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Ne pas percer chez les Verts n'est pas vraiment un indicateur sur la poursuite d'une carrière pro: certains se sont révélés à la face du monde après avoir ciré le banc de l'ASSE, d'autres ont sombré dans les divisions amateures.
Ousmane Sarr, lui, n'a suivi aucune de ces deux trajectoires et a choisi la voie qu'il connait le mieux: celle du milieu...


Début de parcours
C’est à Dakar que Chérif Ousmane Sarr voit le jour, en 1986. C’est également dans la capitale sénégalaise qu’il découvre le football, grâce à une formation au réputé Centre Aldo Gentina, une structure soutenue financièrement (à l’époque) par l’AS Monaco. A 15 ans, il réalise le rêve de tout jeune joueur africain en rejoignant l’Europe et plus particulièrement la Suisse: Lausanne puis Sion.

Ousmane est doué et les choses s’enchaînent rapidement pour lui. A partir de la catégorie des 16 ans, il est systématiquement sélectionné pour son pays où, dans un rôle de milieu offensif, il est même souvent surclassé. C’est d’ailleurs lors d’un retour au pays pour disputer la CAN des -17 ans, lors de laquelle il porte même le brassard de capitaine, que sa carrière franchit un nouveau palier. Ses qualités n’ont pas laissé insensibles les recruteurs des grands championnats: Monaco, Strasbourg, Toulouse et même Arsenal le sollicitent.


A ne pas confondre avec Ousmane Sarr, poète et champion de scrabble

Son choix se porte alors sur le club londonien, rassuré sur son avenir par Arsène Wenger en personne, qu'on sait amateur de jeunes joueurs prometteurs. Son séjour chez les Gunners dure deux ans mais ne se déroule pas tout à fait de la manière voulue: Ousmane n’a pas de permis de travail et doit se contenter de quelque matchs amicaux et des entraînements, ce qui ne l’empêche pas de progresser aux côtés de joueurs comme Thierry Henry ou Patrick Vieira, son modèle. C’est d’ailleurs à cette époque qu’il est replacé dans un rôle de milieu défensif.

Néanmoins, à l’été 2004, il doit rebondir et trouver du véritable temps de jeu. Monaco et Strasbourg le veulent toujours mais il décide finalement de suivre Damien Comolli à Saint-Étienne, lequel quitte son poste de recruteur à Arsenal pour devenir directeur sportif de l’ASSE.


La fiche d'Ousmane Sarr en 2004

Dans l’antichambre stéphanoise
Ainsi, c’est le jour de la reprise de l’entraînement, en juin 2004, que les supporters de l’ASSE découvrent ce jeune joueur gaucher de 18 ans. Bizarrement, son recrutement n’a pas été annoncé officiellement par l’ASSE et on ne connaît pas trop son statut: a-t-il signé professionnel ou stagiaire ? Va-t-il évoluer avec les pros ou la CFA ?

Ses premiers pas sous le maillot vert s’avèrent difficiles car il est victime de deux entorses consécutives pendant l’été, ce qui l’empêche de bénéficier d’une vraie préparation. Sa place semble donc en équipe réserve dans un premier temps et il doit attendre la fin du mois de septembre pour faire ses débuts en CFA.

S’il évolue bien dans un rôle de milieu défensif, ses performances sont décevantes et il se révèle bien moins bon que Dabo, autre jeune du même âge. Arrivé pour remplacer Lawrence Quaye, il reste une des grosses déceptions de la saison chez les jeunes, perdant même peu à peu sa place de titulaire en équipe réserve. L’idée de le faire jouer avec les pros en match officiel disparaît alors bien rapidement mais il est quand même privilégié car il s’entraîne avec eux, joue des morceaux de matchs amicaux et effectue les différents stages de préparation.

La saison 2005-06 s’annonce sans doute déjà comme celle de la dernière chance pour Sarr. Toujours convié à la préparation des pros, il semble reparti sur de meilleures bases mais Elie Baup ne compte pas sur lui. A la fin du mois d’août, il est même sur le point d’être prêté à Dijon dans les bagages de Bafé Gomis, lequel refuse finalement de rejoindre la Bourgogne. Ousmane reste donc dans le Forez et retrouve une place de titulaire en CFA, marquant quelques buts au passage. Il fait même ses grands débuts à Geoffroy Guichard lors d'un match de gala face à Barcelone mais il doit encore progresser pour espérer intégrer durablement l’équipe 1.


Ousmane Sarr avec son équipe de prédilection: la réserve stéphanoise

Au mercato d’hiver, un prêt est à nouveau évoqué… mais toujours sans suite. Il profite alors de la CAN et des blessures qui déciment l’effectif stéphanois au mois de janvier pour gagner une place sur le banc de touche d’Elie Baup lors d'une rencontre face à Metz. Hélas pour lui, et heureusement pour les supporters, cette période ne dure pas: l’effectif se reconstitue peu à peu et Sarr quitte le groupe sans avoir joué la moindre minute en pro.
Néanmoins, Baup semble tout de même garder un œil sur lui et affirme avoir observé une progression lors des derniers mois chez le jeune Sénégalais. Il faut dire que, toujours titulaire avec une équipe réserve qui brille, ses prestations sont désormais convaincantes. Ceci pousse les dirigeants stéphanois à lui proposer un contrat professionnel de 3 ans. Une décision qui peut paraître surprenante tant l’ASSE avait semblé vouloir s’en séparer lors des dernières périodes de transfert mais qui récompense ses efforts.

Pourtant, l'ASSE étant un club à part, c'est finalement après s'être attaché ses services que l'ASSE ne va plus lui faire confiance. Malgré cette petite victoire, Sarr n'est pas utilisé dans le groupe pro et lors de la saison 2006-07, il est prêté à Grenoble, alors en Ligue 2. Son bilan à l'ASSE n'aura finalement été que de 48 matches en équipe réserve pour 4 buts. Son meilleur souvenir: "Lors d’un match de CFA, on était menés au score et en course pour le maintien. J’étais remplaçant. Les supporters n’étaient pas contents du tout. Bafé allait rentrer, je lui ai dit: "Quand tu rentres et que tu arrives dans la surface de réparation, tu ne dribbles pas, tu tires directement". Il a marqué tout de suite, j’étais tellement content, j’ai voulu me lever pour aller vers lui, j’ai sauté et je me suis tapé la tête contre la barre en fer qui est au-dessus des sièges. Je me suis ouvert le crâne"


Court intermède à Grenoble en 2006

Loin de Saint-Étienne
Dans le Dauphiné, Ousmane s'impose au milieu de terrain, dispute 28 matches, marque deux buts... L'aventure aurait pu continuer mais il n'est que prêté et Grenoble ne souhaite pas lever l'option d'achat. Après quelques tractations estivales, il reste finalement en Ligue 2 la saison suivante mais à Troyes où il s'engage pour 4 ans avec l'ESTAC. C'est la fin définitive de son aventure stéphanoise: "Personnellement, je pense avoir fait le bon choix en signant quatre ans à Troyes. Saint-Etienne m'avait proposé un contrat de deux ans, mais je voulais avoir du temps de jeu. A Troyes, je suis titulaire depuis le premier match, j'espère que je vais continuer de progresser dans ce club"


Passage contrasté de deux saisons à Troyes

Ousmane restera dans l'Aube deux saisons, inscrivant 2 buts en 34 matches mais subit de nombreuses blessures lors de sa seconde année champenoise qui le contraignent à jouer 3 mois en équipe réserve. Son entraîneur Ludovic Batelli dit alors de lui: "Ousmane Sarr ? C'est une énigme. Il est capable de faire des gestes et des choses exceptionnelles mais il est également très inconstant. Il doit mettre ses qualités au service du groupe et de l'équipe. Ousmane est quelqu'un de cyclique, dans les performances et dans l'esprit. C'est dommage". Relégué en National en fin de saison, Ousmane Sarr résilie son contrat à l'amiable avec le club en septembre 2009 et se retrouve au chômage.


Sarr retrouve des couleurs à Randers

Ayant raté successivement les deux promotions en L1, à Grenoble et à Troyes, Ousmane prend une année pour se ressourcer et va tenter sa chance au pays des Vikings et de la Petite Sirène: le club danois du Randers FC l'engage à l'aube de la saison 2010-11 grâce au recruteur Mikael Jakobsson: "Les clubs danois font énormément confiance aux joueurs africains dont le potentiel physique et technique est au point. Ensuite, la visibilité du championnat danois est bien plus importante que celle du National et du CFA. C'est un championnat très bien organisé où les joueurs sont tranquilles et payés en temps et en heure. Enfin, c’est aussi un tremplin idéal pour aller par la suite dans de plus gros clubs"
Sa belle saison au Danemark (21 matches pour 4 buts) incite un club plus huppé, Viborg FF, à le recruter à l'été 2011.


Sarr buteur pour Viborg, une image récurrente

A Viborg, Sarr joue peu mais marque beaucoup. En 3 saisons, rythmées par des blessures et des mises sur le banc, il dispute seulement 28 matches mais y marque la bagatelle de 7 buts. Pas mal pour un milieu défensif !
Le Sénégalais ne joue finalement que 3 matches lors de sa dernière saison à Viborg. En fin de contrat à l'été 2014, il est laissé libre. Durant quelques années, on perd sa trace et lui perd son statut de professionnel. Il ne répparait dans les fichiers de la FFF qu'en 2018, dans le Loiret. En effet, après quelques piges à Saran (45), il tient à voir Vierzon et il va voir Vierzon (18). Mais à 35 ans, même le National 3 est une division compliquée à appréhender aussi la crise du COVID met les amateurs à l'arrêt en même temps que sa carrière.

Ousmane Sarr a de l'appétit à Saran

Loin des yeux mais pas loin du cœur, Ousmane Sarr garde pourtant toujours un œil sur le parcours de Sainté: "Je continue à suivre les résultats des Verts car je sais ce que je dois à Saint-Étienne. C'est la première ville qui m'a accueilli et j'ai gardé beaucoup de contacts là-bas. Saint-Étienne, c’est le premier club où j’ai évolué en France, c’est mon club de cœur. Malheureusement, je n’ai pas eu la chance, comme certains, de pouvoir rester. J’étais le seul joueur de l’effectif à ne pas jouer. J’étais jeune, j’avais 18 ans, j’étais encore immature, je n’avais jamais vécu en France. Je n’ai pas senti de soutien de la part d'Élie Baup, seul Roland (Romeyer) l’a fait. Peut-être que le coach doutait de mes capacités. S’ils m’avaient donné l’opportunité de m’exprimer, ils auraient tous été surpris".