêtent à défier Toulouse pour une finale certes, mais de la zone libre.
Car cette année-là l’ASSE joue avec Alès, Cannes, Marseille, Montpellier, Nice, Nîmes, Sète et Toulouse un championnat de la zone libre par opposition à celui de la zone occupée (Bordeaux, Le Havre, CA Paris, RC Paris, Red Star, Reims, Rouen) et celui de la zone interdite, pas encore parrainée par M6, avec Arras, Fives, Lens, Roubaix et Valenciennes.
Pour ce qui est de la coupe, même principe, trois zones, trois coupes, trois finales donc.

Les Verts, entraînés par Emile Cabannes leur ex-avant centre, qui ont fini dernier du championnat (mais qui ne descendront pas, merci la guerre !) s’inclinent dans cette finale 0-1 face à « Toulouse légèrement supérieur en technique, en puissance et en vitesse… » selon les journalistes TV d’une époque où il faut se méfier, la propagande pouvant, qui sait, se nicher jusque dans les commentaires sportifs.
Toulouse s’impose donc sur un pion claqué à la 25ème minute au stade Bouisson à Marseille devant 15 000 spectateurs.

Auparavant…
Auparavant, cette campagne 1941 fut marquée par le plus gros score de notre histoire en Coupe de France : le triomphe 13-0 dans un debry contre le CS Lugdunum en 1/16ème de finale à GG avec 10 buts de Jules Bigot ! De là à dire que les Lyonnais se sont pris un bon coup de Bigot… S’en suivirent deux victoires à Annecy en 8ème (avec un but de Bigot) et contre Nîmes en quart (avec deux buts de Bigot).
Autre fait marquant de notre parcours, il aura fallu jouer trois fois contre Alès en ½ finale avant de nous qualifier pour la finale, les deux premiers affrontements s’étant conclus sur un score nul et vierge 0-0.
Pour le troisième match disputé au stade des Iris à Villeurbanne (stade actuel de la section foot de l’ASVEL), avec encore un doublé de Bigot, les Verts s’imposent 4-1.
Jules Bigot, dont les bilans en championnat furent par ailleurs insignifiants claqua ainsi 15 buts en 8 matchs de Coupe de France !

 

L’histoire retiendra que Bordeaux remportera officiellement la Coupe de France après avoir tapé Toulouse et Fives en finale interzones.

Et il faudra admettre, sauf à avoir une vision très marseillaise de notre palmarès, que cette première finale verte n’en était en fait pas vraiment une…