France Football à paraître publie une longue interview de Nolan Roux. Extraits.

"Je veux dépasser cette barre des dix buts sur une saison en L1. Mais il m'en manque toujours un ou deux. Il y a des périodes où je marque des buts et puis je peux rester deux mois sans marquer. Quand on est attaquant, on sait qu'on a des périodes comme ça. Mais chaque année, c'est vrai, j'ai ce petit trou qui me bloque à neuf. On se dit : "merde, pourquoi ce petit manque dans la saison qui fait que je ne dépasse pas la barre des dix !" La constance est primordiale, la confiance aussi. Il ne faut pas se leurrer : quand on est attaquant et qu'on marque moins, on est mis sur le banc et on sait pourquoi. Il faut repartir de "zéro". C'est aussi cela le métier d'attaquant, des périodes où il faut savoir gérer le doute. Pour moi, je suis toujours un buteur. Est-ce que je me disperse trop ?

J'ai toujours beaucoup donné, j'ai toujours fait beaucoup d'efforts. Je dois peut-être me dire que si je ne dépasse pas cette barre, c'est parce que je ne suis pas au bon endroit au bon moment. Ce sont des petites choses à changer, mais c'est ma nature d'avoir un jeu comme ça. La qualité devant le but, je l'ai toujours, mais je dois plus faire les efforts dans l'axe et un peu moins partout ailleurs. René Girard a déclaré que je défendais moins qu'Erding. Christophe Galtier a répondu : "je paie Nolan pour qu'il marque des buts." J'ai senti tout de suite dans le discours du coach qu'il voulait me faire jouer dans l'axe pour marquer des buts. On a fait quelques oppositions, j'y ai fait ce que j'ai fait un peu partout sur le front de l'attaque en bougeant pas mal. Et là, il m'a dit : "Non, non, stop ! Reste-là, dans l'axe !"

Quand on récupère le ballon, mes premiers appels sont dans la profondeur pour aller vers le but plus que pour décrocher. Mon pied gauche, c'est un défaut que j'ai depuis tout jeune. Je faisais tellement confiance à mon pied droit que je n'utilisais pas le gauche, sauf pour les passes et les contrôles. Il faut que j'améliore ça, il n'est jamais trop tard. Bafé Gomis est resté mon avant-centre préféré. C'est justement quelqu'un qui reste bien dans l'axe, qui ne s'éparpille pas et qui a une présence. Tu sens dans un match qu'il est là. Physiquement, c'est sûr qu'il est plus costaud que moi. C'est un bon point d'appui, il fait les bons appels, il embarque parfois aussi et il marque. Je ne veux pas dire que c'est un modèle, mais c'est une référence. Je dois avoir ce rôle-là.

J'ai fait une saison en L2 où j'ai marqué 15 buts, c'était ma toute première. Quand je vais à Lille, les gens se disent : "il va en marquer vingt." Après, d'autres facteurs entrent en jeu. Avec qui on joue ? Comment fonctionne le partenaire en attaque ? je en suis pas un attaquant qui va prendre le ballon et dribbler quatre joueurs. J'ai besoin de mecs qui donnent le ballon, des centres, des passes en profondeur, j'ai besoin de tout ça. C'est ce que j'ai eu à Brest et ça a marché. Je pense retrouver ça chez les Verts. Je vois ça depuis un certain temps à Saint-Etienne. Il y a beaucoup de centres, beaucoup de profondeur, une qualité de passes, et sur les côtés, ça va vite aussi. Cela a guidé mon choix. Je ne dis pas que c'est une équipe qui n'a pas le ballon. Mais c'est une équipe qui, lorsqu'elle le récupère, cherche à aller vite vers l'avant. Et ça, j'aime bien !

Je veux rendre au club la confiance qu'il m'a accordée en me recrutant. J'ai hâte de marquer des buts. Mais il ne faut pas être non plus obnubilé par ça. Je me connais : si je ne marque pas rapidement, je vais commencer à me casser le cerveau. Il faut savoir être patient. Je commence à comprendre comment l'équipe joue, comment évoluent les mecs sur les côtés. Pour mon premier match officiel, en Roumanie, je suis sorti en me disant que j'avais été nul. Je n'ai pas eu beaucoup de ballons à négocier ? C'est facile à dire ça. Pourquoi je n'en ai pas eu. Parce que j'ai pas été bon. Voilà. Quand j'étais dans le camp adverse, j'en avais bavé avec Loïc Perrin, très bon dans l'anticipation et techniquement, et aussi avec Bayal Sall. C'est très compliqué de lutter physiquement avec lui. Je me suis souvent dit qu'il allait me tuer. Ces mecs sont des valeurs sûres du championnat."