Vous ressentez comme une résignation coutumière ? Consolez-vous, à défaut de plaisir, vous avez le confort : celui de retrouver une sensation (trop) bien connue, un air d’inéluctable, un goût de fatal, quelque chose comme une prédestination.

Les jours passent et nous éloignent de la magie de Septembre. Trois défaites et trois nuls ont ouvert en grand la porte à un hiver précoce et rigoureux.

L’intensité du bonheur n’a donc eu d’égale que sa brieveté. Aussi enchanteresse fut-elle cette période n’était donc qu’une parenthèse ?

La tristesse n’interdit pas l’analyse et celle-ci semble limpide : par un perfide cocktail d’absences de cadres (matuidi, perrin, bocanegra notamment), de niveau physique fléchissant (voir l’absence incroyable d’agressivité de notre milieu de terrain en 2ème mi-temps contre Lorient) et de réussite fuyante (le scénario de Nice, le poteau d’Ebondo à Brest, le pénal contre Caen), les Verts ont plongé brutalement dans le ventre mou.

 

Les causes étant connues, quid des remèdes ? Même si la perspective de voir Perrin fouler une pelouse synthétique ferait vaciller le plus leibnizien des supporters, on peut estimer que le premier obstacle à notre progression est levé. Pour le niveau physique, comme pour la réussite il est difficile de se prononcer. Samedi, Auxerre a fait la loi au milieu et malgré un léger mieux en 2ème mi-temps, l’impression que la menace restait plus bourguignonne que stéphanoise est tenace. Depuis combien de temps n’avait-on cadré qu’une seule frappe dans le Chaudron ?

Cette statistique soulève la question de notre impuissance offensive. En 13 matches, à eux deux, nos attaquants de pointe n’ont marqué qu’à deux reprises. Incroyable. Aucun autre club de Ligue 1 n’affiche un tel bilan. Des larmes plein sa bière Manu regrettre son début d’année 2010, et cette veine qui semble s’être taillée pour de bon. Il est frappé de gonzalïte aigüe : le cadre se dérobe, les contrôles sont approximatifs, les déviations imprécises et les choix malheureux.

Dans leur malheur, nos deux attaquants ont l’immense chance de ne pas avoir été pris en grippe par le public, priviège que certains de leurs prédécesseurs ne doivent pas manquer de leur envier…

 

Tiens, en parlant de bouc-émissaire, inexpliquablement Sako a revêtu le costume en ce début de saison. Pourtant, malgré ses défauts (manque de lucidité, précipitation), il a toujours apporté, en provoquant ses vis-à-vis, et sur les derniers matches, il avait l’apanage des rares éclairs offensifs de l’équipe. Il postule de plus en plus au titre, certes peu disputé, de meilleure recrue de l’été 2009 (Damien si tu nous lis…).

Son affirmation, au même titre que les promesses affichées par nos deux made in Sainté (Guilavogui et Nery) est l’incontestable avantage du choix (certes contraint) de réduire l’effectif.

 

L’hiver s’avance et le public, certes malmené ces dernières saisons, s’incline face à l’apparente ineluctabilité de notre chute. Entre Lorient et Auxerre, 6 000 personnes ont déserté Geoffroy !

 

A ce stade, un rappel s’impose : Au-delà de l’inoubliable orgasme du 25 septembre, notre exceptionnel début de saison porte en lui une deuxième vertu : avec 5 victoires pour 4 défaites, le bilan est aujourd’hui correct et nous offre ce luxe inconnu depuis trois ans d’avoir en novembre un autre horizon que le maintien. De correct, il serait devenu excellent par la simple grâce d’un pénalty réussi contre Caen et d’une plus grande application à Brest.

Il reste près de deux-tiers du championnat à jouer. Pour peu qu’on sache à la fois retrouver ces moments de plénitude collective et individuelle entrevus contre Montpellier ou Marseille et mieux gérer nos coups de moins bien, alors tous les espoirs restent permis.

 

Allez l’hiver, tes supporters sont là.