
Willkommen in der grünen Hölle ! (2)
15/02/2019

11 Freunde publie dans son édition de février un reportage sur l'ASSE, "mythe français qui fête ses vieux poteaux carrés", "club français le plus riche en émotions." Vous n'avez pas pu vous procurer le numéro de ce réputé mensuel allemand ? Vous ne maîtrisez pas la langue de Roland Wohlfarth ? Pas de panique, le potonaute Ellestin vous propose une excellente traduction. Willkommen in der Grüne Hölle ! Bienvenue dans l'enfer vert ! Deuxième extrait.
Lyon, ville des lumières, là où le cinéma a vu le jour. A Saint-Etienne, la « ville noire » des mines et des usines sidérurgiques, on dit qu’il ne fait jamais beau. D’après Jeff, Lyon est une ville bourgeoise*, et rarement un Français aura prononcé ce simple mot avec un mépris aussi palpable. Après la défaite 0-5 à domicile de l’ASSE dans le derby en 2017, toute la ville a été plongée dans une ambiance mortuaire. Sylvain se contente d’un geste : il dessine une corde imaginaire autour de sa gorge et tire vers le haut. Les Verts sortent d’une période critique de leur histoire sportive. A la fin des années 90, le club s’était vu retirer sept points pour avoir falsifié les passeports de ses joueurs étrangers. En ce temps-là, le nombre de joueurs extra-européens par club était encore limité, et les dirigeants avaient voulu contourner cette règle. « Tout le monde faisait ça à l’époque, et seul Saint-Etienne a été puni », s’obstine Jeff. « Et pourquoi ? Parce que les responsables à la Ligue étaient de mèche avec Lyon ». Toute bonne querelle de voisinage comporte son lot de rancune et d’insinuations. Saint-Etienne a été relégué, Lyon a remporté le championnat sept fois de suite au début des années 2000, et de nouveau s’est mis à briller plus vivement que son voisin.
Certes, à bien des égards, Saint-Etienne ne peut pas rivaliser avec Lyon la pittoresque ou Paris la ville-monde. Pourtant le visiteur ressent immédiatement le pouls de la ville qui palpite jusque dans le béton des rues. Ce pouls, c’est celui du ballon rond. Pendant le Championnat d’Europe des Nations 2016, les correspondants internationaux à Paris ont largement fait état de l’ambiance paresseuse qui régnait dans le pays hôte. Dans les métropoles, les habitants étaient assis à la terrasse des cafés, lisant Le Monde et faisant comme s’ils ignoraient l’existence d’un tournoi de football. A Saint-Etienne toutefois, on ne pouvait pas faire deux pas sans risquer de se prendre un ballon shooté par un gamin, tous les magasins étaient décorés de messages de bienvenue et dans les bars comme le Lipopette, on ne s’entendait plus parler. Ici, on adore le foot – et en particulier ceux que le foot n’a pas épargnés. A Saint-Etienne, on aura toujours un faible pour ceux qui trébuchent.
Jeff et Sylvain commandent une nouvelle tournée à Thomas, le patron, un petit bonhomme vêtu d’une chemise lie de vin, qui jongle avec les verres et s’affaire sans la moindre pause. Il est présentement trop occupé pour les servir. Thomas, lui, a trébuché une fois. Sur les stadiers, sur les vendeurs de faux billets, et sur lui-même. Aujourd’hui, tout le monde l’appelle « Manchester », ce à quoi il répond par un regard de glace. En 2017, il se rendit à Manchester pour un match de coupe d’Europe en compagnie de 80 supporters. Mais voilà : dans l’avion qui les emmenait vers leur escale à Düsseldorf, ils chantèrent, crièrent et dansèrent. Trop fort. La police les retint, leur faisant manquer leur vol de correspondance vers l’Angleterre. Thomas réussit pourtant à arriver à temps en prenant un autre avion, mais à l’heure de pénétrer dans l’enceinte mythique d’Old Trafford, il dût rebrousser chemin : son billet n’était pas valable. Il en fut réduit à regarder ce match historique dans un bar. Le Lipopette résonne de ces petites malédictions, de ces événements insolites et de ces opportunités manquées. Une autre anecdote s’est jouée à Glasgow, nous raconte un groupe d’amis :
« Nous assistions en 2013 à une visite du stade de Hampden Park. Nous avons demandé où étaient les poteaux de la finale de 1976. Celle qui a vu Saint-Etienne affronter le Bayern. Le concierge nous a alors conduit dans une remise et s’est mis à fouiller dans un tas de vieux objets. Et soudain, ils étaient là, couchés sur le côté, les poteaux carrés. De toute évidence c’étaient bien ceux de 1976. De retour à Saint-Etienne, nous avons montré la photo à tout le monde, et un journal local l’a publiée avec cette légende : On a retrouvé les poteaux carrés ! Une simple brève, mais elle a mis la ville entière sans dessus dessous ».
Le club prit contact avec Glasgow dans l’idée de faire venir les poteaux et la barre transversale en France. Les Ecossais flairèrent alors le bon coup et réclamèrent 20.000 euros. Une somme indécente. Mais que l’AS Saint-Etienne s’empressa de régler. Pour se payer les cages d’une finale perdue. Comment expliquer ça ?!
* en français dans le texte

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