"Nous sommes les idiots de l'Europe"

07/07/2015
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Nanard déplore la manque de compétitivité du foot français dans une interview à paraître demain dans France Football. Extraits.

 

"Le combat entre Ligue 1 et Premier League est perdu d'avance car on a face à nous des monstres financiers. Hier, les meilleurs clubs anglais nous prenaient nos joueurs, aujourd'hui, ce sont aussi les clubs moyens, ceux qui se battent pour le maintien mais peuvent verser des slaires de 300 000 à 400 000 euros par mois. Qu'on ne nous parle pas de d'ambition sportive quand c'est une ambition financière. Le plus triste est que des joueurs ayant l'opportunité de jouer l'euro en France, ce qui arrive tous les quarante ans, prennent le risque de voir leur niveau baisser en rejoignant des clubs qui ne joueront aucun match européen. C'est inquiétant pour l'équipe de France. Au moment du débat sur la taxe à 75%, j'entendis que la sélection n'en pâtirait pas. Mais bien sûr qu'elle en subit les conséquences ! Tout comme le marché hexagonal, car les clubs de L1 et L2 rêvent de vendre à l'international. Les prix grimpent très vite dès qu'un club anglais s'intéresse à un joueur et le club français doit s'incliner.

 

Il n'y a pas d'autre option que la formation, mais la France devient le centre de formation de l'Europe, comme Taïwan est celui de la fabrication de vêtements à bas prix. Le foot français, sur 1,7 milliard de chiffre d'affaires, reverse plus de 600 M€ à l'Etat. Ce n'est pas une activité profitable. On redonne plus que les Anglais, qui ont trois fois notre chiffre d'affaires. Chaque saison, le Bayern Munich économise environ 100 M€ en charges sociales par rapport au PSG, soit l'équivalent du transfert de Neymar. Pareil pour le Real ou le Barça. Le football français n'est pas une activité à but lucratif. Vous voyez des Suisses placer leur argent en France ? L'investisseur va dans le pays où il aura un retour sur investissement. Ce n'est pas pour rien que Lille, Bordeaux ou Marseille n'en trouvent pas.

 

Les droits télé ne sont qu'un aspect. Pourquoi le montant anglais est trois fois supérieur au nôtre ? Parce qu'ils ont trois fois plus d'abonnés que nous. Les droits français correspondent à peu près au marché français. Canal fait 2 milliards de chiffres d'affaires et met 550 M€ de droits télé. Sky fait 11 milliards de chiffre d'affaires et investit en proportion. On aurait peut-être pu espérer 100 M€ supplémentaires, mais pour cela, il ne fallait pas que le gouvernement français intervienne auprès du Qatar en expliquant que Canal risquait d'être étouffé par beIN et que le cinéma était en danger. Le football français a multiplié par trois ses revenus sur les droits à l'international. Plusieurs clubs font des tournées l'été. On progresse, mais pour être attractif, il faut des joueurs qui attirent, donc avoir un peu plus de moyens. La saison dernière a été magnifique au regard des moyens dont nous disposions. Mais on joue les braconniers, Saint-Etienne comme les autres.

 

Il existe deux championnats : la Ligue 1 qui est dans une compétition européenne, y compris pour les joueurs, et tous les autres. Il faut scinder, créer notre propre Premier League qui s'occuperait des intérêts de l'élite. Les clubs sont des associations, type loi de 1901, déguisées en sociétés. Mais aucun actionnaire ne s'enrichit dans le football français. Restent que des gens investissent et aliment le système. La moindre des choses est qu'on leur donne le pouvoir de décision. La Ligue 1 ne peut plus accepter d'être dirigée par la Ligue 2. En France, on ne réforme pas, on révolutionne. On ne parvient pas à faire bouger les choses progressivement, calmement, car personne ne veut abandonner ses avantages acquis. C'est historique, culturel, et ça concerne tous les domaines de la société, pas seulement le football.

 

Le principal handicap du football français est d'avoir une lecture trop politique des dossiers, quand les Anglais ont une approche plus business, plus pragmatique. Le principe des élus entraîne inévitablement une dimension politique au sens large. Il faut un directoire de salariés et un patron opérationnel salarié à la tête de la Ligue. Il ne s'agit pas de remettre en cause le principe de solidarité, mais qu'on ne nous fasse pas la leçon. Quand le politique a-t-il aidé le football ? Avec la construction des nouveaux stades ? Ils étranglent les clubs avec des loyers exorbitants. En supprimant le droit à l'image ? En instaurant la taxe à 75% ? Quand ? Soit les pouvoirs publics ne s'en occupent pas, et on laisse le football se développer comme les autres secteurs. Soit ils s'en occupent, mais pas en lui ajoutant des handicaps. Aujourd'hui, nous sommes les idiots de l'Europe. On a les charges sociales les plus lourdes du continent, on n'a pas les droits télé des Anglais, on n'a pas les sociétés d'investissement étrangères qui financent les transferts, comme celui d'Imbula à porto ou de Kondogbia à l'Inter, puisque la tierce propriété est interdite, même si certains pays ne se gênent pas pour contourner la loi."

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