Nouveau directeur général du SCO d'Angers, Xavier Thuilot est resté avant cela 15 mois à l'ASSE. Arrivé avec Claude Puel en octobre 2019, il a quitté ses fonctions en janvier dernier. Pour la première fois, il est revenu sur son expérience verte et les difficultés financières rencontrées par le club. Une interview qui se lit aussi ... entre les lignes !


Xavier, vous avez probablement vu la déroute stéphanoise à Strasbourg ce week-end, qu'en avez-vous pensé ?

Cela fait 20 ans que je suis dans le foot et ça confirme que quand on n'est pas bien, ça ne tourne pas en votre faveur ! Les éléments se déchaînent contre vous. C'est un peu le sentiment que j'ai eu devant le match. Vous avez beau bien travailler, il y a des périodes comme ça où on a l'impression que ça ne tournera jamais pour vous. Il faut savoir gérer cela. Tous les sportifs connaissent cela, pas seulement en foot. Le sport de haut niveau est un milieu de détails ! Pour être performant, il faut que tous les niveaux du club fonctionnent. Il ne faut pas qu'il y ait de freins, de cailloux dans la chaussure ou de peaux de banane sur la route. Ce milieu ne tolère pas les approximations, les environnements instables. On pourrait croire que cela n'a plus d'importance une fois que les joueurs sont sur le rectangle vert mais non, ce n'est pas vrai. En 20 ans, je n'ai jamais été dans un club qui performait sportivement quand il y avait des soucis en parallèle. Le sportif professionnel est quelqu'un de perméable à chaque petit problème, à un environnement instable. Quand vous êtes dans un moment comme ça, l'instabilité crée un manque de sérénité et vous avez l'impression que tout s'acharne. Or, c'est souvent en amont qu'il faut chercher les raisons de cette situation.

On va revenir sur tout cela, mais avant parlons de votre nouveau poste de directeur général au SCO d'Angers. C'est votre retour dans le football après votre départ de Saint-Etienne en janvier dernier. Les deux projets sont très différents ?

Les projets n'ont pas la même maturité historique. Angers a passé toutes les étapes une par une et est aujourd'hui depuis 7 ans en L1. Le club essaie de se stabiliser en L1, cela n'a rien à voir avec un club historique comme Saint-Etienne. Ce n'est pas le même parcours historique, la même histoire. Saint-Etienne c'est une référence dans l'histoire du foot français, qu'on aime ou qu'on n'aime pas. Angers est un genre de start-up ! On a un fonctionnement resserré, qui cherche la performance. On est très attentifs à chaque détail pour combler les manques économiques. L'engouement populaire est différent par rapport à d'autres clubs de L1. Aujourd'hui, le club démarre un nouveau cycle qui pourrait le stabiliser au haut niveau. Les enjeux sont différents, cela ne se compare pas.

Vous êtes dans une logique de construction à Angers.

Oui ! A l'inverse des deux derniers clubs que j'ai fréquentés : Lens dans sa période Martel - Mamadov et Saint-Etienne. Là, il fallait réorganiser, restructurer, redéfinir un modèle économique après une période difficile. L'analyse avait été faite que ces clubs ne pouvaient pas survivre dans ces conditions. C'est différent de ce que l'on m'a demandé de mettre en place à Angers où on est dans un projet de construction, un peu comme celui que j'avais mené à Lille.

Vous allez revenir pour la première fois à Saint-Etienne ce vendredi, vous êtes dans quel état d'esprit sachant que cela pourrait être le dernier match de votre ami Claude Puel ?

Alors ça je ne commenterai pas ! J'ai toujours plaisir à retrouver les clubs dans lesquels j'ai travaillé. J'aurai plaisir à revoir de nombreuses personnes et ce sera partagé j'imagine. Quand je suis dans un club, je suis dévoué à ce club et ses salariés. J'ai construit mon parcours en ne mentant pas. En 20 ans, je n'ai trahi personne ni dans le discours, ni dans les actes. C'est plutôt avec les présidents de club que je ne me suis pas toujours entendu (rires) ! Mais avec les environnements internes, je n'ai jamais eu de problème ! Je n'ai pas d'ennemi dans le football ou alors si j'en ai, j'en ai peu ! J'ai toujours travaillé avec beaucoup de sincérité, de loyauté envers les clubs qui m'ont employés. C'était le cas à Saint-Etienne, même si ça s'est terminé parce qu'il y a eu volonté de mettre fin à l'histoire commune. Mais je n'ai pas d'amertume. Je n'en ai jamais eu même lorsque ça s'est mal fini comme avec Lille par exemple. Je n'ai pas d'appréhension à revenir en tout cas !

Votre départ de Saint-Etienne a été une surprise, vu de l'extérieur. On s'attendait à ce que ce soit votre projet avec Claude Puel et que l'un et l'autre soient finalement indissociables.

La preuve que si (rires) ! Vous savez, je suis un professionnel du football, je ne suis pas un bénévole, je ne suis pas dans l'émotion. De l'extérieur, on peut le reprocher quand on est supporter, on ne comprend pas toujours qu'il y ait des gens dont ce soit le métier. Or, moi, c'est mon métier ! J'ai eu dans tous ces clubs des postes à responsabilité, on défend une vision. Quand on fait le constat que nos chemins doivent se séparer avec les actionnaires du club, il faut partir ! Il n'y a pas 36 solutions. On ne peut pas cohabiter avec deux projets différents quel que soit le club.

Quand on fait appel à mes services en tant que directeur général, c'est qu'on me reconnaît une compétence. J'arrive avec une vision des choses, je m'adapte. Mais à partir du moment où on considère que cette vision des choses n'est pas la meilleure solution pour le club, alors il vaut mieux s'entendre pour un départ. On ne peut pas avoir le sentiment de défendre le club contre le gré des propriétaires. Je ne me refais pas, je suis droit dans mes bottes et entier par rapport à cela. Certains y verront une pointe d'orgueil mais quand on me fait venir pour un projet A, si le projet devient B, il vaut mieux que je m'en aille. Je ne sais pas défendre un projet qui ne correspond pas à l'analyse que je fais de la situation. Ce n'est pas grave, ça fonctionne ainsi.

Le problème ne vient pas justement de là à Saint-Etienne ? Deux présidents donc deux visions, deux projets différents, pas toujours complémentaires ?

Je vois à quoi vous faites allusion mais je ne suis pas forcément d'accord. Je n'ai pas tellement de choses négatives à dire là-dessus. J'ai toujours considéré que la gouvernance d'un club est ce qu'elle est. Je ne la décide pas. Je n'ai pas investi d'argent. Certains clubs ont un propriétaire à 100%, d'autres où l'actionnariat est partagé de façon inégale avec un rapport de force et d'autres comme à l'ASSE où c'est 50-50. Je n'ai pas à juger de la pertinence de cela. C'est un fait ! Après, je n'ai forcé personne pour me faire venir dans un club ! Alors, certains diront "oui, mais c'est Claude Puel qui l'a imposé à Saint-Etienne", mais attendez on parle de quoi ? On n'impose rien à un propriétaire ! C'est lui qui signe en bas de la feuille. C'est comme si on me disait "il s'est passé tel truc quand t'étais aux manettes", eh bien j'assume ! Même si au moment des faits, je pouvais ne pas être totalement d'accord, ma position hiérarchique fait que j'assume. Mais quand vous n'assumez plus, c'est là qu'arrivent les problèmes ! Vous ne pouvez pas être en haut de la pyramide et que ce ne soit jamais de votre faute, ce n'est pas possible. Et je ne dis pas ça que pour Saint-Etienne ! Quand vous êtes patron, vous l'êtes pour le meilleur et pour le pire !

C'est un fait reconnu que Bernard et Roland n'ont pas la même personnalité. Quand on s'associe en affaires, il n'y a jamais de jumeaux, ça n'existe pas. Le fond du problème n'est pas là. Il y a des entreprises dirigées par des gens qui ne sont pas majoritaires et ça se passe très bien. Le majoritaire laisse faire le minoritaire parce qu'il a les compétences. Ce n'est pas qu'une question de rapport de forces. La bonne gestion est une question de compétence ! Le reste, c'est de la littérature ... le côté émotionnel, "je t'aime moi non plus", ça alimente les médias parce que c'est du football ! Mais ça n'existe pas au quotidien. Je ne dis pas que ça n'a pas d'influence mais les décisions finales ne sont pas basées sur ça !

Mais alors où est le problème à l'ASSE s'il n'est pas de cet ordre là ? Il est financier ? Quand vous arrivez aux manettes en octobre 2019, vous découvrez une situation financière catastrophique ?

Ce n'est un secret pour personnes car les médias l'ont évoqué à de nombreuses reprises, quand on arrive avec Claude Puel, nous récupérons une situation sportive difficile. Les situations sportives, financières et juridiques sont de toute façon liées. On n'est pas dans un club amateur où on joue pour son plaisir, on est chez les professionnels ! Chacun doit exercer son métier, dans tous les domaines, de la communication à la comptabilité, du gardien de parking aux joueurs professionnels, chacun doit faire sa part pour l'entreprise qui le paye. On récupère donc un club où il y a pas mal de cailloux dans la chaussure tant dans le domaine sportif, que juridique, que financier. Les journalistes se feront écho de cela tout au long de ces saisons difficiles.

C'est très compliqué dans ces conditions d'être performant. Et je tiens à le dire, pas seulement parce que c'est mon ami, mais sans Claude Puel ça irait bien plus mal ! Aujourd'hui, se sortir d'une situation comme celle-ci où tu ne peux pas investir dans 4 mercatos de suite, c'est un exploit qui ne sera jamais reconnu à sa juste valeur ! La réalité c'est que sans quelqu'un de la trempe de Claude et son expérience de ce genre de situation, le club serait peut-être déjà descendu en L2 ou bien pire. A mes yeux, son remplacement n'aurait pas de sens et je ne parle pas en tant qu'ami mais que gestionnaire. Aujourd'hui, dans ce club, vous remplacez Claude Puel par qui ? Qui a plus d'expérience pour prendre le relais ? Et vu la situation : qui oserait venir ? Souvent, on remplace l'entraîneur quand on est au bout d'un cycle et qu'on sent que l'entraîneur est en panne d'idée ou de motivation. Dans ces moments-là, vous avez plein de CV ! Aujourd'hui, hormis quelques techniciens au chômage prêts à prendre le risque, vu la complexité de la situation ... La plupart des techniciens que je côtoie ou que j'ai côtoyés vous diront que ce qu'il se passe à Saint-Etienne relève du miracle ! Même si Sainté est 20eme ! Résister à cette pression, construire avec ces scénarios contraires, ce vent de face permanent ... il n'y a que quelqu'un comme Claude ! Moi, j'ai connu des entraîneurs qui, dans cette situation, auraient tout fait pour se faire virer, prendre leur chèque et se barrer !

Je reviens sur la situation financière du club qui a vendu pour près de 100M€ en 3 ans (Saliba, Fofana, Cabella, Selnaes ...) et s'est délesté de gros salaires. Qu'est ce qui explique que la situation financière actuelle soit aussi précaire malgré ces économies et ces rentrées d'argent ?

C'est la conséquence du Covid et de la faillite de Médiapro ! C'est valable pour d'autres clubs, je ne jette pas la pierre à Bernard et Roland. Mais levons le nez du guidon pour bien comprendre, on dit souvent "quand je me regarde je me désole, quand je me compare, je me console", et dans le foot c'est un peu ça. Il y a 2-3 ans, l'obsession des présidents de L1 était de se dire "il ne faut pas descendre en L2 en 2020 car Mediapro va arriver et on va toucher le pactole". Donc beaucoup de clubs, pas uniquement Sainté, ont investi fortement à ce moment-là. C'est un calcul qui s'entendait, je ne leur en tiens pas rigueur. Donc il y a eu une inflation des besoins de financement qui se sont traduits différemment. Certains ont prolongé des contrats qu'ils n'auraient pas dû, certains ont fait des emprunts comme Saint-Etienne, certains ont pris des risques sur tel ou tel joueur ... chacun a pris son risque pour essayer de se garantir une place dans le bon wagon de la L1 dorée !

Il y a eu un phénomène d'anticipation de l'augmentation des ressources, comme à chaque fois depuis 20 ans dans le football français. Cela s'est toujours passé comme ça donc je vous le redis, on ne peut pas leur jete la pierre. Par contre, on ne peut pas reprocher ensuite à un joueur de gagner trop d'argent, c'est le directeur général quand il a la signature - ce qui n'était pas mon cas - ou le président qui signe en bas du contrat. Le joueur n'a braqué personne. Comme toujours, les joueurs et les agents ont capté cette richesse future du foot français. Tout les clubs se sont mis dans le rouge en se disant "ce n'est pas grave, on vient de signer pour 4 ans à 1,3 milliard, on va se refaire la cerise plus tard". Et puis patatras : Covid ! Moins 50% sur le trading. Et la L1 qui est le seul championnat qui s'arrête. Canal + refuse de verser 250 millions d'euros pour un spectacle qui n'a pas lieu. Et dans la foulée, Médiapro dit qu'il ne va plus payer. A l'arrivée, les droits TV baissent aussi de 50% par rapport à ce qui était prévu. Ces deux facteurs combinés avec la prise de risque anticipative font que beaucoup de clubs sont en difficulté.

Le trou dans les caisses est donc énorme ?

Vous ne pouvez pas perdre 250 millions de Canal + 600 millions d'euros par an pendant 4 ans du différentiel des droits TV entre Mediapro et Amazon, soit grosso modo 2,5 milliards d'euros, en vous disant simplement "ce n'est pas grave, on va s'ajuster", ça n'existe pas ! Pendant ce temps, les contrats que vous avez signés avec vos joueurs courent sur 3-4-5 ans ! Et vous avez une baisse de 50% de vos recettes ! Vous ne pouvez pas aller voir les joueurs en leur disant "désolé, on n'a pas les mêmes recettes que prévu donc on continue en baissant de 50%". Vous n'avez pas le choix, il faut baisser les dépenses d'urgence ! Ca se traduit par des départs avec un mercato qui a lui aussi baissé en nombre de transactions car tout le monde est dans la même situation ! Donc c'est le pire moment ! Vous voulez vendre vos joueurs les mieux payés pile quand le marché s'effondre ! C'est comme à la bourse, si vous vendez quand ça s'écroule, vous êtes chocolat !

Après, il y a des clubs qui ont plus ou moins pris des risques ... Saint-Etienne avait pris un risque plutôt modéré mais avec une différence notable : l'ASSE est détenue par des personnes physiques et non par un fonds d'investissement. Un fonds peut refinancer plus facilement, même si on a vu qu'à Bordeaux ce n'était pas toujours le cas. Les personnes physiques doivent amener des garanties personnelles. Saint-Etienne s'est donc retrouvé parmi les clubs les plus exposés. A partir de là, quand vous combinez tout cela, quand le monde s'écroule autour de vous, il faut trouver vite vite vite des ressources et freiner les dépenses. C'est ce qu'il se passe à Sainté. Mais quand vous freinez sur un terrain glissant, c'est difficile de rester dans l'axe et de ne pas partir en tête à queue. Et je pense que Claude est le meilleur pilote pour cela. Mais c'est très difficile. Saint-Etienne va retrouver des marges de manœuvre à partir de la saison 2022-2023 car les économies réalisées et les fins de contrat vont aider l'ASSE à retrouver des moyens pour investir dès cet été.

Est-ce que ce ne sera pas trop tard ?

Mais si Saint-Etienne meurt au mois de février en liquidation judiciaire après une cessation de paiement, ce sera trop tard aussi ! Vous avez mis un énorme coup de frein dans un environnement d'hiver sur une route verglacée pour imager la situation de l'économie du foot. Donc rester sur la chaussée, c'est hyper dur et c'est ce que vit Sainté. Personne ne veut que les Verts descendent car c'est un monument du foot français. Et le foot français est moins beau, moins attirant quand ses places fortes ne sont pas en L1.

On réalise aujourd'hui qu'il y a une immense volatilité des recettes et cela on n'y croyait pas. Depuis le milieu des années 80, les droits TV étaient en augmentation constante. Cette crise a montré que les recettes peuvent disparaître du jour au lendemain. Par contre, les dépenses et notamment les contrats joueurs sont incompressibles, inélastiques. Si les recettes freinent, vous ne pouvez pas freiner côté dépenses. Ceux qui s'en sortiront le mieux sont ceux qui auront des moyens illimités, ils ont d'ailleurs investi cet été malgré le contexte. Tous les autres vont galérer jusqu'à rééquilibrer leur modèle.

Sans une vente, le club peut-il s'en sortir avant la fin de saison ?

Je ne sais pas. Cela va très vite vous savez, et je n'ai pas vécu les six derniers mois de la saison dernière. J'ai eu l'impression vu de loin qu'ils avaient bien maîtrisé l'équilibre entre les finances et le sportif. L'exercice au 30 juin semble avoir été comptablement maîtrisé, il n'y a pas eu de sanctions de la DNCG. Après, la situation est structurelle. Vous brûlez beaucoup d'argent en masse salariale et les recettes restent faibles. Vous pouvez avoir un bon résultat comptable et tirer la langue en trésorerie. Comme beaucoup de clubs, l'ASSE est dans cette situation et cherchera à vendre des joueurs pour pouvoir survivre.

Vous savez, j'étais là quand Wesley Fofana est parti et ce n'était pas prévu ! Mais cinq jours avant la fin du mercato, on apprend par nos réseaux, que l'échéance de Mediapro d'octobre n'est pas payée. Donc là, ce n'est plus une question d'émotion, de sport ... c'est comment on fait pour payer les salariés du club jusqu'au 30 juin quel que soit leur métier ?

Sans cette vente, que se passait-il ?

Sans vendre Fofana, le club aurait disparu. C'était impossible autrement.

Une question plus rétrospective sur vos 15 mois à Saint-Etienne : si c'était à refaire, est-ce que vous changeriez quelque chose ? On pense à l'épisode Ruffier notamment ?

Moi je ne regrette rien. Toutes les décisions prises l'ont été de façon collégiale. Je ne regrette d'avoir mis en œuvre aucune action qui a été décidée. Ce dossier Ruffier est toujours en cours devant les tribunaux, donc je ne l'évoque pas plus que cela.
A titre personnel, j'ai le sentiment d'avoir été loyal avec le club. On peut toujours regretter de ne pas avoir mieux fait mais globalement c'était une période difficile de laquelle je suis ressorti très fatigué. Il n'y avait pas beaucoup de source de plaisir dans la gestion quotidienne car on était dans la survie du club. Il n'y a que des décisions difficiles à prendre. Sur ces 15 mois, le club a dû gérer le départ de 15 salariés hors sportif, soit un par mois et ce n'est jamais plaisant. On a réalisé 10 millions d'euros d'économie de salaires sportifs donc là, on n'est pas dans la construction mais dans la survie. Je n'ai pas de regrets sur ce qui a été fait et j'aurais aimé poursuivre cette aventure mais les conditions n'étaient plus réunies. On en a tiré les conséquences de deux côtés.

Pendant 15 mois, ça a été la découverte d'une ville, d'un club, d'un stade ... j'ai passé un bon moment. J'avais même défendu l'idée auprès du maire Gaël Perdriau que l'ASSE devait devenir une sorte de club référence de la L1. Dans tous les championnats, il y a un club qui symbolise l'histoire de l'ensemble, et pour moi c'est Sainté. C'est la première histoire sportive marquante de la TV, ça a marqué des générations. Tout le monde ne supporte pas Saint-Etienne mais tout le monde regarde ses résultats le lundi donc la notoriété est très vivace. Si quelqu'un dit qu'il aime le foot, il doit avoir vu un match à Saint-Etienne ! J'avais suggéré qu'on prenne contact avec la FFF pour faire un genre de "hall of fame" du football français, de temple de la renommée pour reprendre le terme de nos amis canadiens. Je trouvais que c'était mérité que ce soit ici, dans une ville qui a connu des difficultés économiques au fil des années. Saint-Etienne aurait pu être un étendard au delà de son propre club. J'aurais aimé défendre cela si j'étais resté plus longtemps. Aucun autre club ne peut y prétendre ! Peut-être que l'idée sera reprise à l'avenir !

Avant de voir aussi loin, on se contentera déjà des 3 points vendredi !

Ah ça en revanche, vu ma loyauté envers le club pour lequel je travaille, vous vous doutez bien que j'espère venir gagner avec Angers ! Cela ne m'empêchera pas d'échanger avant et après avec des anciens collègues et de s'apprécier. Mais pendant 90 minutes sur le terrain, c'est le principe, c'est chacun pour soi !

Merci à Xavier Thuilot pour sa disponibilité !