Willkommen in der grünen Hölle ! (4)

17/02/2019
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11 Freunde publie dans son édition de février un reportage sur l'ASSE, "mythe français qui fête ses vieux poteaux carrés", "club français le plus riche en émotions." Vous n'avez pas pu vous procurer le numéro de ce réputé mensuel allemand ? Vous ne maîtrisez pas la langue de Roland Wohlfarth ? Pas de panique, le potonaute Ellestin vous propose une excellente traduction. Willkommen in der Grüne Hölle ! Bienvenue dans l'enfer vert ! Quatrième et dernier extrait.

Le contraste avec ce qui nous attend le jour suivant ne saurait être plus brutal. Ce vendredi soir, Saint-Etienne affronte en effet une équipe qui n’a que faire de la mélancolie et des temps anciens. Cet adversaire, c’est Paris, le surpuissant champion en série, un effectif bâti à coups de millions d’euros par le Qatar, dont pas moins de 222 dépensés pour un seul joueur. Le musée du Paris-Saint-Germain ne devrait mettre en valeur que les années à compter de 2011, date d’entrée du fonds souverain qatari dans le club. Pour les actuels propriétaires, toutes les saisons antérieures ne sont qu’une encombrante remorque à traîner.

Une atmosphère électrique plane sur Saint-Etienne à l’heure de cette lutte des classes. C’est un jour où le sang des romantiques les plus tendres se met subitement à bouillir. Dans le bar du club, on s’échauffe les cordes vocales plusieurs heures avant le coup d’envoi. Dans le stade à guichets fermés de Saint-Etienne, les fans sont debout sur les sièges. A Geoffroy-Guichard, il existe deux tribunes debout qui se font face : le Kop Sud et le Kop Nord, chacune avec son groupe ultra spécifique. Des deux côtés, on entame des chorégraphies et on allume des fumigènes. « Battez-vous pour votre club, mouillez le maillot et respectez vos couleurs », peut-on lire sur une large banderole. Des chants s’élancent des deux extrémités du stade et se percutent sur la ligne médiane. On se croirait un soir de coupe, sous les feux des projecteurs.

Jeff Vernet, l’homme des derniers petits verres au bar, agite consciencieusement son écharpe comme une hache de guerre. Lui et sa bande ont pris place dans le Kop Nord. Monnet-Paquet, le héros du derby, s’aiguise les crampons sur l’aile gauche – comment les choses pourraient-elles mal tourner ? Et en effet, Saint-Etienne joue ce soir-là comme si le maintien ou le titre étaient en jeu. Ils font pleuvoir attaque sur attaque, que Paris a toutes les peines du monde à contenir. « Le PSG n’a jamais été autant mis à l’épreuve de toute la saison », écrira L’Equipe le lendemain. Saint-Etienne ouvre la marque à la 17e minute, et obtient un penalty à la 31e – raté. Le champion désigné Paris parvient à tenir le choc jusqu’à la mi-temps. Jeff et les autres secouent la tête, les yeux écarquillés. Incroyable* ! A Saint-Etienne, tout semble effectivement possible.

Au coup d’envoi de la seconde période, les Ultras brandissent une bannière : C’est combien le prix à l’unité ?*Un message à destination de la Ligue de football française. Puis ils déroulent sur toute la longueur de la tribune un gigantesque ruban de mesure. Au-dessus de chaque graduation brille un feu de Bengale. Une vingtaine au final. L’enfer vert est littéralement en flammes. Ils entonnent leur chant, d’abord à voix basse, puis à l’unisson, assourdissant : Schalalala oh Saint-Etienne, SCHALALALALALALA OH SAINT-ETIENNE !

Paris monte en puissance, les jambes des locaux se mettent à faiblir. Pourtant, Saint-Etienne tient jusqu’au temps additionnel. Les joueurs parviennent à défendre ce 1-0, synonyme de victoire. En tribune, Jeff chante de plus en plus fort, comme s’il pouvait par sa voix maintenir le ballon loin du but. On joue alors la troisième minute du temps additionnel. Un centre parisien arrive de la droite dans la surface de réparation, la star Kylian Mbappé met la tête, mais ne peut qu’effleurer le cuir, qui file devant le but. Sans danger. Ou presque. Car Mathieu Debuchy, le défenseur de Saint-Etienne, se trouve pile sur la trajectoire. Il n’a pas le temps de s’esquiver. La balle lui rebondit sur la cuisse, et termine sa course dans les filets. Dans ses propres filets. A la dernière minute.

Les joueurs de Saint-Etienne s’écroulent à terre, se prennent le visage dans les mains. L’arbitre siffle la fin du match dans la foulée. Un total de 34 fans parisiens (on les a comptés) jubilent, même si personne ne les entend. Jeff a les mains croisées derrière la tête. Cela dure une demi-minute. Pas un bruit. Puis il secoue son voisin et lui désigne le cœur de la tribune. « Regarde ». Un chant suivi d’applaudissements s’élève d’un premier groupe. Puis de tout le bloc, avant de gagner le stade. DEBUCHY ! DEBUCHY ! DEBUCHY ! Tous scandent le nom du malheureux buteur contre son camp. Puis c’est toute l’équipe qui est célébrée.

Et après une soirée d’ivresse, les lumières s’éteignent sur la ville noire à l’enfer vert. D’abord la mélancolie. Puis les encouragements. Et enfin un CSC pour un final on ne peut plus dramatique. Mais nous avions été prévenus : à la fin, ce sont les larmes qui coulent. Pour la deuxième fois à Saint-Etienne.

 

* en français dans le texte

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