Les Verts continuent leur série d'invincibilité, 11 match consécutifs, mais comme ils n'arrivent pas à gagner, ils sont d'ores et déjà éliminés de la Coupe d'Europe.


Les Stéphanois ont fait leur premier 0-0 de la saison il y a quelques jours, à domicile contre Montpellier. Et ils ont malheureusement réédité cette contre-performance en Ligue Europa, contre La Gantoise. Un match nul et vierge qui est équivalent à une défaite, le jeu des résultats rendant la qualification impossible avant même la dernière journée de la phase des groupes. Une élimination précoce, mais complètement justifiée par les difficultés rencontrées par l'ASSE, qui n'a tout simplement gagné aucun de ses 5 matchs européens (dont 3 à domicile).

Et la physionomie du match contre La Gantoise illustre bien ces difficultés. Les Verts sont maintenant parfaitement capables de rendre leur adversaire inoffensif, mais ne savent pas appuyer où et quand ça fait mal. Dans les mots de Claude Puel, "nous avons étouffé l'adversaire avec des situations, mais sur nos temps forts, assez nombreux, nous n'avons pas eu assez de justesse et de sang froid pour marquer (...) Après la mi-temps, nous n'avons pas su maintenir le même rythme. Nous n'avons pas su gérer la fin alors que nous étions en supériorité numérique".

Voici quelques exemples.

 

1MT : Pas efficaces

 
Pour ce match, le staff stéphanois a légèrement changé le système de jeu habituel. Toujours une défense à 3, mais un milieu renforcé, avec M'Vila en pointe basse et Camara et Aholou plus haut :


Un 3-1-4-2 donc, avec seulement deux offensifs (autres que les pistons Bouanga et Honorat). Ce choix de renforcer le milieu a été dicté par le système (4-4-2 losange) et le style de jeu adverse, comme on peut le voir dans l'exemple suivant.

Ça fait déjà plusieurs minutes que la possession est belge et les Verts perdent le ballon trop rapidement. La Gantoise fait tourner le ballon en dehors du bloc stéphanois :


Le 5-3-2 de l'ASSE est bien visible, avec Honorat qui sort de la défense pour bloquer le latéral gauche adverse quand le ballon arrive sur ce côté. Boudebouz est tout le temps au marquage d'un adversaire et on peut presque considérer que les Verts proposent 4 milieux en losange :


Le ballon continue de circuler en dehors du bloc, dans la moitié adverse, sans réel pressing de la part des Verts. Mais dès qu'il passe la ligne médiane...


... l'étau se resserre et Camara et Boudebouz récupèrent le ballon. Le premier joue vite vers l'avant, pour Diony, qui attend trop et un défenseur adverse repousse :


Le ballon arrive dans les pieds d'Aholou, qui lance en première intention Bouanga, en profondeur dans son couloir. Malheureusement la passe est trop appuyée et sort en touche. Sur la remise en jeu, la défense de La Gantoise ne s'embête plus avec une construction propre et cherche directement les attaquants :


Kolo-Perrin-Fofana défendent contre le trio offensif adverse, la passe est trop longue et le jeune défenseur stéphanois n'a aucun problème à contrôler. Il joue avec Ruffier...


... qui passe à Kolo, qui joue long aussi. Son ballon en profondeur pour Diony est mieux dosé et l'attaquant stéphanois récupère la balle dans le coin du terrain. Mais il est tout seul, alors il temporise en attendant du soutien :


Aholou et Boudebouz ne font pas des bons appels dans la surface, Bouanga arrive lancé, mais c'est Camara qui est préféré. Son tir de loin (le premier de ses 4 dans le match) est dévié par un défenseur en corner. Qui est repoussé en touche par la défense et sur la remise en jeu, Bouanga enroule une très belle frappe qui échoue sur la transversale, pour la plus grande occasion de la 1MT.

Suite à cette action, La Gantoise recommence une attaque construite :


M'Vila-Camara-Aholou-Boudebouz et Diony plus haut, l'axe du terrain est bien densifié par les Verts. Les Belges essaient de passer sur le côté droit, mais cherchent ensuite de nouveau l'axe :


La passe à destination d'un avant-centre est bien lue par Perrin, qui jaillit et intercepte, déviant le ballon jusqu'à Mahdi Camara, qui écarte avec Honorat...


... qui joue en arrière avec Fofana. M'Vila se décale intelligemment pour lui ouvrir un angle de passe et lance ensuite Aholou plus haut. Avec deux passes verticales, les Verts sont sortis de leur camp :


Aholou monte balle au pied et joue ensuite plus loin dans le couloir gauche, avec Bouanga. Diony, Boudebouz et Honorat se projettent rapidement, mais la défense est en place. Bouanga attend, et enroule ensuite un centre à destination de Diony :


L'avant-centre stéphanois est malheureusement trop court et la défense dégage le ballon. C'était un des 6 centres dans le jeu de Bouanga en 1MT, pas transformés en vraie occasion de but.


2MT : Des changements, mais du poste pour poste

 
Le premier changement effectué par Puel a été offensif, Nordin entrant à la place d'Aholou. Le système a été préservé, Boudebouz reculant d'un cran, dans le milieu à 3 à côté de M'Vila et Camara. S'ils ont été plus dangereux sur les phases de transition ou en contre, comme dans l'exemple précédent, les Verts ont aussi su construire leurs attaques, comme dans cet exemple à la 72e :


Un long ballon adverse cherche un des avant-centres, mais Perrin gagne son duel. Comme les 2 attaquants étaient du même côté, les 3 défenseurs stéphanois se trouvent pas loin - c'est Fofana qui récupère la balle. Il ne panique pas sous le pressing et sort proprement...


... avant d'écarter parfaitement dans la course de Bouanga, dans le couloir opposé. Boudebouz, initialement à côté de Fofana, vient lui proposer une solution et sert de point d'appui :


Il reçoit le ballon de Bouanga, qui va plus haut dans le couloir, avant de servir Kolo, qui monte de la défense. La Gantoise joue dans un 4-4-2 losange, donc avec un seul jouer de côté, le défenseur latéral. Si les Verts y mettent un deuxième, c'est un avant-centre qui vient couvrir, surtout que les milieux sont au marquage des axiaux stéphanois (et de Nordin, positionné comme un "10") :


Mais les Stéphanois n'attaquent pas de ce côté, ils ne font qu'aspirer le bloc adverse. Kolo-Boudebouz-M'Vila-Perrin et le ballon est écarté de l'autre côté, sur Honorat. Dans le foot, un décalage n'est pas forcément une supériorité numérique dans une zone du terrain, ça peut être aussi une situation de 1-contre-1 avec une supériorité technique...


... ou de vitesse. Honorat dépose à la course son adversaire direct, le latéral gauche, puis l'élimine complètement avec une feinte de centre :


Et comme l'appel de Diony au premier poteau a aspiré toute la défense, Bouanga (au 2e poteau) et Nordin (en retrait) sont parfaitement démarqués. Honorat choisit Camara, qui arrive lancé, mais qui rate sa frappe...


Si le premier changement (un attaquant pour un milieu) a été facilement compris vu le score, le deuxième a surpris : Youssouf à la place de Diony.


Bouanga a ainsi laissé son rôle de piston gauche au nouvel entrant et a pris une position d'attaquant à côté de Nordin.


Et si le 3e changement a toujours préservé le système 5-3-2, il a lui aussi permuté pas mal de joueurs :


Beric est entré en avant-centre, ce qui a fait passer Nordin en piston à la place de Youssouf, qui est devenu milieu axial à la place de M'Vila, sorti. Trois joueurs différents ont joué le rôle de piston gauche lors de ce match et Bouanga, Boudebouz, Nordin et Youssouf ont évolué à deux postes différents. Une situation pas évidente, surtout pour les deux derniers, jeunes joueurs qui en plus n'ont même pas joué une demi-heure chacun.

Le jeu produit en fin de match n'a donc pas été trop cohérent et, malgré le quart d'heure passé en supériorité numérique, les Stéphanois n'ont pas su trouver la faille.



Conclusions


Le système tactique a été choisi pour empêcher l'adversaire de développer son jeu, et ça a bien marché. La vitesse dans les couloirs et les mouvements devant ont bien exploité les points faibles de La Gantoise. Mais il a manqué quelque chose aux Verts pour marquer un but, et le coach stéphanois l'a bien identifié : "il nous manque encore cette maîtrise et cette expérience qui font la différence dans les matches à enjeu comme celui de ce soir". Savoir quand accélérer et comment, savoir emballer le match, profiter au maximum de ses temps forts ou d'une supériorité numérique... les Stéphanois ont encore du chemin à parcourir. Ce n'est pas surprenant, l'équipe est jeune et encore en construction, des faux pas sont attendus. Malheureusement, c'est en Coupe d'Europe qu'il y en a eu plusieurs consécutifs et la campagne européenne s'arrêtera ainsi plus tôt que prévu...