Le maure aux dents avant que ça se corse !

La fin d'année 2019 a été compliquée. Avec seulement 3 victoires (dont une contre une équipe de minots nîmois en Coupe de la Ligue) et 2 nuls lors des 10 derniers matchs, le bilan est à peine meilleur que celui de Ghislain Printant à la tête de l'équipe (2 victoires et 3 nuls en autant de rencontres). Il sera donc important de ne pas commencer la saison par un faux pas contre un adversaire d'un calibre nettement inférieur. Sous peine d'entamer encore plus la confiance de cette équipe.

1- Le parcours

L'histoire de Bastia-Borgo débute il y a à peine plus de deux ans. A l'époque, le CA Bastia, deuxième club de la ville derrière le légendaire Sporting, et récemment passé en L2, termine la saison en position de relégable en National. C'est alors que le club, dans une situation financière pas forcément simple, décide de fusionner avec le 5ème club de l’Île de Beauté, le FC Borgo, vieux de près de 100 ans. Le nouveau club évoluera alors en National 2.

Après une première saison terminée au 7ème rang, le club ne tarde pas à se mettre en action pour remettre un club de la métropole bastiaise dans l'un des 3 premiers échelons nationaux. Ainsi, dès 2018-19, Bastia-Borgo termine 2ème de sa poule et, à la faveur d'une poule remportée par une réserve, obtient sa montée en N1.

Cette saison, les Corses ont, logiquement, un peu plus de difficultés. Mais avec une 13ème place, ils réussissent pour le moment à rester en dehors de la zone rouge. La dynamique bastiaise est toutefois inquiétante. Ils n'ont, en effet, plus gagné en championnat depuis fin septembre et n'ont pris que 2 points lors de leur 5 dernières sorties. Même à domicile où ils étaient plus à l'aise en début de saison, avec 3 victoires lors des 4 premiers matchs, ils restent sur 4 matchs sans victoires, dont 3 défaites. Les Bastiais s'illustrent avant tout par une défense très perméable (27 buts encaissés en 17 matchs, avant-dernière défense) malgré une attaque correcte (la 9ème du championnat).

Reste un parcours réussi en Coupe de France, même si celui-ci ne s'est, pour le moment, pas révélé redoutable, les Corses enchaînant des victoires contre Corte (1-3, R1), Balagne (2-4, N3), Noeux-les-Mines (0-2, R1) et Nanterre (1-2, R2).

 

2- L’effectif

Comme beaucoup d'effectifs de N1, s'il est loin d'être redoutable, l'effectif bastiais comporte un certain nombre de joueurs qui ont eu un contact plus ou moins marqué avec le monde professionnel.

Dans les buts, par exemple, c'est Milosavljevic, passé 6 ans en tant que second ou 3ème gardien en L2, à Chateauroux puis au Havre (7 matchs de L2 avec ces derniers) qui officie. Il est doublé par le jeune Lunardi, ancien de la réserve de l'AC Ajaccio. En défense, l'abondance d'axiaux favorise un système à 3. Les 5 joueurs à se partager l'axe ne voient pas vraiment émerger de joueur indiscutable, si ce n'est Durimel (5 matchs de L2 avec Amiens et 41 matchs de D1 roumaine avec le Dinamo Bucarest et Turnu Severin). Derrière lui, on peut supposer que l'ancien stéphanois Cros (qui émarge à un match de L1 avec les Verts, mais surtout à 56 matchs de L2 avec d'autres verts, ceux du Red Star et à 8 matchs de D1 grecque avec Platanias), sans sa blessure, se serait également au-dessus du lot. Pour le reste, Mohamed Kané, prêté par Metz (et passé par la D2 belge, pour 7 matchs), a aussi pâti d'une suspension mais a moins joué qu'Habib Gueye, Niortais la saison passée (6 matchs en L2). Le dernier larron est Hamdi, jamais passé par une division supérieure à la N1, mais ancien de la réserve monégasque avant de manger son pain noir à Limoges. Sur les côtés, ce furent principalement Cropanese (26 matchs de L2 avec le CA Bastia et notamment passé par Les Herbiers) puis Bilingi, prêté par Guingamp (avec lequel il n'a jamais joué en pro malgré un banc en L1) à droite et Makan Traoré (29 matchs de L2 avec Laval et ancien de la réserve du PSG) à gauche.

Au milieu, un trio se détache. Il est composé de Chérif Doumbia, 15 matchs de L2 avec Brest et 7 de D1 tunisienne avec le Stade Tunisien, de Ouadah, qui passe sa première saison en N1 après 5 saisons en N2 et N3 avec les Normands d'Oissel et l'un des rares à ne pas avoir eu le moindre contact avec le monde pro, n'ayant pas non plus fait sa formation dans un club pro, mais 4 ans à Camon, dans la banlieue amiénoise, et de Diarrassouba, également dans ce cas, puisque arrivé de Lyon-Duchère cet été. Si ces deux derniers ont eu leur chance cette saison, c'est aussi que le capitaine Grimaldi a vu son début de saison tronqué par une lourde suspension et une blessure. Le vétéran de l'équipe est pour sa part un bastiais de longue date puisqu'il a débuté en L2 au SC Bastia pour une seule apparition il y a plus de 10 ans puis y a regoûté avec le CA Bastia pour 20 matchs lors de leur unique saison à cet échelon. A noter que le polyvalent Cropanese a aussi pu y évoluer. De leur côté, Lajugie (1 match de L2 avec Orléans et qui a majoritairement joué en N1 et N2) et Di Santantonio (arrivé libre après avoir quitté Santarcangela, club de Serie Cet qui compte 5 matchs de Serie B avec Brescia mais aucun match en pro avec le Genoa où il est passée) n'ont que très peu joué.

Devant, c'est avant tout avec un duo que les Bastiais ont évolué. Un duo majoritairement formé de Oudzomo, passé par Chambly en N1 et formé à Sedan à l'époque où le club était encore pro, et de Maxime Penneteau, jeune joueur de 20 ans (fils de Nicolas, toujours titulaire du haut de ses 38 ans en Belgique), prêté par Reims où il n'a pas encore eu sa chance en pro. Leur doublure depuis le début de la saison a été Foulon, prêté pour la deuxième saison d'affilée par Valenciennes (où il est apparu 4 fois en L2 avant cela) mais qui ne réussit pas à s'imposer comme il l'avait fait la saison passée en N2, où il avait été meilleur buteur des siens avec 18 buts. A noter que lorsque le système utilise des joueurs de côtés, ce sont Ouadah et Cropanese les plus à même d'occuper ces postes. Giacomimi, passé par la réserve du PSG, et Cinquini, pur produit du foot corse et qui avait tenté sa chance en vain à Ajaccio, héritent seulement des miettes

La compo probable : Difficile d'imaginer le 11 tant il est compliqué d'obtenir une liste des joueurs aptes côté corse. Mais si toutes les forces étaient en présence, la composition pourrait bien ressembler à cela :

Milosavljevic – Bilingi, Durimel, Cros, Gueye, Traoré – Doumbia, Grimaldi, Cropanese – Oudzomo, Penneteau

 

3– Souviens-toi la dernière fois

Comme on pouvait s'y attendre, les Verts n'ont non seulement jamais affronté le FC Bastia-Borgo, mais pas non plus l'un des deux clubs à son origine, seule la réserve stéphanoise affrontant Borgo en 2016-17, pour un nul en Corse et un lourd revers 0-5 à L'Etrat. Un match auquel avaient participé Nordin et Camara, pour ce qui est des joueurs encore présents (mais aussi Roux, Dabo et Jorginho) et où Cropanese avait été buteur.

Notons toutefois que les dernières confrontations avec les clubs corses ont été largement à l'avantage des Verts avec seulement 2 défaites pour 16 victoires et 6 nuls. Plus précisément, les derniers déplacements en Corse ne se sont pas si mal passé que l'on pourrait le croire puisque si nous avons perdu en 2015, 0-1, à Bastia, nous comptons 5 victoires et 3 nuls sur l'Île de Beauté depuis 2010.

Notons enfin que nos dernières confrontations avec des équipes de N1 ont donné lieu à des qualifications sur le fil contre le Red Star (1-2 en 1/8, grâce à un CSC de... Cros, dans les 10 dernières minutes, malgré 65 minutes passée à 11 contre 10) puis contre Boulogne (1-1, 3-4 aux t.a.b., en ¼ après avoir été menés et être revenus à la 84'), en 2014-15. Avant cela, il faut remonter à la première saison de la remontée en L1 pour voire pareille confrontation, perdue à ce stade de la compétition, contre Nîmes. Un certain Loïc Perrin était déjà sur le pré.

 

4- Le joueur à suivre

S'il est difficile d'avoir un avis sur les joueurs qui composent cette équipe, faute de les voir évoluer régulièrement, le CV de certains peut nous amener à nous méfier un peu plus. Si ce pourrait être le cas de Pierrick Cros, nous vous renvoyons vers son interview pour plus d'informations. Et nous nous tournerons avant tout vers la figure d'Alexandre Durimel.

Car s'il a, comme beaucoup d'autres joueurs de cette équipe, déjà évolué en L2, ce n'est pas ça qui ressort le plus. Il peut en effet s'appuyer sur une bonne expérience en N1 mais aussi à l'étranger puisqu'il a passé 3 saisons en D1 roumaine, se permettant même de terminer 4ème en 2013-14. Joueurs parmi les plus expérimentés de l'effectif (seul Grimaldi est plus âgé), il fait aussi partie des indéboulonnables, n'ayant manqué une place dans le 11 qu'à une seule reprise (seuls Cropanese et Doumbia font mieux dans le champ). Enfin, il est notable parce que, bien que défenseur, il est également le meilleur buteur ex æquo de cette équipe avec 3 pions depuis le début de saison, soit autant que chacun des deux avants-centre et Ouadah. Espérons donc ne pas avoir que nos yeux pour pleurer à cause Durimel.