C'est un costume dans lequel on aimerait tous se glisser. Le potonaute Yacine s'est pris pour John Cusack se mettant dans la peau de John Malkovich pour entrer dans l'esprit de Dieu. Premier épisode.
Rien ne laissait présager une journée comme celle-ci. Tout commença par une matinée sans train pour Lyon et donc l’obligation de trouver un espace de co-working. Après une recherche rapide, un lieu retint mon attention : Métempsycose. Le prix attrayant et l’endroit, peu éloigné de chez moi, finit de me convaincre. Je réservai en ligne et un code me fut envoyé par e-mail pour débloquer le bureau.
Je me déplaçai à pied sous un soleil radieux et arrivai sur mon nouveau lieu de travail. C'était une vieille bâtisse stéphanoise avec une plaque sur la porte : "Métempsycose" et un digicode. Je composai le code transmis "SE93A13S" et entrai dans un lieu singulier. Un long couloir avec des murs végétalisés donne accès une porte. Je tournai le loquet et me retrouvai dans une pièce digne d’un apothicaire. Je vis un bureau des années 60/70, un fauteuil en cuir moelleux et sur le bureau, un mot déposé en lettre doré : "voir et comprendre autrement".
Sur le set de bureau, se trouvaient déposés une paire de lunette teintée et un verre de couleur verte. Ce dernier rappelait l’absinthe, l’alcool qui rend fou ou l’ayahuasca, un psychotrope utilisé par les chamanes d’Amazonie pour ouvrir de nouvelles dimensions de l’âme et du corps.
"Hey mon gâté !"
Malgré ma curiosité, un coup de téléphone me replongea dans les affres de mes missions professionnelles et la journée défila jusqu’à 16h45. Ma journée se terminant, je rangeai mes affaires pour repartir. Mon regard revint de nouveau sur le mot et le verre posés sur le secrétaire. Sachant qu'un apéritif m’attendait à la maison, je me dis que je pouvais anticiper les choses, et bus d’un trait le liquide vert devant moi. Il était à la fois langoureux et puissant. Soudain une énorme fatigue m’éreinta et je me sentis aspiré par l’inconscience.
Je revins à moi, réveillé par les discussions et les éclats de voix m’entourant. Je me retrouvai dans un couloir et un personnage d’un âge certain, porteur d’une casquette avec un fort accent stéphanois m’étreignit en me lançant : "Hey mon gâté, vous avez bien fini la saison !" Je reconnus Roland Romeyer. Soudain une pensée extérieure et tellement présente en moi jaillit : "sois vigilant, reste souple sur tes appuis, un chat bite peut partir à chaque instant." Je me dis que la boisson prise m’avait complètement rendu fou mais, malgré tout, fis demi-tour.
Je ne comprenais rien. Soudain, je vis mon reflet dans une vitre. C'était celui de Loïc Perrin, les traits marqués mais propre sur lui. Je pensais rêver, pourtant tout était tellement consistant et réel. Je m’entendis dire à Roland Romeyer : "j’ai rendez vous avec Jean-François et Laurent pour préparer la saison prochaine". Avant de le quitter, je lui demandai où en était la vente du club. Il me répondit mi narquois, mi moqueur : "On n’a pas encore trouvé mon clone en milliardaire, un vrai de vrai, un pur vert !"
La préparation de la saison prochaine
Je me déplaçai dans une salle dédiée à la direction où étaient installés Laurent Batlles et Jean François Soucasse. Ceux-ci m’accueillirent avec un sourire. On sentait en eux une sorte de soulagement. Le coach fit un exposé et un bilan sur l’effectif 2022/23 en déclinant les joueurs poste par poste. Pour chacun, une fiche statistique a été distribuée, reprenant différents éléments.
Pour les gardiens :
Gautier Larsonneur a rassuré la défense par son leadership. Il a apporté son sens du travail et a tenu le vestiaire. Il repartira numéro un l’an prochain. Pour Matthieu Dreyer et Etienne Green, la déception est forte. Sous la pression des mauvais résultats, ces deux joueurs ont explosé en plein vol. Il sera compliqué de garder les deux.
J’intervins - ou plutôt Loïc Perrin intervint - et j’expliquai que je travaillais avec leurs agents pour trouver une porte de sortie. Pour Green, un départ sous forme de prêt restait la solution privilégiée.
Laurent Batlles enchaîna : "Boubacar Fall a montré de la qualité à l’entraînement et sur le match joué contre Caen, de la sérénité. Mais sa blessure le rend indisponible jusqu’à octobre/novembre."
Un numéro 2 d'expérience à trouver
Je répondis que je travaillais sur un profil de second gardien en explorant des pistes chez les numéros deux ou trois en Ligue 1. Capable de bien relancer, lire la profondeur, diriger la défense et bien s’intégrer au groupe. En résumé, continuer à travailler sur les départs de Green et Dreyer et en cas de départ des deux, anticiper un profil capable de prendre le poste. Dans mon esprit un gardien comme Benjamin Leroy tenait la corde. Connaissant la Ligue 2, solide et capable d’assumer la position de numéro 2 à Sainté, ce challenge ne pouvait que l'intéresser à 34 ans.
Pour les défenseurs axiaux :
Laurent Batlles continua son exposé sous le regard d'un Jean-François Soucasse mutique mais concentré sur ses paroles. Il commença par les points positifs.
Quatre défenseurs se détachaient, ceux ayant joué la seconde partie de saison. Il commença par le capitaine Anthony Briançon. Son apport sur le terrain et dans le vestiaire, sa capacité à transcender ou rassurer le groupe sont des points forts. Son apport restait indispensable pour sa rugosité défensive, sa relance plutôt précise, et les automatismes créés avec ses coéquipiers de défense. Je fis malgré tout remarquer son absence sur une quinzaine de matches et que, selon moi, il fallait garder à l’esprit qu'une telle absence pourrait être rédhibitoire pour la montée.
Le coach nota malgré tout que nous manquions d’explosivité et que Briançon pouvait souffrir si ses partenaires et lui se retrouvaient en un contre un face à des attaquants véloces.
Il continua : "Léo Petrot est un joueur fort dans les duels et par son jeu de tête, sa relance sous pression est compliquée, les automatismes sont intéressants entre lui et Briançon. De plus, il ferme bien le couloir lors des montées de Nkounkou. Sa première partie de saison l’a vu en grande difficulté lors des situations en contre. On a observé des limites sur le poste de latéral gauche ou ses qualités offensives sont moindres."
Il enchaîna ensuite avec Saidou Sow, qui était bien revenu après 6 mois très compliqués. Il a apporté sa puissance dans les duels, son jeu de tête et son envie de bien faire. Il lui restait malgré tout des sautes de concentration pour en faire un joueur de très bon niveau.
Loïc Perrin intervint et je sentis en moi du regret, un sentiment diffus, une dissociation. Vu que Sow refusait de prolonger, il était clairement ouvert à un transfert. Je concédai qu'on ne le retiendrait pas en cas d'offre entre 3 et 5 millions, Soucasse acquiesça. Il faudrait donc anticiper son remplaçant.
Laurent Batlles enchaîna avec Dennis Appiah, la force tranquille du groupe, capable de faire le lien entre les jeunes et les anciens. Il pouvait tenir plusieurs postes : latéral, piston et axial droit. Il fait tout bien sans être extraordinaire. Un joueur indispensable pour le vestiaire et pour offrir des options dans les systèmes de jeu.
Il enchaîna sur les déceptions Jimmy Giraudon, Mickaël Nadé, Abdoulaye Bakoyoko et Mateo Pavlovic.
Pour le premier, il expliqua que Jimmy n’avait jamais réussi à retrouver son niveau troyen, la dimension mentale et une dynamique négative ont rendu son apport moindre. Le déséquilibre collectif et le manque de complémentarité entre les axiaux ont conduit à sa bascule sur le banc de touche. Sa résiliation de contrat était inéluctable. L’entraîneur continua son bilan des axiaux avec Nadé, joueur puissant, fort dans les duels mais qui ne matchait pas ses coéquipiers. Il souffrait de lacunes tactiques et ne semblait pas très motivé pour une autre saison sur le banc. Puis vint le tour du jeune Bakayoko et de son prêt catastrophique au Puy. Les retours négatifs coté ponot sur son professionnalisme et sa dimension mentale rendaient sa poursuite en Vert complexe. Il n’avait su profiter de ce prêt pour progresser. Sa fiche de statistiques montrait pourtant des qualités dans les duels, il était aussi le joueur le plus rapide de l’effectif - plus encore que Nkounkou - mais il semblait incapable de contenir sa frustration. Nous finîmes par Pavlovic qui avait été pris comme recours à la blessure de Briançon en janvier. Clairement, cette arrivée fut un échec du point de vue sportif, mais il se montra exemplaire dans le vestiaire pour continuer à entretenir la dynamique de l’équipe.
Un profil axial droit privilégié
Je m’entendis dire que nous travaillions sur un profil d’axial rapide à droite, fort dans les duels. Jean François Soucasse intervint pour la première fois. Il expliqua que nos transferts porteraient sur des joueurs libres. Le départ des joueurs défensifs avec transfert seraient par contre compensés éventuellement par des transferts.
Les regards se tournèrent ensuite vers moi et j’enchaînai. J’exposai le profil voulu : joueur francophone, pouvant jouer axial droit dans une défense à trois, connaissant la Ligue 2, très fort dans les duels et rapide, avec une bonne relance si possible, capable de s’intégrer à l’équipe et de remplir l’objectif montée en Ligue 1.
J’exposai mon classement du joueur idoine :
1) Oumar Gonzalez d’Ajaccio. Joueur très fort et puissant dans les duels, bon jeu de tête, rapide capable de jouer bloc bas, mais aussi plus haut, sachant mettre des coups et aussi être présent dans les points chauds en fin de match. Nous négocions très fort avec lui mais il cherche à rester en Ligue 1
2) Ibrahim Cissé de Caen. Sûrement le meilleur défenseur de Ligue 2 dans son registre, les duels et l’agressivité, joueur très véloce capable de joueur dans l’axe à deux ou trois. La concurrence est forte et il semble motivé par un challenge à l’étranger, hélas pour nous
3) Ismaïl Anaeba. Très bon les duels et bon relanceur, libre et capable de jouer axe droit et axe gauche. Il semble jouer la montre après son départ de Sochaux en attendant un contrat supérieur au nôtre.
4) Christophe Hérelle de Brest. Joueur expérimenté de 31 ans, droitier, véloce, fort dans les duels, il est remplaçant en Bretagne, son départ ne devrait pas poser de problème.
5) Cédric Houtoudji d'Angers. Joueur connaissant bien la Ligue 2, capable de jouer axe droit, puissant, fort dans les duels, bon jeu de tête et relanceur, aimerait se relancer après une saison compliquée en Anjou.
Ismaïl Aaneba, une piste possible en défense pour les Verts
En cas de départ de Sow et Nadé, nous allons travailler sur des profils pouvant clairement concurrencer Appiah et Petrot. Bakayoko ne sera pas retenu, nous lui cherchons une porte de sortie. Nous ferons dans quelques jours un premier débrief avec la cellule de recrutement et je reviendrai vers vous. Laurent continua son bilan et passa aux milieux ...
A suivre ...