L’image est anodine. C’est un grand classique des retransmissions d’avant-match : le capitaine réunit ses troupes à la fin de l’échauffement pour les mobiliser à grands renforts de phrases convenues, hurlées avec la conviction d’un candidat à la présidentielle en meeting, avant de rentrer au vestiaire.


L’image est anodine, mais à bien la regarder elle paraissait anachronique ce dimanche soir.


Dans le rôle du rassembleur, pas le capitaine d’un soir (Ruff) en l’absence de Perrin, mais Fabien Lemoine. Dans l’absolu, rien d’étonnant. Au contraire. Papy, qui s’est un jour auto-qualifié de chien, a la truffe de l’emploi. Il a l’expérience (30 ans), la légitimité (6 ans au club), et le caractère idoines.
Pourtant cette scène, qui en d’autres temps, d’autres saisons, eut paru naturelle, semblait sonner faux ce dimanche.
Car loin hélas de représenter le taulier d’un groupe uni et resserré, Papy avec ses 7 pauvres titularisations cette saison est le triste symbole d’une fin de cycle, d’une page qui se tourne, dans la douleur.
Gradel, Sall, Cohade, Clerc, Brison partis, Clément écarté, Lemoine blessé puis relégué au second plan, tout a foutu le camp, à la fois les individualités au caractère bien trempé (Sall, Cohade) et le collectif cimenté par une amitié et une belle histoire commune.
Sentant lui-même le début de la fin de la belle histoire verte, et ne voulant probablement pas être le dernier des mohicans, Papy, avait déjà estimé l’été dernier qu’il fallait lui aussi mettre les voiles. La rengaine de Bashung en tête - soldat sans joie, va, déguerpis, l’amour t’a faussé compagnie- il sentait l’heure venue d’aller rajeunir chez les Merlus.
Merlu mais désapprouvé par Galette, il était finalement resté pour se blesser gravement à Nantes, puis revenir et se faire découper par un décérébré d’outre A47. Sale saison poursuivie avec un rouge à Furiani, et beaucoup de temps passé depuis sur le banc, à contempler, las, l’esprit s’étioler et les points s’envoler.
Un peu comme celui de Corgnet dans le groupe, le retour de Papy ce dimanche dans la peau d’un titulaire avait tout de l’aveu d’impuissance, du constat d’échec de la part d’un Galette lassé par les prestations de Selnaes.


Au-delà d’Ole, à force de ne voir personne lui donner satisfaction, Galette enlève les joueurs du groupe puis les reprend, alignant des compos respirant plus l’embarras que le choix. C’est la chronique d’une laborieuse, douloureuse et interminable fin de cycle.
Sa volonté d’apporter du sang neuf, de revivifier le groupe était patente et louable l’été dernier. Les anciens incarnaient en effet un essoufflement certain. Chacun s’accordait là-dessus. Mais l’initiative de Galette a échoué dans des proportions malheureusement incontestables.
Car à l’aube d’une fin de saison qui s’annonce sans suspense pour la première fois depuis 2011, on pourrait grossièrement répartir l’effectif en 5 catégories dont le poids respectif donne bien la mesure de l’échec de cette saison :
- les piliers ayant tenu la baraque : Perrin, Ruffier
- les « émergeants », qui se sont fait une place dans le 11 : Veretout, Malcuit, voire Pajot
- les cadres, pas supérieurs : incapables (pour cause de blessure ou de limite sportive) de tirer le groupe vers le haut : KMP, KTC, Hamouma, Pogba
- les mal intégrés (pour cause également de blessures souvent, de méforme parfois) : Beric, Tannane, Lacroix, Soderlund, Selnaes, Saivet, M’Bengue, Jorginho
- les pestiférés : Roux, Clément, Dabo, Polomat, Corgnet


La capacité pour un club de voir se dégager naturellement après quelques journées de championnat une équipe type est souvent un bon indicateur d’une saison accomplie.
D’équipe type, il n’en a pas été question, car jamais, notamment du fait des blessures, on n’a pu la voir à l’œuvre. A peine a-t-on cru la deviner, que dis-je la fantasmer au soir d’un derby en forme de parenthèse aussi inattendue qu’enchantée.
Et 9 mois après l’opération revivifions l’équipe de l’été dernier se dessine un bilan bien triste, duquel émerge le sentiment que ce qu’on n’a pas gagné en maîtrise technique avec les nouveaux, on l’a perdu en état d’esprit.
Faute de talent, depuis deux saisons, par la grâce d’une solidarité sans faille et de quelques pics de forme bienvenus (Gradel en 2015, Roux en 2016), Sainté avait su emballer le sprint final et décrocher le Graal.
Cette saison, guère plus de talent, et plus aucun supplément d’âme. Papy est un prêcheur dans le désert du Vélodrome où l’on n’a su décrocher que le Grave.


Les observateurs datent souvent la fin de l’épopée européenne à ce soir si beau et si triste d'Anflied en 1977. La fessée marseillaise pourrait bien symboliquement marquer la fin du beau chapitre écrit par Galette avec son groupe depuis 2012.


Du chapitre ou de l’histoire ?