En 2010, Galtier était contraint par le poids des deux intersaisons
précédentes. En 2011, c’est grande braderie (bye bye Matuidi, Payet et
Rivière) et recrutement conséquent : Galette peut enfin bâtir l’équipe
qu’il veut. Il l’aura répété : il veut jouer en 4-4-2. Et effectivement,
il l’aura installé, ce 4-4-2, que nous avons à l’époque analysé.
Les Verts ont fait un début de saison 2011-12 timide. Mais, c’est incontestable, ils finissent par trouver leur rythme de croisière, finissent 2011 en boulet de canon et repartent sur le même rythme en 2012… Et puis, arrive ce coup d’arrêt : le nul à Auxerre. Nous sommes le 25/02, et les futurs relégués font apparaître au grand jour la faille principale du système stéphanois.
Le tournant à l’Abbé Deschamps
La deuxième mi-temps, où aucune des deux équipes ne tenta de jouer au football, a marqué les esprits – d’aucuns, par superstition la considèrent d’ailleurs comme le début de la fin. Mais elle prend toute son importance à la lueur de la première. Résumée en une phrase : les Verts butent sur le mur auxerrois, Oliech prend la défense de vitesse en contre, Ruffier est impérial. En d’autres termes : face à une équipe regroupée, l’ASSE est incapable de protéger sa charnière centrale. La solution apportée en deuxième mi-temps sera radicale : Clément va jouer très bas ; l’AJA n’aura plus d’espace. A l’inverse, Sainté sera incapable de mener la moindre attaque : l’équipe est coupée en deux, les transmissions ne se font plus ; bientôt on n’essaiera même plus d’en faire.
S’il y en a un qui a bien analysé ce match, c’est Pablo Correa, alors entraîneur d’Evian-Thonon-Gaillard. Le promu viendra s’imposer la semaine suivante à Geoffroy-Guichard, et en maîtrisant son sujet s’il vous plaît. Comment ? En jouant sur cette faiblesse vue en Bourgogne : le dispositif savoyard a explicitement pour but de reproduire cette coupure entre 5 défensifs et 5 offensifs. Et ça marche.
Retour à la case départ
Il faudra six matches (dont un derby perdu…) pour que Galette tire toutes les conclusions de ce constat. Si Clément doit protéger la charnière centrale, il faut muscler le milieu : Guilavogui et Lemoine sont alignés ensemble devant l’ancien parisien pour la première fois à Caen, le 21/04. L’ASSE, qui se positionnait en 4-4-2 lorsqu’il fallait défendre, va dorénavant se présenter en 4-1-4-1…ce qui est exactement le système de jeu proposé par Galtier lors du début de saison 2010-2011 !
Concrètement, qu’est-ce que cela change ? A la récupération, les défenseurs centraux s’écartent pour couvrir les montées des latéraux ; Clément recule jusqu’à leur hauteur. Si les latéraux, ainsi sécurisés, peuvent se projeter en même temps vers l’avant, il n’y a plus qu’un seul avant-centre pour peser sur la charnière adverse – ce qui est peu.
Dans ce système, le n°6 devient pour de bon la clé de voûte, c'est-à-dire le joueur vers lequel toutes les forces de l'équipe convergent : enlevez-le, tout s’effondre. Voilà pourquoi Clément, pourtant dans un rôle peu spectaculaire, frappe les esprits – tout comme Matuidi ou Zokora avant lui.
Il en est d’autres dont le rôle est modifié par cette réorganisation : les ailiers. Dans une telle disposition, il est nécessaire que les joueurs de couloir, en plus d’animer leur côté avec les latéraux, doivent venir faire le nombre dans l’axe. Ce surcroît d’activité peut les épuiser, surtout quand les milieux font face à une forte opposition et ne peuvent les soutenir. Il leur faut donc être à la fois capables de varier leurs courses, de tenir le ballon, de savoir dribbler, et d’être décisifs !
Un trait d’union : le 4-2-3-1
Pour être complet, il faut quand même noter le dispositif qui est à mi-chemin entre le 4-4-2 et le 4-1-4-1. Que ce soit Batlles reculant de devant ou la pointe du milieu (Cohade ou Lemoine) qui tourne vers l’avant, l’équipe prend alors la forme de ce système qui a été accomodé à toutes les sauces ces dernières années. Pour l’instant, le 4-2-3-1 est plutôt une possibilité utilisée en cours de matches où le 4-1-4-1 semble inopérant.
Encore faut-il avoir les moyens de son ambition…
Une fois ça en tête, on comprend à merveille la logique du recrutement de l’ASSE cet été (en dehors de la quête du latégraal Clerc) :
- renforcer numériquement le milieu de terrain : Cohade, formé n°6, avec une bonne vision du jeu et capable d’être décisif dans la zone de vérité, a le profil parfait ;
- renforcer les ailes : la vitesse et la qualité de dribble d’Hamouma sont des atouts importants ;
- trouver un attaquant capable de faire le travail de deux attaquants pour peser sur une défense et habile dans le jeu dos au but : c’est la signature de Brandao.
Sur le papier, c’est beau. Sur le terrain, c’est pas mal. Le milieu apparaît clairement comme l’un des principaux atouts de l’équipe. L’équilibre défensif permet de faire varier les joueurs au gré des absences sans que l’équipe n’en pâtisse trop – être la deuxième défense du championnat avec 7 joueurs au temps de jeu significatif, c’est une belle performance. Là où le bât a le plus blessé, notamment en décembre, c’est devant, alors que l’équipe flambait quelques semaines plus tôt. L’une des causes principales est la fatigue physique : privé une bonne partie du temps de Nicolita, Alonso et Brandao et affaibli par le départ tardif de Sako, l’effectif est beaucoup plus court que prévu – et inadapté au système de jeu.
Et là est la faille du 4-1-4-1 / 4-3-3 :le nombre réduit de joueurs à vocation offensive oblige à compter sur des troupes au top. Quand ce n’est pas le cas, gagner devient très difficile. Espérons que l’activité déployée en coulisses cet hiver suffira à régler le problème.
Olaf
Les Verts ont fait un début de saison 2011-12 timide. Mais, c’est incontestable, ils finissent par trouver leur rythme de croisière, finissent 2011 en boulet de canon et repartent sur le même rythme en 2012… Et puis, arrive ce coup d’arrêt : le nul à Auxerre. Nous sommes le 25/02, et les futurs relégués font apparaître au grand jour la faille principale du système stéphanois.
Le tournant à l’Abbé Deschamps
La deuxième mi-temps, où aucune des deux équipes ne tenta de jouer au football, a marqué les esprits – d’aucuns, par superstition la considèrent d’ailleurs comme le début de la fin. Mais elle prend toute son importance à la lueur de la première. Résumée en une phrase : les Verts butent sur le mur auxerrois, Oliech prend la défense de vitesse en contre, Ruffier est impérial. En d’autres termes : face à une équipe regroupée, l’ASSE est incapable de protéger sa charnière centrale. La solution apportée en deuxième mi-temps sera radicale : Clément va jouer très bas ; l’AJA n’aura plus d’espace. A l’inverse, Sainté sera incapable de mener la moindre attaque : l’équipe est coupée en deux, les transmissions ne se font plus ; bientôt on n’essaiera même plus d’en faire.
S’il y en a un qui a bien analysé ce match, c’est Pablo Correa, alors entraîneur d’Evian-Thonon-Gaillard. Le promu viendra s’imposer la semaine suivante à Geoffroy-Guichard, et en maîtrisant son sujet s’il vous plaît. Comment ? En jouant sur cette faiblesse vue en Bourgogne : le dispositif savoyard a explicitement pour but de reproduire cette coupure entre 5 défensifs et 5 offensifs. Et ça marche.
Retour à la case départ
Il faudra six matches (dont un derby perdu…) pour que Galette tire toutes les conclusions de ce constat. Si Clément doit protéger la charnière centrale, il faut muscler le milieu : Guilavogui et Lemoine sont alignés ensemble devant l’ancien parisien pour la première fois à Caen, le 21/04. L’ASSE, qui se positionnait en 4-4-2 lorsqu’il fallait défendre, va dorénavant se présenter en 4-1-4-1…ce qui est exactement le système de jeu proposé par Galtier lors du début de saison 2010-2011 !
Concrètement, qu’est-ce que cela change ? A la récupération, les défenseurs centraux s’écartent pour couvrir les montées des latéraux ; Clément recule jusqu’à leur hauteur. Si les latéraux, ainsi sécurisés, peuvent se projeter en même temps vers l’avant, il n’y a plus qu’un seul avant-centre pour peser sur la charnière adverse – ce qui est peu.
Dans ce système, le n°6 devient pour de bon la clé de voûte, c'est-à-dire le joueur vers lequel toutes les forces de l'équipe convergent : enlevez-le, tout s’effondre. Voilà pourquoi Clément, pourtant dans un rôle peu spectaculaire, frappe les esprits – tout comme Matuidi ou Zokora avant lui.
Il en est d’autres dont le rôle est modifié par cette réorganisation : les ailiers. Dans une telle disposition, il est nécessaire que les joueurs de couloir, en plus d’animer leur côté avec les latéraux, doivent venir faire le nombre dans l’axe. Ce surcroît d’activité peut les épuiser, surtout quand les milieux font face à une forte opposition et ne peuvent les soutenir. Il leur faut donc être à la fois capables de varier leurs courses, de tenir le ballon, de savoir dribbler, et d’être décisifs !
Un trait d’union : le 4-2-3-1
Pour être complet, il faut quand même noter le dispositif qui est à mi-chemin entre le 4-4-2 et le 4-1-4-1. Que ce soit Batlles reculant de devant ou la pointe du milieu (Cohade ou Lemoine) qui tourne vers l’avant, l’équipe prend alors la forme de ce système qui a été accomodé à toutes les sauces ces dernières années. Pour l’instant, le 4-2-3-1 est plutôt une possibilité utilisée en cours de matches où le 4-1-4-1 semble inopérant.
Encore faut-il avoir les moyens de son ambition…
Une fois ça en tête, on comprend à merveille la logique du recrutement de l’ASSE cet été (en dehors de la quête du latégraal Clerc) :
- renforcer numériquement le milieu de terrain : Cohade, formé n°6, avec une bonne vision du jeu et capable d’être décisif dans la zone de vérité, a le profil parfait ;
- renforcer les ailes : la vitesse et la qualité de dribble d’Hamouma sont des atouts importants ;
- trouver un attaquant capable de faire le travail de deux attaquants pour peser sur une défense et habile dans le jeu dos au but : c’est la signature de Brandao.
Sur le papier, c’est beau. Sur le terrain, c’est pas mal. Le milieu apparaît clairement comme l’un des principaux atouts de l’équipe. L’équilibre défensif permet de faire varier les joueurs au gré des absences sans que l’équipe n’en pâtisse trop – être la deuxième défense du championnat avec 7 joueurs au temps de jeu significatif, c’est une belle performance. Là où le bât a le plus blessé, notamment en décembre, c’est devant, alors que l’équipe flambait quelques semaines plus tôt. L’une des causes principales est la fatigue physique : privé une bonne partie du temps de Nicolita, Alonso et Brandao et affaibli par le départ tardif de Sako, l’effectif est beaucoup plus court que prévu – et inadapté au système de jeu.
Et là est la faille du 4-1-4-1 / 4-3-3 :le nombre réduit de joueurs à vocation offensive oblige à compter sur des troupes au top. Quand ce n’est pas le cas, gagner devient très difficile. Espérons que l’activité déployée en coulisses cet hiver suffira à régler le problème.
Olaf
Potins