"J’ai connu des périodes extraordinaires dans ma vie, soit en tant que joueur, soit en tant qu’entraîneur, mais celle de Saint-Etienne est à mon sens la plus belle."


Robert, qu'est-ce qui fait selon vous qu'un club aussi adulé que peut l'être l’ASSE ne réussisse pas à décrocher un trophée depuis 25 ans ? Présidence ? Staff technique ? Supporters ? Economie ? Un peu de tout ça ? (Moufles)

Je pense que c’est lié aux dirigeants, à l’instabilité qu’ils créent. Je parle notamment de ce que je connais, de ce qui s’est passé avec Bompard et Soler. On avait tout pour être heureux mais pour des états d’âme, à cause d’un aspect médiatique qui ne leur convenait pas – parce qu’ils étaient un peu jaloux de ce qui se passait avec moi – ils ont tout foutu en l’air. Il y a eu aussi la période Antonetti, qui fait monter le club, et on trouve le moyen de changer, de faire venir quelqu’un d’autre. D’ailleurs dans ce domaine je pense qu’Elie Baup n’est pas très clair… Et puis maintenant Baup a travaillé pendant deux ans, le club se maintient bien et pouf, on change encore d’entraîneur ! Moralité, comme ce sont les dirigeants qui changent les entraîneurs, ce sont les responsables de l’instabilité. A l’inverse, il y a des exemples en France qui ont été frappants : celui d’Auxerre, et puis maintenant celui de Lyon. Même si je ne porte pas Aulas dans mon cœur, loin de là, il faut reconnaître que la stabilité et la bonne gestion ont fait que ce club a des résultats. Saint-Etienne, c’est la seule chose qui lui manque. Mais Saint-Etienne a beaucoup de choses que Lyon n’a pas : la chaleur, le charisme, les supporters, l’environnement, le passé. Mais tout ça n’est pas suffisamment exploité dans le bon sens.

Robert, merci d'avoir fait remonter le club en L1 ! Est-ce le meilleur souvenir de votre passage à l'ASSE ? (envert94)

Tout d’abord, je tiens à dire que je remercie les supporters stéphanois qui aujourd’hui encore me témoignent fréquemment leur sympathie. Tous les jours, en tout cas très souvent, lorsque je voyage, je ne passe pas un moment sans rencontrer quelqu’un qui m’aborde et qui me dise « je suis un supporter des Verts, je vous remercie ». Et ça, c’est très agréable ! J’ai connu des périodes extraordinaires dans ma vie, soit en tant que joueur, soit en tant qu’entraîneur, mais celle de Saint-Etienne est à mon sens la plus belle. Elle a duré deux ans et demi mais elle a été extraordinaire. Au-delà des résultats, le relationnel a été très fort entre Gérard, Bompard et moi jusqu’au dernier jour. Et que dire du relationnel avec les supporters ! Quand je suis arrivé, Bereta avait fait une réflexion à Soler, il lui avait dit « t’es fou de faire venir Nouzaret, il est de Marseille et en plus il a joué à Lyon, donc il va se casser la gueule. » Et bien je ne me suis pas cassé la gueule. Ce qui m’a fait le plus plaisir, plus que les résultats, c’est la complicité que j’ai eue avec les supporters.

Comment comparez-vous les montées en L1 de l'ASSE en 1999 avec vous comme entraîneur, et en 2004 avec Frédéric Antonetti ? (la buse)

Il y a un point de ressemblance : les deux montées ont été acquises dans la difficulté. Lorsque je suis arrivé à Saint-Etienne, le club venait de frôler la relégation en national, ça s’est joué au goal-average. A partir de là, ce n’est pas évident. Il ne fallait pas se tromper dans le recrutement, il fallait redonner confiance au public. En plus, je me souviens qu’on avait commencé la saison par quatre matches nuls. Et puis après, on a fait 20 rencontres sans perdre ! A partir de là, tout s’est déclenché. Fred, je pense que c’est un peu pareil : il a pris le club dans une difficulté sportive et financière importante. Le club avait été rétrogradé à l’issue de l’histoire des faux passeports, il y avait des problèmes financiers. Il a réussi à remodeler le club, avant de le faire monter en première division.

Quels souvenirs gardez-vous du stade Geoffroy-Guichard ? (cédric26)

Chaque match dans le Chaudron m’a laissé de gros souvenirs. Le souvenir le plus fort, c’est peut-être le jour où la montée a été évidente, ça a été un moment extraordinaire. En plus mon épouse y a participé, ma fille y a participé, j’ai senti là un bonheur rare, très rare.

Depuis le banc, on ressent quoi dans les moments où l'équipe et le stade prennent feu en même temps, comme c’était souvent le cas lorsque vous entraîniez les Verts ? (picthdobrasil)

Même si elle n’a pas la réussite, à partir du moment où l’équipe fait ce qu’il faut, qu’elle y met du cœur, on sent que le public stéphanois est prêt à être le douzième homme. Je pense que ce n’est pas donné à tous les publics…

Le joueur que vous avez le plus apprécié à Sainté ? (cédric 26)

Je ne peux pas en ressortir un en particulier. Si on me disait « faites votre équipe type » (il y a une rubrique de ce style dans France Football), je ne mettrais pas les joueurs extraordinaires qu’on retrouve souvent : Platini, Beckenbauer, etc. Moi mon équipe type, c’est l’équipe de Saint-Etienne que j’ai entraîné en première division. Alonzo, Kvarme, Wallemme, Mettomo, Potillon, Sablé, Sarr, Pédron, Guel, Alex, Aloisio. La voilà mon équipe type ! Je ne peux pas ressortir un joueur, j’ai passé des moments extraordinaires avec eux. Et il ne faut pas oublier les joueurs qui ont permis au club de monter ! On les a gardés tous, sauf ceux qui voulaient partir, pour les faire participer à une année de première division. Il y a eu des matches de D1 où j’ai eu l’occasion de les faire jouer, et ils se sont toujours comportés comme des seigneurs à l’image d’un Kader Ferhaoui. Kader, il aurait mérité qu’on lui fasse une statue avec la saison qu’il a faite !

Alex est-il le joueur le plus talentueux que vous ayez entraîné ? (Tooty)

Non, mais à l’époque, par rapport à la structure de l’équipe, qui était très complémentaire, c’était celui qui était le plus malin, le plus vicieux, le plus technique… et le plus casse-bonbons. Il était capable de mettre le feu dans l’équipe car il était très égoïste. Mais bon, on se rend compte que les meilleurs joueurs sont souvent comme ça. A côté de ça, Platini a été un super joueur, ça ne l’a pas empêché d’être aussi un bon gars. Zidane était un super joueur, ça ne l’empêche pas d’être un super mec. C’est ce qui manquait à Alex…

Qui était le plus fort sur un terrain selon vous : Alex ou Aloisio ? (envert94)

Ils étaient complémentaires. A égalité d’aspect physique, ce duo là était irremplaçable.

Pensiez-vous que Jérémie Janot, qui débutait quand vous l’avez connu à Sainté, deviendrait celui qu'il est aujourd'hui ? (Niklos Molnar)

J’ai toujours pensé qu’il avait les qualités pour devenir un grand gardien, mais qu’il n’avait pas la tête pour. C’est ce qui a fait qu’on a souvent cherché à le prêter, pour qu’il joue, pour voir réellement dans un autre environnement ce qu’il allait prouver en jouant tout le temps. Mais ça ne lui plaisait pas, il préférait rester. Peut-être que maintenant, au résultat des courses, on se dit qu’il a eu raison. Parce que les circonstances ont fait que quelqu’un lui a fait confiance, et ça lui a permis de montrer ses qualités. Après, je pense qu’il a dû énormément changer au niveau de son comportement extra-sportif. Il s’est marié, il a eu des enfants, et là on a vu le Janot qui couvait. Mais je ne peux pas dire que je pensais qu’il allait devenir comme ça parce que son frein à cette époque là, c’était le mental. Il pensait plus à déconner qu’à être performant. C’est pour ça que mis à part quelques matches de coupe de France ou de coupe de la Ligue, je l’ai rarement titularisé dans les buts. Je ne le sentais pas. Il aurait pu avoir la satisfaction d’être titularisé s’il avait eu l’occasion de s’essayer ailleurs, s’il m’avait prouvé par son comportement qu’il méritait de garder les buts stéphanois.

Quel regard portez-vous sur la carrière de Julien Sablé. Aujourd'hui, on a l'impression qu'il plafonne. Votre avis ? (Niklos Molnar)

Lorsque je l’ai fait débuter, il a passé des moments très difficiles par rapport à un malheur qui lui est arrivé. Il s’en est servi pour se motiver. Il était l’image même de l’ASSE, dans l’esprit, dans le jeu. Moi je le faisais jouer numéro 6 mais il ne sortait pas trop, c’était plutôt Sarr qui sortait. Maintenant il sort beaucoup et ne fait pas n’importe quoi. Mais peut-être qu’il est arrivé à un moment de sa carrière où s’il veut changer de niveau, il doit changer de club. Mais ça lui sera très difficile car c’est vraiment un pur.

Comment expliquez-vous que Mettomo et Sarr n'aient pas percé ? (Parasar)

Ils ont fait le choix de l’argent : Mettomo est allé à l’étranger, Pape est allé à Lens. Ils ont fait le choix de clubs d’envergure supplémentaire parce qu’au moment où ils sont partis, Saint-Etienne était en difficulté, le club venait de tomber en D2. Mais on ne peut pas leur reprocher ça. Je pense que comme Aloisio et Alex, ils font partie des joueurs qui sont faits pour jouer dans certains clubs, dans un certain environnement. Dès qu’ils perdent cet environnement, ils ne sont plus les mêmes. On a vécu la même chose à la grande époque des Verts. Lorsque les joueurs évoluaient tous ensemble dans leur contexte, ils avaient un comportement extraordinaire. Lorsqu’ils sont partis à droite et à gauche, on souhaitait qu’ils aient le même rendement mais ils ne l’ont jamais eu. Pour en revenir à Mettomo, il est allé en Allemagne, ce n’est pas évident mais c’est vrai qu’après il a plafonné. Quant à Pape Sarr, c’est vraiment la grande surprise. Il a eu une période incroyablement négative. Est-ce lié essentiellement à l’aspect sportif, est-ce lié à des conditions de vie, je ne sais pas… Sa trajectoire est vraiment surprenante car c’était vraiment un phénomène.

Guel, à l'entraînement, il marquait ? (kicjp)

Ce n’était pas un buteur, mais ce n’est pas ça que j’attendais de lui. On avait un équilibre entre Pédron qui était un centreur, un spécialiste des coups de pied arrêtés, et Guel qui est plus un percuteur, un organisateur de jeu. Mais c’est vrai que je me souviens qu’il a loupé de grosses occasions de but. Je me souviens d’un match à Lens, heureusement on a quand même gagné, mais il a manqué le cadre avec le but vide à un mètre. Mais il avait un rendement dans un autre domaine qui me satisfaisait.

Pouvez-vous nous parler un peu plus de Sacha Panov, qui reste une grande énigme pour nous supporters ? (Ynodu)

On y a cru mais ça ne s’est pas bien passé donc on s’est trompé. Quand ça se passe comme ça, c’est qu’on s’est trompé. Entre lui et Levytsky, avec tout ce qui s’est passé après, ce sont des choix qui ne nous ont pas réussi. Ce qui a fait notre force les deux saisons précédentes, c’était la qualité du recrutement, le fait que c’était presque réussi à 100%. La dernière année, ce n’était pas la même chose. Je dois reconnaître qu’on a eu des échecs.

Dans une interview publiée sur poteaux-carres.com, Jérôme Alonzo nous a dit que Maxim Levytsky n'avait pas -selon lui- le niveau de la D1. Franchement Robert, pourquoi être allé chercher un gardien cette saison là, alors que Jérôme en avait fini avec sa blessure? Ne lui faisiez-vous pas confiance avec le staff ? Si c’était le cas, pourquoi ne vous êtes vous pas penché sur un gardien aux talents reconnus plutôt que cet ukrainien ? (Ynodu) Est-ce que le diable ne vient pas de temps à autre les nuits de pleine lune vous chatouiller la conscience pour avoir cassé Jérôme Alonso ? (steauavert)

C’est facile de dire ça maintenant, mais quand on fait le choix de changer un gardien, c’est qu’il y a des raisons. Jérôme s’est blessé, il a eu beaucoup de mal à revenir. Il avait des lacunes dans son jeu : il était très fort sur sa ligne, mais il avait beaucoup de lacunes dans le jeu aérien, dans les sorties, dans les duels. C’est ça qu’on voulait compenser. Au travers de ce qu’on recherchait en France, on n’a pas trouvé ça. On est donc allé à l’étranger, on a vu jouer Levystky pas mal de matches et il nous a montré ça. La seule chose qui nous a surpris avec Levystky à Saint-Etienne, c’est son manque de caractère. Peut-être qu’il n’a pas eu assez de temps pour s’imposer… L’affaire des faux passeports est arrivée trop vite, elle l’a perturbé, elle a perturbé tout le monde d’ailleurs. Je n'ai pas cassé Jérôme Alonzo. Autant Jérôme m’a agréablement surpris dans la suite de sa carrière par son comportement dans les vestiaires, autant il n’avait pas le même comportement à Saint-Etienne. Je pense qu’il était très égoïste et ça lui a joué des tours. Même à l’entraînement, quand il prenait un but, c’était toujours la faute des autres, jamais la sienne. Et ça laissait planer des éventuelles querelles entre certains joueurs et la défense. On a voulu éviter ces problèmes. Quand je vois le comportement qu’il a depuis qu’il a rejoint Paris, même en étant doublure, je me dis « tiens, il a changé ». Peut-être qu’il a compris certaines choses !

Quelle fut votre plus grosse bourde à Sainté ? Si c'était à refaire, que ne referiez-vous pas ? (Parasar)

(Il réfléchit longuement). Ce n’est pas évident… Quand on perd un match, on se dit toujours après coup « tiens, j’aurais dû faire ça ». Ce que je peux regretter, c’est qu’on a peut-être été trop désireux d’avoir trop vite un effectif comme maintenant les clubs cherchent à avoir. On avait Alex et Aloisio, on a pris Panov pour mettre un peu de concurrence à Alex, on a pris un gardien étranger… On a peut-être voulu précipiter trop vite les choses pour avoir un effectif conséquent. On voulait éviter ce qu’on avait connu l’année d’avant à cause de la CAN et à cause des blessures. Autrement, j’ai certainement dû faire des erreurs… Qui n’en fait pas ? J’en ai sans doute commises dans les compositions d’équipe, dans des choix tactiques mais je ne me souviens pas d'un match en particulier...

Robert, on n’aurait pas dû la jouer cette coupe Intertoto ? (Ynodu)

J’assume le choix que j’ai fait à l’époque. La deuxième saison en D1 est toujours la plus difficile, j’ai eu peur en fonction de ce qui se passait avec d’autres clubs qu’on vive une situation difficile et que la coupe Intertoto nous soit plus préjudiciable que profitable. Rétrospectivement, on se dit qu’on a peut-être fait un mauvais choix parce que c’était l’occasion de remettre le pied rapidement dans la coupe d’Europe. Mais bon, il fallait être sûr que ça marche. Là aussi, je pense qu’il y a eu une montée rapide, il y a eu une réussite rapide. On a fini sixième mais dans la saison on a connu des difficultés : la CAN, des blessures, on a perdu des matches avant de finir fort. Toutes ces choses m’ont dit « Robert, ne t’engage pas, ne te grise pas dans un truc comme ça, fais une bonne préparation, on fait une bonne saison. Il vaut essayer de se qualifier pour une coupe d’Europe et la jouer plutôt que l’Intertoto ». A mon sens, on n’était pas prêts.

Avec le recul, cette politique de recrutement de seconds couteaux à l'étranger (Olesen, Levytskty, Panov, Luiz Alberto notamment), c'était n'importe quoi non ? (castorp)

Avec le recul, on peut toujours dire que c’est une erreur. Mais il faut rappeler qu’à cette période on n’avait pas de jeunes au centre susceptibles d’être des seconds couteaux utiles comme ça peut peut-être se passer maintenant. Si par exemple j’ai un mec comme Sablé second couteau, je ne vais pas chercher un autre mec à l’étranger. C’est l’idéal ça, d’avoir une ossature de quinze ou seize gars de niveau supérieur et d’avoir cinq ou six gars, des jeunes du club. C’est aussi une philosophie de l’A.S. Saint-Etienne. Mais à ce moment-là, il n’y a aucun jeune qui sortait du lot. Le seul qui aurait pu s’intégrer, c’est Vincent Péricard mais il a trahi le club. Il m’a trahi moi par rapport à la confiance que je lui ai faite. Et ça s’est retourné aussi contre lui le pauvre. S’il était resté à Saint-Etienne, il aurait pu jouer car José était blessé. Il aurait fait une progression plus lente mais sûre. Il a voulu faire le choix de l’argent, on voit le résultat… C’est la qualité des jeunes du centre de formation qui vous empêche d’aller chercher des gars ailleurs. Si vous n’avez pas ça, vous êtes obligé de prendre des gars à l’étranger pour assurer un effectif. Souvent, ces joueurs là sont moins chers que les joueurs que vous recrutez dans d’autres clubs en France.

Ne pensez-vous pas qu'en y mettant le prix, avec un recrutement français bien ciblé (Lama et Roche étaient sur le marché par exemple), non seulement pas de faux passeports, mais une bonne surprise (le titre ?) en fin de saison ? (castorp)

Je ne me souviens plus précisément quels étaient les joueurs disponibles à cette époque. Mais je peux vous dire qu’avant de prospecter à l’étranger, on a tout fait pour prendre des joueurs français. On ne va pas à l’étranger pour se faire plaisir, alors qu’on a quelque chose sous la main en France. Il y a deux conditions : soit vous les avez mais vous ne pouvez pas les payer. Soit vous pouvez les payer mais vous ne les avez pas, donc vous allez chercher des joueurs à l’étranger.

Qui était à l'initiative de cette politique de recrutement ? (castorp)

Dans ma carrière en général, je n’ai jamais subi la pression, je n’ai jamais cédé à la pression d’un président ou d’un directeur sportif. Ca s’est toujours passé de cette manière : mes responsables me demandaient ce que je souhaitais, moi je faisais des choix, les gens allaient voir. Si le budget correspondait au joueur, on le prenait. Ci ce n’était pas le cas, on regardait autre chose. On ne m’a jamais imposé un joueur, j’ai toujours choisi mes joueurs et assumé mes choix. D’ailleurs c’est pour ça que ça marchait. Quand ça marche comme ça, il n’y a aucun problème. Si l’entraîneur se laisse diriger au niveau du recrutement par un directeur sportif ou par un président sans être concerté, il est mort !

La relative faiblesse du banc, c'était : 1) Un manque de moyens ; 2) Un recrutement raté ; 3) Les deux mon capitaine ? (Zarle)

Comme je l’ai déjà dit, le recrutement de ma troisième saison stéphanoise a été moins réussi que celui des deux premières saisons. Mais attendez, on n’a jamais dit qu’on allait recruter de grands joueurs. Si, on a voulu prendre Lucio à l’époque mais il coûtait 25 millions de francs si ma mémoire est bonne. On n’avait pas les moyens de le prendre.

Avec l'effectif actuel des Verts, peut-être plus posé que celui dont vous disposiez, conserveriez-vous la tactique de l'offensive à outrance mise en place en 1999 ? (pitchdobrasil)

Probablement, oui. Vous savez, j’ai eu deux périodes dans ma vie d’entraîneur : avant mon expérience en Côte d’Ivoire, et après cette expérience. Avant de partir en Côte d’Ivoire, j’étais plus un gars rigoureux, défensif, qui jouait plus pour ne pas perdre que pour gagner, qui faisait souvent les équipes en fonction des adversaires. Après mes deux années en Côte d’Ivoire, quand je suis arrivé à Saint-Etienne, j’ai voulu imposer ce jeu vers l’avant pour essayer de donner du plaisir aux joueurs et du spectacle aux spectateurs. Et ça a marché. A partir de là, j’ai essayé de le faire à Toulouse, j’ai essayé de le faire à Bastia. Après, vous montez les structures d’équipe en fonction de ce jeu vers l’avant. Je pense que l’équipe actuelle de l’AS Saint-Etienne a des arguments pour déployer ce type de jeu.

Avec les Verts, vous êtes invaincu contre l’OL et l’OM. Est-ce un hasard, ou est-ce parce que vous étiez suffisamment imprégné de l'esprit du club (et saviez le communiquer à vos joueurs) pour faire de ces matchs des matchs à part ? (castorp)

Si je disais que c’est dû au fait que j’étais imprégné de l’esprit du club, ce serait vraiment manquer de modestie et m’attribuer les bons résultats de mes joueurs face à ces deux clubs ! C’est vrai que l’équipe stéphanoise que j’ai dirigée n’a pas perdu contre l’OM et l’OL, mais selon moi c’est un pur hasard.