Dans son édition d'aujourd'hui, The New European, hebdomadaire britannique pro UE, on l'aura compris, met les Verts à l'honneur, en faisant un condensé de l'histoire des Verts sous la plume de Neil Fredrick Jensen. Le titre de l'article "Saint-Étienne - le club culte face à un défi de taille pour raviver les anciennes gloires" évoque évidemment une certaine nostalgie  Extraits.

"Pourtant, la plupart des gens auraient du mal à mettre une épingle sur la carte et à repérer Saint-Étienne. C’est un nom synonyme de l’industrie française du cycle, qui a souvent été une étape du Tour de France et qui était autrefois une grande région d’extraction du charbon. Mais si la justice avait été faite, cette ville provinciale de 170 000 habitants aurait été le foyer des champions européens. Le club, surnommé affectueusement Les Verts a été très près de remporter la Coupe d’Europe en 1976."

"Le style de Saint-Étienne s'est inspiré des grandes équipes hollandaises et allemandes de l’époque, basé sur un football avec une certaine joie de vivre".

"L'embauche d'Albert Batteux, le cerveau de l'équipe de Reims dans les années 1950 et de l'équipe de France de la Coupe du monde 1958 a été déterminante. Batteux a introduit un style offensif et Les Verts ont remporté quatre titres de Ligue 1 successifs entre 1967 et 1970. L’académie de jeunes du club, qui a vu le jour en France à la fin des années 60 et dans les années 70, est un autre élément important." 

"Saint-Étienne a également été l'un des premiers clubs à tirer profit de l'arrivée en France d'anciens membres des colonies et, en 1967, a signé Salif Keïta, un attaquant malien. C'était un geste controversé, mais inspiré, de Batteux qui a porté ses fruits."

"Le leader sur le terrain de l’équipe était toutefois Robert Herbin, un joueur comparé à Billy Bremner de Leeds United. Reconnaissable pour ses cheveux rouges crépus, Herbin était un milieu de terrain international  qui a été replacé en défense par Batteux. En 1972, Herbin, un grand élève du maître, est devenu l’un des plus jeunes entraîneurs de football lorsque son mentor s’est retiré."

"Herbin, qui n'avait que 33 ans, a opté pour un style comparable à celui des Pays-Bas et de l'Allemagne. C’était dans l’esprit du «football total» mais avec un peu de prudence - en d’autres termes, une adaptation plus prudente."

"L’équipe de Herbin c'était une solide défense, notamment le gardien de but olympique yougoslave Ivan Curkovic, Lopez et l’Argentin Osvaldo Piazza. En milieu de terrain, ils avaient du muscle sous la forme de Dominique Bathenay, tandis que les frères Revelli, Patrick et Hervé, étaient en première ligne."

"Saint-Étienne est devenu le premier club français à accéder au pays via le petit écran. Leurs exploits européens ont été vus avec impatience à la télévision par un pays avide de succès sportif. Et en 1975-76, ils avaient un joueur sur mesure pour ce type d'exposition en la personne de Dominique Rocheteau."

"A seulement 20 ans, il avait l’apparence et le panache d’une idole des jeunes et la virtuosité qui lui a valu l’étiquette de "le George Best français". Rocheteau était un joueur gracieux qui combinait allure, dribble et équilibre. Son surnom était aussi élégant que son style, L’Ange Vert. Hors du terrain, il était peu orthodoxe pour un joueur de son temps, passionné d'art et de musique rock, notamment le groupe américain The Eagles."

"En 1975-76, Rocheteau a joué un rôle important à Saint-Étienne en atteignant la finale de la Coupe d’Europe à Glasgow pour affronter les vainqueurs des deux finales précédentes, le Bayern Munich." 

"Un an plus tard, ils rencontrent Liverpool dans un épique match de Coupe d'Europe. Au final, Liverpool s'est imposé 3-2 sur l'ensemble des deux matches, mais les Verts ont gagné de nombreux amis pour leur performance. Ce n’est qu’en 1981 qu’ils seront à nouveau à la tête du football français, date à laquelle ils font signer l’excellent Platini de Nancy." 

"Cette belle période est passée et en 1982, le club a sombré dans un scandale financier. Herbin est passé à Lyon en 1983 et Les Verts ont subi la première des trois relégations en 1984. Ils ont également chuté en 1996 et 2001, mais ont été promus en Ligue 1 en 2004. Depuis, Saint-Étienne a eu du mal à retrouver sa gloire passée. Bien que les six dernières saisons les aient vues régulièrement dans le top six de la Ligue 1." 

"En 2017-18, le club a eu trois entraîneurs. Óscar Garcia a été nommé en juin 2017 mais a été libéré en novembre 2017 après une série de résultats médiocres. Julien Sablé lui a succédé mais on a découvert qu'il manquait les qualifications nécessaires et il a été limogé après seulement quelques semaines. Le club a été condamné à 25 000 euros d'amende pour chaque match qu'il dirigeait. Et en décembre 2017, le vétéran Jean-Louis Gasset s'est vu confier le poste et a porté Saint-Étienne dans le top cinq. Garcia a été licencié car il n'a pas apprécié l'énormité du travail à Saint-Étienne. La question est de savoir si ce géant unique peut remonter au sommet du football français. C’est un défi de taille pour le club qui a séduit les fans de football européens. «Allez Les Verts», comme on dit dans la rue Paul et Pierre Guichard."