Les images ont remplacé l'imaginaire

24/01/2020
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Nostalgique de la grande époque des Verts, le philosophe Robert Redeker déplore les dérives du football dans La Tribune de Genève.

"Dans les années 60 et 70, l’engouement pour le football, pour Saint-Étienne en France, notamment, était incroyable, malgré la rareté des images. Il y avait certes quelques résumés, qui commençaient déjà à se multiplier, mais il y avait surtout une grande place laissée à l’imagination. On n’imagine plus le football, désormais on le dissèque sous toutes ses coutures et en permanence. C’est un appauvrissement évident. On est dans un univers où l’ennui n’est plus permis, où la captation de l’attention est permanente. Or l’imagination a besoin de l’absence: de temps de vide, de temps de vacances. Désormais, les médias vendent du temps de cerveau disponible pour s’attirer les bonnes faveurs des annonceurs. Nous vivons à une époque où les images ont remplacé la nature. Tout est image et l’image est tout.

Actuellement, le football est néolibéral. Quand on écoute les commentaires d’un match de football de nos jours, la plupart des considérations sont économiques. D’ailleurs, c’est souvent l’argent qui fait la valeur d’un joueur, plus que ses capacités footballistiques. On dit souvent d’un joueur qu’il vaut tant ou tant, plutôt que de s’intéresser à ses performances. Le football a réussi quelque chose qui plaît beaucoup au néolibéralisme: il a transformé l’argent en spectacle. On le constate lors de chaque mercato, où les spéculations liées aux transferts ont autant d’intérêt ou presque que les matches eux-mêmes. On suit ce spectacle comme un feuilleton, avec du suspense et des rebondissements, où l’argent est au centre de tous les enjeux.

Le football glorifie les gagnants de ce système fait par et pour l’argent. Perdre est devenu intolérable: cela aussi marque le triomphe de l’argent. Dans le langage commun, le mot «perdant» s’est transformé en insulte. Le système de valeurs néolibéral a remplacé le pécheur par le perdant. Dans mon enfance, le mal, c’était la faute morale, où l’on se regardait dans le miroir à l’aune de sa propre conscience. Aujourd’hui, le mal, c’est d’être un perdant, peu importent les considérations morales: le riche, c’est le bon, celui qui a réussi; le «loser», c’est le mauvais. C’est un raté, c’est à se demander s’il mérite même d’exister.

De plus en plus, l’ancrage local du football est oublié au profit d’une globalisation galopante. Il est possible que cette globalisation soit suicidaire. C’est scientifique: tout système tend vers son point d’implosion. Qui, en 1980, imaginait que l’URSS allait disparaître? Tout système qui a une confiance excessive en lui-même va vers la catastrophe. Quand on entend aujourd’­hui que les grands clubs veulent créer une ligue planétaire, dans un entre-soi des puissants, on est en droit de penser qu’on se dirige peut-être vers ce point de rupture. Dans les autres domaines de consommation, on observe une tendance qui ramène le consommateur vers le local. Les grands supermarchés ont des problèmes et on voit renaître des petits commerces de proximité. Il est possible que le football suive la même tendance. On assistera alors à une «relocalisation» du football à la demande des supporters. Cette exigence d’authenticité locale va mordre sur le football globalisé dans les prochaines années."

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