Une pépinière de jeunes talents promis à un grand avenir, une rampe de lancement pour futures stars ou encore le club où jouent les meilleurs du championnat... Dans sa glorieuse histoire, l'ASSE a été tout celà !

Mais à ses plus sombres heures, c'est en accueillant des briscards sur le déclin que le club stéphanois assurait sa survie dans les bas-fonds de la D2...


Christophe Lagrange, né le 24 octobre 1966 à Montcy-Notre-Dame (08), commence le football en 1974 dans le club phare de sa région natale, le CS Sedan-Ardennes. Et alors que les ZZ Top se font connaître au monde entier avec La Grange, Christophe devient le tube des équipes de jeunes.
Dix ans plus tard, ce jeune attaquant a 18 ans, a gravi tous les échelons et est incorporé à un effectif professionnel qui lutte alors pour le maintien dans le groupe B de D2. Il n'affrontera donc pas les Verts, également au purgatoire mais dans le groupe A mais se fera remarquer rapidement en inscrivant 4 buts dès sa première saison (3 en championnat, 1 en Coupe). Sa seconde saison est plus délicate: non seulement le jeune attaquant n'inscrit qu'un but (en 31 matches) mais le CSSA termine lanterne rouge et repart dans les tréfonds de la 3e division.
Pas encore professionnel, Christophe quitte alors sa terre natale pour intégrer le RC Lens en tant que stagiaire pro et y achever sa formation. Il a tout juste 20 ans.


Lagrange (3e accroupi en partant de la gauche) en 1985 sous le maillot sedanais

Ce choix de rejoindre le Pas-de-Calais n'a rien d'incongru car le club minier vit alors une certaine renaissance: 5e du précédent championnat, il se prépare à disputer la Coupe de l'UEFA et fait figure d'outsider crédible. Mais cet apprentissage de la D1 n'est pas idéal pour Christophe Lagrange qui, malgré ses 15 matches, ne parvient pas à trouver la faille. Le RC Lens est éliminé d'emblée de la C3 par les modestes Écossais de Dundee United et termine 10e de D1, loin des ambitions affichées par Joachim Marx, son entraîneur.
Ce dernier lui renouvelle malgré tout sa confiance pendant 15 rencontres et Lagrange se remet à marquer lors de la saison 1987-88: un but en championnat, un autre en Coupe. C'est peu mais suffisant pour convaincre le Racing qui transforme à l'issue de la saison son contrat de stagiaire en contrat professionnel. A 22 ans, Christophe va pouvoir vivre du ballon rond !


Lagrange (3e assis en partant de la droite) réussit
à convaincre le staff lensois en 1987

Sauf que la vie n'est pas aussi simple... Le RC Lens a complètement raté sa saison (17e de D1) et est en proie à de graves difficultés financières. Avec Oudjani, Tobolik, Ramos ou N'jo Léa (le fils, pas le père), le club dispose de plusieurs buteurs aguerris et le nouveau président Gervais Martel ne compte pas s'encombrer de néo-professionnels superflus. Le jeune Lagrange est donc prêté immédiatement au SCO d'Angers, en D2...
Un retour à la case départ peut-être difficile à avaler mais qui va se révéler être une renaissance...

Ce qui aurait pu être une voie de garage pour le jeune buteur devient la chance de sa vie: à Angers, Lagrange est en confiance. Il a déjà à 22 ans une solide expérience de la D2 et a pu s'aguerrir en D1. En Mayenne, son entraîneur Hervé Gauthier en fait son titulaire à la pointe de l'attaque et Lagrange claque 6 buts lors de sa première saison et convainc le SCO de convertir son prêt en achat définitif. La confiance paie: 6 buts pour sa première saison ? Ce sera 21 la seconde, 20 la troisième, 16 la quatrième et ainsi de suite...


Lagrange, star angevine, ici en 1992 face au Montpellier de Joël Fréchet

En 6 saisons sous le maillot du SCO, Christophe inscrit 94 buts avec à la clé le titre de meilleur buteur du Groupe B de D2 en 1991 avec 19 buts. Encore mieux: grâce à ses nombreuses réalisations, le Sporting retrouve l'élite à l'été 1993, 12 ans après l'avoir quittée.
Si cette aventure en D1 sera courte (Angers est relégué à l'issue de la saison), la complicité que Lagrange entretient avec son compère d'attaque Cédric Daury est telle que Guy David, alors entraîneur du Havre, les recrute tous les deux à l'aube de la saison 1994-95 pour faire de ce duo angevin confirmé, le fer de lance de la formation havraise.

Mais tandis que l'ASSE coule corps et bien durant cette période, le navire normand flotte en eaux troubles. Le HAC est abonné au ventre mou (12e puis 13e de D1) et Lagrange ne s'éclate plus autant que lors de ses années angevines. Le duo Daury-Lagrange a beau se montrer décisif régulièrement (26 buts à eux deux en deux saisons), il se sépare à l'été 1996: Daury file à Cannes, Lagrange, lui, préfère poser ses valises dans le Forez, en compagnie d'un autre havrais Claude Fichaux, tandis que la plupart des joueurs confirmés de l'effectif stéphanois quittent le navire.


Lagrange ne trouvera pas son port d'attache au Havre

On ne peut pas dire qu'il arrive dans un club qui respire la sérénité. Les Verts vivent en effet l'une des périodes parmi les plus difficiles de leur longue histoire: tout fraîchement reléguée de D1 en compagnie de Gueugnon et Martigues, l'ASSE change non seulement de président puisque Philippe Koëhl remplace Vernassa mais aussi d'entraîneur du fait de l'intronisation de Pierre Mankowski.
Sur les deux saisons que Lagrange va passer à Sainté, la première sera la plus complète puisqu'il disputera 40 matchs sur les 41 officiels de la saison (38 de championnat + 2 de Coupe). Seul Samba N'Diaye effectuera d'ailleurs la totalité des 41 matchs.
Christophe Lagrange inscrira 9 buts extrêmement bienvenus dont notamment un doublé à GG contre Épinal. Bienvenus car la saison 1996-97 se révèlera être catastrophique en championnat, l'ASSE terminant à la 17e place (sur 22) ne sauvant sa tête en D2 qu'à l'ultime journée, tandis que Gueugnon et Martigues (leurs compagnons de descente) finissent eux 3e ex-aequo du classement.


N'Diaye pour Lagrange, un classique de la saison 1996-97

Le parcours en Coupe sera tout aussi calamiteux. Des deux rencontres de Coupe de la Ligue de cette saison, Lagrange n'en dispute qu'une, lors du 1er tour contre Amiens. Un match nul, vierge et insipide, à l'issue duquel les Stéphanois l'emportent aux tirs au but. Il ne jouera pas le 16e de finale contre Strasbourg durant lequel les Verts seront sèchement éliminés 3-0 à Strasbourg. Pareil en Coupe de France: un petit tour et puis s'en va puisque les Verts se font piteusement sortir dès le 7e tour par Aurillac, pensionnaire de National 2 dont l'entraîneur-joueur n'est autre qu'un ancien de ses coéquipiers à Angers (et ancien Vert): Thierry Oleksiak. Dommage car Lagrange avait pourtant montré le chemin en ouvrant la marque à la 61e mais le petit poucet auvergnat arrachera l'égalisation à la 88e pour l'emporter finalement aux TAB.


Lagrange galère autant que l'ASSE lors de la saison 1997-98 (photo le Progrès)

Suite à cette saison en demi-teinte, l'exercice 1997-98 ne sera pas celui de la confirmation pour Lagrange. Le nouvel entraîneur, Pierre Repellini (accompagné de Robert Herbin en tant que manager général), ne lui témoine pas une confiance folle et ne l'aligne que lors de 26 matchs des 42 matches officiels de la saison. S'il reste muet avec l'équipe première, il s'illustrera davantage dans l'équipe réserve de D3 avec laquelle il jouera 11 matchs et marquera à 9 reprises dont notamment deux triplés en l'espace de 3 semaines.
Ces performances n'en feront toutefois pas un titulaire indiscutable de l'équipe fanion et l'ASSE disputant une nouvelle saison galère, Christophe Lagrange décide d'arrêter les frais à l'été 98, à Saint-Étienne comme pour sa carrière.


La carrière de Christophe Lagrange en un clin d'oeil

Sa retraite sportive professionnelle consommée, Lagrange, 32 ans, prend le chemin de Montpellier et intègre l'équipe corpo de l'entreprise de Loulou Nicollin. Il sera même présélectionné dans l'équipe de France corpo. Devenu entraîneur U13 puis des U17 de Montpellier, il occupe des fonctions similaires dans le club de Béziers avant de voler de ses propres ailes à Pérols (PH) dans l'Hérault puis à Pouancé (DHR) dans le Maine-et-Loire.


Un Lagrange ragaillardi à Pouancé en 2016

Par la suite employé dans la société qui gère les Vélib à Angers, l'ancien buteur est engagé en 2021 comme recruteur pour le centre de formation du SCO. L'occasion pour lui d'effectuer un retour aux sources dans la région qui le vit atteindre le sommet de sa carrière, dans un club où il fréquenta Thierry Oleksiak, Mustapha El-Haddaoui ou encore Christophe Galtier. Cela aurait dû nous mettre la puce à l'oreille concernant la suite de sa carrière sportive...