Rêvant de jouer pour la première fois de sa carrière à Geoffroy-Guichard samedi soir, le milieu de terrain nancéien Cazim Suljic s'est confié à Poteaux Carrés avant d'affronter son club formateur. 


Alors Cazim, ça te fait quoi de revenir chez toi ce week-end ?

Cela me fait très plaisir de retourner à Sainté. Ça fait un peu bizarre car ça fait bientôt 10 ans que je ne joue plus à l'AS Saint-Etienne. J’ai gardé beaucoup d’attaches dans la région. Je suis né à deux pas de L’Etrat et pas très loin du Chaudron. Revenir là où je suis né, là où j'ai joué, là où j'ai vécu toute mon enfance et mon adolescence, ça me fait quelque chose ! J'ai hâte de vivre ce moment-là. Sainté, ça continue de compter beaucoup pour moi. Mes parents sont-là bas, mes frères aussi, mes amis…. A chaque fois que j’ai des jours de repos, je rentre à Saint-Etienne.

Comme Astérix, tu es tombé dans le Chaudron quand tu étais petit !

Oui, dès le plus jeune âge, quand j’ai signé à l’AS Saint-Etienne. J’avais 7 ans. Je me souviens qu’à l’époque Duarig était l’équipementier des Verts. Je me souviens de mes premiers maillots, des sacs à dos. Je me souviens que le club nous donnait l’abonnement, on pouvait aller dans le Kop Sud voir les matches. Je suis très déçu d’ailleurs qu’il soit fermé samedi soir car il contribue fortement à l’ambiance de ce stade. Mon grand frère m’emmenait souvent voir les matches.  Ensuite j’ai été ramasseur de balles. Les soirs de match, on se changeait dans les vestiaires.

Quand j’allais voir les pros, c’était souvent pour avoir une signature ou une dédicace, ou un maillot. Je me souviens qu’un jour j’avais croisé Julien Sablé rue des Martyrs de Vingré. Je lui demande une dédicace et il me dit : « ah mais tu ne dis pas bonjour avant de me demander une dédicace ? ». Quelques années plus tard ça devient mon coach en CFA. On en a rigolé. Un autre joueur qui m’a marqué, c’est Loïc Perrin. C’est un peu une icône, un symbole de Saint-Etienne. J’ai grandi avec lui, après je me suis entraîné avec lui aussi. Bafé Gomis faisait partie des joueurs que je regardais avec une attention. C’était lui aussi un très bon joueur formé au club.

Tu as commencé le foot dans un club de quartier avant de rejoindre l’ASSE très jeune.

Oui, j’ai débuté dans le club de La Métare. On faisait beaucoup de tournois et on rencontrait souvent l’ASSE du coup. L’Olympique de Saint-Etienne me voulait aussi, j’ai fait quelques entraînements là-bas mais j’ai choisi d’aller à l’AS Saint-Etienne. J’avais 7 ans.

Tu auras donc passé 12 ans à l’ASSE mine de rien !

Oui, j’ai commencé par l’école de foot et la préfo’. On en parle souvent avec les anciens. On se remémore tous les tournois qu’on a fait à Cahors, à Sens, etc. On était dans des familles d’accueil. Cela doit bien faire 15 ans maintenant mais on garde plein d’images en tête de ces tournois. J’en ai récemment discuté avec Marly Kotoké, un ami avec lequel j’ai joué à l’ASSE à cette époque.

C’est l’occasion de saluer le travail de tous les éducateurs mais aussi des dirigeants qui donnent beaucoup de leur temps à encadrer les très jeunes Verts.

Oui, tu as raison d’en parler. Je me souviens de Jean-Claude, un bon coach qui nous avait appris à jongler. Je me souviens aussi d’Eric, d’Angelo.  Il y avait aussi Patrick Liogier, qui était un peu sévère avec nous mais c'était un bon coach. Après bien sûr j’ai eu Philippe Durieu, Philippe Guillemet, Lionel Vaillant et Gilles Rodriguez, Jean-Philippe Primard… J’en oublie mais tous m’ont aidé à franchir des échelons.

Je suis fier d’avoir été formé chez les Verts, d’y avoir fait toutes mes classes. Quand tu es jeune à Saint-Etienne, tu ne te rends pas forcément compte sur le moment de ce que ça représente. Mais quand tu pars, tu te rends compte que l’AS Saint-Etienne est un très grand club. C’est une fierté d'avoir fait ma formation là-bas. Saint-Etienne, ça restera toujours quelque chose de grand pour moi, même si mon aventure là-bas ne s’est pas très bien terminée. J’aurais aimé continuer mais ça n’a pas pu se faire.  

Je suppose que ton plus grand souvenir de tes années au centre de formation reste le titre de champion de France U17 décroché en 2013 sous la houlette du fameux binôme Lionel Vaillant-Gilles Rodriguez.

Oui, on avait un très bon groupe. Y’en a pas mal qui jouent désormais à l’étranger. Léo Pétrot est en Liga. Dylan Chambost et Jonathan Bamba sont en MLS, Allan Saint-Maximin est au Mexique, Alexis Guendouz est l’actuel gardien de l’équipe d’Algérie qui s’est qualifiée pour la Coupe du Monde… On avait vraiment un bon groupe. J’ai recroisé Nathan Dekoké qui a joué en Ligue 2 avec QRM et joue depuis plusieurs saisons en National. Il est actuellement à Villefranche. Joris Mendy joue à Bourgoin qui a éliminé l’OL la saison dernière en Coupe de France.

Certains n’ont pas fait carrière dans le foot pro mais avaient du talent. Je pense notamment à Alexandre Assaf ou encore à Eliott Gattier, qui s’est reconverti dans la musique. A Clément Cabaton, qui s’est illustré ce week-end avec Hauts Lyonnais contre Andrézieux en Coupe de France. Benoit Pouyet est devenu un coiffeur très prisé. Emeric Brun, lui, a arrêté le foot juste après notre titre de champion de France pour se consacrer à ses études. Il a fait Centrale Paris et est devenu ingénieur. J’ai eu l’occasion aussi de revoir plusieurs fois notre capitaine de l’époque, Guillaume Dauphin. Chacun a tracé son chemin mais ce titre nous unit à vie !

Tu as joué pas mal de matches avec les U19 et la réserve avant d’intégrer le groupe pro.

Oui, j’ai fait mon premier banc avec les pros en décembre 2014 lors d’un match de Ligue 1 qu’on a gagné sur le terrain du MHSC. Pas à la Mosson mais dans le stade habituellement dédié aux rugbymen de Montpellier. On l’avait emporté 2-0 grâce à des buts de Florentin Pogba et Paul Baysse. Ismaël Diomandé avait été expulsé à un quart de la fin mais je n’étais pas entré en jeu. L’été d’après, j'étais en Bosnie en vacances quand j’ai reçu un message me demandant de rentrer plus tôt à Sainté pour faire la prépa avec les pros. J’étais très, très content !

Cet été-là, en 2015, j’ai joué les matches de préparation contre Lausanne Sports, Nantes, Mayence et l’Ajax. Dans la foulée, Christophe Galtier m’a convoqué pour un match des préliminaires de l’Europa League. C’était un déplacement en Roumanie, on a gagné 3-0 contre Targu Mures. Ismaël Diomandé avait ouvert le score et Romain Hamouma avait mis un doublé. J’étais également sur le banc lors de matches qu’on a joué à Geoffroy-Guichard, contre Bastia et contre la Lazio. Là encore, je n’étais pas entré en jeu.

Comme Lucas Calodat, dont tu as été le capitaine au Goal FC et que nous avons interviewé il y a 5 semaines avant sa victoire avec Le Mans à GG, tu auras fait ta seule apparition en match officiel sous le maillot vert en équipe première à l’occasion d’une défaite contre le QSG…

C’est exact. Mais en ce qui me concerne, ce n’était pas dans le Chaudron mais au Parc des Princes. Et ce n’était pas en Ligue 1 mais en 8e de finale de Coupe de la Ligue. Christophe Galtier avait convoqué pas mal de jeunes pour ce match. Jonathan Bamba et Nathan Dekoké dont on parlait tout à l’heure étaient titulaires tout comme Ronaël Pierre-Gabriel. Erin Pinheiro et Hugo Roussey était entrés en jeu alors qu’il y avait encore 0-0. Je suis entré à quelques minutes de la fin, juste après le but d’Edinson Cavani. On avait fait un bon match face à une grosse équipe. Je me souviens qu’en face il y avait des joueurs comme Thiago Silva, Marquinhos, Marco Verratti, Adrien Rabiot, Zlatan Ibrahimovic. Du lourd !

Pour quelles raisons tu n’as pas réussi à signer pro à l’ASSE ?

Je n'ai pas envie de tout dire des discussions qu’on a eues avec Christophe Galtier et avec le club. On a eu pas mal de promesses, je devais normalement signer un contrat de 3 ans et puis finalement ça ne s’est pas fait. Ils sont revenus sur leur décision à la fin de l'année pour me proposer un contrat d'un an, pour rester un peu avec l'équipe réserve. J’ai refusé car ça ne m'intéressait pas trop de rester avec la réserve.

J’ai eu un rendez-vous avec David Wantier, on s’est dit des choses que je ne tiens pas à divulguer. Ole Selnaes est venu en 6, j’ai moins été convié à m’entraîner avec les pros. J’ai terminé le championnat avec la réserve. En juin le club est revenu sur sa décision. J’ai refusé le contrat d’un et je suis parti à Evian avec le coach Romain Revelli. Mais l’ETG a fait faillite. Sainté m’a donc rappelé pour que je signe un an, c'était le coach Batlles qui reprenait la réserve.

J’ai failli accepter cette proposition mais j’ai saisi l’opportunité de m’engager avec Crotone, un club qui venait de monter en Série A et me proposait un contrat de 3 ans. Mon agent de l’époque, Frédéric Guerra, m’avait trouvé ce projet. J’en ai discuté un peu avec ma famille et j’ai dit banco. J’avais vraiment envie de signer pro dans un club de première division où que ce soit dans un bon pays en Europe.

Lors d’un tournoi de préparation à Cagliari, je me suis fait le ligament collatéral. J’ai quand même signé ce contrat pro de 3 ans mais j’ai été indisponible 3 mois du fait de ma blessure. J’ai demandé si je pouvais me faire soigner du côté de Sainté. Le président Roland Romeyer a accepté que je me fasse soigner à Saint-Etienne. Il m’a reçu et m’a dit : « Ici, c’est chez toi, pas de souci ! » Je suis resté là-bas quelques jours.

Tu avais le numéro 42 dans le dos quand tu es entré en jeu en Série A contre la Juventus de Turin !

Quand je te dis que je revendique mes racines stéphanoises, ce n’est pas un vain mot ! (sourires)

L’Italie te botte. Tu y seras resté 7 ans sous 4 maillots différents. C’était la dolce vita ?

Je n’ai pas trop joué dans mon premier club italien à Crotone, mais la vie italienne me plaît. Crotone est une petite ville, c'est en bord de mer. L'été c'est sympa, l'hiver il n'y a pas grand-chose à faire, mais les gens dans le sud étaient chaleureux, etc. Franchement, c'était super bien mais à Crotone, on a changé trois fois de coach et je cherchais du temps de jeu.

Des clubs de série B me voulaient, mais ça a capoté, aujourd'hui encore je ne sais pas pourquoi. Crotone a décidé de me prêter dans un club à Ankaran, un club de première division slovène. Ce club n’avait pas des infrastructures professionnelles mais je savais que j'étais là-bas pour quelques mois, il fallait absolument que je joue. J’ai joué 18 matches et marqué 2 buts.

Quand je suis revenu à Crotone, le club venait de descendre en Série B et a encore changé de coach.  Je voulais absolument partir mais Crotone m’a retenu pendant la préparation et m’a dit qu’il souhaitait prolonger mon contrat. Cinq jours avant la fin du mercato, ils m’ont dit qu’il fallait que je parte et ils m’ont envoyé en Série C, à Cuneo. Là, j’ai rencontré un coach qui m’a fait confiance.

On a gagné plein de matches avec Cuneo mais on nous a enlevé 25 points car le club avait des difficultés financières. Alors qu’on était dans la zone play-off, on s’est retrouvé dans la zone play-out. Le coach est parti à Alexandria et il m’a emmené avec lui. Je suis resté un an et demi là-bas avant de partir à Piacenza où je suis resté près de 3 ans. J’aurais donc joué 5 ans en tout en Série C.

Que retiens-tu footballistiquement de cette expérience italienne ?

Le football est très suivi en Italie. C’est vraiment un pays de foot. La Série C, c'est un peu l'équivalent du National, sauf que là-bas c'est professionnel. Les gens ne parlent que de foot. Et il y a pas mal de monde dans les stades. En série C, tu retrouves des clubs historiques, populaires, des clubs qui ont déjà joué en Série A dans leur histoire. Piacenza par exemple, mon dernier club italien, a déjà joué dans l’élite. C’est un club assez réputé en Italie. Les frères Inzaghi ont démarré là-bas, Gilardino aussi.

J’ai appris beaucoup de choses en Italie. Tactiquement, c’est fort. Que ce soit avec le ballon ou sans ballon. Il y a beaucoup de schémas tactiques sur les coups de pied arrêtés, des schémas préférentiels. J’ai aussi beaucoup appris au niveau de l’exigence, du travail. C’est une autre façon de travailler que ce que j’ai connu en France. A la base je pensais rester encore un peu plus longtemps en Italie, j’avais prolongé mon contrat à Piacenza mais on est descendu en Série D. Mon contrat est devenu caduc et je suis devenu un joueur libre.

Pour quelles raisons es-tu rentré en France ?

A vrai dire, j’espérais trouver un club de Série B ou un très bon club de Série C capable de jouer la monter en Série B. J’ai eu très vite des propositions de Série C mais qui ne me convenaient pas. C’est à ce moment là que j’ai envisagé de retourner en France, sachant que ma famille me manquait un peu. Mais en France, les clubs m’avaient un peu oublié. Un jour, j’assiste à un match de la réserve de Saint-Etienne pour voir jouer un de mes amis, Baptiste Gabard.

Lors de ce match, un ami de mon frère m’a demandé où j’en étais et quelques jours après il m’a fait part de l’intérêt de GOAL FC, un club qui venait de monter en National. Au début je n’étais pas très chaud pour aller là-bas, même si ça me permettait de me rapprocher de ma famille. J’ai attendu de voir si d’autres clubs allaient se positionner sur moi mais comme début août je n’avais pas grand-chose j’ai accepté de faire un essai là-bas. Le courant est bien passé avec le coach Fabien Pujo.

Mon premier match amical, c’était contre la réserve des Verts, à Aimé Jacquet…J’ai signé un contrat d’un an + une année en option avec le GOAL FC. Je  ne connaissais pas le championnat National plus que ça. C’était une saison à 6 descentes. On a fini à la 14e place, juste derrière Villefranche qui a été repéchée. Ça s’est joué à très peu de choses. Franchement, on ne méritait pas de descendre. A titre personnel, j’ai fait des bons matches, j’ai eu des sollicitations d’autres clubs de National et mon choix s’est porté sur Nancy.

Tu n'auras quasiment pas joué la saison dernière à l’ASNL en raison d’une grave blessure survenue lors de la préparation estivale.

C’est bien cela. J’avais bien commencé la prépa. Le quatrième match amical, contre Troyes, en allant presser un adversaire à la 70e minute, j’ai senti un crac dans mon genou. Au début, on pensait que ce n’était pas grand-chose mais l’IRM a révélé une rupture totale du ligament croisé antérieur. Je me suis blessé le 3 août 2024 et j’ai été opéré trois grosses semaines plus tard. J’espérais faire mon retour courant mars 2025 mais je n’ai rejoué qu’en mai. J’ai pris part aux 3 dernières journées de National 1. Je suis d’abord entré à quelques minutes de la fin de notre victoire contre Nîmes, j’ai joué la seconde période de notre succès à Valenciennes et j’étais titulaire la dernière journée contre Rouen.

Tu as donc participé à cette remarquable saison de l’ASNL ponctuée par un titre de champion de National 1. Dans la dynamique de la montée, ton club a bien démarré la saison. Après 4 journées de L2, Nancy comptait le même nombre de points que Sainté (8), leader à l’époque. Mais vous n’avez pris que 7 points lors des 10 dernières journées. Seule la lanterne rouge Bastia en a pris encore moins, sachant que les Corses ont un match en moins. T’expliques ça comment ?

On sait qu’une saison n’est pas toujours linéaire. C’est vrai qu’on a bien commencé. On était coleader avec Sainté et Pau après 4 journées. On aurait même pu être seul en tête avec 10 points si Pau n’avait pas égalisé chez nous à la 92e minute lors de la 4e journée. C’est vrai qu’on a perdu 7 matches depuis lors mais souvent ça s’est joué à pas grand-chose. On a perdu sur le plus petit des scores contre le Red Star, Reims, Amiens et Le Mans.

A Guingamp, on a mené 2 fois au score mais on a fini par concéder le nul. On a perdu pas mal de points en route mais ce qui est fait est fait. On dit que la saison est longue, mais il ne faut pas trop prendre son temps non plus. Il faut prendre le bon wagon au bon moment. On est un peu dans une période difficile. On va essayer de repartir de plus belle. Il y a des choses qui nous manquent. Ça, on en est conscient. On travaille sur nous sur nos défauts. À partir de ce moment-là, on se retrousse les manches et on va de l'avant.

Comme l'a dit le coach, on est des joueurs de Ligue 2. Il faut s'imprégner du championnat le plus vite possible. C'est ce qu'on a fait au départ. C’est vrai que depuis on a un petit coup de moins bien. On va essayer de remédier à ça au plus vite pour refaire tourner le compteur points. Tout le monde tire dans le même sens, on est tous déterminés à s’éloigner de la zone rouge dont on n’est plus très loin.

Tu viens d’évoquer ton coach, qui peut se targuer d’avoir un bon bilan à Geoffroy (5 victoires et 4 nuls en 14 matches). Comment le décrirais-tu ?

C'est un coach qui sait ce qu'il veut. Il sait où il va. Il est carré. Quand c'est comme ça, c'est comme ça. C’est un entraîneur humain. Sa porte est tout le temps ouverte. Si on a besoin de quelque chose, il sera toujours là pour en discuter. Ce n'est pas pour rien qu'il a gagné cinq fois à Saint-Etienne. C'est difficile de gagner chez vous. C'est un très grand coach. Il sait faire passer les messages. Il sait motiver les joueurs. Sur ça, il est bon.

On a totalement confiance en lui. Il insiste sur l'intensité. En début de championnat, on était beaucoup sur le pressing, qui marchait pas mal d'ailleurs. On a beaucoup travaillé ça en prépa. Quand je suis arrivé, on m'a dit que Nancy a toujours été un club qui mettait beaucoup d'intensité et beaucoup de courses dans les matchs. Le coach veut beaucoup d’intensité, avec ou sans ballon. Il ne faut pas être avare d’efforts et courir beaucoup.

Il me semble que vous avez changé de schéma tactique par rapport à la saison dernière.

Oui, en National on jouait avec une défense à 4 mais cette saison on joue en Ligue 2 on joue avec une défense à 5 ou à 3. Le coach a essayé pas mal de systèmes cette saison : 3-4-3, 5-4-1, 5-3-2. Mais je ne pense pas que nos difficultés soient une question de système. Je pense plutôt qu’on manque de certaines choses, à commencer par l’intensité. On avait su en mettre en début de saison mais sur les derniers matches on a moins couru.

L’intensité, c’est la base. Si tu n’en mets pas, tu ne peux pas espérer grand-chose surtout en Ligue 2. Dans ce championnat, tu peux être premier mais perdre contre le dernier. Tout le monde peut rivaliser avec tout le monde. Donc il faut être prêt à chaque match, être dans le combat pour gratter des points. L'intensité, c'est primordial. Et avoir vraiment une cohésion de groupe.

Les victoires facilitent cette cohésion. Vous venez d’ailleurs de renouer avec le succès le week-end dernier aux dépens de la très modeste équipe de Tomblaine en Coupe de France. Tu étais capitaine lors de ce match. Tu avais déjà porté le brassard avec les jeunes à Sainté, non ?

Oui, quand j’ai commencé à jouer à l’ASSE et qu’on jouait à 7, je jouais en défense centrale et j’étais capitaine. J’ai porté le brassard dans pas mal de tournois avec les Verts. Je l’ai eu aussi avec le coach Lionel Vaillant et même en CFA il m’est arrivé d’être capitaine. Je l’ai été aussi au GOAL FC.

T’as pris ça comme une marque de confiance de le porter dimanche dernier à Marcel-Picot ?

Oui, j’ai pris ça comme une marque de confiance car je n'ai pas eu beaucoup de temps de jeu dernièrement. Cela faisait un mois que n’avais pas été titularisé. Ça fait toujours plaisir de retrouver du rythme, même dans ce genre de match où l’opposition est évidemment moins forte qu’en Ligue 2. On sait qu'en Coupe de France, tout peut se passer, même si tu joues contre une équipe qui joue à des échelons bien inférieurs. Il faut toujours rester concentré.

Cette victoire nous a fait un peu de bien au moral. Il y a toujours eu une bonne ambiance dans le vestiaire mais quand tu enchaînes des résultats pas très bons, tu as un peu la tête basse au moment de reprendre l’entraînement. Là, on a réattaqué la semaine avec des sourires, même si on sait que l’adversité sera toute autre samedi soir à Geoffroy-Guichard que celle de dimanche dernier à Marcel-Picot.

Dans quel état d'esprit abordez-vous ce déplacement à Geoffroy-Guichard contre un des gros favoris du championnat ?

Saint-Etienne, on sait que c'est toujours un bon match à jouer dans un grand stade, etc. Mais on est vraiment focalisés sur nous, sur notre travail, ce qu'on fait au quotidien. Pour l'instant [entretien réalisé mardi soir], on n'a pas trop évoqué les Verts, on va le faire dans les jours qui arrivent. Personnellement, j’ai ce match dans un coin de ma tête depuis longtemps. Dès la saison passée, quand je voyais que les Verts galéraient en L1 et que de notre côté on dominait le National, j’envisageais une possible confrontation des 2 clubs en L2.

Es-tu resté un supporter de Sainté ou as-tu un peu coupé avec l’ASSE du fait que ton aventure en vert ne s’est pas terminée comme tu le souhaitais ?

Franchement, je n'ai pas réellement coupé, même si après tout ce qu'il s'est passé… Après mon départ, je ne regardais plus trop les matches des Verts. Tu te dis que tu aurais aimé être là à leur place, et ça fait toujours mal quelque part. Mais ça reste mon club de cœur. C'est toujours spécial quand je passe devant le Chaudron. Par exemple, quand je suis en vacances l’hiver, que je fais un footing à l’Etivallière, je suis devant le Chaudron. Tu te dis : « peut-être qu'un jour tu vas revenir là-dedans ».

Tu l'as toujours gardé dans un coin de ta tête, le fait de jouer à Geoffroy-Guichard ?

Oui, j'ai toujours gardé ça dans un coin de ma tête. C'est vrai que parfois, tu te poses certaines questions. Tu te dis : « pourquoi ça ne s'est pas fait ? ». Après, il faut passer à autre chose. Mais pendant mes blessures, j’ai toujours été en contact avec le docteur Tarak, avec le staff. J’ai toujours une bonne relation avec eux. Même si je voulais demain couper tout lien avec Saint-Etienne, je ne pourrais pas. Parce que dans tous les cas, Saint-Etienne va me relier avec tout ce que j'ai vécu là-bas, avec ma famille, avec mes amis, etc. Sainté, ça fait partie de ma vie.

Tu suis les matchs des Verts comme un supporter ou tu les regardes avec une certaine distance ?

Très sincèrement, je regarde ça avec une certaine distance. Je connais des joueurs qui ont joué à l’ASSE, qui y jouent, donc je les regarde un peu. Maintenant qu’on est dans le même championnat, je ne peux plus être supporter des Verts ! (rires) Il m’arrive de regarder des matches de l’ASSE et quand je jouais au GOAL FC, comme je n’étais pas loin, il m’est arrivé d’aller voir les Verts dans le Chaudron.

Cette saison, les Verts étaient très performants et réguliers au début, après ils ont eu des coups de moins bien, notamment lors de leur match à Annecy que j’ai un peu regardé. Avec ses très gros moyens et son effectif, l’ASSE fait bien sûr partie des grands favoris pour la montée. Mais même quand tu es favori, le championnat n’est pas un long fleuve tranquille. Il y a des périodes fastes, des périodes plus difficiles. Les Verts ont perdu 4 matches depuis le début de saison mais ça reste une équipe très solide avec de bons joueurs.

Saint-Etienne, c'est costaud, on sait ce que les Stéphanois sont capables de faire. On va travailler aussi sur leurs défauts, ce qui est normal, pour tirer notre épingle du jeu et essayer de leur faire mal. Quand tu es à un certain niveau, tu es obligé d'analyser l'équipe adverse, ses points forts, ses points faibles. On le fait, bien sûr, mais le coach aime quand nous imprimons le rythme du match, quand nous avons l'initiative du jeu. Un match, c'est un rapport de force, comme le dit souvent le coach, et il faut qu'on le gagne. On ne joue pas les matches pour attendre ce que fait l’adversaire.

Mais tu attends le match de samedi soir avec impatience !

Oui, j'ai hâte. J'ai vraiment hâte ! Je n’ai encore jamais joué un match à Geoffroy-Guichard. J’ai été ramasseur de balle, je me suis entraîné avec les pros, j’ai fait deux bancs en matches officiels mais je n’ai pas encore disputé de rencontres dans ce stade mythique qui a bercé mon enfance et mon adolescence.

Est-ce que tu crains en particulier un joueur stéphanois ? Es-tu impressionné par certains Verts ?

Franchement, je regarde plus l'équipe que les joueurs. Les Verts ont montré des phases de jeu que j’ai bien aimées. Ils s'en sortent pas mal avec le ballon. Après, il n'y a personne qui m'impressionne dans ce championnat-là dans le sens on est dans le même championnat en fait. Même si l’ASSE a des joueurs qui ont montré de belles choses en L1 et compte pas mal d’internationaux, ça reste des humains comme nous, avec leurs forces mais aussi leurs failles.

L’ASSE compte en effet beaucoup d’internationaux qui étaient mobilisés ces derniers jours par leur sélection. Penses-tu du coup que les Verts sont bons à prendre ? Après la dernière trêve internationale, les promus manceaux se sont imposés…

Franchement, je ne sais pas si ça peut jouer. Honnêtement, on n'a pas regardé qui est parti de Saint-Etienne et qui n'est pas parti. Nous aussi on a des internationaux qui étaient avec leur sélection ces derniers jours : Martin Expérience avec l’équipe d’Haïti et Bakari Camara avec l’équipe de Mauritanie.

Tu t’attends à quelle physionomie de match samedi ?

Franchement, je ne sais pas. Mais je sais qu'on sera en tout cas très préparés. Il faudra qu'ils s'attendent à voir une équipe quand même très compétitive, prête, parce qu'on est dans une situation difficile. Donc, on doit sortir le plus vite possible de cette situation, et pourquoi pas en repartant avec un résultat positif de Sainté. Grenoble en est un reparti avec un point, Guingamp et Le Mans ont gagné cette saison à Geoffroy. Ça peut être une source d’inspiration.  

Tu l’as dit tout à l’heure, l’ASSE reste ton club de cœur. Pour que cet amour soit partagé, tu nous promets de ne pas mettre le but que t’avais mis sous le maillot vert contre Sarre-Union ?

Désolé, je ne peux pas vous promettre ça !

Le mot de la fin Cazim ?

J’ai envie de souhaiter un bon anniversaire à Poteaux Carrés car j’ai vu que le site fête ses 20 ans cette saison. 20 ans, ce n’est pas rien ! Votre suivi est top, c’est un site incontournable quand on aime les Verts. Je me souviens que vous parliez déjà de nous quand on jouait en U15, que vous avez fait une analyse de notre finale du championnat de France U17 en 2013. Et j’ai particulièrement aimé votre série de potins carrés sur moi, « un Bosnien qui bosse bien ». C'était vraiment sympa et ça a rendu fiers tous mes proches ! 

 

Merci à Cazim pour sa disponibilité