Nanard a refait le match

04/04/2020
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Vous avez raté la neuvième intervention médiatique de Bernard Caïazzo depuis que le Covid-19 a frappé en France ? C'était la plus longue ce soir sur RTL dans "On refait le match". Nous avons retranscrit les propos du coprésident de l'ASSE.

"Premièrement, la première chose qu’il faut dire, c’est qu’il n’y a rien, rien, rien qui passe avant la santé. Rien ! Aujourd’hui, je pense que ceux qui n’ont pas conscience de ça se trompent complètement. A un moment donné, le ministère des sports a commencé à dire « peut-être on peut commencer dans des entraînements fermés, confinés. » Ils sont complètement revenus là-dessus et ça, ça s’appelle la fausse bonne idée. C’est une très mauvaise idée pour une raison simple : quand vous aurez des joueurs ou des sportifs qui pendant des semaines auront été confinés, vous croyez qu’ils seront parfaitement sécurisés pour se retrouver dans un centre d’entraînement encore confiné tous ensemble, avec leur famille chez eux qui se poseront la question de ce qui peut leur arriver ? Sur le plan psychologique, ce serait une catastrophe. Toutes ces mesures-là, toutes ces idées, à un moment donné on peut comprendre que non. On est face à une guerre bactériologique. On est face à une situation qui est grave pour le monde entier. A partir de là, priorité à la santé !

La date de reprise, c’est le virus qui décidera. Vous ne savez pas, personne ne sait. On ne sait pas ce qui peut se passer. Qu’est-ce qu’a fait l’UEFA ? Elle a mis une date butoir, le 3 août, en disant que si les compétitions ne sont pas terminées à cette date-là, on considérera que les championnats sont terminés. Ils avaient dit au 30 juin, ils sont passés au 3 août. Est-ce qu’ils vont aller plus loin après ? Je ne sais pas. Eux ce qu’ils veulent c’est jouer au plus tard les matches d’Europa et de Champions League en août. N’oublions pas que ça représente trois milliards. Ils ont lâché l’Euro mais ils ne vont pas tout lâcher, ce serait une catastrophe économique pour eux.

Moi je n’ai pas ce raisonnement-là. Moi c’est le football français, c’est Première Ligue que je préside avec 90% de l’économie du football français. Nous on n’a pas ce raisonnement, on travaille sur différents scénarios sans se dire « ah ben c’est celui-là, non c’est celui-ci. » Tous ceux qui disent il faut arrêter net… Non, non ! Ce n’est pas des bons raisonnements. Le bon raisonnement, c’est d’être pragmatique. On va voir au 15-20 avril comment les choses vont évoluer. A partir de là, il faudra se préparer en conséquence mais n’oublions pas qu’il faudra avoir une préparation psychologique, pas que physique. Vous ne pouvez pas avoir que des garçons qui ont passé six semaines en confinement et qui vont se retrouver ensuite comme par hasard sur un terrain même avec une bonne préparation athlétique le mieux possible.

Moi ce que je dis c’est que s’il faut finir au plus tard au 3 août, il faut redémarrer le championnat autour du 25 juin. Si la santé le permet – je rappelle que c’est la priorité des priorités – je ne sais pas, mais parfois je doute (sic) , mais je suis pour terminer le championnat. Je suis pour le terminer ne serait-ce que parce que la Coupe de France ce n’est pas du tout une question de business, ça ne rapporte rien. Mais moi, la Coupe de France, si c’est pour la jouer à huis clos, je le dis tout de suite, ça n’a plus du tout la même saveur. C’est le rêve du peuple vert. Cette finale, vous pouvez la jouer en août ou en septembre.

Pensez-bien à quelque chose : il n’y a rien de plus important que la santé. On ne prendra aucun risque vis-à-vis de ça, vis-à-vis des joueurs, des spectateurs. Ça c’est le postulat numéro un. Moi je regrette le football d’avant, on n’était pas orienté business comme aujourd’hui. Aujourd’hui c’est trop. Moi je dis : "qu’est qu’on veut ? Que les joueurs internationaux aient dix Ferrari plutôt que neuf ?" Cela ne sert à rien, c’est une course qui est stupide ! Pour moi le football prend aujourd’hui un avertissement. Il faut tout redescendre d’un cran, il faut revenir à des choses plus raisonnables. La course à l’armement à laquelle se livrent les gros clubs ayant plusieurs centaines de millions d’euros de budget voire un milliard, à un moment donné, ça ne peut plus durer. Il faut plus de concertation, imaginer des salaires cassés, imaginer une économie différente, imaginer le vrai football.

Moi je me suis régalé dans les années 80, 85, 90, 95. Je me régale beaucoup moins aujourd’hui. Moi j’aimais un football qui était pur. Je suis le foot depuis que j’ai 6 ans, j’ai une bonne mémoire, vous pouvez me poser toutes les questions sur l’histoire du football. Moi je vais vous dire : il y avait Nicollin, Pape Diouf et moi, à l’époque où nous étions au conseil d’administration de la Ligue, on s’amusait à se poser des colles sur le foot lors des déjeuners. On a une connaissance de l’histoire du foot. Je sais qui c'est Bruneton, je sais qui c'est Rustichelli, je sais qui sait Abossolo. Moi je suis un passionné du football, et j’ai mal à mon football quand je vois que ça part dans une direction où à Saint-Etienne, on n’a pratiquement aucune chance par rapport à notre niveau budgétaire. Il y a des gens qui ont des budgets, six, huit, dix fois supérieurs !

Est-ce que je vais demander à mes joueurs de baisser leur salaire ? Cela dépend de quand se fera la reprise. Aujourd’hui vous êtes dans une situation où vous avez des charges alors qu’en face vous n’avez aucune recette. Si vous êtes encore dans cette situation en septembre, quelle entreprise peut tenir ? C’est comme si vous perdiez votre sang. Peut-être que vous en perdez peu, mais un jour, si vous ne faites rien, peut-être que vous aurez perdu tout votre sang et vous finirez par mourir.

Moi je crois qu’aujourd’hui, le tissu économique français… Vous savez ce qui passe : 228 000 entreprises ont demandé l’aide de l’Etat à travers les aides qui sont accordées. La situation est très difficile. Aujourd’hui dans le foot on est à l’arrêt. Moi j’ai bien aimé la phrase du président de la Bundesliga qui a dit : « Notre produit n’existe plus, nous n’existons plus. » C’est la vérité. Moi, ce n’est pas tellement cette saison que je crains dans le football français car on trouvera des solutions, même si on ne reprend pas le championnat.

Moi je crains la saison d’après. Qu’est-ce qui va se passer au niveau du tissu économique français qui aura pris trois ou quatre mois d’une situation très difficile. Aujourd’hui vous avez des partenaires, vous avez des loges, vous avec des trucs, vous avez des entreprises… Que va-t-il se passer. Ensuite il y a le sujet du mercato, surtout si nos voisins n’ont pas repris. Eux ce sont plutôt les clubs acheteurs, nous en France on est plutôt les clubs vendeurs. S’ils n’ont pas repris, dans quelle économie seront-ils ? Combien, quelle disponibilité en termes de mercato auront-ils, sachant que nos clubs sont plutôt vendeurs ?

Bon, nous on est le seul club français qui depuis dix ans n’a jamais perdu d’argent. Alors les leçons de gestion à l’ASSE… J’ai lu des trucs à droite ou à gauche. Je n’en veux pas aux journalistes sportifs, ils ne peuvent pas être des spécialistes en économie. C’est comme si on demandait à Xavier Thuilot d’entraîner et à Claude Puel de s’occuper des finances. Ça va quoi ! Tous les clubs sont concernés par le mercato, comme l’OL qui vend pour cent millions d’euros par an. L’OM, le LOSC… tous les clubs sont concernés, même ceux de Ligue 2 !

On est mal classés ? Ecoutez, il faut laisser Claude Puel avec son expérience. On a une équipe de jeunes formidables. Ils ont gagné la Gambardella la saison dernière, ils sont en train de monter en puissance. Moi les dernières discussions que j’ai eues avec Claude, m’avait dit… « Ecoute, on est en train avec l’effet Coupe de France d’avoir une énorme motivation des joueurs ». Il m’avait dit : « les entraînements se passent le mieux du monde, l’équipe monte en puissance, sois très confiant pour la suite de la saison. » Moi je ne suis pas gêné, je n’ai jamais eu peur de quoi que ce soit. Le grand regret c’est si on ne joue pas cette finale de Coupe de France et surtout si on ne la joue pas en présence de nos supporters.

S’il faut arrêter le football pour des raisons de santé, il faut l’arrêter. Si les chose se remettent, on reprend. Mais moi aujourd’hui je pense aux personnes qui sont en maison de retraite à l’isolement. Eux ils n’ont pas le coronavirus mais vous savez quel virus ils ont ? Le virus de la solitude. Ils ne peuvent pas voir leur famille. Quand vous avez 90 ans, c’est ça le vrai problème. Le vrai sujet il est là, il n’est pas au niveau du football. Moi je pense à ces personnes-là."

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