Qui a dit qu'un match sans but n'a aucun intérêt ?


Puisque nous sommes en Bretagne, parlons magie. D'ailleurs, "Roudourou" est sans aucun doute une incantation celtisante visant à jeter le mauvais œil sur l'adversaire, et pas, comme l'insinue la toponymie officielle, la manière bretonne de dire "gués" . Ce serait trop facile. Mais avant : les compos.



Les compos

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L'ASSE se présente en 4-2-3-1, avec Cohade qui fait son tour de banc. Brison est reconduit à droite, puisque Clerc est toujours indisponible. Seule surprise : Gradel est titularisé à gauche.

A Guingamp, puisque Lemaître est blessé, le jeune Lévêque est logiquement aligné latéral gauche. Choix plus révélateur : la titularisation de Langil côté gauche, sa 8è seulement depuis le début de saison. Gourvennec veut clairement profiter de la vitesse de l'ex-auxerrois. Sinon, il s'agit d'un 4-4-2 assez classique où Yatabaré joue l'attaquant mobile et Mandanne le plot axial.


1MT : Du Vert qui finit par sentir le roussi

La première mi-temps pourrait être résumée par une image simple : deux sorciers s'affrontent. A l'extrémité gauche, le mage rouge et noir ; à l'extrémité droite, l'enchanteur vert. Chacun envoie à l'autre un courant d'énergie ; la rencontre a lieu sur un champ gras et humide. Très vite, la force verte va grignoter la force rouge et noire et, malgré quelques soubresauts, venir rôtir les longs sourcils du mage rouge et noir ; mais ce dernier ne lâche rien, résiste, profite de l'affaiblissement de la force verte au fil du temps pour rééquilibrer et même par moment, projette sa force suffisamment loin pour donner des suées à l'enchanteur vert, mais sans succès non plus. Fin du premier round : c'est le champ qui a le plus souffert.

Les deux forces en présence sont très différentes d'essence. Voilà la rouge et noire : pressing partout toujours, relance longue immédiate de préférence pour Yatabaré (que ce soit dans l'axe ou sur les ailes), percussion du quatuor offensif appuyé par Mathis. Quant à la verte, elle se nourrit d'une relance impeccable due à une grande qualité technique et des déplacements intelligents, qui annihile le pressing rouge et noir et lui permet ensuite de menacer l'adversaire. C'est lorsque cette capacité de relance décline (plus ou moins temporairement) que la force rouge et noire n'est plus contenue.

Dans les faits, Sainté peut regretter de n'avoir pas su ouvrir le score. On ne notera pas toutes les occasions ; contentons-nous des plus révélatrices :
1- dès la première minute, une récupération haute de Corgnet met les Verts en excellente situation de contre. Erding, face au but à 25 mètres, peut décaler Hamouma qui se retrouverait seul en position idéale : il choisit le crochet intérieur puis le dribble pour une hypothétique frappe qui ne viendra pas. Le ton est donné : Erding, mais ses deux compères ailiers également, vont beaucoup choisir la solution du dribble, et pas toujours à bon escient.
2- 11è et 34è minute, presque des facs-similés : Gradel est trouvé avec de l'espace. Il dribble, met le feu, s'ouvre le chemin du but...et écrase sa frappe comme un vulgaire poussin, lui, le petit poulet d'Abidjan.


2MT : Feu rouge pour les Verts

L’essoufflement de fin de première période devient un vrai coup de pompe au retour des vestiaires : l"enchanteur vert va avoir chaud, très chaud au chapeau. Certes, côté guingampais, Langil, permuté, flamboie ; mais surtout, en face, Corgnet et Erding (et Hamouma...) s'éteignoient. Ce qui a pour conséquence de priver l'équipe de liant. Pour compenser, Lemoine reste plus haut ; Clément, seul dorénavant pour assurer sa charnière, doit jouer plus bas : l'équipe se coupe en deux, il n'y a plus que deux lignes de 5 joueurs sans cohérence. Le trou devient flagrant à la 59' : les deux attaquants axiaux guingampais sont libres plein axe trois mètres devant la ligne défensive. L'action, bien emmenée, obligera Ruffier à sortir le grand jeu devant Beauvue, avant que, sur le corner qui suit, Clément ne sauve les moustaches de l'enchanteur vert. Droit derrière, sans solution, Bayal se fait prendre la balle dans les pieds ; les relances vont en touche, etc.

Il était temps que Cohade (64') et Brandao (67') remplacent Corgnet et Erding pour redonner un peu de tonus à l'ASSE. L'entrée de Cohade n'entraîne pas de retour au 4-3-3, mais le 10 vert va, par son placement très mobile verticalement parlant et sa justesse de jeu, soulager énormément ses coéquipiers, à défaut d'apporter le plus qui aurait permis de chercher la victoire. Malgré l'activité de Gradel, Sainté ne parvient pas à reprendre la main. Après une phase équilibrée, les deux équipes tirent la langue : la décision se fera au mental.

Et le mage rouge et noir a un meilleur mental que son rival. Symbolisé par Sankharé, rayonnant en fin de match, les bretons poussent, espèrent le pénalty (ce duel Mandanne/Perrin à la 79'...), mais ne provoquent pas la rupture.

 

Les deux sorciers se quittent dos à dos, sans qu'aucun n'ait pu prendre le dessus.