Avant de recevoir les Verts ce dimanche, l'attaquant nîmois Nolan Roux s'est confié à Poteaux Carrés.


Nolan, peux-tu nous rappeler le contexte de ton arrivée à Sainté l’été 2015 ?

Alors qu’il me restait un an de contrat au LOSC, le nouvel entraîneur lillois de l’époque Hervé Renard comptait sur d’autres attaquants. Il m’avait notifié que si je trouvais un club intéressé par mes services, il ne me retenait pas. Christophe Galtier m’a contacté, il m’a dit que les Verts seraient heureux de m’accueillir. J’ai bien sûr accepté la proposition de l’ASSE. J’étais très content de tomber dans ce groupe-là, dans ce club mythique d’Europe.

Sainté, ça représentait quoi pour toi avant de signer ?

Quand tu connais un peu le foot, Sainté, ça te parle immédiatement. Les Verts, pour moi, déjà, c’est Geoffroy ! Déjà en tant qu’adversaire j’adorais ce stade. J’aimais beaucoup l’ambiance, la ferveur des supporters. C’est formidable ! Cette saison, je me faisais une joie de retrouver Geoffroy avec le Nîmes Olympique. Mais quand j’ai joué là-bas quelques jours avant Noël, j’ai trouvé ça vraiment triste. Le Chaudron sans supporters, ce n’est plus le Chaudron ! Le stade est fermé, il n’y a personne. Ce n’est pas Saint-Etienne !

Sainté, pour moi, c’est la Coupe d’Europe. C’est l’histoire aussi. Le Verts restent très populaires. T’as des supporters de Sainté partout en France. Encore maintenant, ici à Nîmes, je mesure pleinement ce phénomène. T’as des gens dans la région de Nîmes qui me parlent de mes vertes années, qui sont abonnés à l’ASSE et montaient voir les matches quand c’était encore possible d’y assister. Saint-Etienne, c’est vraiment un club mythique et je le mesurais pleinement quand j’ai signé là-bas. Il y a la fierté de porter ce fameux maillot vert.

Pendant deux ans, j’ai vécu de l’intérieur tout ça, c’était trop bon ! T’as hâte d’être le week-end, surtout à domicile. En plus quand t’es attaquant, t’as forcément des opportunités de marquer des buts, de faire lever tout un stade. Quand tu vois que le peuple vert explose de joie, t’as des frissons. Tu te dis : « Ouais, c’est ça que je veux ! C’est ça que j’ai envie de connaître !» J’avais mis deux doublés contre les Vert.

Un avec Brest face à Jérémie Janot



Et un avec Lille face à Stéphane Ruffier.

https://videa.hu/videok/sport/lille-ste ... aEqtETNBRt

Il était temps que je marque cette fois pour Sainté et à Geoffroy, même si j'ai un mis un peu trop de temps à y parvenir ! (rires)

Que gardes-tu de tes deux années stéphanoises ?

Écoute, ça va bientôt faire quatre ans que j’ai quitté le club mais c’est comme si c’était hier ! Je me souviens de tout ! De l’aventure, en Europa League, bien sûr. Je me souviens des moments-clés comme les matches contre Rosenborg. On a réussi à passer les poules. Malheureusement il y a eu cette cruelle élimination à Bâle. Quand Moustapha Bayal Sall a égalisé, on croit tenir la qualif en 8e de finale mais dans les arrêts de jeu un mec de Bâle rate sa tête, ça se transforme en centre et ils mettent ce deuxième but qui nous crucifie. Un terrible ascenseur émotionnel mais c’est le foot.



Ma seconde saison notre parcours s’est arrêté contre le futur vainqueur de la compétition, le Manchester United d'Ibra. L’ambiance des matches de Coupe d’Europe, à la maison comme à l’extérieur, c’est inoubliable ! Les supporters avaient mis le feu à Old Trafford ! Je retiens la bonne ambiance qu’il y avait dans le groupe, les chants des supporters. Le jeudi, c’était «Saint-Etienne, Coupe d’Europe, Saint-Etienne Coupe d’Europe ! » Tu ne peux pas rester insensible à une telle ferveur, ça t’emporte ! Rien que de t’en parler, je me revois encore sur le terrain, à l’échauffement et j’entends encore les chants des supporters.



Je retiens aussi l’ambiance très particulière des derbys. Je me souviens surtout de celui que j’ai gagné, qui est parti un peu en vrille à la fin avec Ghezzal et Tolisso ! (rires). On m’avait annoncé que le derby était chaud, je confirme ! Il y a un parfum vraiment spécial, quand le match commence tu vois à peine le terrain tellement il y a de fumigènes. Voilà, c’est ça le foot, quoi ! Moi j’aime le foot car j’aime ce sport mais aussi le plaisir qu’il y a autour, l’adrénaline des gros matches. Là, t’en prends plein la tronche ! C’est ça que j’ai adoré à Sainté.





Avec le recul, est-tu plutôt satisfait de tes performances sous le maillot vert ?

On va dire que je suis assez satisfait même si en tant qu’attaquant on aimerait toujours marquer plus de buts. Parce que c’est vraiment ça qui nous anime quand on joue à ce poste ! La première saison, j’ai fini à neuf buts en championnat. J’ai terminé aussi dans les meilleurs passeurs en Europa League, ça ne m’était jamais arrivé ! (rires) J’avais été repositionné sur l’aile droite et j’avais distillé quelques bons centres.

Globalement on va dire que le bilan est plutôt positif même si mon aventure à Sainté a mal fini car j’ai été écarté les derniers mois avec Bryan Dabo, Oussama Tannane et Jérémy Clément. Je ne vais pas dire que je l’ai mal vécu mais je ne comprenais pas trop. C’est le foot aussi… Les deux ou trois derniers mois ont été un peu difficiles à vivre mais ce n’est pas ce que je retiens de mon expérience stéphanoise. Honnêtement, je ne garde que du positif de mon passage à l’ASSE.

Tu as marqué 16 buts en 77 matches en vert. Si tu ne devais n’en garder qu’un, ce serait lequel ?

Peut-être celui que j’ai mis lors de ma seconde saison, contre Anderlecht, car j’égalise vraiment à la toute fin, à la 94e minute. Même toi, je pense que tu ne croyais plus qu'on allait marquer ce soir-là ! (rires)



Ma première saison, mes penalties égalisateurs contre Rosenborg ont également précieux, que ce soit à l’aller lors du 2-2 ou au retour lors du 1-1. Ce n’est pas la beauté du but mais son importance qui fait que je te cite ces buts. En Norvège, au moment de m’élancer pour tirer ce péno, je me dis que je qualifie mon club, mon groupe. Certains disent qu’il faut avoir des couilles dans des moments comme ça. J'en sais rien mais j'aime ces moments-là !





T’as mis quatre autres buts sur penalty : un à Nantes, un contre Dijon et deux à Toulouse. Tu n’as pas raté un seul péno sous le maillot vert, c’est un exercice que tu affectionnes ?

Oui, ça se travaille. Quand on est en tribune ou dans la télé, on se dit : « un péno, c’est facile, le mec il tire et il marque et on n’en parle plus ! » Sauf qu’il y a plein de choses autour de ça. Le péno contre Dijon, Loïc l’obtient dans le temps additionnel alors qu’on perd 1-0. Les Dijonnais contestent, et là ça dure éternellement. Il s’est peut-être écoulé trois ou quatre minutes avant que je tire. Le public t’encourage mais en fait t’es seul face à un ballon et à un gardien. Tu dois rester concentré, dans ta bulle. Tu te dis que du dois égaliser. Tout bascule en une fraction de seconde. J’aime bien ce côté-là ! T’es seul face à toi-même et tu dois assumer ! J’aime bien me retrouver dans cette situation.



Sur les dix buts stéphanois que tu as inscrits dans le jeu, c’est celui que tu as mis à Bordeaux que tu retiens ? Tu l’as célébré en rendant hommage à l’un de tes proches.

Quelques jours avant ce match, mon meilleur ami, Mathieu Goncalves, que j’avais connu au centre de formation du RC Lens, m’a appelé pour me dire que sa fille de trois ans venait de se faire tuer par un chauffard. Ça m’a choqué. Sous mon maillot, le jour du match à Bordeaux, j’ai mis un T-Shirt avec le prénom de sa fille, Paola. Je me suis dit qu'il allait se passer quelque chose. Je suis entré en jeu après la mi-temps côté gauche car c’est Alex qui jouait avant-centre. Je revois l’action comme si c’était hier. Ça part d’une touche, je dévie le ballon de la tête pour Alex qui me le met dans la course, je résiste à un tacle, je fixe Bernardoni et je marque. C’est venu tout seul, sans réfléchir, j’ai levé mon maillot et montré le T-Shirt. Le lendemain j’étais à l’enterrement, je l’ai offert à mon ami.



Peu de temps après, tu l’as invité à Geoffroy, c’est ça ?

Oui. Il est venu avec des amis un mois plus tard. Il habite à Arles, ce n’est qu’à 2h30 de Sainté et je lui ai dit que ça valait le coup de venir se changer les idées dans le Chaudron. C’était contre Montpellier. J’étais remplaçant. J’entre en jeu en cours de seconde période et j’ouvre le score à vingt minutes de la fin. J’ouvre le score de la tête. Je marque un but un peu sauvage, Skhiri a failli m’arracher la tête sur cette action (rires) ! Mais je me suis dit « tant pis, un coup pied dans le visage c’est pas bien grave. » Derrière je fais une passe décisive à Oussama et Valentin enfonce le clou, on gagne 3-0. Mon ami a apprécié et m’a dit à la fin du match « Ça, c’est encore un signe ! »



Cette histoire est touchante montre qu’il y a de l’humain derrière le footballeur !

Oui, on est des personnes avant d’être des footballeurs. Comme je dis souvent, on n’est pas des robots. On est programmé pour être fort mentalement, mais il y a les choses de la vie…

Un très beau film de Claude Sautet… C’est contre cette même équipe de Montpellier que tu as marqué ton premier but sous le maillot vert.

C’est vrai ! Il était temps d’ailleurs car je n’avais pas trouvé le chemin des filets lors de mes huit premiers matches avec Sainté. C’était délicat car il y avait une attente légitime des supporters. Je n’avais pas eu énormément d’occases jusqu’alors. J’en avais bien eu quelques-unes mais je ne les avais pas converties, par manque de réussite ou d’application. Mais à la Mosson, Loïc récupère le ballon au milieu du terrain. Je fais un appel en profondeur, il me la met instinctivement. Je pars tout seul au but et je me dis : « celle-là, je n’ai pas le droit de la rater ! » Je ne l’ai pas ratée ! (rires)



Tu peux remercier Loïc !

Ah, Loïc... Le capitaine emblématique du championnat de France et de Saint-Etienne. Bien sûr, il y a eu d’autres valeureux capitaines à l'ASSE avant comme Julien Sablé que j’ai côtoyé à Lens. Mais le nom qui te vient en tête, c’est Perrin. Quand Loïc a arrêté sa carrière, ça m’a fait quelque chose. J’ai eu un petit pincement au coeur. Je me suis dit : « merde, ce mec-là ne portera plus le maillot vert, quand je vais regarder jouer Sainté, je ne le verrai plus. » Franchement, ça te fait quelque chose. C’est la fin d’une époque qui est un peu la mienne aussi. Il a commencé un peu avant moi, j’ai presque trois ans de moins que lui. Mais j’ai joué je ne sais combien de fois contre lui, j’ai joué deux saisons avec lui. Là je me dis que je commence à être dans la catégorie des anciens. J’ai vu que Loïc vient de revenir au club. C’est logique, je ne le voyais pas ailleurs qu’à l’ASSE pour sa reconversion !

S’il aura moins marqué l’histoire du club, Valentin Eysseric t’a permis de marquer un joli but contre Guingamp.

Oui, je m’en souviens. Je me suis retrouvé à la conclusion d’une belle action initiée par Kévin Monnet-Paquet. Valentin me fait une talonnade et je marque d’une frappe croisée. Quelques minutes avant, il avait marqué sur péno. Quand on l’avait obtenu, il m’avait dit : « s’il te plait, laisse-moi le tirer ! » Je lui avais dit : « écoute, pas de souci si tu me fais une passe décisive derrière ». Tu vois, comme c’est un bon gars, Valentin m’a bien écouté ! (rires)



Cette saison-là, pour la troisième fois da ta carrière, tu n’as marqué que 9 buts en L1. Dans les médias, la barre des 10 buts avait l’air d’être une obsession pour toi mais pas au point de tirer tous les pénos…

J’ai fini par atteindre cette barre. Je l’ai même bien dépassée car j’ai marqué 15 buts l’année d’après avec Metz. C'est comme ça, je n’ai jamais été égoïste. Peut-être que si je l’avais été davantage pour soigner mes stats, j’aurais franchi plusieurs fois cette barre des 10 buts en L1. Mais ce n’est pas dans ma nature. Je ne vais pas décréter du jour au lendemain que je deviens égoïste. Non ! Ce ne serait pas moi. Par rapport aux autres aussi, ça me mettrait mal à l’aise. Je suis sur le terrain pour prendre du plaisir. Je joue, c’est bien. Je ne joue pas, ça me fait quelque chose car je suis compétiteur, j’ai envie d’aider l’équipe. Le foot, c’est un sport collectif, tu ne joues pas pour ta pomme !

Mine de rien on a déjà évoqué pas mal de tes buts en vert. Te souviens de tous les autres ?

Tu vas me prendre pour un grand malade mais je crois bien que oui ! (rires)

On va voir. T’as marqué deux fois en Corse en l’espace de deux semaines. Contre quelles équipes et sur quelles actions ?

Contre le Gazelec, j’ai marqué sur une passe un peu en décalé sur une passe de Kévin Malcuit. J’ai frappé au-dessus de la tête du gardien.



Contre Bastia j’ai marqué d’une tête plongeante sur un centre venu de la droite de Kévin Théophile-Catherine. J’ai bon ?



Correct ! On a évoqué tout à l’heure tes deux pénos à Toulouse mais tu as mis un autre doublé pour Sainté, cette fois-ci dans le jeu.

J’allais t’en parler ! (rires) C’était contre Lorient. Au match aller j’avais raté une grosse occasion au Moustoir. À l’époque c’était encore un terrain synthétique. Romain avait centré de la gauche, j’avais taclé à quatre mètres du but sur le synthé pour m’assurer de marquer. Mais au final, ça n’a rien assuré du tout, le ballon a fini dans les tribunes (rires). Maintenant j’en rigole mais sur le moment je n’étais pas fier. Je n’avais pas encore ouvert mon compteur buts avec Sainté à l’époque. Quand tu rates un truc comme ça, tu te sens con ! T’es devant pour marquer des buts. C’est un geste répété, répété, répété depuis que je suis jeune et hop je la mets au-dessus.



Au match retour heureusement j’ai été bien plus adroit. La situation s’est décantée en seconde période. Cette fois-ci j’ai converti le centre de Romain. Je fais un pas en arrière je frappe, le gardien la touche mais le ballon rentre dans le but. Je me souviens très bien aussi de l’action du break : Steph dégage, à la retombée Raphaël Guerreiro veut faire un contrôle, il le rate. Moi j’avais anticipé ça alors qu’il aurait pu faire une tête et c’était réglé. Du coup je me retrouve seul devant le gardien et je marque. C’est comme ça le foot, parfois ça ne te sourit pas mais parfois ça veut bien rigoler ! (rires)



Mais comment tu fais pour te souvenir aussi précisément de tous tes buts ? T’es une machine, Nolan !

Non mais quand je marque, ça me marque ! (rires) Je me souviens quand je conclus les actions mais aussi quand je fais des gros ratés, je n’ai pas la mémoire sélective ! (rires) Tu sais, c’est tellement beau de marquer un but. Le temps s’arrête, t’entends plus rien, tu vois le ballon arriver et là c’est ton instinct, ce que t’as travaillé, le geste qu’il faut. T’as une demi-seconde pour réfléchir, il faut que tu prennes la bonne décision, la bonne surface de pied. Et tac ! Boum ! Après c’est l’explosion, t’entends tout le monde crier, comme si le temps reprenait cours.

On vient d'évoquer la passe dé de Romain contre Lorient, c'est aussi grâce à lui que tu avais scoré conte le LOSC, ton ancien club. Il faut souligner aussi que quatre de tes six pénos ont été obtenus par notre gai Luron !

Oui, je me souviens qu’à l’époque on voyait fleurir des articles comme quoi soi-disant il simulait dans la surface de réparation. Moi ça me faisait sourire. Romain n’a jamais triché. Parfois dans le feu de l’action quand il tombait je me disais « le défenseur ne l’a pas beaucoup touché. » Mais quand je revoyais les images je me disais « en fait si ! ». Romain va tellement vite dans ses appuis et dans ses changements de direction qu’à la vitesse où il va, il suffit juste d’une jambe tendue ou d’un bras tendu pour qu’il soit percuté et c’est penalty !

Moi je l’aime bien Romain et je constate qu’il est toujours performant avec Sainté. Je crois qu’il joue sa 9e saison à l’ASSE, ce n’est pas rien ! Une telle longévité à Sainté, ce n’est pas fréquent. C’est vrai qu’il a eu quelques petits pépins physiques mais en même temps c’est son profil. Il accélère tout le temps, il change de direction tout le temps. On n’est pas des robots, le corps a parfois un peu plus de mal.

Par rapport à ce qu’il a fait, ce qu’il fait et ce qu’il va encore faire, c’est un joueur qui me marque. Quand je le voyais déborder, c’était un régal. Je savais qu’il allait passer son défenseur. Je savais que le défenseur se disait « Oh là là, j’ai Hamouma au marquage, il va m’emmerder pendant 90 minutes ». Romain sait marquer des buts, il sait centrer. En plus techniquement, il est beau à voir, c’est fluide. Il a fêté ses 34 ans ce lundi, je lui fais un petit clin d’œil. C’est vrai que c’est grâce à lui que j’ai mis quelques buts et qu’il n’oublie pas que je l’ai fait marquer en Europa League contre Dnipro en Ukraine comme à Sainté.

T’as le même plaisir à faire marquer qu’à marquer ?

Ce n’est pas tout à fait du même ordre. Je ne me souviens pas aussi précisément de mes passes décisives que de mes buts car ce n’est exactement la même sensation. Mais le plus important c’est que l’équipe gagne. Quand tu peux y contribuer en faisant des passes décisives, il ne faut pas se priver ! Lors de ce match retour contre Dnipro, j’ai également fait une passé dé à Robert et ça m’a fait plaisir qu’il marque lui aussi. Comme je jouais côté droit, mon but était de faire marquer celui qui jouait devant.

J’ai mis pas mal de passes décisives en Europa League. C’est d’ailleurs à cette occasion que Robert a marqué son premier but en vert. Le premier d’une longue série ! À la base quand je suis arrivé à Sainté c’était pour jouer avant-centre mais j’ai eu du mal à ouvrir mon compteur buts. J’avais joué en pointe lors des tours préliminaires de l’Europa League contre Targu Mures et Milsami. Quand on s’est qualifié pour les phases de poule, Christophe Galtier est venu me voir. Il m’a dit « on recrute un autre attaquant car il y aura plus de matches ». Robert est arrivé et j’ai bien vécu le fait d’être repositionné sur le côté.

Dès lors que je continuais d’occuper un poste offensif avec du temps de jeu, j’étais content. J’avais un profil polyvalent qui me permettait de jouer sur une aile alors que Robert et Alex étaient plus faits pour jouer dans l’axe, dos au jeu. Quand Robert est arrivé, j’ai trouvé que devant le but il avait un peu les mêmes mouvements que moi, les mêmes enchaînements que moi. Du coup quand me suis retrouvé sur le côté, j’anticipais ce que j’aurais fait à sa place. Quand je centrais au deuxième, il était là et il marquait. On n’avait pas besoin de se parler, on se comprenait.

Quels sont les joueurs qui t’ont le plus marqué à Sainté, sur le plan du jeu ou sur le plan humain ?

Il y en a plein ! Surtout ceux qui jouent toujours à l’ASSE d’ailleurs. Romain bien sûr mais aussi Jessy, qui m’a marqué par ses qualités mentales, physiques et humaines. J’ai encore des contacts avec eux. Avec Kévin Monnet-Paquet aussi évidemment, ça fait tellement qu’on se connaît ! On a été formé ensemble à Lens, on est de la même génération, les 88. On ne s’est jamais vraiment quitté ! Il n’a pas changé. Lui aussi m’a épaté par son mental et son physique. C’est un mec qui ne lâche rien et ne lâchera jamais rien. Il s’est fait plusieurs fois les croisés et aujourd’hui il est encore là ! Beaucoup d’autres dans de pareilles circonstances auraient un peu lâché, auraient abandonné. Ce n’est pas sa mentalité. J'ai bien aimé aussi les Loïc, Fabien, etc.

J’ai gardé contact avec Neal Maupay. Il m’avait demandé conseil avant d’aller au Stade Brestois, le club où je me suis fait connaître. Je lui avais recommandé d’aller là-bas, il a cartonné lors de son prêt là-bas. Ensuite il était revenu, il n’avait plus d’appartement. Il m’avait demandé s’il pouvait habiter chez moi le temps de la préparation. Je l’avais accueilli avec grand plaisir. Ensuite l’ASSE l’a vendu à Brentford en L2 anglaise. Il a marqué beaucoup de buts là-bas, ce qui lui a valu de rejoindre la Premier League. Il a atteint la barre des 10 buts dès sa première saison dans l’élite anglaise et il est bien parti pour en faire de même cette année, je suis très content pour lui !

Tu as évoqué le but que tu as mis contre Lorient suite à un long dégagement de Stéphane Ruffier. Que t’inspire la triste fin de son aventure à Sainté ?

La réponse est dans ta question, je trouve ça triste. Je n’ai pas tout suivi, y’a tellement de trucs qui sont sortis dans les médias, je n’ai pas fait attention à tout. Je ne prends pas parti car je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Au-delà de ça, si on met ça de côté, quand tu dis Stéphane Ruffier, tu dis Saint-Etienne. Quand tu commençais le match, parfois l’équipe était un peu moins bien, tu te disais « ce n’est pas grave, on n’en prendra pas parce que Steph est dans les buts ! »

Je me souviens en particulier d’un match à la maison contre Toulouse. Je pense qu’en trente minutes on peut prendre six buts mais Steph a tout arrêté : penalty, tête à bout portant. Je pense que Wissam Ben Yedder, ce jour-là, il aurait voulu enlever sa licence de footballeur. Il faisait pourtant les bons gestes mais Steph était partout, c’était impressionnant ! Avoir joué avec un gardien de classe internationale, c’est une fierté.



Après, oui, Steph avait ce côté un peu brut mais c’était quelqu’un de gentil, qui travaillait pour être le meilleur. Je ne m’attendais pas à une telle fin pour lui. Tu te dis, « qu’est-ce qui se passe, comment ça se fait qu’on en arrive là ? » Qui a tort, qui a raison, je ne sais pas. Quand tu vois tout ce qu’il a fait pour Sainté, c’est vraiment dommage que ça finisse comme ça.

Six mois après ton arrivée à Sainté, tu figurais sur une liste noire des joueurs stéphanois dont l’ASSE souhaitait se débarrasser selon la Pravda. T’as vécu ça comment ?

Ah oui, je me souviens de ce truc ! (rires) Je crois qu’on était huit sur cette liste sortie par L’Equipe [ndp2 : Jean-Christophe Bahebeck, Moustapha Bayal Sall, Benjamin Corgnet, Jérémy Clément, Renaud Cohade, Ismaël Diomandé et Jonathan Brison en faisaient aussi partie]. J’ai appris ça comme ça, d’un coup. Mes amis m’ont prévenu : « Nolan, dans le journal on dit que t’es dans la liste noire ! » Je leur ai répondu : « Ah ouais ? je suis content de l’apprendre ! » (rires) J’en ai plus rigolé qu’autre chose en fait. Il n’était pas question que je parte. Le club ne m’a pas signifié qu’il voulait me voir ailleurs.

À ce moment-là il y a eu aussi des rumeurs comme quoi j’allais partir à Reims, à Bastia ou retourner à Lille. Mais je n’ai pas eu de contacts avec ces clubs-là. De toute façon j’étais bien à Sainté, je prenais du plaisir. Je n’avais pas envie de partir donc ça a été vite réglé, je suis resté. L’été 2016 il y a eu encore des rumeurs infondées comme quoi j’allais quitter Sainté Guingamp. Je n’allais pas quitter les Verts au bout d’une année ! J’ai eu des débuts compliqués à l’ASSE mais après ça s’est bien passé. J’ai quand même mis 11 buts ma première saison stéphanoise, 9 en championnat et 2 en Europa League. En plus on était à nouveau qualifié en Coupe d’Europe, il était hors de question de partir. J’avais signé pour trois ans.

Tu ne seras resté que deux ans dans le Forez, après avoir été mis à l’écart au printemps 2017. Comment ça s’est passé ?

C’était à la mi-avril. On s’entraînait à Sainté avant le match prévu le lendemain au Vélodrome. Le coach annonce le groupe, je n’en fais pas partie. Je reste chez moi. Je regarde le match à la télé, on perd 4-0. Dans la foulée je reçois un message comme quoi j’ai rendez-vous dès le lundi matin dans le bureau du directeur général. Je m’y rends, le coach était là aussi. Là ils me disent : « on ne compte plus sur toi, on fait une réduction d’effectif, merci de vider ton casier suite à cette réunion. » Aïe ! Là, tu prends un coup sur la tête. Je dis à Christophe : « Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? » Il me dit : « heureusement que tu n’as rien fait de mal, sinon tu ne serais pas là. Mais pour la fin du championnat je veux restreindre le groupe, tu n’en fais plus partie. »

Ce n’est pas moi qui décide donc j’ai dû encaisser ce choix du club. Je n’avais plus accès au vestiaire, je devais enlever mes affaires du vestiaire pro. Tu te dis « mince, ça fait mal ! » Si encore j’avais fait le con, si j’avais manqué de respect à quelqu’un, j’aurais compris. Mais là… Tu te remets en question, tu ne comprends pas trop ce qui se passe. J’étais à la disposition de la réserve. J’allais dans un tout petit vestiaire du centre de formation. Mentalement, ça a été difficile à vivre. Ne pas être dans le groupe retenu pour jouer les matches, c’est une chose. Mais ne plus avoir la possibilité de s’entraîner avec les pros, c’est plus dur à admettre.

C’est dur de se lever le matin et de se dire « aujourd’hui, je ne vais pas voir mes potes du groupe pro, je ne vais pas pouvoir m’entraîner avec eux. » J’ai essayé de prendre sur moi et de gérer tant bien que mal cette mise à l’écart. J’ai joué quelques matches avec la réserve, c’était difficile. En CFA2, j’étais d’ailleurs avec deux petits jeunes que je vais sans doute retrouver ce dimanche aux Costières, Mahdi Camara et Arnaud Nordin. Je me souviens d’un match près contre un petit club amateur près de Clermont [Cournon, ndp2].

Dans les arrêts de jeu, des spectateurs nous ont jeté des bouteilles de champagne sur le terrain, c’était du grand n’importe quoi. À l’issue de la rencontre, quand je suis entré dans le bus, j’ai croisé le regard du coach Laurent Batlles. Il m’a dit : « Désolé Nolan, j’y peux rien. » Je lui ai répondu : « T’inquiète Lolo, je sais que tu n’y peux rien. Mais il y deux semaines je jouais avec les pros et là je me retrouve à prendre des bouteilles sur la tête ! » (rires) On en a rigolé. Il m’a dit : « Si tu ne veux plus jouer avec nous, je comprendrai. » Je lui ai dit « hors de question. » Je ne voulais pas me dérober même si la situation était pénible à vivre. Dans ta vie professionnelle comme dans ta vie perso, tu peux connaître des périodes compliquées. Parfois ça fait du bien de prendre des coups de pied au cul, d'être un peu galère. La saison d’après j’ai marqué 15 buts en L1 avec le FC Metz. Comme quoi…

Dans son dernier bouquin « Derrière la porte verte », le polémiste de la Pravda Bernard Lions te consacre un chapitre. Il raconte que Galette ne savait plus comment te gérer et avait fait appel à un psy pour avoir des conseils car tu le rendais fou.

Ah ouais ? Écoute tu me l’apprends. Je n’étais pas au courant ! Je ne sais pas quoi te dire. Je n’ai jamais eu de problèmes avec mes entraîneurs. J’ignorais qu’on parle de moi dans un bouquin et je ne sais pas si qu’est écrit est vrai. Si c’est le cas, peut-être que Christophe aurait pu m’en parler. C’est la première fois que j’entends dire que j’ai rendu fou un entraîneur. Je n’ai jamais eu ce problème-là partout où je suis passé.

En tout cas, t’as laissé de très bons souvenirs à Philippe Hinschberger, que tu as eu la saison suivante à Metz. Quand tu es arrivé à Guingamp, il a dit de toi dans Le Télégramme. "Nolan est un garçon fort agréable, est altruiste, collectif. Il a une ouverture d'esprit que l'on ne voit pas beaucoup chez les joueurs de foot, ce qui lui permet de comprendre toute la puissance du collectif. Il a fermé la bouche à beaucoup de personnes qui le raillaient car il ne marquait pas plus de neuf buts par saison. Nolan est un bonheur à entraîner, très pro. »

C’est pour ça que cette histoire que tu viens de me raconter au sujet de Christophe et du psy m’interpelle un peu. Je ne comprends pas trop. Peut-être que le coach attendait de moi quelque chose en particulier que j’ai mal compris. C’est possible. Je n’avais pas de souci particulier avec Christophe. Si j’avais su qu’il avait un souci, on en aurait discuté et ça aurait été facile à gérer. En tout cas je n’ai jamais eu dans ma carrière de problèmes de retard, d’assiduité, etc. Peut-être qu’inconsciemment dans certains matches il m’est arrivé de ne pas répondre à 100% à ses attentes. De là à ce que ça justifie de faire appel à un psy.

Galette ne comptait plus sur toi mais il a quitté Sainté. T'as pas été tenter de rester chez les Verts ?

Malgré le départ du coach, mon avenir demeurait très incertain à Sainté. Metz m'a contacté et me voulait vraiment. J’ai eu le président Roland Romeyer au téléphone. Je lui ai dit : « Je ne peux pas rester ! » Il me dit : « si, reste, on change d’entraîneur, le nouveau comptera sur toi. » Il me restait un an de contrat, je fais la préparation estivale avec Oscar Garcia. Le coach vient me voir et me dit : « Écoute, t’es très professionnel, si tu veux rester y’a aucun problème ! » Le message, en gros, c’était « on ne t’embêtera pas si tu restes mais tu ne comptes pas ! » Je n’allais pas rester pour rester. J’avais besoin de temps de jeu et d’atteindre d’autres objectifs. C’est suite à ça que je suis parti à Metz.

Gardes-tu une petite dent envers Sainté suite à ta mise à l’écart ?

Pas du tout. Je ne garde que les bonnes choses de mon passage à l’ASSE. La ferveur qui entoure ce club. Le fait d’avoir rencontré de nouvelles personnes, d’avoir connu une nouvelle équipe. Après, t’as des moments bien, t’as des moments difficiles voire super difficiles. Mais au final tu ne gardes que de bons souvenirs. Parce que c’est Saint-Etienne. Parce que c’est une bande de potes. Parce que c’est un club mythique.

Il y a trois ou quatre ans, j’ai demandé à un pote qui fait des vidéos de me choper tous les buts que j’ai marqués en Ligue 1. Du coup il m’a donné l’occasion de revoir tous ceux marqués pour Sainté. Je me suis dit : « putain, je paierai cher pour réentendre cette ambiance, le bruit après les buts ! » Tu vois, dans le fond, c’est ça qui reste. Geoffroy, c’est la plus grosse ambiance que j’ai connue. Mais tu sais, à Nîmes, il y a également une grosse ambiance !

Malheureusement, je n’ai pas connu ça longtemps cette chaude ambiance des Costières à cause du contexte sanitaire qu’on subit tous. J’ai le souvenir également qu’il y avait eu une belle ambiance contre Copenhague dans le nouveau stade à Lille quand on s’était qualifié avec le LOSC en Ligue des Champions. Mais en termes de ferveur, le top ça reste Geoffroy-Guichard. Le mur vert derrière les deux buts, c'est impressionnant. Je me souviens notamment des gros matches à 21h00. Voir le Chaudron s’embraser dans la nuit avec les chants et les fumis… C’est ça le foot, quoi !

Quel regard portes-tu sur la saison de l’ASSE ?

Quand tu regardes l’effectif stéphanois, tu te dis que c’est étonnant et dommage que les Verts soient à la place qu’ils occupent actuellement. Ils devraient être au moins en milieu de tableau. Après, on se rend compte qu’il y a beaucoup de clubs qui sont en difficulté cette saison. Bien sûr, ce n’est pas la première chose qui explique cette saison délicate pour les Verts, mais c’est difficile de jouer dans un stade vide à Sainté. Quand tu rentres sur le terrain, quand tu démarres le match, tu n’as pas cette ambiance qui t’envoie de l’adrénaline et tout ça.

Après, il y a aussi le fait que Sainté joue avec une équipe plutôt jeune cette saison. Il y a des périodes où les Verts sont un peu moins bien, après ils gagnent deux ou trois matches et ils relèvent la tête. Puis à nouveau ils se remettent à perdre. Ça change vite. Leur saison me rappelle un peu celle d’il y a trois ans. À l’époque je jouais à Metz et on avait gagné 3-0. Je me souviens que j’avais mis le troisième but face à Jessy. Cela faisait peu de temps que Jean-Louis Gasset avait repris l’équipe. Après ce match les Verts étaient bien remontés au classement. Il faut dire qu’ils s’étaient bien renforcés au mercato hivernal.



Cette saison, j’ai vu jouer à l’ASSE pas mal de jeunes joueurs que je ne connaissais pas du tout. C’est bien mais est-ce que sur une saison il ne faut pas plus de cadres, un mélange de jeunes et de joueurs plus chevronnés. C’est ce qu’ils ont fait à un moment et les résultats sont revenus. J’espère que Sainté ne descendra pas en Ligue 2. Je n’ai pas envie de voir ça. Je ne le souhaite pas. Pour moi, les Verts vont se maintenir parce qu’ils ont la capacité pour, les joueurs pour. Après, si on peut les battre dimanche… Il se sauveront après ! (rires)

Que t’inspire le nouveau cycle qui se met en place avec Claude Puel ?

Il y a des jeunes qui poussent, un effectif assez étoffé. Les Verts ont eu aussi pas mal de blessures qui les ont embêtés. Ce n’est pas une saison facile mais quand tu démarres un nouveau cycle, ça ne part jamais comme il faut à 200%. C’est du travail, il y a plein de choses à faire. Quand tu changes de cycle, il faut tout réadapter. À Sainté, il y a eu un changement d’entraîneur, un changement de philosophie avec tous les jeunes qui sont arrivés.

Aujourd’hui à Sainté je vois des jeunes pétris de talent mais pour être réguliers dans la performance ça demande du temps. Au milieu de terrain j’aime bien Yvan Neyou. Il y aussi Mahdi Camara qui a bien progressé et que j’avais brièvement côtoyé à Sainté. Dans l’entrejeu il y a aussi ce joueur très jeune, Lucas Gourna-Douath. Ces jeunes ont envie de jouer, de montrer qu’ils sont là. Mais on se rend compte que la Ligue 1 ne fait pas de cadeaux. C’est pour ça qu’il faut se montrer indulgent avec ces jeunes.

Je suis sûr que certains jeunes stéphanois deviendront des grands joueurs. Il faut faire montre de patience et de bienveillance avec eux. Quand tu vois que Lucas Gourna-Douath n’a que 17 ans, ça me laisse songeur. Certains jeunes de nos jours ont une maturité incroyable. Moi à 17 ans j’étais déjà tout content de faire des apparitions en CFA. Jouer à cet âge-là en Ligue 1, c’est compliqué !

De nombreux supporters s’interrogent sur Claude Puel. Certains perdent patience car ça fait 18 mois qu’il est arrivé à l’ASSE mais les résultats sont décevants et le contenu des matches n’est pas très emballant. T’en penses quoi ?

Je pense que les gens – c’est humain – se disent « si ce mec est sur le terrain, c’est qu’il a le niveau, qu’il va être très bon, etc. » Mais il faut prendre en compte l’âge. C’est très compliqué de performer de suite quand t’as même pas 20 ans. Il faut du temps. Avec du temps de jeu, un jeune emmagasine de l’expérience. Il faut qu’il découvre par lui-même les exigences du haut niveau. T’es obligé d’être patient avec les jeunes. Les supporters veulent des résultats, c’est normal. Je peux comprendre que certains perdent patience car ça fait deux saisons de suite que Sainté galère en deuxième partie de tableau.

Mais si on dit que ça prend encore un an ou deux et que derrière le club retrouve l’Europa League. Ce qui compte, c’est ce qui va arriver après. C’est dans deux ans qu’on pourra mieux juger ce projet. Le problème, c’est comme beaucoup d’autres clubs Sainté n’arrive pas à garder longtemps ses meilleurs joueurs. On l’a vu avec les départs de William Saliba puis de Wesley Fofana. Lui il n’aura joué qu’un vingtaine de matches en L1. La France n’a pas les moyens de garder ses jeunes talents, d’un qu’un joueur sort du lot t’as un club anglais ou autre club européen fortuné qui se met sur le coup.

Mais la France a les moyens de faire revenir des joueurs parfois en fin de carrière comme l’actuel capitaine des Verts.

Ça me fera plaisir de revoir Mathieu ce dimanche. On a joué ensemble pendant deux saisons au LOSC, il a été mon voisin pendant deux ans. Je le connais très bien personnellement C’est un très grand professionnel. Il apporte beaucoup aux jeunes joueurs de l’ASSE car il a une sacrée expérience. Quand je le voyais blessé, je lui envoyais des messages. Plusieurs fois quand je l’ai vu revenir les résultats du club s’amélioraient. Ces derniers matches, il a parfois été en difficulté comme toute l'équipe mais il garde une âme de guerrier. C’est important d’avoir des joueurs comme ça, surtout dans une équipe qui se retrouve contre toute attente à devoir se battre pour le maintien.

Comme tous les clubs, l’ASSE s’est retrouvée diminuée cette saison par les blessures mais aussi par les cas de Covid. Qu’en est-il au Nîmes Olympique.

On a été moins touché que d’autres clubs mais moi je l’ai eu au mois d’août. J’avais joué l’avant-dernier match de préparation contre l’OM. Deux jours plus tard j’apprends que Jordan Amavi est testé positif. Comme il était au marquage sur moi, je me suis dit « aïe, ça ne sent pas bon. » Je me fais tester et pof, je suis positif. Comme c’était au tout début, j’ai dû rester isolé non pas une semaine mais dix jours. Après il a fallu que je repasse des tests physiques car je n’ai pas eu de symptômes, j’avais juste perdu le goût et l’odorat.

Derrière j’ai dû passer à nouveau une batterie d’examens, recourir sur le tapis. Et là on m’annonce que j’ai perd 20% de ma capacité respiratoire par rapport à la reprise un mois avant. Pourtant je me sentais bien, j’avais envie de courir mais le doc m’a dit qu’il ne fallait pas. J’ai eu le Covid mais je touche du bois, on a été plutôt épargné chez les Crocos. On doit être 4 ou 5 à l’avoir eu, pas plus. Alors qu’à Sainté par exemple il y avait eu plein de cas, notamment avant le match des Verts à Strasbourg. Je touche du bois mais tout le monde à l’air d’être en forme maintenant, chez eux comme chez nous.

Si tu as retrouvé la plénitude de tes moyens physiques, tu n’as pas trouvé le chemin des filets cette saison en 18 matches dont 7 titularisations. Comment tu vis ça ?

Écoute, ça m’a travaillé pendant un moment mais maintenant je n’y pense plus trop. Ça m’agaçait, je ne comprenais pas. Mais là on est tous rentrés depuis un bon moment dans une opération maintien. Il n’y a plus de « ah, je n’ai pas marqué, c’est dommage ! ». Il n’y a plus que les points qui comptent. Tout le reste, je fais abstraction. Tous les gens au club sont à fond sur cet objectif maintien. Qu’on soit titulaire ou remplaçant, on est pleinement mobilisés. J’ai peu joué cette saison mais tout ça est secondaire, c’est tellement important de se maintenir.

Le maintien, j’y crois dur comme fer. On a un groupe super avec beaucoup de mecs qui n’ont joué qu’ici. Ils ont vraiment ce club et cette région dans le sang. Quand t’arrives là, tu le sens de suite ! On te met dedans, on t’inclut. Je crois qu’on va se maintenir car même si on part de loin on arrive à chaque match à prouver qu’on a cette place en Ligue 1 et qu’on ne va pas lâcher.

Vous restez sur une très bonne dynamique. Penses-tu que cette trêve internationale risque de l’avoir cassée ?

Je ne pense pas. On ne sait pas. L’avenir nous le dira. Quand tu joues le maintien, que tu mérites d’avoir des résultats et que tu perds à la fin, mentalement c’est dur. Quand il y a une trêve comme ça, ça fait du bien. Ça te permet de relâcher un peu. Parce que c’est difficile d’être sous pression tous les week-ends, toute la semaine. Parce qu’on dit de ne pas regarder les résultats mais t’es obligé ! T’es compétiteur.

On gagne, on se dit que c’est bien mais de suite on se demande « qu’ont fait les autres ? » Tu rentres dans un truc ou mentalement c’est super difficile. Et quand mentalement c’est difficile parfois physiquement ça le devient aussi. Il faut faire plus d’efforts. C’est pour ça que la trêve internationale fait du bien. On a bien soufflé et cette semaine on repart au combat en ayant en tête ce match contre Sainté où on doit prendre des points.

Penses-tu que les Verts sont en danger ? Cette équipe stéphanoise n’était pas programmée pour jouer le maintien alors que les Crocodiles le sont depuis le début du championnat.

C’est une question de capacité d’adaptation pour Sainté. Même si on sait qu’un nouveau cycle a été amorcé à Sainté, personne ne se disait que les Verts allaient jouer le maintien. Dans un club comme l’ASSE, on ne te dise pas "l’objectif c’est de ne pas descendre". De par son statut et son budget, Sainté est plutôt un club programmé pour jouer la première moitié de tableau. Après, un club doit s’adapter au fur et à mesure que la saison avance en fonction de ses résultats et de la concurrence.

Je crois que maintenant tous les Stéphanois savent qu’ils jouent le maintien. Dijon est vraiment décroché maintenant mais derrière les Verts on voit que toutes les autres équipes se battent et arrivent à faire des résultats surprenants. Qui aurait parié qu’on gagne à Lille ? Personne. Qui s’attendait à ce que Paris perde contre Lorient et Nantes ? Aujourd’hui, je dirais presque que tout le monde peut battre tout le monde. Chaque week-end, tout est remis en cause. Tu peux gagner deux matches, d’un coup t’en perds ou deux et tu redégringoles !

Lors de vos derniers matches, de nombreux observateurs ont salué non seulement votre détermination mais aussi la cohérence et la qualité de votre jeu.

On a des qualités, sinon on ne serait pas en Ligue 1. Mais au-delà de ça, aujourd’hui, quand tu joues le maintien, c’est vraiment les qualités mentales et physiques qui sont fondamentales. T’arrives sur le terrain, tu sais que tu joues le maintien, ta survie en Ligue 1. Tu fais un peu abstraction et tu joues quand même pour te lâcher sur le terrain. Sinon, tu ne produits plus rien, t’as peur de faire une passe et de prendre un but. T’as peur de frapper car si le gardien l’arrête et que derrière tu prends un contre, ça risque de faire but.

La clé c’est aussi d’avoir beaucoup de pensées positives. Tout le temps, tout le temps, tout le temps ! Même si parfois rien ne marche, il faut rester positif. Tout le monde doit l’être. Il y a un onze de titulaires, toi t’es sur le banc mais tant pis. Peut-être que tu ne vas jouer seulement cinq ou dix minutes mais qu’importe, il faut que tu apportes, que tu crées quelque chose, que tu donnes tout pour prendre des points.

Les changements d’entraîneur ne sont pas toujours probants mais à Nîmes ça semble concluant. Qu’apporte Pascal Plancque ?

Il apporte son style. Il a été adjoint de Claude Puel à Leicester. C’est aussi le fait de prendre conscience des choses. Ouais, on n’est pas bien classés. Ouais, on risque de descendre en Ligue 2. Mais maintenant, qu’est-ce qu’on fait concrètement ? On se laisse abattre, on se dit on verra le week-end prochain si on perd ? Ou est-ce qu’on provoque les choses, est-ce qu’on prend des risques.

Il a favorisé la prise de conscience collective. Si on ne tente rien, si on ne fait rien, si on se contente de faire le dos rond, on va avoir la sanction. Est-ce qu’on accepte ça ou est-ce qu’on refuse ? Non. Et pour refuser, il faut faire plus. Tu ne peux pas jouer à 70 ou 80%, ce n’est pas possible ! Pascal Plancque donne confiance à un groupe. On ne le sent pas stressé par rapport à ce qui se passe. Quand il y a une défaite, il n’est pas abattu. Il apporte de la sérénité et de la confiance. On a gagné contre Lille, c’est bien mais c’est rien. Il reste huit matches, il faut en prendre des points !

Parmi tes coéquipiers, qui verrais-tu sous le maillot vert ?

Difficile à dire ! Il y a des profils très intéressants dans notre équipe. Zinédine Ferhat notamment. Baptiste Reynet est un très bon gardien. Je souhaite que tous mes coéquipiers jouent à Sainté un jour pour voir ce que c’est, pour découvrir !

Ton prono pour dimanche ?

Je suis très mauvais en pronostic. Je pense qu’on va gagner, je le souhaite. Je souhaite que les Verts gagnent les matches suivants et se maintiennent avec le Nîmes Olympique bien évidemment !

Rassure-nous, tu ne vas quand même pas ouvrir ton compteur buts ce week-end ? Ou alors fais-le avec classe ! Si Romain obtient un péno, c’est toi qui le convertis, comme à la belle époque. Ce n’est pas que je manque de confiance dans nos tireurs, mais…

Je crois que ça ne va pas être possible ! (Rires)

 

Merci à Nolan pour sa disponibilité