Ancien pensionnaire du centre de formation de l'ASSE et actuel entraîneur du promu dunkerquois, Mathieu Chabert nous parle du néo-Stéphanois Ibrahima Sissoko, qu'il a entraîné un et demi à Béziers (en National 1 et en Ligue 2).


"Je garde un bon souvenir d’Ibrahim Sissoko. Déjà parce que c’est un garçon très attachant. Il peut paraître hautain par son attitude mais ce n’est pas du tout ça. C’est un garçon très, très attachant en fait. Il a besoin qu’on lui fasse confiance. Il a besoin d’être mis en confiance. Après, au niveau football, c’est quelqu’un qui a tout. Il est grand, il va vite, il est agile techniquement. C’est un buteur confirmé de Ligue 2. Ibrahim Sissoko, c’est minimum 15 buts ! Il a prouvé ce qu’il est capable de faire en Ligue 2. Je pense que Sainté est le club idéal pour lui. Il a besoin d’un club avec de la ferveur populaire. Mais il faut que les supporters soient avec lui. Si Ibrahim sent qu’on est derrière lui et qu’on le pousse, ça peut être un très, très grand joueur.

Il jouait à Epinal quand on l’a repéré, on l’avait d’ailleurs affronté en National et il avait marqué le but victorieux des Spinaliens à Béziers. Ibrahim Sissoko était jeune, il était brut. Mais il avait déjà de bonnes bases. Il a été un de nos artisans de notre montée en Ligue 2, il a en effet marqué 8 buts sa première saison biterroise. Il a alors signé à Lorient, qui l’a prêté dans la foulée à Béziers donc on a pu poursuivre notre collaboration pendant six mois. J’ai été content d’avoir un joueur d’un tel profil dans mon effectif. Il a marqué ses premiers buts en Ligue 2 avec nous avant de rejoindre la Bretagne puis de faire la carrière qu’on connaît en s’imposant à Niort et à Sochaux.

Moi j’aime les attaquants qui sont grands, qui font mal aux défenses. Bien sûr Ibrahim avait déjà ça à Béziers. Et chose assez rare pour des attaquants de ce gabarit, il était techniquement très agile. Après il a évolué, il est devenu plus professionnel. Mais le terreau était déjà là. Ibrahim est un attaquant puissant, il fait mal. En plus de ça il est technique, il est capable de marquer du droit, du gauche, de la tête. C’est un attaquant complet. C’est clairement un des trois ou quatre meilleurs attaquants de Ligue 2. Sainté en compte déjà un autre, Gaëtan Charbonnier. Charbo et Sissoko devant, ça va !

Je ne me permettrai jamais de donner un avis sur leur complémentarité. Pour moi tout le monde peut jouer avec tout le monde. Après, c’est une question d’animation et pour ça je fais laaaargement confiance au coach Laurent Batlles. Largement ! A Béziers, j’ai beaucoup joué en 4-4-2 mais j’ai aussi utilisé Ibrahim seul en pointe. J’ai joué en 3-5-2, en 4-3-3. Ibrahim est performant quel que soit le poste offensif qu’il occupe et quel que soit le schéma tactique. Je pense qu’il est un petit peu plus à l’aise à deux.

Dans une attaque à deux, le profil le plus adapté à Ibrahim ? Cela dépend un peu de ton projet de jeu. Quand t’as un projet de jeu basé sur la transition, que t’as un peu tendance à être bloc bas et à vite trouver la profondeur, il faudrait peut-être un petit rapide autour de lui. Je pense que le projet de jeu de Laurent n’est pas du tout la transition. C’est plutôt la possession, être haut sur le terrain. Haut sur le terrain, quand t’as Sissoko et Charbonnier sur le terrain et que tu envoies des centres, t’as plus de chances de marquer.

Je pense qu’Ibrahim Sissoko peut encore progresser de la tête. C’est en cela que sa complémentarité avec Gaëtan Charbonnier peut être intéressante. Charbo est un bon joueur de tête. Le fait d’être grand ne suffit pas toujours à être très performant dans le domaine aérien. Mais bon, là je chipote. Franchement, Ibrahim n’a vraiment pas beaucoup de points faibles.

Humainement, on entend où on lit parfois des choses peu flatteuses sur Ibrahim Sissoko et ça me dérange, je n’ai pas envie qu’il arrive à Sainté avec cette réputation-là. Il ne le mérite pas ! C’est quelqu’un de très respectueux, de très poli mais il a du caractère ! Il vaut mieux avoir des joueurs de caractère que des agneaux. Avec Ibrahim on a eu des moments tendus, on s’est attrapé, on s’est disputé. Mais je l’ai félicité pour sa signature à Sainté. Il a m’a répondu dans la minute.

J’apprécie ce garçon et sa trajectoire. Ibrahim, c’est quelqu’un qui n’a pas eu un parcours classique, il n’a pas fait de centre de formation. Il s’est construit tout seul. Il sait ce que c’est que de ne pas gagner beaucoup d’argent. Il est passé par niveaux National 2, National 1, il a dû charbonner. C’est quelqu’un de vrai, d’entier. C’est quelqu’un qui demande qu’on soit honnête et juste avec lui. Il peut tout entendre ! Quand on est honnête et juste avec les gens, je pars du principe qu’on peut tout leur dire.

Si le public le pousse, je pense qu’Ibrahim peut être, très, très, très fort ! Il arrive dans un club que je connais un peu car j’y ai passé plusieurs saisons au centre de formation, de 1993 à 1998. Même si ça fait longtemps maintenant que j’ai quitté Saint-Etienne, je connais la ferveur qu’il y a là-bas. Je pense que ça peut vraiment matcher entre Ibrahim et Sainté. Complètement ! Il aurait déjà dû signer la saison dernière. Je lui souhaite de réussir chez les Verts. Si j’ai peur qu’Ibrahim fasse du mal à Dunkerque lors de nos retrouvailles le 26 septembre prochain dans le Chaudron ? Non, je n’ai peur de personne, sauf de mon père !"

 

Merci à Mathieu pour sa disponibilité