Chaque année, comme l’a si bien décrit Nick Hornby, le supporter vert guette fébrilement la sortie du calendrier pour se plonger dans la saison à venir. Ce calendrier dont les observateurs de la Ligue 1 ne manqueront pas tout au long de la saison de souligner les fameux « hasards »…
Mais au fait, quand Lyon affronte deux promus (Ajaccio et Dijon) et trois clubs « moyens » (Nice, Brest, Montpellier) lors des cinq premières journées pendant que l’ASSE affrontera les trois derniers champions de France (Bordeaux, Marseille, Lille), un européen (Sochaux) et Nancy, est-ce uniquement le fait de ce coquin de sort ?
Pour en savoir plus nous allons analyser le début de championnat sur les cinq dernières saisons de deux clubs. Au hasard (oui, nous aussi on s’autorise à jouer avec) : Saint-Etienne et Lyon.
L’exercice est simple : il s’agit de décortiquer le pedigrée des cinq premiers adversaires de Sainté et Lyon lors des saisons 2008, 2009, 2010, 2011 et 2012 (la prochaine) afin de voir si des tendances fortes se dégagent. Votre assiduité au forum de Poteaux Carrés n’ayant pas encore entamé vos facultés arithmétiques, vous en aurez logiquement conclu que nous allons zieuter le profil de nos 25 premiers adversaires respectifs. Les adversaires sont regroupés en trois grandes catégories :
- Les grosses cylindrées : catégorie qui sera construite sur la base des qualifications européennes,
- Les clubs promus
- Les clubs abonnés au ventre mou
Les conclusions sont limpides.
ì 11 des 25 équipes affrontées par l’ASSE (soit 44%) lors des cinq premières journées des cinq derniers championnats sont qualifiées pour l’Europe cette saison. Ainsi on trouve depuis cinq ans au programme estival de l’ASSE : Rennes (3 fois), Sochaux (3 fois), Lyon (2 fois), Lille (1), Marseille (1) et le PSG (1). A l’opposé, Lyon n’a rencontré lors de ces cinq dernières saisons aucune équipe qualifiée pour la prochaine Coupe d’Europe. En élargissant le spectre aux équipes européennes lors de l’une au moins des trois dernières saisons, l’ASSE a affronté 15 fois (sur 25, soit 60%) une de ces équipes (Bordeaux et Toulouse, 2 fois chacune ont fait également partie de notre menu estival). De son côté, cet élargissement porte Lyon à 5 affrontements (2 fois Toulouse, 2 fois Auxerre, 1 fois Montpellier) en 25 matches contre ce type d’adversaire (soit 20%).
ì Au rayon promus, Lyon s’en est coltiné cinq (Grenoble, Brest, Caen, Dijon, Ajaccio) en cinq ans (20% des 25 matches), contre un seul pour l’ASSE (Boulogne, soit 4% des 25 matches)
ì Enfin, Lyon se paye la part du ... (non elle est trop facile) au rayon experts en ventre mou : 15 affrontements (60%) contre 9 pour l’ASSE (36%)
Qu’en conclure ?
D’abord qu’il n’y a pas de discrimination particulière en matière de nombre d’adversaires différents rencontrés puisque sur 25 matches, l’ASSE a affronté 17 équipes différentes, et Lyon 16.
A première vue, peu d’écarts donc. A première vue…
Mais il est statistiquement totalement improbable de ne jamais rencontrer sur cinq débuts de saison consécutifs à la fois Marseille, Bordeaux, Lille, le PSG et Rennes soit cinq des six plus gros budgets de L1 (le 6ème étant … Lyon). C’est pourtant l’exploit que Lyon réalise.
De son côté l’ASSE n’a jamais rencontré Lorient, Dijon, Ajaccio, Auxerre et Montpellier.
Il semble donc évident, que ces débuts de calendriers dépourvus d’affrontement de Lyon avec les gros du championnat ne sont pas du tout le fruit du hasard. Et qu’avec l’histoire honteuse du tour gratuit en Coupe de la Ligue offert aux clubs européens, cet aménagement à la carte du calendrier de la L1 est une nouvelle preuve de l’insupportable partialité de la Ligue.
Une Ligue qui, soucieuse d’afficher une certaine transparence, a, cette saison pour la première fois, publié sur son site les critères de constitution de calendrier. Vraie fausse transparence en l’occurrence car on y apprend juste que chaque club peut émettre des vœux, que ces vœux ont un poids en points (chaque club dispose d’un crédit de points de 100 à exercer) et qu’ils ont en moyenne été exaucés à hauteur de 83%. Où est la transparence dès lors que les vœux de chaque club ne sont pas connus et qu’il est donc impossible de juger si l’équité en la matière a été respectée ?
Alors certes l’exemplaire plantage de début de saison des Vilains en août dernier montre qu’aussi aménagé soit-il, le calendrier n’apporte aucune garantie contre la méforme d’un groupe. Et on se gardera par ailleurs bien de considérer qu’affronter un gros en début de championnat est forcément handicapant, la théorie selon laquelle les gros ne sont pas prêts en début de championnat n’est pas totalement farfelue.
Comme n’est néanmoins pas farfelue non plus l’idée qu’un bon départ conditionne tout le championnat, et qu’il est plus simple de battre Ajaccio ou Dijon que Lille ou Marseille, même au mois d’Août.
Selon que vous serez puissant ou misérable … écrivait La Fontaine. Pas de doute à la Ligue on connaît ses classiques.
NB : Outre le principe des vœux par club, la Ligue respecte des « principes directeurs » listés sur son site : pas de derby en début de championnat, pas les mêmes matches que la saison dernière sur les quatre premières journées, répartition équitable entre matches allers et retours des clubs générant les grosses affluences, respect des vœux des clubs qualifiés en Coupe d’Europe (tiens, tiens….), pas de match à risque chez les promus en début de championnat…
Parasar