Même s'ils ont mené deux fois au score, les Verts n'ont ramené qu'un point d'un Bollaert quasiment à guichets fermés.


Avec le retour de suspension de Neyou et en l'absence d'Abi (malade), le onze de départ pour le déplacement à Lens a été légèrement différent de celui de la semaine précédente. Mais le système de jeu aussi, les Stéphanois évoluant cette fois-ci dans un 4-3-3 / 4-1-4-1, avec un trio offensif Bouanga - Khazri - Hamouma et un triangle pointe basse Neyou - Camara - Youssouf :
 
 
La défense à aussi été un peu retouchée, Sow étant préféré à Nadé dans l'axe, à côté de Moukoudi. Les cinq changements effectués en 2MT ont amené beaucoup de jeunes sur le terrain, les Verts finissant le match avec un seul joueur âgé de plus de 23 ans (Green / Maçon - Sow - Moukoudi - Kolo / Nokoué - Camara - Gourna - Rivera / Aouchiche - Nordin) :

 
 
Avant de regarder de plus près l'animation offensive stéphanoise, un commentaire s'impose sur le bloc équipe proposé. Comme la première image ci-dessus le montre, malgré le système différent, le bloc des Verts conserve les mêmes caractéristiques que contre Lorient : une hauteur moyenne, avec des lignes assez distancées. Ce qui a été souvent exploité par les Lensois, comme dans cet exemple à la 32e minute :
 
 
Attaque placée pour le RC Lens, les deux équipes sont en place, avec les Verts en 4-5-1, vu que Neyou a quitté son poste entre les lignes et s'est mis à la hauteur des autres milieux. Ce qui laisse beaucoup d'espaces pour un des trois milieux axiaux adverses, ainsi que pour un avant-centre, qui avait décroché. C'est le premier qui est trouvé...

 
... avec une passe qui traverse la ligne de 5 milieux. Il décale ensuite son piston gauche, pendant que la défense est obligée de reculer. Parti dans le dos des milieux, le deuxième avant-centre...


... se retrouve seul au point de penalty, d'où il rate heureusement le cadre. Seulement Youssouf avait fait un effort pour le suivre, mais il partait de trop loin...
 

Contre trois défenseurs centraux

Cette analyse ne se focalisera pas sur les failles défensives stéphanoises, mais sur la manière dont les Verts ont essayé de déséquilibrer le bloc lensois. Jouer en 4-3-3 contre une défense à 3/5 peut présenter un certain avantage, avec deux joueurs de couloir (latéral et ailier) contre un seul adversaire (piston). Mais ça implique que l'unique avant-centre se retrouve seul contre trois défenseurs centraux. Une autre option est de mettre la pression sur ces défenseurs, en faisant rentrer les ailiers (3 offensifs contre 3 défenseurs) ou en dézonant pour réduire leur surnombre dans l'axe. Voici plusieurs exemples de comment les protégés de Claude Puel ont utilisé ces options, avec le positionnement des 3 centraux Lensois mis en évidence sur chaque image :
 
 
A la 5e minute, un dégagement de Green est repoussé par un adversaire, le ballon arrive à Sow et via Moukoudi est envoyé à gauche, à Kolo. Ça presse haut, avec pas moins de 6 Lensois dans la moitié stéphanoise, mais Kolo, Neyou et Zaydou osent se faire des passes dans un petit périmètre, le dernier écartant le ballon ensuite, de retour chez Moukoudi. Avant de poursuivre l'action, il faut remarquer que le piston droit est monté sur Kolo et Khazri, collé à la ligne de touche, est donc pris par un défenseur central. Neyou montre que les Stéphanois savent aussi se projeter dans le dos des milieux...

 
... et le jeu de passes verticales est parfait. Moukoudi joue de nouveau avec Kolo, qui trouve Neyou entre les lignes. Il est attendu par un défenseur central, mais il décale Khazri dans le couloir, dans le dos d'un autre. Un jeu de passes simples qui élimine tout simplement trois des cinq défenseurs adverses :

 
Hamouma et Bouanga se trouvent donc à 2-contre-2 dans la surface, mais le centre de Khazri est complètement raté et intercepté ensuite par le retour d'un milieu lensois. L'action ne se finit pas là, car les Verts aiment le contre-pressing :

 
Bouanga, Camara et Hamouma récupèrent le ballon dans les 30 mètres adverses et le dernier tire de l'extérieur de la surface, sans inquiéter le gardien. 
 
Un autre exemple, quelques minutes plus tard, avec un ballon qui circule dans la moitié des Verts, de gauche à droite, jusqu'à Maçon :
 
 
Le pressing adverse est déclenché par le piston gauche, qui monte en flèche, mais qui ne peut rien faire tellement la maîtrise technique est stéphanoise :
 
 
Double une-deux entre Maçon et Hamouma sur le côte droit, où le dernier est suivi par un défenseur central (pour éviter le fameux 2-contre-1 dans les couloirs). Hamouma joue ensuite avec Khazri dans l'axe...
 
 
... et du nouveau un jeu de passes en petit périmètre, Khazri - Youssouf - Camara se défont ainsi de leurs 3 adversaires et le dernier peut lancer Hamouma en profondeur, complètement libre : le piston est sur Maçon, il plonge dans le dos d'un défenseur central excentré, pendant qu'un autre est occupé avec Khazri. Malheureusement, son centre est bloqué et le ballon sort en corner.
 
Finalement, un troisième exemple, en 2MT, avec une touche de Kolo pour Youssouf, les deux joueurs échangent le ballon pendant que le bloc adverse est parfaitement en place : 
 
 
5-3-2, avec un 3-contre-3 au milieu dans l'axe, le piston droit lensois au marquage de Bouanga. Khazri n'a pas un positionnement d'avant-centre qui fixe la défense centrale, mais plutôt de milieu offensif. Ce qui a son importance, car ça apporte un surnombre, un milieu adverse restant dans cette zone, ne suivant pas Camara : 

 
Ça joue à 3 dans ce coin, entre Zaydou, Camara et Kolo, contre un seul adversaire. Le piston monte donc pour fermer le couloir, pendant que Bouanga décroche déjà et quitte la ligne de touche. La passe de Kolo qui suit est tout simplement magnifique...

 
... et elle trouve Bouanga dans surface. Un défenseur central éliminé par cet appel dans son dos, un autre vient de trop loin et éliminé par le crochet de l'attaquant stéphanois, qui marque le deuxième but des Verts.
 
Trois exemples différents, mais avec la même animation offensive : trio défensif adverse obligé de s'excentrer, un d'entre eux pris par un appel en profondeur dans son dos, pendant qu'un autre est éliminé soit en étant au marquage d'un Stéphanois (Neyou 1er exemple, Khazri 2e), soit par un dribble (Bouanga 3e). Animation rendue possible par la qualité technique des Verts et le jeu de passes malgré la pression adverse...
 

Conclusions

Même s'ils n'ont pris qu'un point après avoir mené deux fois au score, les protégés de Claude Puel peuvent être satisfaits après ce match. Ils auraient pu le perdre (sans les arrêts décisifs de Green dans le temps additionnel), comme ils auraient pu creuser l'écart au score en 2MT. Mais la satisfaction principale vient du visage proposé dans un match d'une rare intensité pour un début de championnat. Ils ont répondu présent dans les duels, en étant appliqués dans un stade plein, contre une équipe qui produit du jeu. Ils ont su trouver des points faibles chez l'adversaire, même si eux aussi en ont eu quelques uns qui auraient pu leur coûter cher. Bref, si les Verts confirment par la suite, s'ils arrivent à enchaîner des prestations de ce niveau, les résultats seront au rendez-vous.