Double buteur contre les Verts lundi soir avec Pau après un an sans jouer, Henri Saivet est un joueur nouveau . Avec Poteaux-Carrés, il est revenu sur son bon début de saison, son année en prêt à Saint-Etienne et la confrontation entre ses deux anciens clubs samedi à Geoffroy-Guichard.


Henri, tu viens de nous mettre un joli coup sur le crâne dis donc ! Deux buts lundi soir, raconte-nous un peu ces deux coups francs.

C'est un exercice que j'aime bien et que je travaille pas mal à l'entraînement. J'ai un peu de réussite en ce moment, je tire bien, je cadre !

Et tu marques ! Sur le premier, ce n'est pas si simple que ça, à 18m des buts avec un gardien qui vient d'entrer en jeu ...

Sur le premier, il passe bien par-dessus le mur et sur le deuxième, j'ai un peu de chance que le mur se désunisse. Le gardien ne peut pas s'attendre à ce que le ballon passe entre les joueurs donc c'est plus difficile pour lui car il n'a pas le temps de réagir. Et c'est aussi dur sur le premier, parce que le gardien ne voit pas le départ du ballon. Ce coup franc, on peut penser qu'il est plutôt pour un gaucher, donc quand je frappe pied droit, la trajectoire n'est pas celle à laquelle on s'attend. Il ne faut pas incriminer le gardien, je mets les mêmes à mes gardiens à l'entraînement (rires) ! C'est difficile comme ça aux abords de la surface, il y a du monde qui te cache le ballon, le gardien n'a pas beaucoup de temps pour réagir et en plus Matthieu était entré en jeu il y a 30 secondes, donc ça ne facilite rien.

C'est déjà ton troisième coup-franc direct depuis le début de la saison, après celui inscrit à Caen.

Ouais, c'est pas mal, j'espère en inscrire encore plus parce que c'est mon petit objectif personnel. Je sais que je suis capable d'en mettre donc je dois encore plus travailler, perfectionner le geste. Il faut être régulier dans cet exercice car tu n'as pas 10 occasions en match. A l'entraînement, tu peux en tirer 15 pour atteindre la perfection du geste mais en match il faut que ce soit parfait sur le seul coup-franc que tu vas avoir.



Ca a toujours été ton truc les coups de pied arrêtés ?

Oui j'ai toujours apprécié l'exercice. Chez les jeunes, j'ai mis beaucoup de coups francs, en pro aussi. Il y a beaucoup de travail derrière et l'année dernière, vu que je n'avais pas de club, j'ai pu encore plus travailler cet exercice. Il faut dire que j'avais du temps !

Justement, comment tu t'es maintenu la saison dernière sans club ? Souvent, les joueurs qui sont dans cette situation disent que c'est difficile de se motiver et surtout, que rien ne remplace la compétition. Tu en fais la même analyse ?

C'était une année compliquée. Le manque d'infrastructures, ça se sent. Quand tu travailles avec un préparateur physique, c'est surtout bien dans un premier temps, pour reprendre un peu le rythme, pour travailler les appuis avec le ballon. Mais il te manque la présence d'un groupe. On a besoin de trouver des repères sur le terrain, et ça, tu ne peux pas l'avoir quand tu t'entraînes seul. Pour ma part, ça a été dur ! Parfois, tu dois t'entraîner mais la motivation n'y est plus. Tu te dis que personne ne veut faire appel à toi, et quand des clubs s'intéressent à toi, ils sont réticents parce que tu n'as pas joué depuis longtemps, ils se questionnent. La vérité, c'est que tu doutes. Tu doutes de tes qualités, tu doutes de tout ! C'est la passion pour le foot, l'amour pour ce sport qui m'a fait tenir. Si je n'avais pas cette passion, cette envie de revenir encore plus fort, je pense que j'aurais lâché. Ce n'était pas évident.

Mais ce break m'a aussi permis de voir autre chose, de relâcher un peu, de faire des choses que j'aime en dehors du foot. J'aime beaucoup le basket par exemple, donc je suis parti à Los Angeles avec des amis. Je me suis un peu évadé pour oublier tout ça. Et c'est ça qui m'a permis de revenir plus fort car s'entraîner tout seul, c'est très difficile.

Après ta dernière saison avec Newcastle (2020-2021), tu n'as eu aucun contact pour rebondir dans un club ?

C'était un peu le désert ! Je ne voulais pas aller dans le Golfe parce que je voulais être compétitif. Je voulais rester en Europe, montrer que je pouvais rendre service, que je pouvais jouer. J'ai eu des propositions en Turquie, mais je ne voulais pas retourner dans ce pays. J'avais eu une mauvaise expérience on va dire avec des salaires non payés, donc ça ne m'intéressait pas. J'ai eu quelques contacts avec certains clubs mais finalement ça ne s'est pas matérialisé. Certains clubs préféraient des profils plus jeunes pour faire du trading.

Et comment ça s'est fait avec Pau ?

J'ai un ami qui s'occupait d'un joueur qui était prêté à Pau la saison passée. On s'est dit pourquoi pas tenter l'aventure là-bas. J'ai eu un contact avec Didier Tholot, mais le club n'était pas encore maintenu. Il m'a dit que si le club remplissait cet objectif, on en reparlerait. J'ai été voir l'équipe jouer à domicile et la démarche de venir jusqu'à eux, ça a prouvé au coach que j'étais vraiment motivé. Je me suis donc entraîné avec eux les dernières semaines avant la fin de saison, histoire de voir mon état physique. Et au bout de quelques jours, on s'est parlé et on s'est dit que c'était un bon pari pour tout le monde. Le club a regardé ce qu'il pouvait me proposer. Je crois qu'ils devaient penser que j'allais demander un gros salaire vu que je venais d'Angleterre ! Mais en fait pas du tout, j'ai dit : "je veux juste jouer au football, peu importe la proposition que vous me faites, je l'accepterai !" Donc ça s'est fait super vite, j'ai signé mon contrat fin mai ! Cet été, on a travaillé correctement, en mettant en place des protocoles pour que je puisse reprendre petit à petit et c'est en train de payer ! Je remercie le staff parce qu'ils m'ont laissé le temps de bien m'acclimater, de bien revenir à mon niveau.

On a retrouvé le Henri Saivet des meilleures années ?

Je ne suis pas encore à 100% sur le plan physique, c'est sûr et certain. Et c'est ça qui conditionne tout. J'ai des petites douleurs, parce que ça fait longtemps que je n'ai pas joué et la compétition, ce n'est pas pareil que de s'entraîner dans son coin. Mais je me sens de mieux en mieux. Après, sur le plan du football, ce n'est pas quelque chose qu'on perd ! Ca revient très vite. C'est le physique qui met du temps à revenir !

Est-ce que ton expérience en Angleterre te laisse des regrets ? Tu referais le choix de Newcastle aujourd'hui ?

Je ne regrette pas car ça m'a ouvert les portes de l'Angleterre. Et c'est aussi grâce à ce transfert que j'ai pu découvrir Saint-Etienne, mais aussi un autre football en Turquie. Sincèrement, je n'ai pas de regret. Le seul petit regret, c'est de ne pas avoir terminé la saison 2015-2016 avec Bordeaux (il a été transféré en Angleterre au mercato d'hiver 2016, ndp2) mais à cet âge-là, je pense que je ferai le même choix. En plus, cela a permis aux Girondins de rentrer de l'argent dans les caisses grâce à mon transfert (estimé à 6,5M€, ndp2). C'est mon club formateur donc leur permettre de recevoir une somme d'argent, c'est gratifiant aussi.

Et six mois après ce transfert, tu es prêté à Saint-Etienne, raconte nous un peu comment ça s'est fait ?

Sainté, pour moi c'est un club un peu comme Bordeaux. Un club familial avec des supporters incroyables, encore plus à Sainté qu'à Bordeaux, on ne va pas se mentir ! La ferveur au sein du club est incroyable. C'était un prêt d'une saison qui s'est fait grâce à René Lobello qui était dans le staff de Christophe Galtier. Et je le connaissais de Bordeaux où il travaillait avec Francis Gillot. Newcastle ne voulait pas d'un transfert ou même d'un prêt avec option d'achat. Ensuite, j'ai eu l'entraîneur au téléphone, on a parlé de mon positionnement, ça s'est fait assez vite.

Quels souvenirs gardes-tu de cette saison ?

C'était une saison mitigée. Au vu de la qualité de l'effectif, on aurait pu faire mieux. On était en Europa League, on a joué le grand Manchester United qui gagne la compétition d'ailleurs, donc pas de regrets. Mais en L1, on aurait dû faire mieux. Après, on a eu beaucoup de blessés. Je me souviens d'un match où trois joueurs se blessent après 30 minutes (à Nantes en septembre 2016, Florentin Pogba, Fabien Lemoine et Loïc Perrin se sont blessés, Kévin Malcuit a été expulsé mais les Verts ont tenu le match nul 0-0, ndp2) C'était difficile d'avoir de la continuité dans l'équipe. A titre personnel, j'ai vécu la CAN donc je suis revenu en début d'année avec un peu de fatigue.



Et c'était aussi la fin de la période Galtier, comment vous l'avez vécu dans le vestiaire ?

Je pense que le coach avait besoin de ce break après autant d'années à la tête de Sainté. Il devait repartir sur un nouveau projet, il était au bout de son mandat. Ca a été très compliqué après le match de Manchester. Je ne dirai pas qu'il y a eu du relâchement mais l'annonce de son départ a eu un impact. Savoir que le coach ne serait pas là la saison suivante, ça nous a touché. Après, c'était à nous de faire des bonnes performances sur le terrain. On n'a pas réussi à être assez consistants sur la durée. C'était une année compliquée.

Tu imaginais Christophe Galtier accéder à un poste comme celui qu'il occupe actuellement, entraîneur du PSG ?

C'est difficile à dire. C'est un coach qui a une belle trajectoire. Son break après Sainté lui a fait du bien et il est reparti sur de bonnes bases à Lille puis à Nice même si c'était plus court. Ensuite, quand le PSG t'appelle ... forcément tu écoutes ! Je pense que c'est mérité, c'est le meilleur entraîneur français actuel. Et c'est bien que le PSG soit entraîné par un français. En Europe, beaucoup de clubs sont entraînés par des nationaux, en Angleterre, en Allemagne ... c'est bien qu'un Français entraîne la meilleure équipe française. Et c'est mérité au vu du travail accompli ces dernières années.

Un travail dont Sainté n'a pas su récolter les fruits puisque le club est aujourd'hui en L2. Tu t'attendais à voir ce club descendre ?

Non, je n'aurais pas pu le croire il y a quelques années. Si on m'avait dit que Sainté et Bordeaux seraient en L2, je n'y aurais pas cru ! Ca montre que le foot ne se joue pas que sur le terrain aussi. Il suffit parfois d'un mauvais management, d'un contexte hors terrain ... et ça amène à ces conséquences là. Je suis attristé de voir ces clubs en Ligue 2.

Ca doit te faire encore un plus gros pincement au cœur pour Bordeaux qui est ton club formateur.

Oui, je suis arrivé là-bas à 11 ans, j'en suis reparti à 25 ! J'ai passé la moitié de ma vie à Bordeaux, donc je suis triste. Quand on côtoie des gens qui sont là depuis des années, certains sont arrivés avant moi au club, et là tu les vois en larmes, tristes ... ils risquaient de perdre leur emploi et même de voir disparaître l'institution, ça m'a fait vraiment mal. Même avant de signer aux Girondins, j'étais fan de ce club donc parfois je parle comme un fan ! Certains pensent que parce que je suis un joueur, je n'en ai rien à faire, mais c'est faux. J'ai été formé ici, c'est mon club, donc j'ai été attristé de tout ce qui s'est passé cet été.

Tu suis un peu les parcours des deux clubs depuis le début de saison, Bordeaux en haut et Sainté encore tout en bas ...

Oui, je regarde attentivement les deux clubs. Lundi j'ai pu revoir des visages familiers à Sainté, ça m'a fait plaisir. Loïc Perrin par exemple ou certains membres du staff, j'étais content de les revoir. Sainté n'a pas de chance de débuter avec -3 points en début de saison, ça complexifie la tâche dans un championnat avec 4 descentes et seulement 2 montées. Les Verts ont mal commencé mais l'effectif est au complet ça y est, ils retrouvent de la confiance et je pense qu'ils vont remonter dans le haut du classement. S'ils arrivaient à remonter en L1, ce serait logique car ils ont une bonne équipe. Mais la L2, c'est la bagarre ! Il faudra se battre du début à la fin. De leur côté, Bordeaux a bien débuté donc ça peut leur donner de la confiance. C'est plus facile de travailler dans ces conditions. David Guion était déjà là la saison passée, il connaît le club, c'est mieux de pouvoir travailler sur ces bases, mais le championnat est long ! J'espère qu'ils maintiendront le rythme mais parfois après une série positive, des doutes peuvent s'installer. Ca sera compliqué de remonter directement. C'est l'équipe la plus régulière qui sera récompensée à la fin de saison.

Tu vas regarder avec attention le match samedi après-midi j'imagine !

Oui, ce sera l'heure de la sieste mais je vais en suivre une partie ! Je vais suivre Sainté car ils sont dans notre zone en ce moment. Mais, pour nous, le plus important c'est notre prestation à Laval. On vise le maintien le plus vite possible. Il y a de la qualité dans notre équipe. On se trouve une âme. Il y a eu 13-14 arrivées, la moitié d'un effectif ! On continue de travailler pour trouver des certitudes dans le jeu.

Un petit prono pour samedi ?

Je vais dire 1-1 comme ça, on reste pas très loin de Sainté ! Et puis comme ça, je ne me mouille pas avec ce résultat où chaque équipe prend un point (rires) !

Merci à Henri pour sa disponibilité !