Avec une deuxième victoire consécutive et une série de quatre matchs sans défaite, les Verts se préparent de la meilleure des manières pour le Derby qui arrive après la trêve internationale.


Comme le score a été ouvert dès la première minute, il est très difficile de deviner le plan de jeu initial des deux équipes. Mais probablement le scénario idéal envisagé par le staff stéphanois était de construire des attaques proprement tout en se méfiant des contres adverses, marquer une fois, puis une deuxième pour se mettre à l'abri, et finir le match tranquillement, en maîtrisant. C'était probablement aussi le plan de la semaine précédente, mais rien ne s'est passé comme prévu contre Angers : les Verts se sont fait surprendre et quand ils sont passés devant, ils n'ont pas su tenir le score et se mettre à l'abri.
 
Par contre, le match face à Reims s'est déroulé de la meilleure manière, à quelques détails près : les Verts ont ouvert le score sans se faire surprendre par l'adversaire et, une fois l'écart fait, ils ont affiché une maîtrise impressionnante, gardant le ballon et éloignant le danger de la cage de Ruffier. Les détails qui fâchent sont apparus entre les deux buts. En conférence de presse après le match, Gasset parle de "fébrilité" avant d'avoir su profiter quand l'adversaire "a eu moins de jus". Les deux premiers exemples de cette analyse montrent la tactique mise en place par Reims pour revenir au score, tactique parfois aidée par la fébrilité des Stéphanois, parfois déjouée par leur maîtrise. 
 

Parfois fébriles, parfois non

Les Verts aiment construire leurs attaques en partant de derrière et les adversaires le savent. Dans cet exemple qui commence à la 9e, M'Vila joue en retrait avec Subotic, qui passe à Perrin :
 
Le bloc de Reims est disposé en 4-1-4-1, avec un milieu qui sort sur M'Vila et un autre qui surveille Cabella entre les lignes. Perrin joue avec Debuchy à droite, qui lui redonne le ballon...


... et M'Vila est de nouveau cherché dans l'axe. Mais avant que le ballon quitte les pieds du capitaine, les milieux adverses commencent leur pressing. L'un se dirige vers M'Vila, l'autre vers Subotic, pendant que la sentinelle comble ce trou au milieu, dans la zone de Cabella. Malgré la proximité d'un adversaire, M'Vila ne se précipite pas...


... mais n'a pas d'autre option que de trouver Subotic. Qui, pressé par le milieu excentré adverse, rate sa passe vers Kolodziejczak et le ballon finit en touche - une des 4 ou 5 passes en touche du défenseur stéphanois en 1MT.

 
Un autre exemple du pressing rémois intervient à la 35e, quand Ruffier joue avec Perrin et Debuchy après avoir capté un centre adverse :
 

Les 4 milieux et l'avant-centre adverses sont dans la moitié stéphanoise et comme le ballon revient vers Ruffier, ils arrivent à parfaitement contenir les Verts :


On note sur cette image que Cabella et Selnaes avaient changé de place, le meneur de jeu descendant de plus en plus bas afin d'offrir une solution pour sortir de ce pressing. Et c'est le cas :


Perrin reçoit de nouveau le ballon. L'angle de passe vers Debuchy est bouché par le milieu adverse et celui vers Subotic par l'avant-centre. M'Vila est surveillé par deux adversaires, pendant que Cabella est suivi par un autre. Mais Perrin lui fait confiance et lui donne le ballon - une feinte de passe vers Debuchy envoie le milieu axial rémois vers le côté et le numéro 7 stéphanois peut se retourner tranquille, les Verts se sortent du pressing :


Et en plus le bloc adverse est coupé en deux, les 6 Rémois qui font le pressing étant très haut, donc Khazri, Selnaes et Kolo font des appels dans cet espace. Cabella ne les sert pas, il continue d'avancer avec le ballon...

 
... avant de le donner à M'Vila, qui trouve Khazri entre les lignes. Son contrôle orienté lui permet de se débarrasser de la sentinelle adverse et la défense de Reims est en difficulté : un latéral doit sortir sur Kolo, un central sur Khazri et deux autres doivent surveiller les appels de Diony et Hamouma dans l'axe. Finalement l'avant-centre stéphanois avance tout seul balle au pied et son tir de loin est capté par le gardien. 
 
 

D'autres éléments tactiques

 Le staff stéphanois semble avoir trouvé la formule pour faire jouer le groupe à sa disposition. L'équipe-type est assez claire, tout comme le système, un 4-2-3-1 avec Cabella en "10", Khazri en avant-centre et Diony ailier gauche. En ce qui concerne ce positionnement de ces deux derniers, Gasset l'a expliqué avant le match : "Mes attaquants sont assez libres pour permuter. Loïs Diony peut jouer sur un côté, en partant de la gauche et en arrivant lancé, j'estime qu'il a plus de chances". En voici un exemple, qui commence après un quart d'heure de jeu :
 

Reims bénéficie d'une touche dans le camp stéphanois et leur milieu essaye de trouver l'avant-centre, mais Perrin jaillit et le ballon arrive dans les pieds de Cabella. Celui-ci a du mal à se retourner et il se fait choper le ballon...


... qui arrive dans la zone de M'Vila, qui passe en taclant vers Subotic, qui passe en taclant jusqu'à Diony. L'attaquant excentré des Verts joue parfaitement dos au but :


Il protège le ballon du latéral adverse qui était monté, joue en arrière avec Kolo, qui lance au long de la ligne de touche Cabella, qui s'était projeté dans cet espace libéré. C'est une belle situation de contre pour les Verts, comme on peut s'attendre quand ils mènent au score :


La montée de Cabella sur le côté aspire des défenseurs et dans l'axe il y a un 2-contre-2 avec Khazri et Hamouma, qui croisent leurs courses. Mais ils ne sont pas servis, leur coéquipier tergiverse, la défense revient, Kolo dédouble et est servi, mais perd le ballon, qui est dégagé en catastrophe...


... jusqu'à Cabella. Les Verts calment le jeu, via M'Vila le ballon arrive à Subotic...


... et un échange de passes dans le rond central permet à tout le monde de se replacer. Le 4-1-4-1 de Reims est de nouveau en place, mais soudainement Khazri décroche de son poste d'avant-centre et est trouvé par M'Vila :

 
Et sur cette image on comprend mieux l'utilisation des deux ailiers stéphanois, chacun placé entre un défenseur central et un latéral. Ce qui laisse les couloirs libres (un pour Cabella et l'autre pour Debuchy) et ça offre des solutions de passe à Khazri, les deux ailiers aimant bien les appels en profondeur. C'est Diony qui est recherché par une très belle passe dans le dos de la défense, mais il n'arrive pas à armer sa frappe dans la surface.
 
 
Mais si les 4 de devant sont libres de permuter, c'est l'équilibre avec les 6 de derrière qui inquiète les supporters stéphanois. Ils sont souvent abandonnés par leurs coéquipiers, ce qui permet aux adversaires de se montrer dangereux assez facilement. Par exemple, à la 6e minute Reims bénéficie d'une touche dans ses 30m :
 

Le ballon circule entre la sentinelle et un défenseur central, les deux cherchés par le pressing de Khazri et Diony, respectivement. Les Rémois se passent le ballon latéralement...


... et les Stéphanois déclenchent le pressing. Khazri suit le ballon, Cabella prend sa place à côté de la sentinelle, Selnaes et Hamouma serrent à droite aussi...


... et si des nombreux joueurs sont concentrés dans cette zone du terrain, il y a plein de possibilités de l'autre côté, ou Diony se trouve seul entre trois adversaires. Comme le défenseurs de Reims se défait de Khazri, il a le temps de changer de côté proprement, via son gardien, qui lance le défenseur droit dans son couloir, dans le dos de Diony :


La défense stéphanoise est en déséquilibre, le pressing a été déjoué et les 4 défenseurs et 2 milieux ne peuvent pas colmater toutes les brèches. Notamment à gauche, où M'Vila doit aider Kolo dans son couloir, mais aussi défendre contre un milieu axial :

 
Pire, la défense doit serrer à gauche, un milieu axial se projette aussi, ce qui oblige Debuchy et Selnaes de le suivre et l'ailier opposé est complètement libre, Hamouma, le plus défensif des 4 offensifs stéphanois étant loin. Heureusement son centre est repoussé par Kolo et un centre-tir de l'autre côté est capté par Ruffier, ce qui met fin à cette action. Qui, malgré les apparences, n'était pas un contre, tout est parti d'une touche défensive pour Reims et un bloc stéphanois inexistant suite à un pressing inefficace. 
 

Conclusions

Le bilan comptable de l'ASSE est très bon, avec 23 points en 13 matchs et seulement deux défaites, à l'extérieur chez les deux premiers. Après un tiers du championnat, ils se trouvent à la cinquième place, leur objectif déclaré, à seulement 3 points de la deuxième. De plus, ils préparent parfaitement le Derby à venir, entrant dans cette trêve internationale avec une série de 4 matchs sans défaite, dont 2 victoires consécutives. Le système de jeu est clair, le rôle de chacun est bien identifié, les automatismes commencent à se mettre en place, on peut dire que la phase de rodage est finie. Tout n'est pas parfait, des petits sauts de concentration comme lors de ce dernier match peuvent coûter cher. Et d'autres équipes sauront mieux exploiter le déséquilibre qui fissure parfois le bloc stéphanois. Mais ce sont des éléments qui se travaillent et c'est probablement ce que le staff fera pendant la trêve, avant d'entamer un gros mois avec des matchs quasiment tous les 3 jours jusqu'à Noël.