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Il fut l'un des doyens du football français, l'un des pionniers du sport professionnel et l'une des premières stars de l'ASSE. Hommage a René Llense qui aujourd'hui aurait été plus que centenaire...


L’éclosion à Sète
René Llense naît en 1913 à Collioure, dans les Pyrénées orientales (66). A la mort de son père, alors qu’il n’a que 7 ans, sa mère et lui quittent ce pays de rugby pour rejoindre de la famille, à Sète.
Le football est alors en pleine expansion alors René s’inscrit dans le club local, le FC Sète. Ce n’est qu’à 15 ans, pour pallier une blessure, qu’il s’essaie au poste de gardien de but. Il y restera longtemps, très longtemps...


Penalty encaissé par Llense sous le maillot de Sète

Au début des années 30, Sète est l’une des places fortes du football français, avec qui seuls Marseille, Lille ou Sochaux peuvent rivaliser. En 1932, comme chaque année, son club part effectuer une tournée en Afrique du Nord. Confronté à l’absence de gardien de but, le président Georges Bayrou décide d’essayer Llense. C'est ainsi que ce dernier dispute son premier match en amical face au FC Barcelone, à Oran. René parvient à arrêter un penalty et Sète s’impose 1-0. A son retour en France, le jeune gardien intègre définitivement l’équipe une, à une époque qui coïncide avec les débuts du football professionnel.

Ses années sètoises seront marquées par l’exceptionnelle saison 1933-34, où il réussit le premier doublé Coupe-Championnat de l’Histoire avec les Dauphins. Pour ce succès en Coupe, René touche une prime de 50 francs. Une autre époque... Il n’a que 20 ans mais il participe, cette année-là, au Mondial 1934 en Italie même si, trop jeune, il reste sur le banc, barré par l'inamovible Alexis Thépot. C’est à partir de février 1935 qu’il réalise ses premiers matchs sous le maillot de l’équipe de France. Il honorera ainsi 9 sélections pendant sa période sètoise.


René Llense en finale de Coupe de France 1934 face à Marseille

La période stéphanoise
En 1938, sa carrière connaît un changement de cap puisqu’il rejoint Saint-Étienne pour 170.000 francs. L’ASSE vient juste d’obtenir son billet pour la première division et Pierre Guichard cherche à réaliser un bon recrutement pour assurer le maintien. Llense arrive ainsi au club en même temps que Jean Snella et remplace Favier, arrivé l’année précédente et jugé trop juste pour la D1.
A Sainté, les méthodes sont différentes, moins familiales qu’à Sète et finalement, seules les couleurs vertes et blanches ne changent pas. René est néanmoins rapidement adopté dans le Forez, notamment parce qu’il est international et sélectionné pour la Coupe du Monde 1938, qui se joue en France. Hélas, bien qu’il soit maintenant à son plus haut niveau, il est à nouveau remplaçant pour cette compétition, barré cette fois par Di Lorto.


Jean Snella et René Llense en 1938

Pendant la saison 1938-39, il séduit le public stéphanois et l’ASSE réussit une très bonne saison pour un promu, terminant à la 4e place, alors que Sète est encore champion. Llense connaît également ses deux dernières sélections nationales, les seules sous le maillot Vert.
En effet, alors que la 2e saison parmi l’élite s’annonçait bien, la guerre frappe à nouveau. Le climat devient alors peu propice au football et Llense décide de mettre un terme à sa carrière en 1941.


Dernière sélection de Llense face à la Pologne en 1939

Il revient tout de même au club l'année suivante pour remplacer Vovard. Pendant la guerre, la compétition est plusieurs fois réorganisée et le championnat est scindé en deux groupes de 16 équipes. L’ASSE est dans celui de la zone libre, il y atteint notamment la finale zone sud de la Coupe de France, perdue face à Toulouse.
Le gouvernement de Vichy décide alors de supprimer le statut de joueur professionnel, en réaction de quoi Pierre Guichard démissionne de la présidence de l’ASSE en février 1943. Un championnat amateur composé d’équipes régionales est créé pour la saison 1943-44 et, comme d’autres Stéphanois, Llense est affecté à l’équipe du Lyonnais. En parallèle, comme il possède ses diplômes de moniteur d’Etat, il s’occupe de l’entraînement des jeunes de l’ASSE.

L’été 44 marque la fin des décisions de Vichy et les joueurs retrouvent leurs clubs. Llense réintègre ainsi l’ASSE, avec laquelle il dispute une dernière saison sous le maillot Vert dans le championnat de guerre 1944-45.

Il aura totalisé, en tout et pour tout, 99 matches dans l'élite avec l'ASSE, pour 18 matches de Coupe de France.
Il se retrouve ensuite en rade à Toulon, pour une saison en ligue 2 (1946-47) comme entraîneur-joueur.


Ultime saison stéphanoise pour Llense, ici à Sète en mai 45

Seconde mi-temps
Après la capitulation allemande, René Llense devient entraîneur de Vichy, qu’il fait passer de Ligue en CFA. Il passe alors ses diplômes d’entraîneur national avant de partir pour Béziers, de 1948 à 1955 en seconde divison. Il termine notamment à une très honorable 4e place en 1950. L'entreprise Pechiney, à Saint-Jean-de-Maurienne (73), lui propose ensuite de devenir entraineur pour les ouvriers et leurs enfants, un poste qu'il occupe 25 ans avant de retourner à Sète, où se trouve toute sa famille.
Durant ces années, il réalise avec Yvan Beck, son coéquipier séto-stéphanois, une publicité pour la marque Suze, dans laquelle il clame: "Fleurant l'arôme de mes Pyrénée, la Suze est mon apéritif préféré". Il gagne six bouteilles en guise de rémunération... une autre époque vraiment !
Après sa retraite en 1976, il se retire à Sommières dans le Gard où il est correspondant au journal Le Midi Libre durant l'Épopée des Verts.


Llense en juillet 1970 dans France Football

On le revoit en 2005, où il effectue le tirage au sort des 8e de finale de la Coupe Gambardella et commente le retour du FC sète en D2. Puis en décembre 2013, il est choisi pour être le représentant des années 30 dans le Musée des Verts flambant neuf. Son fascicule de pré-saison, sa licence de joueur, ses gants sont exposés dans la vitrine des premières années du club
Malheureusement, il n'a pas le temps de le visiter: il décède le 12 mars 2014, à l'âge canonique de 100 ans

Longtemps, René Llense est resté le doyen des gardiens de l’équipe de France. Il fut notamment le dernier survivant de la Coupe du Monde 1934, et plus globalement, le dernier survivant des premières éditions de la Coupe du Monde après le décès de l'Argentin Varallo. Un stade porte désormais son nom à Sète. 


René Llense à 100 ans, avec le ballon de son premier exploit:
la victoire en Coupe de France 1934

Son parcours de joueur
Jusqu’en 1938 : FC Sète
1938-1939 et 1942-1946 : AS Saint-Étienne
1943-1944 : EF Lyon-Lyonnais
Équipe de France: 9 matches (1935-1939)