Elle est médaillée d'argent aux JO de Rio en pentathlon moderne. Elle est Stéphanoise. Elle aime les Verts et Hitchcock. Elle est sympa et elle est belle. Entretien avec Elodie Clouvel.


Hello Elo ! Tu peux nous rappeler précisément en quoi consiste le pentathlon moderne ?

Ce sont cinq disciplines qu'on enchaîne dans cet ordre : l'escrime, la natation, l'équitation et le combiné tir au pistolet – course à pied. L'escrime, t'affrontes tes concurrentes en une touche et en une minute. C'est de la mort subite. La première qui met la touche gagne. En cas de minute écoulée sans touche, c'est une double défaite. La natation, c'est un 200m nage libre. Du crawl, quoi ! L'équitation, c'est un parcours de 15 obstacles avec deux combinaisons, un double, un triple. Les obstacles font 1m20. Il y a un tirage au sort des chevaux et on te laisse 20 minutes pour connaître ton cheval. Le combiné, c'est une course 4 fois 800 mètres. On doit aligner cinq lumières vertes au tir pour partir.

Beaucoup de potonautes sont déjà passés au pentathlon post-moderne, ça consiste à enquiller des pintes rues des Martyrs de Vingré. Ça te dit de les rejoindre et de militer pour que le CIO inscrive cette épreuve aux prochains JO ?

Ça pourrait être drôle ! (rires) Après, il y a tellement de sports qui méritent d'aller aux JO que j'ai des doutes sur l'avenir olympique de ce pentathlon post-moderne ! Ceci tant, je veux bien passer pour les voir s'entraîner, j'aime bien la rue des Martirs de Vingré. L'année des Jeux, je ne peux pas trop me permettre de sortir. Je reste très raisonnable, très modérée. Je fais en sorte d'avoir une hygiène de vie très stable. J'aime faire la fête, être avec amis et profiter de la vie mais je suis restée très sérieuse dans ma préparation des Jeux. C'est vrai qu'après les JO, j'ai plus profité, fait des soirées. J'ai décompressé un peu mais je n'ai fait la fête trop tard car en fait on est tellement fatigué tout le temps que c'est un peu difficile.

Comme aurait dit Simone, on ne nait pas femme pentathlète, on le devient. Comment en es-tu arrivée à pratiquer ce sport médiatiquement méconnu ?

En fait j'ai commencé par la natation, j'ai notamment eu comme entraîneur Philippe Lucas. Le pentathlon moderne est venu à moi, dans le sens où j'ai été recrutée par la fédération de pentathlon. J'ai été recrutée quand j'étais jeune, à 14 ans, quand je faisais des compétitions UNSS. Ils ont détecté mes qualités en course et en natation. Ils ont misé sur moi, ils ont voulu que j'essaye ce sport. A ce moment-là j'ai décidé de partir en natation au Pôle France de Font-Romeu, qui m'avait aussi recruté. Sur le tard, suite à mon non qualification aux JO en 2008, j'avais décidé d'arrêter. Ils sont revenus vers moi, et finalement j'ai tenté cette nouvelle expérience. Le pentathlon moderne, j'ai accroché direct. Mon objectif était clair : déjà, en moins de quatre ans, me qualifier aux JO, et par la suite gagner une médaille. C'est chose faite. Maintenant, mon ambition suprême, c'est d'aller chercher l'or aux JO de Tokyo. J'ai à cœur d'être la meilleure dans ce sport.

Tu dois cet esprit de compétition, à tes parents, eux-mêmes anciens champions de France en athlétisme ?

C'est vrai que je baigné là-dedans depuis que je suis toute petite. Mon père a été champion de France de 5 000 mètres et ma mère a été championne de France de 10 000 mètres, de semi et de marathon. Depuis que je suis toute petite, j'ai cette âme de compétitrice. Le sport n'était pas juste un loisir, c'était la compète, encore la compète et rien que la compète !

Comment séquences-tu tes entraînements dans cinq disciplines aussi différentes ?

Je m'entraîne 35 heures par semaine. Je fais trois ou quatre sports par jour. Je nage et je cours tous les jours. Je travaille ma condition physique, le tir. Je fais deux séances d'assauts par semaine en escrime, deux leçons d'escrime avec les maîtres d'armes. Je fais aussi deux séances d'équitation par semaine. A côté de ça je participe également à des stages. Le pentathlon me prend tout mon temps ! En aucun cas je ne peux me permettre de négliger une des cinq disciplines. Je me dois d'enfoncer le clou en permanence dans chacune d'entre elles. Je dois aussi avoir une préparation physique de dingue pour avoir un corps solide et indestructible !

Quand on voit ton corps solide et indestructible, on a tous envie de se mettre au pentathlon. Si je voulais passer de la parole aux actes, tu me conseillerais quoi ?

Lance-toi déjà dans le Laser Run ! Il y a plein de moyens d'en faire. C'est du tir et de la course. Comme ça tu feras déjà un pas vers le pentathlon. Je vais essayer de développer ça en tant que marraine de l'UNSS. Développer mon sport, le pentathlon moderne, grâce à sa dernière épreuve, ça me tient à cœur. Lance-toi et tu verras que rien n'est impossible ! Le pentathlon moderne, c'est vraiment un sport de guerrier qui t'amène à te connaître vraiment toi-même. Ce sport permet de développer un tas de qualités, tant physiques que mentales. Il y a différents sports, il faut être bon partout mais ça s'apprend, ce n'est pas si compliqué que ça. J'ai pour objectif de monter un club de pentathlon, pourquoi pas à Saint-Etienne. Il existe déjà des clubs, des pôles un peu partout en France. Il suffit de se renseigner un peu sur internet. Il faut oser envoyer un message à la fédération, il n'y a pas de souci.

Ta médaille aux JO a eu un grand retentissement à Sainté. Ça fait quoi d'avoir sa photo affichée en grand sur le fronton de l'Hôtel de Ville ? Elle y est encore, cinq semaines après ton exploit !

Je trouve ça incroyable ! C'est un véritable honneur, cela me fait encore plus réaliser que ce que j'ai fait est historique. C'est énorme pour la ville de Saint-Etienne, c'est la première médaille olympique de l'histoire en pentathlon moderne. Je suis fière d'offrir ça à cette ville, j'ai reçu un formidable accueil quand je suis revenue à Sainté pour présenter ma médaille.

Quel est ton rapport à la ville ?

Saint-Etienne, c'est ma ville ! C'est là où j'ai toutes mes racines. Je suis née ici, j'ai grandi ici, j'ai plein de souvenirs ici. Quand je dis Saint-Etienne, c'est aussi Rochetaillée. Quand je peux revenir, je suis super heureuse, ça me fait un bien fou ! Saint-Etienne, c'est un bol d'air, ça me ressource avant de repartir à l'entraînement. Il y'a des endroits que j'affectionne beaucoup à Sainté : la rue des Martyrs, la galerie d'arts où il y a les sculptures de Philippe Buil. J'aime aussi l'Hôtel de Ville, j'ai des souvenirs dans le quartier du cinéma Gaumont. Evidemment j'aime beaucoup Rochetaillée, là où mes parents vivent. Et bien sûr je n'oublie pas Geoffroy-Guichard et l'Etivallière !

Es-tu tombée dans le Chaudron quand tu étais petite ?

Oui, comme Obélix, on peut dire ça ! (rires) Déjà quand j'étais à l'école, j'étais fan. Pour moi, aller voir les Verts c'était LA sortie avec les copains et les copines. Au Portail Rouge et aussi au club Saint-Etienne Natation, je me suis fait plein d'amis et on allait ensemble voir les matches. J'ai vécu des moments supers forts dans le Chaudron, c'était génial ! C'est aussi ma famille qui m'a transmis le virus. Mes parents, mes grands-parents, tout le monde supporte les Verts, ma famille est à fond… C'est culturel, les Verts ! Papy Claudius et Mamy Juliette, par exemple, regardent tous les matches de l'ASSE !

Quels souvenirs gardes-tu des matches auxquels tu as assisté ?

J'ai vu pas mal de matches quand j'avais 13 ou 14 ans. On était encore en D2 à l'époque. Je garde davantage des souvenirs de l'ambiance du Chaudron que des matches proprement dit. C'était énorme d'être dans le Kop Nord au milieu de cette foule. Pour moi on est clairement les meilleurs supporters de France. Il y a une ambiance de folie à Geoffroy-Guichard, c'est surtout ça que je retiens ! Quand on marquait, c'était un truc de fou ! Tout le monde descendait, on se faisait bousculer, j'adorai. Et les pogos, c'était dingue !

Quels sont tes joueurs stéphanois préférés ?

J'aime bien Loïc Perrin, je le connais. On va bientôt se rencontrer. Je connais bien sa sœur. J'ai bien aimé Dimitri Payet aussi.

Tu suis les résultats des Verts ?

Oui, mais je t'avoue que ça fait un bail que je ne suis pas allé voir un match à Geoffroy-Guichard. Je n'ai jamais le temps, c'est compliqué. Je suis les Verts à la télé, quand j'ai le temps. Forcément, je reste attentive à leurs résultats.

Aura-t-on le plaisir de te voir donner le coup d'envoi d'un match des Verts à Geoffroy-Guichard ?

Oui, le 28 novembre normalement, pour le match contre Marseille !

Tu viendras en maillot de bain sur un cheval, avec une épée dans une main et un pistolet dans l'autre, c'est bien ça ?

Oui, si tu veux je viendrai en maillot de bain avec un pistolet, en mode James Bond Girl au milieu du terrain ! (Rires)

On a vu qu'à Rio, c'est le tir qui t'avait été fatal pour la médaille d'or. As-tu prévu de recruter Robert Beric pour trouver la cible ?

Il a l'air très adroit. C'est une bonne idée, je vais la creuser. Je cherche à m'améliorer dans tous les domaines. Si je pouvais avoir l'aide précieuse de Robert Beric, ça serait top ! Moi je suis preneuse de toute bonne idée. Ce serait vraiment bien d'avoir son aide au tir !

C'est Chloé Esposito qui t'a devancée à Rio. Est-elle la fille de l'ancien Vert, le Suisse Antonio Esposito ?

Non, son père se prénomme Daniel, pas Antonio ! Et il est australien, pas suisse. Le père de Chloé est d'ailleurs un ancien athlète de pentathlon moderne, il a fait les JO de 1984 à Los Angeles. Il entraîne sa fille, c'est une entreprise familiale. Chloé a été très forte mentalement aux JO de Rio et elle était physiquement prête. Elle a été meilleure que moi, tout simplement. Je l'aime bien cette nana, j'étais contente pour elle. Si je n'ai pas décroché l'or, c'est de ma faute, je me suis plantée toute seule. Chloé a saisi sa chance.

Nos joueurs se blessent les uns après les autres alors que toi tu pètes la forme. Accepterais-tu de prêter à l'ASSE ton préparateur physique ?

Mon préparateur physique et mental c'est Jean-Paul Pes. Tu me donnes l'occasion de saluer le gros travail qu'il fait à mes côtés. Il est psychomotricien. Je suis en ce moment chez lui pour me préparer. Il a préparé déjà pas mal de joueurs de foot. Il a déjà travaillé dans le foot, à l'AS Monaco notamment. Actuellement il travaille avec Yohan Cabaye. Jean-Paul, il est monstrueux ! S'il pouvait aider l'ASSE, bien sûr il le ferait parce que c'est vrai qu'il soigne aussi les chevaux de course. Il travaille à la fois sur l'aspect mental et physique, sur les blessures aussi. C'est le meilleur préparateur du monde !

Les Verts ont surtout des soucis en défense, notamment à gauche. Toi qui est gauchère, bosse pour le Ministère de la Défense et est très à l'aise dans tous les sports, ça ne te dirait pas de dépanner jeudi contre Anderlecht et dimanche chez les vilains ?

Avec plaisir ! Prépare-moi déjà un maillot vert. J'aimerais bien avoir le numéro 26 !

En hommage à Bayal Sall ou pour te rapprocher de Robert Beric qui porte le numéro 27 ?

Non, c'est le jour où j'ai rencontré mon copain ! (Rires)

Dis-moi Elodie, on va le gagner ce derby ?

C'est sûr que les Verts vont gagner ! Je leur conseille d'aller là-bas en patrons, d'y croire jusqu'au bout, de donner le meilleur d'eux-mêmes sur ce match sans vouloir forcément écraser l'adversaire et oublier son équipe. Il faut vraiment qu'ils fassent le jeu pour eux. Si les Verts sont là-dedans et jouent ensemble, ils pourront vraiment battre ces Lyonnais. Je sais qu'ils peuvent le faire et ils le feront.

Tu as déclaré que tu aimerais te reconvertir dans le cinéma. Rêves-tu d'embrasser la carrière d'une autre Stéphanoise prénommée aussi Elodie et passée comme toi par le kop nord. Je veux parler de la hardeuse Elodie Chérie, inoubliable dans Les miches de la boulangère et Christine la Chaudasse ?

Hou là là, non, non ! (Rires) Moi j'ai envie d'être une actrice de cinéma qui arrive sur le tapis rouge et vient recevoir sa palme d'or ! Le X, c'est vraiment pas mon délire. Moi j'aime beaucoup les films d'Hitchcock, les films psychologiques, les films d'action aussi. Je me verrais James Bond Girl, dans des films romantiques ou dans un rôle de femme fatale ou névrosée. J'ai pas mal d'idées en fait. J'aime beaucoup Marion Cotillard. Mes films cultes ? Les Hitchcock et Magnolia, mon film préféré, avec Tom Cruise. Je suis fan également de Leonardo Di Caprio. C'est vrai que j'aimerais me reconvertir dans le cinéma ou dans le théâtre. Je sens qu'il y a un côté artistique en moi, je pense déjà à ma reconversion. J'ai déjà fait le cours Simon. J'aimerais devenir une vraie actrice, pas une Elodie Chérie, hein ! Moi, je ne suis pas du tout là-dedans, ça ne m'intéresse pas. La Vie d'Adèle par contre, ça ne me dérange pas. Tu vois, là, c'est artistique !

 

Merci à Elodie pour sa disponibilité.