Après avoir assisté samedi après-midi au match nul entre ses deux anciens clubs, Elie Baup s'est confié ce lundi à Poteaux Carrés.
Elie, je suppose que tu as assisté au match qui a opposé tes deux anciens clubs avant-hier au Matmut Atlantique !
En effet ! Non seulement j’ai assisté au match mais dans la matinée j’ai participé aux Sénioriales de Bordeaux à une conférence sur l’ASSE animée par Laurent Chastellière, qui s’occupe du Musée des Verts avec Philippe Gastal. C’était très intéressant. Je suis intervenu devant une centaine de personnes, c’était un auditorat libre. On a parlé de l’évolution du football, du recrutement, en s’appuyant sur ce qui s’est passé dans la grande histoire des Verts. Bien sûr on a parlé de Jean Snella, de Robert Herbin, de Pierre Garonnaire. On a parlé du foot d’aujourd’hui avec les datas, on a discuté du management, des méthodes d’entraînement.
Quelle analyse fais-tu de ce match nul entre les Girondins et les Verts ?
Les Verts ont eu des temps forts, surtout en première période. A la mi-temps, je pense qu’ils auraient mérité de mener au score. Les Girondins ont ouvert le score dès la reprise. Les Verts ont pioché mais ils ont le mérite d’égaliser. Ce résultat nul me semble logique. Sur le plan du jeu, il y a eu beaucoup de pertes de balle de part et d’autre. Il y a eu énormément de fautes techniques, j’ai trouvé que le jeu était vachement haché. Cela m’a un peu étonné. Ça s’est situé beaucoup au milieu, il n’y a pas eu beaucoup de situations de part et d’autre. C’était un match de L2, avec pas mal de fautes et du déchet technique. Après, il y a des gens à Saint-Etienne comme Anthony Briançon, Thomas Monconduit et Jean-Philippe Krasso qui constituent l’épine dorsale de cette équipe, ils amènent quand même une dynamique de jeu et d’engagement.
Quels joueurs stéphanois t’ont particulièrement plu lors de cette rencontre ?
J’ai bien aimé Niels Nkounkou, je trouve que c’est un joueur qui dégage beaucoup de puissance. Il est très percutant. Par moment il fait des différences, il faut parfois qu’il se canalise. Je trouve que c’est un garçon intéressant, sachant que c’est un jeune joueur de 22 ans qui a encore une belle marge de progression. J’apprécie aussi Saidou Sow et le petit Benjamin Bouchouari. Lui, parfois, il garde un peu trop le ballon, on l’a encore vu samedi, mais il a quand même du potentiel. Il y a de bons jeunes dans cet effectif stéphanois, entourés de gars plus expérimentés comme Gautier Larsonneur, Anthony Nriançon, Thomas Monconduit, Jean-Philippe Krasso. Sans oublier Dennis Appiah qui apporte son gros vécu dans l’élite.
Les Verts évoluent dans un système en 3-5-2 qui équilibre mieux l’équipe. Je les avais vus à Pau, ils n’étaient pas dans cette configuration et c’était un peu plus compliqué… Même si les organisations ne font pas tout et que ce n’est pas la panacée, j’ai le sentiment que ces Verts sont cohérents dans ce 3-5-2. Après, il faut souligner que les Verts ont plus de confiance. Alors qu’ils avaient démarré l’année en fâcheuse posture, ils ont enchaîné quatre succès contre des concurrents directs au maintien avant de décrocher un bon nul sur le terrain du second. Ils sont dans une bonne dynamique et on voit qu’ils sont bien mieux armés que les équipes qui sont actuellement dans la zone rouge.
Et c’est précieux d’avoir dans une équipe un joueur aussi adroit sur péno que Jean-Philippe Krasso. Il ne se laisse pas déstabiliser. Il est très adroit dans cet exercice, comme l’était en son temps Pascal Feindouno, que j’ai eu plaisir à revoir avant-hier au Matmut Atlantique. Quand Krasso prend le ballon et qu’il s’apprête à tirer, on voit que ses partenaires et Laurent Batlles sont en confiance. Il la met au fond à chaque fois, c’est un joueur qui a de la maîtrise. On a besoin de joueurs comme ça Jean-Philippe Krasso est impliqué dans une bonne moitié des buts inscrits cette saison par Sainté. Il a eu un parcours atypique et présente un profil intéressant. Je sais qu’il est en fin de contrat, c’est le genre de joueur qu’il faut vraiment essayer de garder car au-delà de ses qualités de joueur, je trouve qu’il a le bon esprit.
Comment vois-tu la suite de la saison verte ?
Bien sûr il faut toujours rester vigilant mais je pense que cette équipe s’oriente maintenant vers un maintien serein et qu’elle a de bonnes chances de finir dans la première partie de tableau. On peut regretter qu’elle ait mis un peu de temps à trouver un équilibre mais cette équipe démontre une forme de confiance collective. Maintenant, on voit bien que cette équipe est encore perfectible, qu’elle manque parfois de justesse dans son jeu. Mais l’équipe est retrouvée, même si elle doit se passer jusqu’à la fin de saison de l’attaquant recruté qui a lancé un peu tout ça en égalisant contre Caen puis en arrachant la victoire à Niort. C’est dommage que Gaëtan Charbonnier se soit fait les croisés mais on se rend compte que malgré son absence Sainté arrive à performer.
Samedi, j’ai vu une équipe qui ne dépareillait pas avec Bordeaux, pourtant classé deuxième. J’espère que les Verts font faire les meilleurs résultats possibles ce dernier tiers de championnat afin de se lancer pour la saison prochaine, pour la remontée. Quoi qu’il arrive, cette saison aura été compliquée, éprouvante. Mais entretenir la bonne dynamique actuelle permettrait de se projeter de façon idéale sur la saison prochaine. Laurent Batlles avait parlé d’un projet de deux ans pour remonter. Il a bien évalué la situation du départ. En engrangeant aujourd’hui un maximum de points et de confiance, ça permet de lancer la saison prochaine pour la montée directe. L’idéal serait bien sûr d’arriver à faire prolonger Jean-Philippe Krasso !
Tu connais très bien Laurent Batlles. Que penses-tu de lui ?
Je connais en effet très bien Laurent. C’était vraiment un bon joueur et c’est un entraîneur qui a un gros potentiel. Il a la passion du foot, il a un vécu de joueur de haut niveau pour avoir joué dans des gros clubs français. Il a fait des Coupes d’Europe. J’étais venu le chercher à Toulouse pour jouer la Ligue des Champions à Bordeaux. Je l’avais connu à la formation au TFC, je l’ai retrouvé plus tard quand j’ai entraîné Toulouse. J’aurai donc côtoyé Laurent dans trois moments de sa carrière sur plusieurs saisons. On a partagé près de dix ans dans différentes situations.
Laurent est un passionné du foot comme son papa Gérard qui a été un excellent éducateur et un recruteur connaissant très bien le football. Laurent est un entraîneur qui aime la possession et le jeu. A Saint-Etienne, dans un contexte très difficile, il a été obligé de s’adapter. Laurent est un jeune entraîneur, il se rend compte que parfois il faut être pragmatique en tenant compte de l’effectif qu’il a. T’es un peu obligé de le faire, même quand t’as les meilleures idées du monde. Laurent aura beaucoup appris cette saison et il va continuer d'apprendre car la saison n'est pas finie. Il va capitaliser là-dessus tout en mettant en place ses idées de jeu.
Laurent savait très bien dans quel contexte il arrivait, il s’attendait à vivre une saison difficile. Peut-être qu’elle l’a été un encore plus qu’il ne l’imaginait. Parfois il faut passer par des situations un peu compliquées. Le tout est de s’en relever, de continuer, et d’inverser la tendance. Laurent est en train de faire ça et je n’en doutais pas. On connaît ce métier, tu n’as pas le droit à beaucoup de défaites au foot. Mais tu connais la phrase de Nelson Mandela : «Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends. » Laurent est pour moi une valeur sûre, il est le présent et le futur. Il progresse en tant qu’entraîneur. Il a toutes les qualités pour faire remonter ce club mythique dans l’élite, ce qui est loin d'être facile. Je lui souhaite d'y arriver.
Merci à Elie pour sa disponibilité