Ancien buteur de l'équipe réserve de l'ASSE, Samy Baghdadi s'est confié à Poteaux Carrés après avoir fait ses débuts en pro à l'âge de 24 ans le week-end dernier sous les couleurs du Fortuna Sittard (L1 néerlandaise).


Peux-tu nous rappeler quel a été ton parcours avant de rejoindre l’ASSE l’été 2017 à tout juste 20 ans ?

Je ne suis pas passé par un centre de formation, je n’ai fait que des clubs amateurs autour de chez moi. J’ai joué à l’AS Cannes quand j’étais petit mais j’étais trop jeune pour être en centre de formation. Après je suis allé au RC Grasse, le club de ma ville où je suis d’ailleurs retourné après mes deux ans et demi à Sainté. Avant de rejoindre les Verts, j’ai passé 18 mois dans le club de Canet-Rocheville.

Christian Lopez a donc joué un rôle dans ta venue à Sainté ?

Oui, il a joué un petit rôle car il était directeur sportif de Canet-Rocheville et il avait un partenariat avec l’ASSE. C’est donc en partie grâce à lui que j’ai pu aller à Sainté car tout le monde sait que c’est un glorieux ancien de la maison verte. Je sortais d’une très bonne saison en CFA2, du coup j’ai fait une semaine d’essai avec le coach Batlles. Ça s’est bien passé donc j’ai signé un premier contrat pro d’un an.

Compte tenu de ton parcours atypique, as-tu eu des difficultés à t’adapter à l’ASSE, que ce soit physiquement, tactiquement te techniquement ?

C’est surtout physiquement que j’ai eu un peu de mal. Comme je n’avais pas d’expérience en centre de formation, je n’avais pas l’habitude de m’entraîner la journée ou deux fois par jour. J’ai donc eu quelques petits pépins physiques au début, que ce soit aux adducteurs ou à la cheville. Mais on a réussi à gérer ça comme il faut avec les coachs. J’ai fait en sorte de vraiment prendre le rythme et m’adapter. Tactiquement et techniquement j’avais déjà un bon petit bagage car j’avais connu des bons coaches dans ces domaines dans mes clubs précédents.

Que retiens-tu de tes deux années et demi sous le maillot vert ?

Je ne retiens que du positif. C’est à Sainté que j’ai signé mon premier contrat pro. Un contrat d’un an qui a été prolongé de deux ans suite à ma bonne première saison avec la réserve. Je me suis entraîné pas mal de fois avec l’équipe première. J’ai beaucoup appris avec le coach Batlles car je n’ai joué que des matches en équipe réserve. J’ai appris aussi des entraîneurs de l’équipe une lors des séances d’entraînement. Je ne retiens que du positif. Après, c’est sûr que j’aurais bien aimé goûter au Chaudron mais bon… C’est comme ça.

Ton meilleur souvenir en vert ?

Le titre de N3. C’était un bon moment, une belle saison. On avait une belle génération bien chapeautée par Laurent Batlles. Je retiens aussi la fois où j’ai été retenu dans le groupe pro. Le coach Gasset m’avait retenu pour le match de Coupe de France à Troyes. Il ne m’a pas fait entrer en jeu mais ça reste une belle expérience, un bon souvenir.

Nous en gardons (pas Bernard) un moins bon souvenir car malgré le tir au but arrêté par Jessy Moulin, Sainté était passé à la trappe suite aux ratés d’Alexander Söderlund et Hernani… Qu’as-tu appris au contact des pros à l’ASSE ?

À chaque fois que je m’entraînais avec eux, c’était un vrai plaisir. J’ai progressé à leur contact, ce sont des petits détails pour nous.

Pour moi ça veut dire beaucoup. Quels sont ces petits détails ?

Même à l’entraînement, il y avait beaucoup de vice, d’intelligence dans le jeu, dans le placement et les déplacements. Tout ce qui fait que ce sont des joueurs de haut niveau en fait !

Parmi eux, quels joueurs t’ont le plus impressionné ?

Rémy Cabella et Yann M’Vila.

Ton pire souvenir en vert ?

Quand je me suis fait les croisés la 2e minute du premier match de ma deuxième saison, contre Mont-de-Marsan en N2. Cette blessure assez sérieuse a été un gros coup de frein. Alors que je sortais d’une bonne saison avec la réserve et que j’avais prolongé mon contrat pro de deux ans, je me suis retrouvé indisponible plus de 8 mois. J’ai fait une partie de ma rééducation au club et l’autre partie à Capbreton. J’ai bien bossé pendant ma convalescence, je n’avais jamais autant bossé que pendant ma blessure en fait ! Je bossais toute la journée et je suis ressorti plus fort de cette « épreuve ».

C’est peu ou prou ce qu’a déclaré Yvann Maçon lorsqu’il a subi le même type de blessure lors d’un match avec les Bleuets en octobre dernier.

Oui, j’ai suivi ça et je suis content de voir qu’il rejoue cette saison.

Comme tu t’étais blessé dès le 11 août, t’avais pu rejouer dès la fin de saison.

Oui, j’ai pu rejouer quelques matches en fin de saison pour aider l’équipe à assurer le maintien en N2.

Tu ne t’es d’ailleurs pas privé de marquer contre Saint-Pryvé Saint-Hilaire l’unique mais très précieux but de la victoire. Mais lors de tes deniers mois en vert, on a eu l’impression que tu n’avais pas retrouvé le niveau que t’avais lors de ta première saison.

Tout va très bien aujourd’hui mais c’est vrai qu’après ma blessure, il m’a quand même fallu du temps pour retrouver la plénitude de mes moyens physiques. J’ai eu du mal directement après mon retour de blessure. J’avais des petits problèmes au genou, des tendinites sur le même genou. On ne va pas se mentir, je n’étais pas encore revenu à 100% les sept ou huit mois qui ont suivi mon retour, du coup je n’avais pas le même rendement que ma première saison plutôt concluante.

Pour quelle raisons as-tu résilié ton contrat à la fin de l’année 2019, six mois avant son terme ?

J’avais compris que d’autres joueurs plus jeunes étaient passés devant moi, alors que j’avais quand même pour objectif les pros. J’ai eu une discussion avec le coach Razik, qui m’a fait comprendre qu’effectivement le club misait davantage sur d’autres joueurs plus jeunes que moi. J’avais des propositions dont une de mon ancien club Grasse qui était premier de N2 à ce moment-là avec 5 points d’avance et qui jouait la montée en National 1. Du coup, d’un commun accord avec l’ASSE, on a résilié mon contrat.

As-tu un goût d’inachevé quand tu fais le bilan de ton passage à l’ASSE ? Avant de te blesser sérieusement, tu sortais d’une première saison verte 2017-2018 très efficace. T’avais en effet claqué 14 pions (en 20 matches dont 13 titularisations). Au 21e siècle, un seul joueur a marqué plus de buts en une saison avec la réserve stéphanoise : Idriss Saadi en 2019-2010 (17 pions).

Ah je ne savais pas ! On ne saura jamais ce qui se serait passé si je ne m’étais pas blessé. Parce que mine de rien, ça a forcément freiné mon évolution. J’ai raté presque une saison entière dans l’histoire alors que je venais de faire ma meilleure saison. Sans ça j’aurais peut-être continué à progresser et eu ma chance avec les pros. Mais ça ne sert à rien de faire du foot fiction. Tu sais, peut-être qu’il me manquait encore à ce moment-là des petits trucs pour qu’on me fasse jouer en équipe première. C’est sûr que cette blessure a mis un gros coup de frein à ma progression mais ça fait partie hélas des aléas d’une carrière, ça peut arriver à tout le monde et souvent ça arrive alors que t’es en pleine bourre. On l’a vu avec Yvann Maçon que tu évoquais tout à l’heure.

Dans quel domaine as-tu progressé lors de ton passage à Sainté ?

Un petit peu dans tous les domaines. Notamment avec le coach Batlles, on a beaucoup travaillé devant le but, dos au jeu, dans les remises. À son contact j’ai forcément progressé.

L’hiver dernier, faisant notamment allusion au jeu perfectible de Charles Abi, Claude Puel a regretté que l’ASSE ne compte pas d’entraîneur des attaquants au centre de formation. As-tu ressenti ce manque ?

Au début il y avait quand même Lilian Compan, j’avais fait quelques séances avec lui. Après, c’est vrai qu’on n’a plus eu d’entraîneur spécifique des attaquants. Mais j’ai eu la chance de tomber sur un coach, Laurent Batlles, qui à défaut d’avoir été avant-centre a une vraie sensibilité de jeu portée sur l’offensive. Joueur, c’était un milieu offensif attentif aux mouvements des attaquants et à leur gestuelle, à leur sens du placement et du but. Il m’a vraiment donné de bons conseils. Maintenant, c’est sûr que c’est bien aussi d’avoir un entraîneur spécifique pour les attaquants.

On sent que tu as été positivement marqué par ta collaboration avec Laurent Batlles.

C’est sûr, j’ai aimé évoluer sous ses ordres. Il nous incitait à produire du beau jeu tout en nous demandant d’être pragmatiques quand les circonstances l’exigeaient. Parfois on ne pouvait pas faire du beau jeu car il nous manquait certains joueurs ou on jouait à l’extérieur sur un terrain compliqué ou encore on tombait contre une équipe compliquée à jouer. Mais à chaque fois, ce qu’il voulait, c’est gagner. Gagner, gagner, gagner. Quitte parfois à le faire sans la manière. On a obtenu de bons résultats avec lui, en particulier bien sûr la saison où on a fini champions et promus en N2.

Je pense qu’il a gardé cette philosophie avec Troyes. La saison dernière, en L2, cette équipe a très souvent allié le résultat à la manière. Ses équipes sont agréables à voir jouer. Plus ponctuellement il lui est arrivé de faire des résultats sans déployer un jeu particulièrement chatoyant. Il n’en demeure pas moins qu’il demande autant que faire se peut de produire du jeu. C’est ce qu’on s’est appliqué à faire dans l’équipe réserve à Sainté. Il faut dire qu’on avait les joueurs pour le faire, je trouve qu’on avait une belle équipe. On voit d’ailleurs que certains jouent en pro actuellement et se montrent à, leur avantage. C’était le jeu, le jeu.

Es-tu resté proche de certains de tes anciens coéquipiers stéphanois ?

Je suis toujours très proche de Dylan Chambost. De Léo Pétrot aussi et de Théo Vermot que j’ai vu cet été dans le sud de la France en vacances. J’ai de temps en temps des nouvelles d’autres joueurs.

Dylan Chambost était barré à Sainté mais s’éclate à l’Estac.

Je ne suis vraiment pas surpris. Déjà à l’époque où on jouait ensemble, on avait vu qu’il était bon et efficace. Il avait fini deuxième meilleur buteur et avait délivré pas mal de passes décisives, j’en ai souvent profité d’ailleurs ! Je ne suis pas étonné de le voir performer à Troyes. Il a progressé bien sûr mais c’est le même joueur qu’à l’époque. Dylan a un très bon pied gauche, il lit bien le jeu, je le trouve bon dans l’utilisation du ballon. Je suis attentivement ses matches avec Troyes. Déjà parce que c’est un ami mais aussi parce qu’il a retrouvé Laurent Batlles. Je m’intéresse également aux matches de l’Estac car évolue là-bas un attaquant qui vient de la même ville que moi, Yoann Touzghar. Il a joué plusieurs saisons au RC Grasse au début de sa carrière.

Si Dylan Chambost n'a pas eu l'opportunité de s'imposer chez les Verts en équipe première, Mahdi Camara en est devenu l'un des tauliers au point d'en être aujourd'hui le capitaine.

A l'époque où on jouait ensemble en réserve, il n'était pas encore capitaine, c'était Dylan Chambost ou Léo Pétrot qui portaient le brassard. Mais Mahdi était déjà un meneur d'hommes, il encourageait, il parlait beaucoup. Là encore, je ne suis pas surpris de son évolution. Il a fait une grosse saison avec la réserve, il a intégré petit à petit le groupe pro. Il a gratté des minutes, des entrées puis il s'est installé. On voit qu'il a la confiance du coach et des coéquipiers. Franchement, je suis très content pour lui !

T’as joué également joué avec Wesley Fofana. T’avais pressenti à l’époque que ça deviendrait si vite l’un des cadors à son poste en Premier League ?

Dès qu’il est venu s’entraîner avec nous et qu’il a fait ses premiers matches avec la réserve, on a directement vu que ça allait être un très bon, un très grand joueur. De là à dire qu’il allait s’imposer si vite comme l’un des quatre ou cinq meilleurs défenseurs de Premier League… Ce qui est sûr, c’est qu’on avait déjà remarqué qu’il avait de grandes qualités pour s’affirmer au plus haut niveau. Wesley est agressif, il va vite, il saute haut, il joue bien avec les pieds.

On n'a hélas pas eu trop le temps d’en profiter en équipe première. Tu as aussi évoulué en réserve avec pas mal de joueurs actuels de l’effectif pro de l’ASSE : Etienne Green, Steven Leleux, Lucas Gourna, Aïmen Moueffek, Baptiste Gabard, Victor Petit, Bilal Benkhedim, Charles Abi, Tyrone Tormin, Abdoulaye Sidibé, Mathys Saban. Parmi tous ces joueurs, quel est celui qui t’a le plus tapé dans l’œil ?

Aïmen Moueffek. Pour moi c’est clairement l’un des meilleurs. Après, il n’a pas eu de chance à l'époque où j'étais à Sainté, sa progression a été freinée par ses nombreuses blessures. Mais je le trouve vraiment fort dans tous les domaines : physiquement, techniquement, dans l’intelligence de jeu. Juste avant de quitter Sainté, j'ai joué aussi un ou deux matches avec Lucas Gourna, qui venait tout juste d'être surclassé en réserve. A 16 ans, il laissait déjà entrevoir un gros potentiel. Il vient à peine d'avoir 18 ans et a déjà montré de très belles choses la saison dernière en Ligue 1.

Toi qui as joué aux côtés de Charles Abi, que penses-tu de son meilleur positionnement ? Peut-il devenir un vrai buteur ?

En réalité j'ai rarement joué aux côtés de Charles. C'est arrivé, bien sûr, mais le plus souvent on se croisait : je le remplaçais ou il me remplaçait. Personnellement je pense que son meilleur poste, c'est sur un côté car il va quand même très vite. Je pense qu'avec le travail, la confiance et l'enchaînement des matches, il peut devenir un buteur plus prolifique qu'il ne l'est actuellement. Je l'espère pour lui en tout cas !

Que t’inspire la belle histoire que vit Etienne Green, devenu depuis six mois le gardien numéro un des Verts alors que très peu de monde ne misait sur lui quand il était au centre de formation ?

Etienne, c’est surtout à l’entraînement que j’ai joué avec lui. Lors des matches de championnat avec la réserve, on jouait plutôt avec Théo Vermot ou Stefan Bajic. Je suis vraiment content de ce qui arrive à Etienne, déjà parce que c’est vraiment un très bon garçon. Il ne jouait pas beaucoup mais il était toujours respectueux. Il n’exprimait jamais de colère ou de frustration malgré le fait qu’il ne jouait pas. Il a toujours été très investi à l’entraînement. J’ai été un peu surpris de le voir gardien numéro un de l’équipe première, je ne m’y attendais pas spécialement. Mais le fait est qu’il a su saisir sa chance. Il a fait d’excellents débuts, il a su continuer sur sa lancée. J’espère qu’il va rester sur cette dynamique, je lui souhaite vraiment de faire une très belle carrière.

Vingt mois après avoir quitté le Forez, quel est aujourd’hui ton rapport avec l’ASSE ? Es-tu un peu amer de n’avoir pas avoir eu ta chance en pro alors que depuis beaucoup de jeunes l’ont eue ?

Non, je n’ai aucune rancœur. Il y a eu cette blessure qui ne m’a pas aidé, c’est certain mais ce n’était pas le même coach ni la même politique qu’aujourd’hui. Il n’y avait peut-être pas les mêmes besoins. Ma première saison à Sainté, le club n’était pas très bien. J’ai fait mes premières séances d’entraînement avec les pros sous la houlette d’Oscar Garcia. Il est parti au bout de quelques mois, après le derby. C’était compliqué, ils ont d’abord mis le coach Sablé mais ça n’a pas duré. Ils ont fait venir le coach Gasset et Ghislain Printant car le club était dans la tourmente. Le projet de l’époque n’était pas du tout le même qu’aujourd’hui. Je n’ai pas d’amertume, je suis content que beaucoup de jeunes aient leur chance en équipe première dans le projet mené par Claude Puel.

De mon côté, je continue mon petit bonhomme de chemin tout en gardant un œil sur le parcours des Verts. Certes, je les suis moins qu’à l’époque où je faisais partie intégrante du club, mais je les suis encore. Tu l’as rappelé, j’ai joué en réserve avec beaucoup de joueurs qui sont actuellement en équipe première. Et je me suis entraîné avec d’autres joueurs qui sont encore au club comme Kolo ou Romain Hamouma par exemple. Du coup je continue à suivre les matches de Sainté. Quand je peux, je les regarde. La saison dernière a été un peu compliquée pour Sainté. Cette saison, je crois qu’il y a de quoi faire. Il y a une belle génération de jeunes. Il y a encore quelques anciens pour encadrer.

Tu sens bien les Verts cette saison ?

Je pense que les Verts peuvent faire une belle saison. La précédente était compliquée, mais l’équipe s’est forgée dans la difficulté et a su s’en sortir. Les jeunes joueurs ont acquis de l’expérience, ils vont continuer de progresser et ne peuvent faire qu’une meilleure saison que la précédente. J’ai vu le match des Verts à Lens, je trouve qu’ils ont montré de belles choses à Bollaert face à une belle équipe. C’est vraiment un bon match nul, j’ai suivi cette rencontre avec beaucoup de plaisir. Etienne a encore fait un bon match, il a été décisif. Et Wahbi Khazri, c’est un vrai joueur, ça reste un très bon attaquant de Ligue 1, il fait beaucoup de bien à cette équipe.

Tu as fait de ton côté beaucoup de bien au RC Grasse quand tu y es retourné après avoir quitté Sainté en décembre 2019. À l’époque, d’autres clubs ont-ils tenté de te récupérer, en National 1 par exemple ?

Y’en a qui ont essayé.

Ils ont eu des problèmes ?

Disons que ce n’était pas des projets spécialement intéressants. Certaines équipes jouaient le maintien. Il y avait Toulon, qui était je crois à 14 défaites...

Seul Grasse a trouvé grâce à tes yeux ?

Oui, c’était intéressant pour moi, pour des raisons sportives et aussi familiales. C’était une bonne opportunité pour me relancer. Ce n’était pas « je rentre chez moi, et je me la coule douce. » Je pense avoir fait l’un des meilleurs choix de ma carrière.

Et dire qu'on pensait que t'étais retourné là-bas parce que tu manquais de parfum ! C’est grâce à Grasse que tu en es là aujourd’hui, un joueur ayant disputé le week-end dernier ton premier match en pro ?

Oui, c’est en bonne partie grâce à Grasse. Je connaissais presque tous les joueurs, tout le staff, la direction. Il n’y a pas eu besoin de temps d’adaptation, ça s’est d’emblée très bien passé.

Sauf que ton retour en Grasse a été contrarié par ce fichu contexte sanitaire.

Hélas oui. Après avoir quitté l’ASSE, j’ai vite joué quelques matches. J’ai mis un doublé en mars 2020 lors de notre victoire à Saint-Priest en N2 et la saison s’est arrêté juste après car il a y a eu ce premier confinement. Rebelote la saison suivante. J’avais attaqué assez fort la saison, j’avais mis 5 buts en 7 matches mais le championnat a été arrêté en octobre 2010.

Juste le temps pour toi de fesser les vilains en mettant un des trois buts de la victoire ! Tu n'avais jamais eu l'occasion de les affronter sous le maillot vert.

Non. Quand j'étais à l'ASSE, on m'a expliqué que ça faisait déjà quelques saisons que les réserves de Sainté et de Lyon n'étaient plus dans le même groupe.

Ton championnat de N2 a brièvement repris en février 2021 juste pour un match, qui t'aura permis de marquer un 6e but, contre Jura Sud.

C'est bien ça. Entre ma blessure au genou qui m’a rendu indisponible quasiment toute une saison et ces deux années de confinement, on va dire que j’ai connu un début de carrière compliqué… C’était très frustrant car tant individuellement que collectivement, je me sentais vraiment bien. Ce qui était aussi frustrant, c’est que le N2 s’est arrêté alors que les divisions au-dessus, notamment en N1, les championnats ont pu aller jusqu’à leur terme.

Malgré ce contexte défavorable, t’as su rebondir de la plus belle des manières. T’as retrouvé le monde pro au Fortuna Sittard. T’as eu d’autres propositions avant de t’engager avec ce club de l’élite néerlandaise ?

Comme j’avais fait un très bon début de saison, pas mal de clubs de National 1 m’avaient sollicité en janvier dernier. Mais je ne sentais pas forcément que c’était le moment de partir, je ne voulais pas quitter Grasse précipitamment. J’ai eu notamment des contacts avec Avranches, Villefranche et Bourg-Péronnas. J’ai décidé de rester à Grasse. En fin de saison, j’ai eu encore d’autres clubs de National 1 qui se sont manifestés.

J’ai surtout fait un essai de quatre jours en fin de saison à Clermont. J’ai eu un retour positif, Clermont me proposait un contrat pro de 3 ans. Mais ils voulaient me prêter la première année dans un de leurs clubs satellites, l’Astria Lustenau, en D2 autrichienne. Ça ne me tentait pas de ouf ! Après avoir perdu un an avec ma blessure et deux ans avec les confinements, j’avais peur de perdre encore une année en allant là-bas. Du coup j'ai décliné la proposition de Clermont.

Et c’est là que le Fortuna Sittard s’est manifesté. Ce club te suivait déjà quand t’étais à Sainté ?

Je ne pense pas. À mon avis c’est la saison passée qu’ils m’ont repéré. Ils m’ont demandé de faire la reprise avec eux en juillet. J’avais un accord avec Grasse, j’étais venu me relancer, aider le club. J’avais l’assurance que le RC Grasse ne me bloquerait pas si j’avais l’opportunité de jouer au-dessus. Ils m’avaient laissé faire l’essai à Clermont et ils m’ont donné leur feu vert pour aller au Pays-Bas. Ça s’est super bien passé. Les entraînements se sont bien déroulé, j’ai marqué en amical. Du coup j’ai signé un contrat pro de deux ans, avec une année supplémentaire en option.

Après avoir connu longtemps connu l’infortune, tu dois kiffer le Fortuna !

Oui, je kiffe ! J’ai été super bien accueilli, je me sens épanoui. J’ai fait mes débuts en pro le week-end dernier contre Twente. Il y avait une jauge à 5 000 spectateurs mais c’est la première fois que je jouais devant autant de spectateurs.

Tu découvres ça si tard…

Si tard et au Fortuna ! (rires) A 24 ans je savoure de pouvoir enfin m’exprimer en première division. Je suis très heureux de découvrir ça. La Eredivisie n’est peut-être pas dans le top 5 en Europe mais c’est un vrai bon championnat. On va jouer contre de prestigieux clubs comme l’Ajax d’Amsterdam ou le PSV Eindhoven. Il a y un très bon niveau. J’ai été titularisé lors de la première journée contre Twente, je suis sorti dans le temps additionnel. Je n’ai pas marqué mais j’ai fait un bon match. On a gagné donc c’est parfait ! C’est pourtant Ricky Van Wolfswinkel qui avait ouvert le score mais on a su renverser la situation devant notre public.

T'as un modèle d'attaquant en Eredivisie et en dehors ?

En Eredivisie, j'apprécie beaucoup le Serbe de l'Ajax Dusan Tadic. je trouve que c'est vraiment un très grand joueur. En dehors, j'ai un modèle. Désolé, ça ne va pas te plaire car c'est un ancien Lyonnais : Karim Benzema. J'ai toujours énormément apprécié cet attaquant.

Tu découvres Sittard et les Pays-Bas. Que peux-tu nous en dire ?

C’est un petit pays par rapport à la France. Je crois que notre déplacement le plus lointain sera à 3 heures, 3 heure 30 grand max ! Mes premières impressions sont positives, les gens sont très accueillants. Dans le club, tout le monde m’a mis à l’aise. Il y a quelques francophones dans l’effectif : deux ou trois Belges, un Hollandais d’origine congolaise, un Suisse et un Luxembourgeois prêté par le FC Séville qui avait joué dans les équipes de jeunes du FC Metz. La plupart des joueurs communiquent en anglais, c’est d’ailleurs en anglais que le coach nous parle. Je me débrouille en anglais donc ça va, même si je ne suis pas encore bilingue à 100%. Quant à la ville de Sittard, je dois t’avouer que je ne savais pas trop où la situer avant qu’on m’en parle. C’est au sud du pays.

En bas des Pays-Bas, quoi !

Voilà, c’est ça ! Tu regarderas sur la carte, c’est à 5 ou 6 kilomètres de la frontière allemande et à 10 kilomètres de la frontière belge. C’est une petite ville tranquille, je crois qu’il y a un peu moins de 40 000 habitants. Je m’y plais. Je découvre une nouvelle culture, un nouveau pays. Bref, tu l’auras compris, je suis très content de mon choix ! J’ai l’impression que ça fait un an ou deux que je suis là alors que ça ne fait qu’un mois. Je pense être dans un cadre propice à mon épanouissement.

Quelles sont tes ambitions personnelles et collectives avec le Fortuna ?

Personnellement, j’espère enchaîner le maximum de matches. Je souhaite gagner durablement ma place dans l’équipe et l’aider à performer en mettant des buts et des passes décisives. D’un point de vue collectif, pourquoi pas viser l’Europe ? Ici il y a des play-offs pour jouer l’Europe donc l’objectif serait déjà de finir dans les 8 premiers de la saison régulière. La base, c'est déjà faire en sorte d'ancrer un peu plus le club dans l'élite. Cela fait juste trois ou quatre ans qu'il est remonté en Eredivisie, ne l'oublions pas ! En tout cas c'est un club qui dispose d'un bon outil de travail, on a trois terrains d'entraînement en pelouse. Tous les entraînements sont filmés, il y a de quoi de faire du travail de musculation en salle. C'est très professionnel, on dispose de bonnes infrastructures. On a un bon petit stade, j'ai bien aimé la communion avec le public le week-end dernier !

Tout ça ne vaut pas un clair de lune à Maubeuge et surtout un match à Geoffroy. T'espères avoir l'occasion d'y jouer ? Cela fait partie de tes ambitions, de ton plan de carrière ?

Franchement, avec tout ce qui s'est passé pour moi ces dernières années, je n'ai pas vraiment de plan de carrière. J'espère pouvoir passer les échelons et jouer au plus haut niveau le plus longtemps possible. Bien sûr, ça me ferait plaisir de jouer à Geoffroy-Guichard. C'est un grand stade et j'ai envie de jouer dans beaucoup de grands stades. En plus moi j'ai une histoire avec ce club. Pourquoi pas revenir et jouer dans le Chaudron, avec ou contre Sainté ? A défaut d'avoir joué à Geoffroy-Guichard, j'y ai vu pas mal de matches. L'ambiance est incroyable avec les deux kops. Le stade est souvent plein et il y a toujours de la ferveur. Quelle que soit la période de l'année et quel que soit le match, il y a toujours une super ambiance. C'est ça qui est fort !

 

Merci à Samy pour sa disponibilité