Sur les ondes de RFI, Bernard Caïazzo a réitéré hier sa vive opposition au projet de réforme des compétitions européennes.

"Il y a un mouvement de fond extrêmement fort qui est en train de se dessiner, de type gilets jaunes du football, qui refuse absolument un système qui nous amènerait au tout argent avec la mainmise de quelques grands clubs sur l'ensemble de notre football européen. La mobilisation n'est pas qu'en France. Polito (sic), le président de la Lazio qui vient de gagner la Coupe d'Espagne (sic), était avec moi à la conférence à Madrid. Il a été fortement applaudi car il est à 1000% contre ce projet de réforme avec une grande majorité des clubs italiens.

Avec ce projet de réforme, toute la difficulté est d'aller vers un championnat d'Europe type NBA, une Ligue fermée. Ce qui nous gêne énormément, c'est que les meilleures équipes françaises de l'année pourraient la saison suivante ne pas être qualifiées pour la Champions League. On n'aurait plus le système de la performance. Cette année par exemple, Lille, en finissant deuxième, n'irait pas en Champions League. Le système devrait être basé sur la performance, sinon on enlève l'espérance, on enlève le champ des possibles.

Que David ait beaucoup moins de chance de gagner que Goliath, oui, mais au moins il a une chance. Par contre, empêcher David de mener le combat contre Goliath, ça veut dire que ça va se jouer entre les différents Goliath. Le moindre supporter d'un club qui n'est pas parmi les plus gros a le rêve de voir son club jouer la compétition européenne suprême. Si ça ne joue qu'entre les huit ou dix clubs favorables à ce projet de réforme, on va évidemment enlever tout suspense et les championnats domestiques vont se retrouver dévalorisés.

Je ne pense pas que le président de l'UEFA puisse imposer un projet de réforme qui soit rejeté par 90% des clubs européens. Je ne peux pas l'imaginer car on serait dans une situation où tout le monde serait perdant. Je suis sûr que tout le monde va raison garder et trouver les bonnes solutions pour qu'on respecte le football et les supporters. Sinon le football va devenir ultra-capitalistique, ce sera la tout argent. Cette course à l'armement ne fabriquera pas plus de Messi. La différence, c'est qu'au lieu d'avoir six Ferrari, les joueurs en auront huit ou neuf.

Moi je me suis battu toute ma vie pour le football - j'ai la chance d'être de la génération Platini, la génération du développement du football français - je ne veux pas voir le football aux mains des marchands ! Nous sommes poussière par rapport à ces grands clubs européens tels le Real et le Barça dont le budget va approcher le milliard d'euros. Moi je dis que 10% des clubs veulent transformer les supporters en spectateurs qui ne voient que des matches du genre Juventus-Bayern.

Mais moi je dis que même le supporter de la Juve ne s'y retrouve pas, le derby contre le Torino a plus d'importance dans l'esprit de beaucoup de supporters. Moi je l'ai dit à Agnelli. Je lui ai dit  : "Je ne te comprends pas, toute ta famille s'est battue pendant des dizaines d'années pour le développement de la Juve. Je ne comprends pas cette démarche qui va à l'encontre de la philosophie que vous avez pu avoir pendant toutes ces années.

Moi j'ai mal à mon football depuis que j'ai vu ce projet sortir parce que c'est à l'encontre de tout ce que j'ai aimé toute une vie. Cela me fait terriblement mal car je me dis : "putain, les marchands sont dans le temple ! Ils vont te tuer le football avec leur pognon ! C'est pas possible !" C'est pour ça qu'on va se battre jusqu'au bout, pour moi c'est une question de survie de nos clubs !"