C'était un match qu'il ne fallait surtout pas perdre, et les Verts l'ont même emporté, faisant ainsi un énorme pas vers le maintien...


Une défaite à Nîmes aurait placé l'ASSE à seulement un point devant la 17e et 18e place du championnat, donc avec une grosse pression pour le reste de la saison. La victoire leur offre un matelas très confortable par rapport à la zone rouge et l'enjeu du match a mis son empreinte sur la physionomie du match. Comme le souligne d'ailleurs Claude Puel qui rappelle aussi les difficultés rencontrées avant le match : "on perd Moulin la veille du match, puis Nordin à l'échauffement. Ce sont plein de choses qu'on ne peut pas maîtriser (...) les deux équipes étaient un peu timorées dans le jeu au départ".
 
Mais ce sont bien ses protégés qui ont fini par maîtriser les débats et qui ont logiquement gagné : "on a essayé d'évoluer bien en bloc, de les attendre puis de jouer proprement dès la récupération. Ce sont des matches qui peuvent se jouer sur pas grand-chose. Il faut garder la maîtrise". Voici quelques exemples.

 

Profiter du jeu long nîmois

Pour ce match, le staff stéphanois a fait le choix d'un 4-1-4-1 avec une défense classique Debuchy - Moukoudi - Cissé - Trauco, devant un gardien qui faisait ses débuts, Etienne Green :
 
 
Si c'était une titularisation forcée par les blessures de Moulin et Bajic, le choix d'aligner Khazri en avant-centre, Abi en ailier gauche et Aouchiche en milieu relayeur était tactique.
 
On le savait, l'animation offensive nîmoise se fait à partir des longs ballons avec des milieux qui imposent un duel physique pour les récupérer dès la retombée. Et les Verts ont su la déjouer, comme par exemple cette action après un quart d'heure de jeu :
 
 
Long dégagement du gardien, repoussé de la tête par Cissé. Camara est à la lutte, le ballon rebondit dans un petit périmètre et arrive finalement dans les pieds d'Aouchiche. Qui joue en arrière...

 
... avec Cissé, qui lance Neyou. Le milieu stéphanois a du champ libre devant lui, plusieurs Nîmois étant haut pour récupérer le ballon. Il monte et sert Khazri à gauche...

 
... mais l'attaquant temporise et joue en arrière avec Camara, n'ayant pas vraiment des solutions devant. Les Verts commencent donc à construire proprement :

 
Camara, Aouchiche et les deux défenseurs centraux se passent le ballon, les trois offensifs sont dans la défense adverse, avec Abi qui décroche avant d'y retourner. Un milieu nîmois sort pour presser Aouchiche et les deux ailiers resserrent pour couvrir Neyou et Abi. Ce qui laisse les couloirs pour les latéraux stéphanois, dont notamment Trauco à gauche qui commence à sprinter dès que le ballon arrive dans les pieds de Cissé. Qui le trouve parfaitement...

 
... et le décalage est fait. Même si les Verts ne sont pas en surnombre, les adversaires doivent défendre en reculant, ce qui est moins évident. Et Abi profite pour se projeter et manquer de quelques centimètres le bon centre de Trauco.
 
Un autre exemple commence 6 minutes plus tard avec un autre dégagement du gardien nîmois et de nouveau un duel gagné par Cissé :

 
Neyou est présent sur le deuxième ballon et joue avec Moukoudi, qui joue en arrière avec son gardien. Les Nîmois montent haut pour récupérer la balle, et ça leur est fatal :
 
 
La défense est quasiment sur la ligne médiane et Cissé trouve avec un ballon en profondeur la course d'Abi. Qui temporise et attend le soutien de Khazri...


... qui est tout seul. 4 Nîmois défendent contre les 3 offensifs stéphanois, mais la sentinelle adverse est trop loin et Khazri peut ajuster sa frappe, pour l'ouverture du score.
 
Ce but a tout changé dans la physionomie du match, les Verts abandonnant ensuite la possession. Elle était de 65% pour l'ASSE jusqu'à l'ouverture du score, elle a été de seulement 41% pour le reste du match.
 
 

Le pressing de Camara

Menant au score, les Stéphanois ont donc fait le choix d'attendre et de profiter au maximum des phases de transition, dès ballons récupérés haut grâce au pressing. Voici quelques exemples :
 
 
A la 41e, les Nîmois se passent le ballon latéralement quand Bouanga, suivi par Aouchiche, déclenche un pressing. Ça oblige leurs adversaires à reculer un peu, et quand ils jouent de nouveau vers l'avant...

 
... c'est Camara qui surgit et récupère le ballon. Il le donne à Aouchiche, qui monte balle au pied, avant de servir le même Camara...

 
... qui voit sa frappe détournée en corner. Ce corner est finalement capté par le gardien et les Nîmois construisent une nouvelle attaque :

 
Un défenseur central essaie de monter avec le ballon, Khazri l'empêche, le jeu est envoyé au latéral gauche, attaqué par Abi. Il essaye de sortir de cette zone...

 
... et Camara lit parfaitement le jeu, démarrant son sprint avant même que le ballon quitte les pieds adverses. Il se présente à l'entrée de la surface...

 
... où il est fauché par une faute grossière de la sentinelle nîmoise. Comme le ballon arrive dans les pieds de Khazri, l'arbitre laisse avantage, mais qui ne profite pas à l'attaquant stéphanois.
 
Un autre exemple du pressing stéphanois est visible après la pause, à la 50e minute, avec Aouchiche qui sort de la ligne pour attaquer la sentinelle nîmoise :
 
 
Le jeu est envoyé à droite, puis de retour dans la défense, et Camara lit de nouveau bien et démarre son sprint au bon moment :

 
Sous son pressing, le central adverse n'a d'autre choix que de jouer en arrière avec son gardien. L'effort de Camara a été accompagné par Abi (placé en avant-centre sur cette action) et Aouchiche...

 
... et le défenseur central reçoit de nouveau le ballon, avec toujours Camara sur son dos. Il faut noter que ce pressing sur les centraux nîmois était porté par l'avant-centre et les deux milieux relayeurs, pendant que les deux excentrés (Khazri et Bouanga sur cette action) étaient restés plus bas. Le défenseur adverse finit par dégager n'importe comment...

 
... et Debuchy surgit pour récupérer la possession. Les Verts calment ensuite le jeu et construisent proprement une attaque qui ne donne rien.
 
Par contre, un quart d'heure plus tard, ils profitent mieux d'un ballon obtenu dans la moitié adverse. Tout part d'une touche stéphanoise...

 
... et un ballon perdu par Aouchiche dans la surface. Les Nîmois sortent le ballon et peuvent partir en contre, un exercice dans lequel ils excellent. Mais c'est sans compter sur Camara...

 
... qui coupe la montée nîmoise en interceptant une passe. Un petit une-deux plus avec Aouchiche plus tard lui permet de sortir d'une zone dense...

 
... et de servir Bouanga, qui a le temps et la place pour préparer une frappe de loin. Le but du 2-0, qui plie le match.

Sur cette dernière action on a pu apercevoir plusieurs joueurs stéphanois entrés en jeu. 3 changements après une heure de jeu, 2 autres dans les 10 dernières minutes, mais toujours du poste pour poste, avec un système 4-1-4-1 toujours bien en place :
 
 
Si les 4 de derrière n'ont pas bougé, sur les 6 autres joueurs de champ, tous ont été changés pour apporter de la fraîcheur, sauf un. Camara.
 
 

Conclusions

Cette victoire n'est pas forcément un match référence pour les Verts, mais elle fait énormément de bien et elle restera bien sûr un superbe souvenir pour le jeune Etienne Green, qui a parfaitement réussi ses débuts en pro. Les protégés de Claude Puel ont très bien répondu au défi imposé par leurs adversaires, ils ont été présents dans le combat, ils ont tenu bon au milieu du terrain, où ils ont gagné les ballons nécessaires pour déséquilibrer ensuite le bloc adverse. Soit en utilisant les espaces laissés par les milieux nîmois qui essayaient d'être présents sur les deuxièmes ballons, soit en profitant du pressing haut pour récupérer la possession dans la moitié adverse. Et avec une efficacité retrouvée, cette victoire met la zone rouge loin derrière et permettra peut-être aux Stéphanois de connaître une fin de saison plus sereine que les derniers mois...