Sacré hier soir champion de National 3, Laurent Batlles revient pour nous sur l'exceptionnelle saison de l'équipe réserve de l'ASSE.


Ton analyse sur la victoire à Montluçon ?
Ce match à Montluçon a été un peu compliqué. On avait essayé d’enlever toute pression aux joueurs mais ce n’est pas facile de passer outre avec un jeune groupe. On est tombé sur une équipe de Montluçon qui avait besoin de prendre un point pour se maintenir. Ils ont joué à dix derrière, bien dans leur camp. J’ai demandé à mes joueurs d’être patients, de les faire courir pour les faire peiner physiquement et en profiter pour faire la différence. En fin de première mi-temps, Dylan a inscrit un but qui a débloqué le match. Il nous a ouvert les portes de la victoire. En seconde période, On a fait le break mais on aurait dû se mettre à l’abri, Makhtar a deux occases. A la fin, on s’est fait une petite frayeur. Ils ont marqué sur coup de pied arrêté alors qu’ils avaient frappé zéro fois au but. J’avais demandé aux garçons d’être sereins, ils ont bien géré l’évènement.

Cette victoire est synonyme de montée en National 2.
Oui, c’est une immense satisfaction. Je tiens à féliciter tous les joueurs, tout le staff mais aussi toutes les autres personnes du centre de formation, du club. On s’est beaucoup entraidé pour que cette équipe arrive à avoir des résultats. Cette montée n’est pas qu’un soulagement personnel, c’est un soulagement pour le club. C’est un aboutissement. On avait vraiment envie de monter cette année. La saison dernière avait déjà été bonne, je savais qu’en gardant à peu près le même groupe, il y avait quelque chose d’intéressant à faire. On a fait la saison qu’il fallait. Bourgoin nous a repoussé dans nos retranchements. Je suis très fier de mes joueurs, je crois qu’ils ont battu le record de points. Monter avec 62 points en 26 matches, je pense que ça ne s’est presque jamais vu.

En tout cas on a mérité le titre de champion de National 3. Dans les autres groupes, les premiers ont glané moins de points que tes protégés : Haguenau 60, Blois 59, Feignies Aulnoye 59, Oissel 59, Pontarlier 58, Vannes 57, Nantes 56, Bordeaux 55, Endoume 55, Bobigny 51. Nîmes 50. Le bilan de notre saison est vraiment exceptionnel !
Oui on est content de notre bilan : 19 victoires, 5 nuls et seulement 2 défaites. C’est une réussite collective. C’est la réussite de tout un groupe, et j’inclus un ou deux pros qui sont venus se relancer avec nous, qui ont fait des efforts. On a gardé une ossature, on a joué très jeune, en incluant des U19 nationaux. Arriver à faire autant de victoires tout en arrivant à garder une certaine homogénéité et une façon de jouer qu’on s’était donné en début de saison, c’est très bien. On récolte un petit peu les fruits de ce qui avait été fait la saison dernière. Les joueurs connaissaient le système de jeu, ils se connaissaient eux, ont créé des automatismes. C’est aussi pour ça que ne je n’ai pas trop souhaité changer mon équipe. Avec cette stabilité, c’est plus facile de jouer et d’imposer notre jeu. On finit non seulement avec le plus grand nombre de points mais aussi avec la meilleure attaque tous groupes confondus. On a marqué 58 buts, ce n’est pas rien ! On savoure cette performance. J’en profite car je le doute bien que la saison prochaine, comme toutes les réserves, ce sera beaucoup plus compliqué. On va retravailler, je me projette un petit peu déjà mais si ce n’est peut-être pas le jour pour faire ça. Il faudra peut-être jouer le maintien, on aura plus de difficultés, mais c’est aussi formateur pour nos joueurs.

Pour un club comme l’ASSE, c’est important que la réserve évolue en National 2 plutôt qu’en National 3 ?
De mon point de vue c’est important. Le National 2, maintenant, est quasiment semi-professionnel. Les joueurs s’entraînent presque tous les jours, on le voit avec Andrézieux. Si on veut que nos jeunes joueurs puissent se rapprocher le plus vite possible du niveau professionnel, il faut être au niveau le plus haut. Plus on est haut, plus on a des difficultés, et plus on verra qu’il faut faire plus de choses à un moment donné. Etre encore meilleur dans le jeu, plus cohérent techniquement, physiquement… Chez nous, le club a d’énormes exigences avec ses jeunes pour sortir. Evoluer en National 2 va leur permettre de franchir un palier. Il y a trois ans de ça, j’étais l’adjoint de Thierry Oleksiak en équipe réserve. On était descendu le dernier match. Notre saison en CFA avait été dure mais les Jo Bamba, les Dylan Saint-Louis et autres ont grandi dans la difficulté. Pour nous, le niveau National 2 est le niveau le plus élevé où on peut être. C’est intéressant d’y être car c’est relevé. J’ai suivi tous les championnats des réserves pros, beaucoup restent en National 3. Le National 2 va faire grandir nos joueurs, j’en suis convaincu.

Au-delà des résultats exceptionnels de ton équipe réserve, la progression de tes joueurs est à souligner. Certains ont franchi un palier au point de signer pro.
Oui, beaucoup de joueurs ont signé pro, peut-être que d’autres vont suivre dans les jours qui arrivent. Le fait de monter pourrait faire évoluer les choses pour des joueurs. Signer un premier pro, ce n’est pas une fin en soi. Il faut essayer ensuite de construire une carrière de dix ou quinze ans. Mais c’est un premier objectif que les jeunes doivent se fixer personnellement. Certains l’ont atteint. Aujourd’hui je ne veux pas dissocier certaines personnes par rapports aux autres. C’est vrai qu’il y a des joueurs qui ont des stats. On va toujours mettre en avant Dylan Chambost, Samy Baghdadi, Vagner. Mais il ne faut pas les dissocier des autres, le collectif est primordial à mes yeux. Tout a été fait ensemble, en groupe. Il y a des garçons qui ont bénéficié du fait que le groupe marche bien. Les joueurs qui ont des stats, ça leur permet peut-être de se valoriser un peu plus que les autres mais il ne faut pas oublier des Léo Pétrot, des Wesley Fofana… Je ne peux pas dissocier un joueur. Des garçons comme Mahdi Camara et Kenny Rocha Santos ont franchi un palier mais il y en d’autres. Tous ont progressé, même ceux qui ont moins joué comme par exemple Benjamin Aulagnier ou Ilyès Rahmani. Ils ont certes eu moins de temps de jeu que d’autres mais je pense qu’ils ont été tirés vers le haut.

Seras-tu encore à la tête de la réserve la saison prochaine ? Contractuellement t’en es où et quels sont tes souhaits ? Il y a une semaine, la Pravda a évoqué ta possible intégration dans le staff des pros.
Je ne parlerai pas de mon avenir. Il me reste un an de contrat. On avait tous été reçu l’année dernière par la direction et on avait signé deux ans. Je finalise mardi ou mercredi mon BEPF, le diplôme qui permet d’entraîner des pros. En me projetant sur la saison prochaine, je travaille pour le club. J’ai rencontré le club, tout s'est bien passé. Aujourd’hui je profite du moment, je vais passer ma certification. Franchement, je ne sais pas ce qui va se passer. La montée est importante car ça permet à un entraîneur d’évoluer à un niveau supérieur. Ce qui est sûr, c’est que je suis très heureux d’être dans ce club. Après, dans le foot, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Je n’ai pas l’intention de partir mais je passe mon diplôme aussi. Ce qui a été relayé, je n’ai aucun vent de ça. On ne sait pas sur quoi va déboucher le rachat du club et quelles décisions seront prises. Je ne me prends pas la tête avec ça. Je vis le moment présent.