Retour en images sur la merveilleuse première période des Verts contre Paris, alliant envie et maîtrise technique et tactique.


1-1 contre Paris en se faisant égaliser à la dernière seconde... est-ce un bon ou un mauvais résultat, est-ce un point de gagné ou deux de perdus ? Ce débat partage les supporters, mais la qualité de la prestation stéphanoise lors de la première période rend tout le monde unanime : les Verts ont surclassé les Parisiens dans tous les aspects du jeu, et quelques statistiques sont très parlantes. L'ASSE a tiré 10 fois, contre une seule fois pour les adversaires (tard, à la 39e, de très loin et pas cadrée). Les Parisiens ont commis 10 fautes, contre une seule pour les Verts, un duel aérien offensif de KMP, ils ont pris 4 jaunes (dont deux pour le même joueur) et ont concédé un penalty.

Il ne semble pas exagéré de dire que les Stéphanois ont écrasé leurs adversaires en 1MT et les ingrédients ont été à la fois une grande envie et une approche tactique parfaitement adaptée à ce match. C'est cette approche qui sera décrite dans la suite de cet article, à travers 3 exemples présentés en ordre chronologique inverse, comme lors de l'analyse précédente
 
 

Un exemple...

 
Juste avant la pause, l'ASSE bénéficie d'un coup franc dans ses 30 mètres. Les Parisiens, en infériorité numérique, sont disposés sur trois lignes - 4-3-2 :


Les Stéphanois se trouvent sur trois lignes aussi : 4-3-3, mais avec des joueurs pas forcément à leur place. Comme à leur habitude, les 4 de derrière sont les deux défenseurs centraux et les deux milieux défensifs, pendant que les deux latéraux se trouvent plus haut, sur la même ligne que Cabella. Pour proposer une solution de passe à Perrin, Selnaes sort de sa ligne, reçoit le ballon, le rend, et finalement les Verts passent par Ruffier.


Les 5 Parisiens (tous sauf les 4 défenseurs) essayent d'enfermer les Stéphanois, pendant que M'Vila, complètement seul sur son côté gauche, fait des grands gestes pour demander le ballon. Il le reçoit via Selnaes, servi par Ruffier malgré le pressing adverse, et le donne ensuite à Cabella. Les Verts ont un grand espace à leur disposition et ils en profitent :


Cabella peut remonter une vingtaine de mètres balle au pied sans être attaqué et plusieurs options s'ouvrent devant lui : Gabriel Silva, Hamouma, KMP et Bamba. Ces appels en profondeur obligent les défenseurs de reculer et ce n'est jamais un bon signe pour une équipe de devoir défendre en reculant.


C'est le latéral gauche qui est servi, il temporise, avant d'essayer de lancer Hamouma en profondeur, dans la surface. La passe est interceptée par un défenseur, qui donne le ballon à un de ses milieux, qui n'a même pas le temps de se retourner...

 
... que M'Vila surgit pour récupérer la balle. Il la donne à Bamba, qui écarte à droite, où Debuchy est complètement seul. Pour la conclusion de l'action, le latéral redonne à Bamba dans l'axe, qui tire de loin et le ballon est dévié en corner. Ce n'était pas un contre stéphanois, l'action part d'un coup franc, mais les Verts se sont si facilement défaits du pressing adverse, qu'ils ont vite eu devant eux seulement des défenseurs en difficulté, abandonnés par leurs milieux et en train de reculer.
 
 

... un deuxième ...

 
On pourrait croire que l'exemple précédent est une conséquence du carton rouge parisien, mais des situations similaires ont pu être aperçues auparavant aussi. Par exemple, à la 23e, un centre de la gauche est repoussé par M'Vila :


Les Stéphanois étaient bien en place, les 8 éléments défensifs (4 défenseurs et 4 milieux) se trouvent dans leur surface, laissant seulement Bamba et Cabella en attaque. C'est le premier qui récupère le dégagement...


... il se retourne et lance Cabella pour un contre. Le meneur de jeu stéphanois est marqué de près par le milieu défensif adverse et sous son pressing, il est obligé de faire demi-tour :


Il joue avec Perrin, qui lance Debuchy, qui joue avec Selnaes. Les Parisien étant bien replacés, le contre est fini, alors les Verts doivent reconstruire une attaque :


Selnaes, Ruffier, Perrin, on fait tourner le ballon dans la défense pour que tout le monde se mette en place... et pour aspirer les adversaires :


Cabella, suivi toujours de près par la sentinelle adverse, décroche pour échanger des passes avec son capitaine. Ça a le don d'attirer les Parisiens, qui se retrouvent à 6 dans les 30 mètres stéphanois (laissant donc les 4 défenseurs sur la ligne médiane), en train de presser. Et comme dans l'exemple précédent, M'Vila se retrouve en latéral gauche, tout seul, faisant des grands gestes pour avoir le ballon pendant quelques secondes. KMP est complètement libre dans l'axe et Gabriel Silva - pas sur l'image - apporte un surnombre encore plus important dans ce grand espace à gauche.


Perrin joue avec Selnaes, comme si le pressing adverse n'existait même pas, qui joue en retrait avec Ruffier. Ce n'est pas M'Vila qui est servi, même s'il aurait du, mais Bamba :


Il y avait un tel espace entre les lignes parisiennes, que le jeune Stéphanois n'a aucun problème à réceptionner la longue passe - un défenseur pense à le chercher, mais il part de loin et arrive trop tard, Bamba combine avec Debuchy...


... qui s'appuie sur lui pour un un-deux dans le couloir...


... et qui le trouve de nouveau entre les lignes. Les appels en profondeur, de KMP dans l'axe et Hamouma dans le couloir droit, font de nouveau reculer les défenseurs, qui doivent jouer le dos au ballon. Le jeu semble être à droite, où Hamouma est déjà passé devant son défenseur, mais il ne faut pas oublier l'autre couloir et le joueur invisible sur les images précédentes :


C'est bien Gabriel Silva, complètement libre, qui reçoit le ballon et les Verts attaquent à 5, contre un nombre égal de défenseurs. Le latéral gauche a le temps d'avancer un peu et bien préparer son centre, qui trouve KMP dans la surface, mais malheureusement sa reprise de la tête est trop molle et n'inquiète pas le gardien adverse.  
 
 

... et un troisième

 
Les deux exemples précédents montrent comment les Verts se sont défaits du pressing haut adverse pour se retrouver ensuite en position de supériorité tactique dans la moitié adverse (balle au pied, face au jeu, contre une défense qui recule). Mais le plus bel exemple dans ce genre intervient quelques minutes plus tôt :


Remise à 5 mètres 50 pour Ruffier, qui joue avec Subotic à gauche. Le pressing des 4 Parisiens est déjoué dans seulement 3 passes et M'Vila peut avancer avec le ballon tranquillement :


Il sert Bamba, qui a le temps de se retourner, tellement il y avait de la place entre les lignes adverses. Et comme Hamouma et KMP font les appels en profondeur qu'il faut...


... la défense se retrouve de nouveau en train de reculer, laissant Bamba avancer et chercher une solution de passe. S'il avait servi Hamouma en profondeur pour un face-à-face avec le gardien et une probable ouverture du score, ça aurait été un des plus beau buts collectifs des Verts, qui auraient traversé toute l'équipe adverse en seulement 6 passes. Bamba n'ose pas la passe en profondeur, il temporise et sert Cabella en retrait, avant de se projeter dans l'axe :


Cabella ouvre à droite pour Debuchy et se projette aussi :


Le titre de cette analyse parle d'envie, parce que la différence entre l'image ci-dessus et la suivante est saisissante : quand le ballon est dans les pieds de Debuchy, il y a plus de défenseurs que d'attaquants et la sentinelle est à côté de Cabella. Et quand il arrive dans la surface...


... il y a trois Stéphanois entre seulement deux adversaires, sans compter Hamouma seul au 2e poteau, et l'ouverture du score est logique.
 
 
 

Conclusions

 
Les joueurs stéphanois n'arrêtent pas de souligner les mérites tactiques de leur entraîneur, qui leur décrit exactement comment le match va se dérouler, qui lit donc très bien l'adversaire. En occurrence, Jean-Louis Gasset avait bien compris que les Parisiens allaient pratiquer un pressing haut, mais qu'ils n'aiment pas défendre, qu'ils ne savent pas proposer un bloc équipe. Donc quand les Verts, avec beaucoup d'envie et très à l'aise techniquement, arrivaient à se défaire du pressing adverse, ils se retrouvaient de suite dans des situations très intéressantes. Ils en ont profité et ont ainsi produit une merveilleuse première période - ce n'est pas donné à tout le monde d’écraser à ce point le leader du championnat.

 

 

 

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