
Emu, Jean-Mimi !
30/03/2020

Notre club est unique et ce match est anthologique : on s'est tous régalé hier soir en regardant sur La Chaîne Parlementaire le Saint-Etienne - Dynamo Kiev du 17 mars 1976 commenté par Thierry Rolland. Sur le plateau de Rembob'Ina, Jean-Michel Larqué a partagé son émotion de revoir ces images. Vous avez raté les interventions du capitaine de l'épopée des Verts ? On les a retranscrites.
"Je ne savais pas qu’il y avait eu un doublon, que ce match retour contre Kiev avait été diffusé à la fois par TF1 et par Antenne 2. Mais je ne suis pas étonné car il y avait eu un raté la saison d’avant. Comme on avait pris à Split ce que Thierry Roland appelait une belle branlée, uen défaite 4-1, personne n’avait diffusé le match retour. Les télés étaient passées à côté de l’évènement, on avait gagné 5-1 après prolongation. Du coup cette fois elles étaient deux !
Le match aller contre Kiev aurait pu tourner à la catastrophe, les conditions étaient particulières. Nous étions partis avec deux avions de l’Aeroflot avec une escale à Kiev avant d’aller à Simferopol qu’on nous avait présenté comme la Nice de l’Ukraine. Les joueurs et les entraîneurs, on nous a donné nos clés de chambre à Kiev et on est allé à Simferopol. C’était terrifiant.
Il y avait de la neige et on avait l’impression d’être sous surveillance. Et ce n’était pas qu’une impression. Un monsieur avec une chapka était là quand on descendait dans le hall de l’hôtel, on sortait des vestiaires il était là, on rentrait de l’entraînement il était toujours là. Il y avait une voiture de police devant, on nous disait que c’était pour ouvrir la route mais il n’y avait personne dans les avenues. Il y avait une pression terrible d’autant plus qu’on savait qu’on allait affronter une très grande équipe.
Sur les onze titulaires du Dynamo Kiev, dix appartenaient à l’équipe d’URSS. On est arrivé sur un terrain enneigé. Des réacteurs d’avion installés sur des camions militaires ont poussé la neige. Sous la neige il y avait de la boue, on a joué sur un terrain… Aujourd’hui je pense que le match serait reporté. Lors de ce match j’ai mis une semelle à Gérard Farison et je lui ai ouvert l’arcade sourcilière. Comme j’étais nul de la tête, j’ai mis le pied, ce qui m’a valu de sévères reproches d’Ivan Curkovic.
Robert Herbin avait promis à Jacques Chancel trois buts contre Kiev quelques heures avant le match retour dans l’émission Radioscopie. Mais Roby n’était pas un gourou, loin de là ! Il avait la chance d’avoir une équipe qui savait se prendre en mains lors des grands évènements et nous faisait remarquablement travailler. Avec lui, les entraînements étaient un petit peu plus compliqués qu’auparavant. Il avait des relais dans l’équipe, à commencer par le gardien.
Ivan Curkovic était l’un de ses confidents, je n’étais pas loin de l’affaire non plus. Il y avait aussi Hervé Revelli. Il y avait dans l’équipe de fortes personnalités, des garçons comme Osvaldo Piazza qui permettaient à Roby d’avoir confiance dans ce groupe. Il n’y avait pas de grande star comme Henri Michel ou Michel Platini dans notre équipe. Je ne dirais pas qu’on avait une équipe de besogneux, ce serait péjoratif pour mes coéquipiers, mais c’était une équipe de garçons avec un cœur énorme, qui surtout pensaient autant aux autres qu’à eux.
A la mi-temps de notre match retour contre Kiev, le score était nul et vierge mais on y croyait encore. Après tout, quand on avait éliminé Split 5-1 après prolongation, il y avait 1-1 à l’heure de jeu. C’est vrai que Kiev était à l’époque la meilleure équipe du monde avec Blokhine, Veremeev, Konkov, Trochkine, Rudakov… On avait été voir cette équipe en match amical à Nantes. On était sorti de ce match plus inquiet que rassuré, on se demandait si on n'aurait pas mieux fait de rester à Saint-Etienne.
Je n’ai pas de souvenirs particuliers de ce qui s’est dit à la mi-temps de ce match retour conte Kiev. Je me souviens plutôt des avant-matches. Roby terminait sa causerie aux alentours des 18h30. Avant le match, j’allais vers les joueurs qui étaient les plus sensibles, ceux qui appréhendaient difficilement les grands évènements. J’en faisais partie ais il n’y avait personne qui venait me soutenir. Il fallait aller voir Christian Lopez, Gérard Janvion, même Osvaldo pour le calmer. Dominique Bathenany, l’évènement lui passait à 10 000 mètres au-dessus de la tête, lui il était zen complet ! Un garçon comme Christian Sarramagna était extrêmement émotif.
Ce match retour contre Kiev donne encore des frissons aujourd’hui, et ça rappelle de grands souvenirs qui sont toujours présents. On ne vit pas avec le passé mais avec des amis avec qui on a réussi cette fabuleuse aventure. Cela crée quelque chose d’indissoluble. On n’a pas toujours été bons tous ensemble mais quand il y en avait un qui était moins bon que l’autre, qui avait une petite faiblesse, il y en avait toujours un pour le rattraper et le match d’après c’était le contraire. Aujourd’hui mes véritables amis sont les quinze joueurs de l’ASSE. On se revoit au moins une fois dans l’année.
C’était compliqué car à cette époque-là la couverture médiatique n’était pas celle d’aujourd’hui. Mais on avait le sentiment de faire merveilleusement un métier fabuleux. On rendait heureux toute une ville qui souffrait énormément à l’époque. Sur le plan économique elle était en grande souffrance. Et les gars qui venaient de Bourges, du Pays Basque, de Bretagne… On a apporté beaucoup de fierté à nos supporters.
La société et les temps ont changé. A l’époque, la Coupe d’Europe des Clubs champions c’était le mercredi à 20h30. De supporters de Lyon, de Marseille ou de Paris étaient avec les copains devant leur écran, ils achetaient un peu de jambon, du saucisson, six bières. Ils étaient supporters de l’ASSE. Imaginez aujourd’hui si un supporter du PSG supportait l’OM en Coupe d’Europe. A l’époque on faisait consensus, on faisait l’unanimité. Tous les supporters, qu’ils soient de Valenciennes ou de Nice, étaient supporters des Verts le mercredi soir.
A l’époque il n’y avait pas les problèmes de sécurité qu’il y a aujourd’hui. Derrière chaque but, c’étaient des buttes. A 17h30 il y avait 12 000 personne derrière un but et 12 000 personnes derrière l’autre but. Les gens étaient là plusieurs heures avant, regardaient en général un lever de rideau. Ce soir-là avec la prolongation, ils ont dû rester jusqu’à 23h30. Ils nous encouragés, c’était fabuleux. C’est un stade qui est bien né. Ils ont fait des modifications, ça ne ressemble plus du tout à ce que l’on voit là contre Kiev. Mais c’est un stade où il y a toujours eu une ambiance fabuleuse.
Mon coup franc qui permet d’arracher la prolongation contre Kiev ? C’était ma façon de frapper. J’avais une bonne frappe mais je ne travaillais pas trop le ballon comme il se travaille maintenant. Les ballons étaient plus francs du collier qu’ils ne le sont maintenant. Je savais que je n’aurai pas réussi à faire en sorte que le ballon passe au-dessus du mur et redescende très vite. J’ai pris quelque chose de plus direct. Le mur est bien placé, le gardien pense que je vais lui mettre au-dessus. Rudakov a fait un petit pas de côté.
J’ai une anecdote savoureuse quand on a descendu les Champs-Elysées après la finale à Glasgow. C’était peu de temps avant le clash entre Giscard et Chirac, qui allait démissionner quelques mois plus tard. On est reçu dans les salons de l’Elysée, c’était juste un petit coup à boire. Le président de la République était là, Jean-Marc Schaer était en sabots, et on voit surgir avec un cartable Jacques Chirac. Il dit : « Mais c’est quand même incroyable, quel bordel il y a sur les Champs, qu’est-ce qui se passe ? » On lui apprend qu’on venait de descendre les Champs et qu’on était à l’Elysée. Il nous dit : « Ah, c’est vous qui foutez ce bordel ? Et bien on va boire un coup les gars ! »
Notre première apparition commune avec Thierry Roland après un Saint-Etienne – Reims de 1967 ? Cette saison 1966-1967, j’ai quand même fait 27 matches sur 38. Je faisais le professorat d’éducation physique à cette époque-là donc je n’étais pas libre tout le temps. Les entraînements étaient très espacés. Je n’étais pas très assidu aux entraînements car il fallait aller entre Lyon et Saint-Etienne. A l’époque il fallait passer par Oullins, Saint-Genis-Laval, Rive-de-Gier… Il n’y avait pas d’autoroute, c’était long. Je prenais le train à 05h42 en Gare de Châteaucreux."

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