Les comptes officiels 2014/15 sont sortis, et il y a de quoi être optimiste.



A la parution des comptes l'année passée, nous avions titré "l'ASSE s'embourgeoise" en notant un réel changement de dimension économique pour le club avec une accélération brutale des dépenses structurelles (c'est-à-dire n'incluant pas les indemnités de transfert).

Nous avions d'ailleurs conclu :
"On peut donc imaginer que l’ASSE est en phase d’accélération, et que les résultats aidant, les recettes viendront à terme compenser l’augmentation des dépenses, et permettre d’atteindre un nouveau palier budgétaire, où l’ASSE ne sera plus regardée de haut par Bordeaux."

Et bien vous savez quoi ? Nous avions visé droit dans le mille...



Sur le palier

La saison 2013/2014 avait donc été marquée par une explosion de presque 20% des dépenses hors transferts. Le club était ainsi passé à un train de vie de plus de 70M€ (71,2 exactement). En 2014/15, l'augmentation est légère et porte les dépenses courantes à 73M€. En revanche, il est à noter que l'ASSE - comme nous l’annoncions - a quasiment rattrapé Bordeaux. L’affaire Jean-Louis Triaud chute en effet à 77,5M€.

Cette augmentation des dépenses est pourtant maîtrisée, ce que l’on peut déduire de la comparaison avec les autres clubs boxant a priori dans notre catégorie :
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Ce graphique reprend le résultat hors-transfert, qui est négatif pour tout le monde.

 

L'ASSE est loin d'être la plus mal placée. Pour les clubs français du 2è groupe (après le PLM-Monaco, quoi), un tel déficit structurel fait en réalité partie d’un modèle économique normal.

La comparaison des comptes de l’ASSE entre 2013/14 et 2014/15 confirme également cette maîtrise :
- le montant des dettes de toutes sortes inscrites au bilan baisse de presque 20% pour atteindre 32M€, soit 7,5M de moins
- le déficit (hors transferts) de la saison 2014/15 baisse de 40%, et retrouve son niveau habituel depuis 2010 (plus ou moins 10M€)

 

Pourquoi ces indicateurs sont-ils si importants ? Ils prouvent que, contrairement à la période 2008/2010, la décision de lâcher de l'argent en masse a été bien préparée.

Comment l'expliquer ? Vous avez fait la déduction : si les dépenses ont changé de braquet mais que le déficit retrouve son niveau normal, c’est que les recettes augmentent. Bingo.


Du fric…pas que grâce à la télé



L’ensemble des recettes hors transfert s’élève désormais à plus de 62M d’€. Ce résultat est pour tout dire impressionnant. Il est en effet en augmentation de 8,7M€ en un an seulement, et de 40% (17,8M€) depuis 2011/12 ! Mieux : les droits télé ne représentent qu’une partie de cette augmentation : + 6,5M entre 11/12 et 14/15. Sur la même période, la catégorie « autres produits » (incluant notamment le merchandising) a progressé de façon aussi rapide (+6M). La billetterie a augmenté de 2,9M et le sponsoring de 1,7M.

 

Cette diversification des recettes concoure à une dépendance réduite aux résultats sportifs pour assurer l’avenir économique du club. En effet, le calcul des droits télé favorise très nettement les gros (par le critère des passages télé) et ceux qui ont des résultats. Autrement dit, le club sera beaucoup plus à même d'absorber une 17è place qu'en 2010.

Puisqu’on parle des recettes hors droits télé : l’ASSE n’a longtemps été qu’un club du ventre mou. Dorénavant, elle rattrape Bordeaux et distance largement des clubs comme Rennes, Nice ou Montpellier.
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On notera au passage l’aberration parisienne, le désengagement relatif de l’actionnaire monégasque, l’absence de Lyon (qui ne présente pas ses comptes comme tout le monde) et le bon résultat marseillais – qui n’empêche pas une gestion tellement catastrophique qu’il faut un « résultat exceptionnel » (comprenez : un chèque de Margarita) de presque 20M€ pour présenter des comptes en déficit présentable.


Conclusion : nous sommes bien dans une nouvelle ère

Ça n’intéressera certes pas les grandes gueules des plateaux-télé, mais on s’en fout : la DNCG n'a plus rien d'une menace, et l’ASSE est à tous points de vue redevenu un club majeur du championnat. Peu de clubs peuvent s'enorgueillir d'une telle réussite sans mécène milliardaire.

 

Terminons cependant sur une nuance : le développement spectaculaire des recettes est dû en partie à la participation aux poules de Ligue Europa - partie qu'il est impossible de mesurer en se basant sur le document publié par la LFP. Qu'adviendra-t-il en cas de campagne continentale écourtée, voire de non-qualification ? Espérons ne pas pouvoir répondre à cette question avant longtemps...