séléctionnez une date pour un autre éphéméride

Après une coupe du monde 1982 aussi brillante que surprenante, la France a la bonne idée d’organiser le championnat d’Europe des nations 1984.
Les débuts difficiles face au Danemark (1-0) sont vite gommés par la triomphale marche nantaise contre la Belgique (5-0). Et ce 19 juin 1984, pour son ultime match du premier tour, les Bleus accueillent une valeureuse équipe yougoslave dans un Chaudron archi-comble qui va assister à un récital de Michel Platini...


La feuille de match
Mardi 19 juin 1984- Championnat d'Europe des Nations - Stade Geoffroy-Guichard (Saint-Etienne, France)
Premier tour: France 3-2 Yougoslavie
Spectateurs: 45.789 - Arbitre: M. André Daina (Suisse)

Buteurs: Platini (59e, 62e, 78e) pour la France, Sestic (32e) et Stojkovic (84e sp) pour la Yougoslavie

France: Joël Bats - Patrick Battiston - Maxime Bossis - Jean-François Domergue - Luis Fernandez - Alain Giresse - Jean Tigana - Michel Platini - Jean Marc Ferreri (Daniel Bravo 77e) - Didier Six - Dominique Rocheteau (Thierry Tusseau 46e). Entraîneur: Michel Hidalgo
Yougoslavie: Zoran Simovic – Branko Miljus – Ljubomir Radanovic – Velimir Zajec – Nenad Stojkovic – Dragan Stojkovic – Ivan Gudelj – Milos Sestic – Mehmet Bazdarevic (Srecko Katanec 80e) – Safet Susic – Zlatko Vujovic (Stjepan Deveric 60e). Entraîneur: Todor Veselinovic

Les faits du match
Nous sommes en 1984.
Michel Platini, le joueur emblématique de la sélection, déjà auteur du but de la victoire contre les Scandinaves et d’un triplé contre les coéquipiers d’Enzo Scifo, est alors au fait de son talent. Geoffroy Guichard a été, pendant ses années vertes, l’écrin qui a vu le diamant se polir pour devenir le meilleur joueur de la planète. Ce soir-là, le mythique stade se transforme en scène de représentation planétaire pour ce meneur de jeu hors du commun.

Lorsque l’arbitre suisse, M. Daina, donne le coup d’envoi de ce match, tout le monde pense que les Bleus ne feront qu’une bouchée de malheureux Yougoslaves ne comptant aucun point au compteur après leurs deux premiers matches. Mais les hommes des Balkans ne sont pas du genre à se laisser marcher dessus. Ils ont pris une raclée face au Danemark (5-0), ils ne tendront pas l'autre joue.


Le Yougoslave Safet Susic s'infiltre dans le camp français

Michel Hidalgo, le sélectionneur français, utilise en début de match le même système défensif que lors de la rencontre précédente, mais fait rentrer Ferreri comme faux ailier gauche, ce qui oblige Platini a tenir un rôle plus défensif qu’à l’accoutumée au milieu de terrain. Les coéquipiers de Susic profitent de ce jeu contre nature des Bleus pour ouvrir le score à la 31e minute par Sestic. Le Chaudron pousse alors pour que l’équipe de France revienne au score, mais rien n’y fait. La pause est sifflée sur ce score frustrant.
Le match n'a pas atteint les sommets. Pas encore.


Platini égalise en battant Simovic de près à l'heure de jeu

En seconde mi-temps, Hidalgo décide de considérablement modifier son schéma de jeu: Battiston devient arrière droit, Domergue stoppeur, Tusseau arrière gauche, Fernandez avance dans l’entrejeu à gauche, Platini monte en pointe, Ferreri devient faux ailier droit et Dominique Rocheteau, l’ange vert, fait son entrée. Ce nouveau dispositif ne tarde pas à faire ses preuves. A la 59e minute, le festival commence: sur une ouverture de la droite de Ferreri, le seul ligérien sur la pelouse, Platini égalise d’un tir du gauche aux six mètres.
Deux minutes plus tard, suite à un nouveau centre de la droite de son pote Battiston cette fois ci, Platoche marque d’une splendide et rageuse tête plongeante à dix mètres du but d’un Simovic impuissant. Il peut alors lever un point rageur en direction du kop nord, geste qui lui était si familier par le passé.


Tête plongeante décroisée pour prendre l'avantage. La classe.

Mais il était dit que la légende et la virtuosité du plus grand joueur français de tous les temps ne pouvaient opérer sans le rituel sacré de la mise à l’agonie du gardien adverse sur coup franc, qui plus est sur un terrain où il avait déjà réussi de nombreuses fois cet exercice par le passé. Ainsi, à la 76e minute, le meneur des Bleus marque sur coup franc direct aux 18 mètres dans l’axe, d’un tir brossé du droit qui lobe le mur adverse. Un coup franc dont il a le secret et qui porte déjà son nom.


Le coup franc platinien, un grand classique

Pied gauche, tête, pied droit, le hattrick parfait. Tout l’arsenal du buteur y est passé l’espace d’un soir teinté de nostalgie à Geoffroy-Guichard, démontrant ainsi à la face du monde l’étendue de son immense talent. Le Chaudron est en transe, exhibant encore une fois son caractère unique et honorant l’un de ses anciens magiciens.

A 3-1 la messe est dite et la réduction du score par Dragan Stojkovic à la 80e minute sur pénalty (arrêté par Bats mais donné à retirer pour une raison obscure) ne change pas le majestueux destin de l’équipe de France durant cet Euro. Avec ce succès 3-2, les Bleus réalisent le grand chelem en phase éliminatoire et peuvent aborder leur demi-finale contre le Portugal sereinement.

Un autre match de légende, prévu à Marseille...

Le Saviez vous ?
- Après une demi-finale épique face aux Portugais, la France remportera, cette année-là, son premier trophée international majeur en triomphant de l’Espagne 2-0 en finale. Platini marquera 9 buts en 5 matches durant cette phase finale, record toujours à battre.

- Michel Platini conservera tout naturellement son Ballon d'Or en fin d’année. Il réalisera même un triplé historique (1983-1984-1985), record seulement battu en 2012 par Lionel Messi et ses 4 récompenses consécutives. Sa retraite sportive prise en 1987, il deviendra sélectionneur de l'Équipe de France et pour son premier match sur le banc, retrouvera la Yougoslavie en novembre 1988 pour une défaite… 3-2 à Belgrade.

- Pixie Stojkovic, Mehmet Bazdarevic, Safet "Magic" Susic et Zlatko Vujovic (ainsi que son jumeau Zoran) ne sont pas inconnus du public de Geoffroy-Guichard, ayant tous alors évolué dans le championnat de France.

- A la 53e minute du match, pénétrant sur la pelouse pour soigner un joueur blessé, le docteur yougoslave Bojeda Milenovic s'écroule, victime d'une attaque cardiaque. Il perdra la vie quelques heures plus tard à l'Hopital Nord de Saint-Étienne.

- La sélection yougoslave se vengera en éliminant les Bleus de la course à la Coupe du Monde 1990 avant de disparaître à l'aube de l'Euro 92 suite à la guerre civile. Son remplaçant repêché, le Danemark, en profitera d'ailleurs pour remporter la compétition ! Un temps reformée sous le même nom (notamment en 1998 et en 2000), c'est désormais la sélection de Serbie qui a récupéré l'historique et le palmarès de l'équipe de Yougoslavie.

- Rénové pour l'occasion (il passe de 40.000 à 48.000 places environ), Geoffroy-Guichard n'accueille que deux matches lors de cet Euro à 8 équipes, l'autre étant Espagne-Roumanie. C'est la première fois que l'Equipe de France évolue à Saint-Étienne où elle ne reviendra qu'en 1994.


Les trois buts français du match en version dessinée

Source: Old School Panini